mardi 19 mars 2024

Les femmes pilotes soviétiques de la Grande Guerre patriotique

L’incorporation de régiments féminins dans les forces aériennes soviétiques en 1941 fit de nombreux sceptiques. Par leurs prouesses au feu, les femmes pilotes balayèrent tous les doutes. 

C’est dans les sombres journées d’octobre 1941, alors que la Wehrmacht est aux portes de Moscou, que les forces aériennes soviétiques (VVS, ou Voenno-Vozdouchnie Sili) conçoivent l’idée, jamais pressentie auparavant, de former des régiments aériens féminins destinés à combattre. Les pertes subies par les forces aériennes soviétiques au cours des premiers mois de la Grande Guerre patriotique sont énormes, et, en septembre 1941, près de 7.500 appareils ont été détruits.

Mais, surtout, ce sont des milliers de pilotes expérimentés qui manquent maintenant à l’appel. Il n’est donc pas étonnant qu’en de telles circonstances les autorités militaires décident d’intégrer du personnel navigant féminin dans l’aviation. De plus, en Union soviétique, beaucoup de femmes possèdent une solide expérience des sports aériens grâce à l’Oso-aviakhim de l’avant-guerre (Société pour le soutien de la défense et de l’aviation). Mais un grand nombre d’officiers à l’esprit conservateur considèrent cette audacieuse décision avec une suspicion non dissimulée. Les unités féminines seront donc jaugées sans concession jusqu’à ce qu’elles fassent leurs preuves au combat.

Marina Raskova (1912-1943)

La célèbre Marina Raskova, l’une des premières femmes pilotes de l’avant-guerre, participe activement au recrutement des équipages féminins. En 1938, Marina Raskova et deux compagnes ont établi un record de longue distance lors d’un vol Moscou-Komsomolsk-sur-Amour qui leur a valu d’être nommées Héros de l’Union soviétique. La radio de Moscou diffuse un appel aux volontaires féminines, et il en résulte un afflux de demandes. Raskova s’entretient avec les candidates au profil prometteur, et celles qu’elle sélectionne sont envoyées sur l’aérodrome d’Engels, au bord de la Volga, pour y recevoir un entraînement opérationnel au sein de la 122e division aérienne composite. Le fait d’être recrutées comme personnel navigant ne les dispense pas de travailler à l’entretien des appareils. Chacun des trois régiments féminins comprend 400 personnes, et, à l’exception du régiment de bombardement de jour, qui compte quelques éléments masculins, ils sont intégralement constitués de femmes.

L’ossature de ces unités respecte le standard soviétique. Chaque régiment comprend 3 escadrilles, et les 3 régiments forment une division aérienne. Le potentiel nominal des régiments de chasse et de bombardement de nuit se monte à 40 appareils, tandis que celui du régiment de bombardement de jour est légèrement inférieur, avec 32 avions. Initialement, les régiments féminins sont regroupés au sein de la 122e division aérienne composite. Une fois opérationnelles, les unités sont transférées dans différentes divisions. Le 58e régiment de chasse (IAP, ou Istrebitelnyi Aviatsionnyi Polk) est le premier en action. Sous le commandement du major Tamara Kazarinova, il s’est entraîné sur des chasseurs monoplaces Yak-1 et Yak-7. Plus tard, ces appareils seront remplacés par le Yak-9, l’un des chasseurs les plus réussis de l’industrie soviétique. Le 587e régiment de bombardement (BAP, ou Bombardirovochnyi Aviatsionnyi Polk), commandé à l’origine par le major Marina Raskova en personne, est le dernier des trois à atteindre le statut opérationnel. Ce retard vient du fait que l’unité vole sur des bimoteurs de bombardement de jour Petlyakov Pe-2, l’un des avions les plus modernes et les plus complexes mis en service par l’aviation soviétique durant les premières années de la guerre. A l’opposé, les biplans Polikarpov U-2 (redésignés Po-2 à la mort de Polikarpov, en 19441 du 588e régiment de bombardement de nuit (NBAP, ou Nochnoy Bombardirovochnyi Aviatsonnyi Polk) sous les ordres du major Yevdokia Berchanskaia conjuguent robustesse et rusticité. Cet appareil, dont la conception remonte tout de même aux années vingt, achèvera sa carrière opérationnelle en Corée ?

Bien des difficultés doivent être surmontées avant que les régiments féminins soient enfin reconnus, aptes au combat. Le major Berchanskaia se souvient des problèmes que rencontrèrent les femmes pilotes : « L’entraînement fut une période particulièrement difficile. Si la plupart d’entre nous témoignaient d’une bonne qualification de base et d’une compétence certaine dans diverses spécialités, elles avaient cependant encore beaucoup à apprendre ».

Aucune des femmes recrutées ne se plie aisément à la rude discipline militaire en vigueur dans l’armée soviétique. Elles se préoccupent surtout de préserver leur individualité, et la hiérarchie des grades n’est guère respectée. Naturellement ce n’est pas pour aider à lever les doutes des militaires de tradition quant à l’efficacité des régiments féminins. Néanmoins, ils forment des unités soudées, et le lieutenant Marina Chichnova, du 588e NBAP se souvient que « le respect mutuel était si vif que chacune exécutait sa tâche spontanément, sans intervention hiérarchique ».

En mai 1942, le 586e TAP est basé à Saratov, ville située sur l’axe de l’offensive allemande vers le Caucase et les gisements de pétrole de la Caspienne. La mission de l’unité consiste à fournir une couverture aérienne de jour et de nuit. La première victoire du régiment n’intervient qu’en septembre, lorsque le lieutenant Valeria Khomiakova descend en flammes un Junkers Ju 88. C’est le premier avion abattu par une femme dans l’histoire de la guerre aérienne. Valeria devait consigner cet exploit par écrit : « Je m’étais approchée très près de l’appareil ennemi et je pressai alors le bouton de tir. Le bombardier riposta furieusement. Enfin, je le vis amorcer un piqué, puis s’écraser près du viaduc qu’il avait pris pour cible. Il n’y eut pas de survivant, et le pilote fut éjecté de l’avion. Je sus par la suite que c’était un vétéran qui avait été décoré pour avoir bombardé des villes en Pologne, aux Pays-Bas, en France et en Grande-Bretagne ».

Par ses origines, Valeria Khomiakova ressemble à bien des égards aux autres femmes pilotes soviétiques. Fille de chimiste, elle décroche un diplôme de l’institut technologique de chimie de Moscou en 1937. A cette époque, c’est déjà un pilote de planeur confirmé et, l’année suivante, elle obtient son brevet de pilote, puis passe instructeur. Et c’est tout naturellement qu’elle est nommée chef d’escadrille adjoint à l’automne 1942. Peu de temps après sa retentissante victoire, elle allait disparaître au cours d’une mission d’interception.

Iekaterina Boudanova et Lidia Litviak.

A l’automne 1942, le 586e IAP s’installe à proximité de Voronej et effectue des patrouilles de supériorité aérienne au-dessus des grands axes routiers et ferroviaires du Don. Le régiment accomplit également des missions d’attaque au sol au profit des forces terrestres. A l’approche de l’hiver, la chute de température provoque de gros problèmes, et les mécaniciens du régiment doivent travailler toute la nuit pour empêcher le carburant et l’huile des moteurs de geler. A cette époque, les difficultés d’approvisionnement en nourriture sont grandes, et de nombreux pilotes et rampants souffrent d’inanition. C’est également au cours de ce premier hiver de guerre que le régiment perd deux de ses plus sérieux espoirs, les lieutenants Lidia Litviak et Ekaterina Boudanova, qui sont mutées au 73e régiment de chasse. Composée uniquement d’hommes, cette unité se bat au-dessus de Stalingrad, et, lors des batailles acharnées de l’hiver 1942-1943, les deux femmes feront preuve d’un courage et d’une virtuosité remarquables. Toutes les deux allaient disparaître l’été suivant. Avec un palmarès qui s’élève à 11 victoires, Ekaterina Boudanova talonne de près Lidia Litviak, qui, grâce à ses 12 victoires (168 missions), est en tête des pilotes de chasse féminins. Selon une camarade de Lidia, « Litviak était la plus remarquable de tous nos pilotes. Elle n’eut jamais son équivalent parmi les femmes pilotes de la Grande Guerre patriotique. Il n’y a pas si longtemps encore, ses exploits auraient été jugés impossibles ». Elle est la première femme à abattre un appareil ennemi (BF 109 G-2) le 13 septembre 1942, piloté par l’as allemand Erwin Meier.

Dès leur première passe, 2 bombardiers ennemis sont descendus en flamme

C’est à l’été 1943, lors de la titanesque bataille blindée de Koursk, que le régiment est confronté à l’une de ses épreuves les plus marquantes. Le lieutenant Galia Boordina se souvient que « le ciel était tellement plein d’avions, et dans un espace si restreint, que cela en était terrifiant ». Deux de ses camarades, les lieutenants Tamara Pamiatnika et Raïssa Sournachevskaia, se comportent brillamment lors des combats qui font rage au-dessus du champ de bataille. Volant ensemble, elles rencontrent une formation de plus de quarante bombardiers Junkers Ju 88. Attaquant en piqué, elles descendent deux avions ennemis dès leur première passe. Pamiatnika, qui, deviendra chef d’escadrille à la fin de la guerre avec un palmarès de quatre victoires, relate les phases du combat : « Cette fois, nous attaquâmes par l’arrière et des deux côtés. L’ennemi ripostait par un feu nourri, et nous sommes arrivées au contact. Si près que nous pouvions parfaitement distinguer les traits du mitrailleur du dernier appareil de la formation. J’écrasai le bouton de tir. Des flammes jaillirent de l’aile droite du Junkers. Soudain, une secousse brutale agita mon appareil, qui se mit sur le dos et partit en vrille. J’essayai en vain d’ouvrir la verrière et de dégrafer mon harnais de sécurité. La force centrifuge me plaquait sur le siège, tandis que le sol commençait à se rapprocher dangereusement. Finalement, la pression de l’air arracha la verrière. J’en profitai pour me dégager, et sauter. Une secousse dans les épaules me confirma l’ouverture du parachute. Quelques secondes plus tard, je touchai terre à proximité de la carcasse disloquée de mon chasseur qui achevait de se consumer ».

Très différent du travail des chasseurs, celui du 588e NBAP reste rien moins qu’hasardeux. Les bombardiers de nuit entrent en action dans le secteur de Vorochilovgrad en juin 1942, au sein de la 218e division de bombardement de nuit de la IVe armée aérienne. Les missions nocturnes de routine alternent avec les raids menés par les biplans U-2. Ces derniers volent alors au sein de formations étalées sur 8000 à 25000 m, entre 30 et 1800 m d’altitude.

 

L’art du pilotage et l’obscurité constituent l’unique couverture des « Sorcières de la nuit »

Avec leur modeste charge de bombes, qui ne dépasse pas 70 kg, les U-2 constituent surtout une nuisance pour l’ennemi, bien que, à l’occasion, un coup heureux provoque parfois des dégâts importants. Mais l’impact psychologique de ces opérations nocturnes sur des troupes épuisées qui n’arrivent plus à trouver le sommeil est considérable. Décollant de terrains sommairement établis au plus près du front, les U-2 peuvent effectuer jusqu’à 10 sorties par nuit. Naturellement, un tel rythme impose une immense tension aux équipages, surnommés les « Sorcières de la nuit ». Les instruments de vol de nuit sont des plus primitifs, et l’éclairage des terrains est assuré par de simples bougies de paraffine munies d’un capuchon. Quant aux liaisons radio avec le sol, elles sont inexistantes, et la navigation se fait à l’estime ou à la carte. Évoluant à une vitesse maximale de 150 km/h, les biplans sont extrêmement vulnérables à la FLAK, souvent guidée par des projecteurs de recherche. L’art du pilotage et la couverture de l’obscurité constituent alors l’unique protection des « Sorcière de la nuit ». Rien d’étonnant, donc, si les pilotes du 588e NBAP mettent au point des manoeuvres de dégagement. Parfois, à l’occasion d’une patrouille double, un U-2 sert d’appât pour attirer l’attention de la FLAK et des projecteurs, tandis que le second peut tranquillement larguer ses bombes. Ces feintes se révèlent particulièrement payantes lorsque ce sont les batteries antiaériennes elles-mêmes qui sont prises pour cibles.

En janvier 1943, alors que le 588e NBAP opère dans le nord du Caucase, l’unité est promue régiment de la Grade. Cette distinction est un évènement révélateur qui consacre la valeur de ces femmes au combat. Au cours d’une imposante cérémonie, le régiment reçoit son nouveau drapeau, et l’intégralité du personnel prononce le serment particulier des unités de la Garde. Dorénavant, toutes ces femmes porteront l’insigne de la Garde sur leur uniforme, et l’unité prendra le nom de 46e régiment de bombardement de nuit de la Garde.

Pendant la majeure partie de l’année 1943, le régiment opère au-dessus du Kouban, où les troupes allemandes se battent avec acharnement pour conserver une tête de pont au nord du Caucase. Leurs positions défensives, connues sous le nom de ligne Bleue, sont l’objectif de prédilection des bombardiers de nuit U-2. Mais c’est aussi au cours de cette dure campagne que le régiment enregistre ses pertes les plus sévères de toute la guerre. En une seule nuit, quatre U-2 sont abattus par des chasseurs de nuit, qui opèrent en liaison avec des projecteurs de DCA. Le lieutenant Nadia Popova, qui pilotait l’avion leader au cours de cette funeste sortie, n’a pas oublié ce que l’on peut ressentir lorsque les faisceaux des projecteurs enserrent l’appareil : « La terreur éprouvée lorsque l’on est saisie dans ces pinceaux lumineux est indescriptible… Je ne voyais plus les instruments. En fait, je ne voyais plus rien du tout. Ma seule chance tenait dans une manoeuvre brutale. Les yeux à demi fermés par l’éblouissement, j’effectuai un demi-tonneau et tirai le manche à fond. L’avion partit en piqué dans la direction opposée des batteries de projecteurs. Je maintins mon piqué, tout en essayant de me repérer. L’obscurité était totale. J’avais échappé aux projecteurs ».

La manoeuvre de Popova les sauve, elle et son navigateur, des chasseurs de nuit allemands. Mais huit de leurs camarades n’ont pas cette chance.

A la suite de l’évacuation de la Crimée par les Allemands, le 46e régiment de la Garde rejoint le front de Biélorussie à l’été 1944 (un front est l’équivalent soviétique du groupe d’armées). A partir de là, l’unité suit l’avance rapide des armées soviétiques en Pologne, changeant constamment de terrain pour garder le contact avec les éléments terrestres. Le régiment innove par des reconnaissances de jour. Ces missions ont pour but de repérer les groupes d’Allemands qui ont été dépassés par les divisions d’assaut de l’Armée rouge et qui se terrent dans les forêts. Ces bandes, composées d’hommes désespérés’ qui n’ont plus rien à perdre, constituent une menace potentielle pour les terrains d’aviation soviétiques. De fait, les femmes du 46e régiment auront à repousser au moins une fois une attaque nocturne.

Puis l’unité participe aux combats libérateurs de Varsovie, de Gdynia et de Dantzig. Elle opère à partir d’un aérodrome situé au nord-ouest de Berlin lorsque les troupes soviétiques s’emparent de la capitale du Reich en mai 1945.

Quant à l’unité soeur, le 587e BAP, devenu entre-temps 125e régiment de la Garde, elle termine également la guerre en appuyant la ruée de l’Armée rouge sur Berlin. Dernière unité féminine à entrer en action, elle reçoit le baptême du feu à Stalingrad en décembre 1942. Les missions de bombardement se succèdent jour après jour, sous un froid mordant. Parfois, les bombardiers qui se dirigent vers leurs objectifs sont sérieusement accrochés par la chasse adverse. Le lieutenant Klavia Foumicheva, qui sera nommée Héros de l’Union soviétique, nous décrit un de ces combats : « Toute la formation fasciste fonça sur notre escadrille. Ils voulaient abattre le leader et disloquer la formation pour nous descendre. Les navigateurs et les radios-mitrailleurs ouvrirent un feu concentré sur les chasseurs. Les nazis s’écartèrent, mais pour contre-attaquer isolément ou par paire de toutes les directions. Le chef d’escadrille nous donna à toutes l’ordre de ralentir un peu pour maintenir la cohésion de notre formation. Après avoir jeté un coup d’oeil, elle vit que chacune de nous tenait sa place comme si les avions étaient soudés d’un bloc. Les gerbes de balles traçantes s’élevaient sans discontinuer et ressemblaient aux épines d’un porc-épic. Je vis un Messerschmitt tomber comme une pierre, crachant un panache de fumée noire ».

Pourtant, le temps sera plus responsable que l’ennemi de la perte la plus cruelle jamais subie par le régiment. Le 4 janvier 1943, pris dans une tempête de neige, le bombardier du major Marina Raskova s’écrase au sol. Tous les occupants sont tués. Dans les trois régiments, il n’y a pas une femme qui ne connaissait Marina Raskova. En tant qu’officier commandant, elle était adorée. Tout le monde la pleura pour sa personnalité, mais aussi parce que c’était un symbole. Pionnière de l’aviation, ses exploits de l’avant-guerre ont provoqué bien des vocations aéronautiques chez les femmes soviétiques.

Le régiment part pour le Caucase, puis revient à l’automne 1943 dans la région de Smolensk. De là, il participe aux combats de libération de la Biélorussie et de la Baltique avant de finir la guerre au-dessus de Berlin.

Les trois régiments féminins ont définitivement justifié la confiance que leur a accordée le haut commandement soviétique. Le 586e IAP, qui termine la guerre à Budapest, a effectué 4 419 sorties, mené 125 combats aériens et remporté 35 victoires homologuées. Quant aux bombardiers Po-2 (ex-U-2) du 125e BAP de la Garde, ils ont largué 980 tonnes de bombes sur de multiples objectifs allemands au cours de 1 134 missions. En témoignage de ses états de service, l’unité est décorée de l’ordre de Souvorov et de l’ordre de Koutousov. Mais les plus grands exploits sont peut-être à mettre à l’actif du 46e NBAP de la Garde. Ses équipages ont accompli pas moins de 2 400 sorties nocturnes et ont glané 23 des 30 étoiles d’or de Héros de l’Union soviétiques décernées à des équipages féminins lors de la Grande Guerre patriotique. Baptisé « Régiment de Taman » en l’honneur de ses combats sur le front du Kouban en 1943, l’unité reçoit l’ordre du Drapeau rouge et l’ordre de Souvorov pour le courage, la valeur et l’héroïsme dont ont témoigné ces femmes. 

 

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