Ce 15 avril 2019 a profondément marqué les âmes, que l’on soit catholique ou pas, croyant ou pas, Français ou pas. L’émotion, la peur puis un soulagement partiel ont été ces sentiments successifs qui ont abouti à une extraordinaire mobilisation pour engager la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Cet édifice catholique appartient à notre histoire depuis 1163. Il rappelle nos racines chrétiennes. La pose de la première pierre a été faite par Louis VII. Sa construction s’est achevée après que des générations de compagnons aient travaillé sur le chantier achevé en 1345 (Cf. Histoire de la construction de Notre-Dame de Paris).
Napoléon 1er s’y est fait couronner empereur. Le général De Gaulle y a assisté à un Te Deum donné pour la libération de Paris le 26 août 1944 (la vie apporte des coïncidences curieuses. Cela se passait 10 ans juste avant ma naissance et ma fille est née le 15 avril. Tout est symbole et autorise toutes les constructions ésotériques possibles !) Un certain nombre de présidents dont François Mitterrand y ont reçu des funérailles nationales. Notre-Dame comme beaucoup l’ont dit cette semaine, fait donc partie de notre histoire nationale. Jean-Luc Mélenchon lui-même déclarait : « NotreDame est depuis plus d’un millier d’années le métronome des Français. (…) Ce bâtiment est un membre de notre famille à tous et, pour l’instant, nous sommes en deuil ».
Beaucoup ont redécouvert leur attachement pour ce monument, symbole de la chrétienté européenne, de l’âme de la France aussi, un patrimoine qui semblait indestructible depuis le Moyen-Age, que même les Allemands n’avaient pas réussi à détruire en trois conflits. Pour ma part, j’ai été aussi ému en voyant les images en direct de cet incendie que lors de la chute du second avion des islamistes d’Al-Qaida sur l’une des deux tours du World Trade Center que lors du sacrifice l’an dernier du colonel Beltrame.
Bien sûr, nous avons eu les polémiques habituelles, sans beaucoup d’intérêt, lancées par une partie de la gauche et des associations caritatives. Au nom de la lutte contre la pauvreté, elles se plaignaient du montant des dons librement donnés par des entreprises ou des milliardaires pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame. Je qualifierai d’exorbitantes ces plaintes sinon de tentative de détournement des fonds offerts.
Lutter contre la pauvreté se fait tous les jours et je pourrai rétorquer à ces associations et à cette gauche que, malgré les aides, les sommes recueillies ou données, y compris par l’État, la pauvreté ne paraît pas régresser. Alors mauvaise méthode de la lutte contre la pauvreté, mauvais emploi des sommes qui sont données ? Finalement, n’est-ce pas un tonneau des danaïdes dont beaucoup se lassent et préfèrent donner à d’autres causes ? Il y en a un peu assez de ces professionnels de l’indignation qui ressemble bien souvent à une forme de corporatisme de la pensée.
Une autre polémique à venir est aussi cette volonté de modifier ce qu’a été la cathédrale et l’image que le monde a en mémoire de ce patrimoine. Nous avons déjà subi la transformation de la cour du Louvre avec une Pyramide heureusement pas trop laide, les colonnes de Buren dans la cour d’honneur du Palais Royal ou ce laid monument de la paix sur le champ de Mars … Le patrimoine ne doit pas être un prétexte pour ceux qui sont soucieux de notoriété de modifier au nom d’une soi-disant modernité. Ce serait faire preuve d’un grand mépris envers ces constructeurs de cathédrales qui ont bien souvent passé leur vie à bâtir cet édifice dédié à leur foi, à leur pays, à leur peuple.
Cet incendie de la cathédrale Notre-Dame est arrivé au cours de la Semaine sainte des catholiques, bien souvent oubliée dans nos journaux télévisés ou dans la presse. Il y a plus de commentaires quand le ramadan commence ou se termine. Il a fallu l’embrasement d’une cathédrale pour que l’on parle de foi chrétienne.
Rappelons ce que représente cette période pour les chrétiens qui clôt la période de Carême commençant le Mercredi des Cendres en l’occurrence le 6 mars 2019 et s’achève le Jeudi Saint, c’est-à-dire ce jeudi 18 avril 2019. La Semaine Sainte commence le dimanche des Rameaux (14 avril 2019). Elle commémore successivement la Cène, la Passion et la mort du Christ sur la Croix. Ce samedi 20 avril et ce dimanche de Pâques, les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ. Beaucoup de symboles, de foi, frappés de plein fouet par cet incendie.
Pourtant celui-ci peut aussi se révéler comme un signe pour les catholiques avec ce « miracle » de la Croix préservée dans la nef, de la statue épargnée de la Vierge, des reliques sauvées y compris dans le coq qui trônait au sommet de la cathédrale, finalement aussi de cette lumière redonnée à ce lieu de culte par le toit éventré. L’aumônier Fournier de la BSPP a souligné l‘aide de Jésus … et du général Gallet pour sauver les reliques. La foi existe et il ne faut pas la mépriser. La providence était là ou le hasard, chacun pourra choisir !
Selon des croyants, cela peut être aussi interprété comme un message divin face à une France éclatée et en crise, lui rappelant sans doute comme au XIIe siècle qu’il est temps de bâtir (ou rebâtir) ensemble, avec ce besoin d’une unité nationale. Notre histoire est parsemée de l’interprétation de signes qui paraissent répondre aux inquiétudes. Le président Macron comme d’autres politiques ont ressenti ce besoin d’union.
Quant à la reconstruction de cette église, le général d’armée Georgelin (Cf. L’Opinion), ancien chef d’état-major des armées, ancien grand chancelier de la Légion d’honneur, fervent catholique aussi, a reçu la mission du président de la République de coordonner cette reconstruction. Remarquons que les armées ne cessent d’être appelées à la rescousse : guerres extérieures, opération Sentinelle, militaires sapeurs-pompiers à Paris. En ces temps troublés, le politique sait qu’il doit renforcer avec les armées un lien fragilisé depuis la démission du général de Villiers, un des successeurs du général Georgelin. Il sait aussi sur qui compter.
N’oublions pas en effet ces soldats du feu, ces militaires de la BSPP qui ont sauvé notre patrimoine et ce symbole de l’histoire de France. C’est à juste titre qu’ils ont été remerciés, félicités pour leur courage et leur engagement pour sauver ce patrimoine national et pas uniquement des vies.
Enfin, quant aux causes de cet incendie exceptionnel, il n’en reste pas moins qu’elles interpellent. En si peu de temps, avec les mesures de protection prises, un tel incendie ne peut que laisser des suspicions sur son origine. Les conclusions de l’enquête ne devront laisser aucun doute. TF1 avait justement diffusé un long reportage le dimanche 14 avril 2019 à 13h15 sur le lancement de cette rénovation de la cathédrale. Il est instructif et montre les combles où se serait déclenché le feu. A la fois images d’archives complètes et finalement témoignage « d’avant », chacun peut voir les combles de la cathédrale et s’interroger sur cet « accident » sans entrer dans une théorie complotiste.
Bien sûr, quelques experts ont tout de suite dénoncé des mesures de sécurité insuffisantes. Bien sûr, il s’agit de demander encore de l’argent mais comment protéger et entretenir 44 318 monuments historiques immobiliers en France ? Il est possible de s’imaginer de la difficulté d’autant que, par exemple, de nombreuses églises, témoignages de notre histoire, sont profanées chaque année, suscitant beaucoup moins d’émotions que d’autres lieux de cultes.
Que dire de plus sinon que la France a la chance d’être un pays d’histoire grâce à tous ces bâtiments construits depuis plus de 1000 ans et qui ont généralement été préservés. Le succès d’ailleurs de Stéphane Bern pour financer les rénovations le prouve. Les Français dans leur immense majorité aiment ces symboles, ces marqueurs qui viennent de nos pères et que beaucoup de pays nous envient.
À tous, je souhaite donc de Joyeuses Pâques.