mardi 26 novembre 2024

Lettre d’un général (2S) ou « pas besoin d’être plusieurs pour s’exprimer »

Cette « Lettre ouverte à nos gouvernants » du 8 avril 2021 par des généraux en deuxième section ou en retraite mais aussi par des nombreux cadres retraités ou de réserve, quelques officiers d’active fait polémique. Je me suis exprimé pour ma part sur ce point le 28 avril sur une radio où j’interviens régulièrement : France : des militaires s’invitent dans le débat politique – Medi1Radio).

L’instrumentalisation politique malsaine d’une tribune d’expression.

Il n’en reste pas moins que l’annonce de sanctions contre des officiers d’active signataires ne peut pas laisser indifférent surtout parce que des politiciens instrumentalisent et dénaturent le texte dans leur crainte panique face à une arrivée possible de Marine Le Pen au pouvoir. Nul doute d’ailleurs que, par son appel aux signataires qui n’ont pourtant pas signé une tribune de soutien à un parti politique, Marine le Pen a une lourde responsabilité dans les suites données potentiellement à cette affaire. Ne doutons pas qu’elle saura aussi instrumentaliser la polémique. De même, l’initiateur de la Tribune n’avait-il pas pour responsabilité de protéger les signataires d’active, au moins de les informer sur les conséquences éventuelles d’une mauvaise interprétation de la Tribune ?

Nous savons aussi comme fonctionnent les personnes politiques de notre pays. Ainsi, la gauche extrême avec JL Mélenchon voit dans cette tribune un appel à l’insurrection alors qu’il a été le premier depuis plusieurs mois à évoquer « l’insurrection citoyenne ». Les anciens de gauche reconvertis en LREM condamnent, les Premiers ministres de droite maintenant au centre dénoncent, la droite attaque l’extrême-droite et appelle à la neutralité des armées. Comme dans toute crise majeure dans notre pays, les militaires « légalistes » appellent à la discrétion. L’officier a toujours été confronté à sa conscience, 1940, 1961 pour ne citer dans l’actualité de 2020-2021 que deux exemples mais « Trois siècles d’obéissance militaire », ouvrage du maréchal Juin, publié en 1964, montre que les militaires sont loyaux, non putschistes sauf peut-être avec un Bonaparte (18 brumaire et 2 décembre 1851) que nous n’avons pas aujourd’hui.

En bref, des militaires en retraite ou d’active expriment leur ressenti face au risque de l’implication de l’Armée pour répondre à un désordre majeur sur le territoire national. Cette prise de position représenterait une atteinte à la neutralité des Armées et finalement une menace pour la République avec cette ignorance de beaucoup que les forces armées, forces de troisième catégorie, agissent sur réquisition du pouvoir politique (Cf. Instruction interministérielle du 14 novembre 2017) et que rien dans la tribune ne laisse apparaître une déviation par rapport à la loi.

Qu’y-a-t-il donc dans ce texte adressé « aux gouvernants » (https://www.place-armes.fr/blog), donc à ceux qui sont en place aujourd’hui, qui justifierait une telle virulence et désormais une attitude répressive contre les quelques lampistes d’active ? Faut-il condamner cette position collective citoyenne d’experts finalement agissant comme des lanceurs d’alerte et exprimant une inquiétude largement partagée par la majorité des citoyens : émeutes dans les banlieues, attaques contre les forces de sécurité (gendarmerie, police, pompiers…), terrorisme islamique mais surtout des lois qui existent et ne sont pas appliquées avec l’exemplarité attendue pour la sécurité de tous… Si demander que les lois soient appliquées représente un signe d’extrémisme de droite, cela pose question.

Le politique voudrait donc que ces citoyens français investis hier ou aujourd’hui d’une parcelle d’autorité au service de l’État se taisent alors qu’ils voient par exemple soir après soir dans les journaux télévisés la société française se déliter ? Le personnel militaire d’active et en retraite appartient à une institution dont la caractéristique est de garantir en dernier recours le fonctionnement optimal de l’État, d’un État qui protège et qui permet à une société dans son ensemble de vivre dans la paix. Est-ce une atteinte à la neutralité politique des Armées ?

Un rappel sur la liberté d’expression dans les armées

Je rappellerai l’article L4121-2 du code de la défense issu du statut général du militaire voté par nos élus en 2005.

« Les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres. Elles ne peuvent cependant être exprimées qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’état militaire. Cette règle s’applique à tous les moyens d’expression. (…) Indépendamment des dispositions du code pénal relatives à la violation du secret de la défense nationale et du secret professionnel, « les militaires doivent faire preuve de discrétion pour tous les faits, informations ou documents dont ils ont connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. En dehors des cas expressément prévus par la loi, les militaires ne peuvent être déliés de cette obligation que par décision expresse de l’autorité dont ils dépendent. »

Or, à la lumière de ce texte, en quoi la Tribune dite « des généraux » laisse-t-elle apparaître une quelconque faute des signataires justifiant une sanction surtout à une époque où tout un chacun ou presque peut déposer un recours jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme…

La « grande muette », terme redevenue d’actualité, n’existe plus depuis longtemps mais les politiques ne le savent pas encore. Tout a été fait pour que les militaires puissent s’exprimer depuis leur professionnalisation mais aussi pour préserver les valeurs républicaines au sein des armées afin d’éviter les dérives extrémistes de droite, une grande obsession des politiques qui dissimule les vraies menaces. Les officiers sont incités à écrire et à publier depuis bien longtemps.

Pour ma part, avec quelques camarades et à mes différents grades, commandant, lieutenant-colonel puis colonel, j’ai subi au cours de ma carrière ces attaques contre les écrits d’officiers qui évoquaient simplement des réflexions différentes de celle des « sachants » y compris sur les questions de sûreté intérieure sinon sur les rapports entre les politiques et les militaires. Je pensais révolu aujourd’hui cette restriction de la liberté d’expression qui ne vise jamais la remise en cause de l’État, encore moins de la République. Paradoxe, la haute hiérarchie militaire et l’École de guerre, étape incontournable pour devenir colonel, sinon général après un concours sélectif, ne cessent de proclamer depuis une quinzaine d’années que les officiers d’active doivent s’exprimer.

Une situation d’exception, sinon discriminatoire pour les militaires ayant rejoint la vie civile ?

Derrière l’argument qu’on a été officier « un jour », faut-il faire taire à vie ceux qui ont quitté le service actif, c’est-à-dire qui sont redevenus citoyens civils ? Si oui pour quelles compensations face à cette restriction des libertés individuelles auxquelles chaque citoyen peut normalement prétendre en démocratie ? Ne serait-ce pas une discrimination de plus dans une société qui ne cesse de les combattre ? Deux poids, deux mesures ?

Un régime d’exception reste de fait en vigueur pour les militaires ayant quitté le service actif. D’aucuns évoqueront pour les généraux (2S) les rares avantages qui disparaissent de toute façon à 67 ans. Et à part cela ? Les généraux « Terre, Air, Mer, Gendarmerie » sont poussés à la retraite avant 60 ans et donc contraints à trouver un nouvel emploi dans le civil alors que leur expérience aurait pu être profitable dans nos administrations, à la différence de ces hauts cadres installés dans les rouages du pouvoir jusqu’à un âge bien plus avancé ? En activité, les généraux sont-ils associés réellement à la gouvernance de l’État, bien souvent plutôt en poste d’« adjoint » d’un civil dans les grandes directions ? Non. Cette exclusion conduit donc à la normalisation du comportement des militaires dès qu’ils ont quitté l’institution. En effet, pourquoi s’imposer des contraintes sans compensation réelle comme d’ailleurs cela fonctionne dans la société civile en général ? Au nom d’un statut dont on comprend mal alors l’intérêt à la retraite ?

Ce manque de respect, sinon ce mépris notamment envers les généraux et les militaires, est palpable depuis de nombreuses années dans une partie de la classe politique sauf en temps de crise bien entendu. Ce déclassement du positionnement social de l’officier général voulu par le politique a conduit au délitement progressif de cette adhésion au « système ». D’ailleurs qui communique pour les armées sauf pour les opérations ? La confiscation de la parole s’accroît depuis 1998. Désormais un porte-parole civil auprès de la ministre des Armées s’ajoute depuis 2021 au service officiel de communication du ministère des armées dont c’était la mission, certes aussi dirigé par un personnel civil depuis 1998. Une armée respectée, protégée, associée raisonnablement à la gouvernance, traverse le temps politique, assure la permanence de nos institutions et reste neutre pour être légitime lorsqu’elle s’exprime.

En outre, au sein des armées, hier et aujourd’hui pour une partie des plus anciens « vieille école », se taire parce que l’on a été un « grand » serviteur de l’État justifiait, justifie une soumission au nom d’un loyalisme total à l’État. Hier, cela se concevait sans difficulté. Aujourd’hui, ce déclassement notamment des officiers généraux a affaibli un lien érigé jusqu’à présent comme un dogme anachronique qui s’effrite donc au grand désarroi des politiques.

En revanche, constatons qu’année par année le sondage annuel CEVIPOF place toujours les armées parmi les deux institutions les plus respectées par les Français. Les élus et les policiers appellent à l’aide à chaque difficulté les militaires spécialistes de la gestion de crise et des organisations en situation intérieure dégradée sauf bien sûr en temps de pandémie, comme nous avons pu le constater jusqu’il y a peu.

Reste la question des sanctions demandées par la ministre des Armées au général Lecointre, chef d’état-major des armées. Pour les officiers d’active, il sera intéressant de lire le motif d’une telle mesure déjà tellement difficile à obtenir d’un fonctionnaire en temps normal lorsqu’il a commis une faute avérée. Un militaire n’ayant commis aucune faute objective serait donc plus facile à sanctionner au moins publiquement. N’oublions pas cependant les sanctions internes discrètes qui existeront de toute façon : mutation, affectation à des postes marginaux, notations, avancement…

Quant aux généraux (2S), attendons de voir. Compte tenu des prises de position d’un certain nombre d’entre eux qui s’expriment déjà mais pas dans le cadre de la « Lettre aux gouvernants », toute mesure disciplinaire pourrait s’avérer délicate. Caisse de résonance potentielle, quel serait alors leur poids sur le débat public ? Interdire le port de l’uniforme ? Cela sera au détriment des cérémonies patriotiques, seules réelles occasions de porter son uniforme pour la plus grande satisfaction des élus et au profit du lien entre l’Armée et la Nation sur un territoire militairement désertifié. D’aucuns verraient bien aussi l’interdiction de toute référence à son grade militaire en cas de prise de position. Sans doute applicable alors à tout « ancien » président de la République, Premier ministre, député, présidents d’associations les plus diverses ? « Avoir été » donne la légitimité de s’exprimer et d’avoir une position, n’en déplaise à certains.

Pour conclure

Je ne pense pas que le pouvoir politique sortira indemne de cette crise. L’affaire du général de Villiers en juillet 2017 (Cf. mon billet du 23 juillet 2017 « Polémique entre le président de la République et le chef d’état-major des armées : décryptage et enseignements ») avait déjà profondément heurté les armées et l’opinion publique qui semble aussi partager en grande partie la Tribune des généraux. Je remarque aussi que le président de la République, chef des armées, s’est gardé pour l’instant de prendre position publiquement. A un an de l’élection présidentielle, il sera intéressant de constater de l’impact qu’aura donc cette nouvelle affaire.

Quant aux armées, je me demande quand même si l’institution militaire n’aurait pas intérêt à être modérée dans les mesures à prendre. Neutre et apolitique, doit-elle entrer totalement dans le jeu des gouvernants et ne doit-elle pas assumer son rôle d’interface modératrice entre les militaires et le politique ?

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NB. Mes billets concernant la liberté d’expression :

Général (2S) François CHAUVANCY
Général (2S) François CHAUVANCY
Saint-cyrien, breveté de l’École de guerre, docteur en sciences de l’information et de la communication (CELSA), titulaire d’un troisième cycle en relations internationales de la faculté de droit de Sceaux, le général (2S) François CHAUVANCY a servi dans l’armée de Terre au sein des unités blindées des troupes de marine. Il a quitté le service actif en 2014. Consultant géopolitique sur LCI depuis mars 2022 notamment sur l'Ukraine et sur la guerre à Gaza (octobre 2023), il est expert sur les questions de doctrine ayant trait à l’emploi des forces, les fonctions ayant trait à la formation des armées étrangères, la contre-insurrection et les opérations sur l’information. A ce titre, il a été responsable national de la France auprès de l’OTAN dans les groupes de travail sur la communication stratégique, les opérations sur l’information et les opérations psychologiques de 2005 à 2012. Depuis juillet 2023, il est rédacteur en chef de la revue trimestrielle Défense de l'Union des associations des auditeurs de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Il a servi au Kosovo, en Albanie, en ex-Yougoslavie, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, au Liban et à plusieurs reprises en République de Côte d’Ivoire où, sous l’uniforme ivoirien, il a notamment formé pendant deux ans dans ce cadre une partie des officiers de l’Afrique de l’ouest francophone. Il est chargé de cours sur les questions de défense et sur la stratégie d’influence et de propagande dans plusieurs universités. Il est l’auteur depuis 1988 de nombreux articles sur l’influence, la politique de défense, la stratégie, le militaire et la société civile. Coauteur ou auteur de différents ouvrages de stratégie et géopolitique., son dernier ouvrage traduit en anglais et en arabe a été publié en septembre 2018 sous le titre : « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d'influence, affrontement économique ». Il a reçu le Prix 2010 de la fondation Maréchal Leclerc pour l’ensemble des articles réalisés à cette époque. Il est consultant régulier depuis 2016 sur les questions militaires au Moyen-Orient auprès de Radio Méditerranée Internationale. Animateur du blog « Défense et Sécurité » sur le site du Monde à compter d'août 2011, il a rejoint en mai 2019 l’équipe de Theatrum Belli.
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25 Commentaires

      • Cher François,
        Je n’interviendrai ni sur le fond, ni sur la forme de la tribune de Valeurs actuelles, dont chacun est libre d’apprécier la pertinence. D’ailleurs, à cet égard, tous les arguments, voire toutes les arguties ont été avancés, dans un sens comme dans l’autre.
        Je crois cependant qu’il était bien utile de rappeler l’article 4121-2 du Code de la défense, lequel consacre la suppression de l’autorisation ministérielle préalable à toute expression publique des militaires. De jure, la liberté d’expression des militaires n’est donc pas plus restreinte que celle des agents civils de l’Etat, soumis eux aussi au devoir de réserve ; de facto, les sanctions prises nous montreront ce qu’il en est…
        On peut aussi s’interroger sur la portée des termes : « la réserve exigée par l’état militaire », formule laissant une grande latitude d’appréciation. Le cas présent nous montre bien qu’il y a quelque difficulté à positionner le curseur : sommes-nous ici en deçà ou au delà de la transgression ?
        La notion d' »état militaire » est elle-même ambiguë quand il s’agit des officiers généraux en deuxième section : lorsqu’un général 2S atteint 67 ans, sa solde de réserve est, depuis la loi du 9 novembre 2010, remplacée par une pension de retraite, sans que l’intéressé soit pour autant mis en position de retraite. Conservant de ce fait son « état militaire », il reste soumis aux dispositions du règlement de discipline générale, ni plus ni moins qu’un militaire d’active. Il est vrai que tout général peut aussi demander sa mise à la retraite, après ou avant 67 ans. C’est sans doute d’ailleurs la meilleure façon de recouvrer la liberté de propos dont jouit tout citoyen… non soumis au devoir de réserve.
        Quoi qu’il en soit, la question de la liberté d’expression des militaires mérite d’être approfondie. Puisse la polémique actuelle fournir à ce sujet l’occasion d’un vrai débat démocratique.
        Bien amicalement,
        Patrick Chanliau

        • Mon général et cher camarade, mon cher Patrick content de te revoir sur la fréquence. Merci de ces précisions et surtout de rappeler ces ambiguïtés qui ont rassuré les politiques mais ont arrangé les généraux pour que leur confort ne soit pas perturbé. Ne nous voilons pas la force. Aujourd’hui comme en 1940, le conformisme et l’alignement se maintiennent. Cependant, s’il n’y avait pas eu des généraux « électrons libres », l’Empire n’aurait pas existé et la France encore moins libérée.

          Pour reprendre ce que j’ai entendu ce soir sur Cnews (le média jugé « conservateur » par les médias mainstream comme le Monde mais pas uniquement, ce qui veut dire que les médias ont une sensibilité globalement de gauche à la différence de la population), la France a été grande quand elle a été conquérante. Cette position exprimée par Rafik Smati, président d’Objectif France m’a bien plu, en tout bien, tout honneur, mieux vaut préciser aujourd’hui (du coup, je découvre que le général Soubelet lui aussi frappé dans sa liberté d’expression en est le vice-président).
          A bientôt j’espère.

  1. Je vous remercie pour ce texte. Je ne comprends pas cette virulence de nombreuses personnes et des « gouvernants » par rapport à la lettre de la Tribune des généraux. Cette dernière relate un état réel de la France et ne prône pas à l’insurrection.
    Je vais partager votre texte sur facebook.

  2. Il serait tant d’appliquer les lois en vigueur cela permettrait de garantir une meilleure tranquillité des citoyens et apaiserait la société française. C’est leur mise en application qui peut garantir une certaine tranquillité et normalité sociale permettant le vivre ensemble ! Hélas il y a toujours les politiques pour jouer sur la limite à des fins électoralistes et être les premiers à fustiger les Services de la Nation alors qu’ils devraient les faire grandir. À l’ère de la communication celle des sachants de nos armées pose un problème juridique à résoudre souhaitons que nos politiques s’en empare pour donner à nos Services les moyens de travailler en sérénité pour le bien de la Nation toute entière.

    • Bonjour Christian,
      je partage ce point de vue mais je crains que la simple application des lois ne suffise plus. L’esprit des lois s’est perverti au point de tout encadrer justement par la loi pour satisfaire des intérêts particuliers aux formes les plus diverses. Or la loi n’est pas une fin en soi mais elle l’est devenue.
      Bien cordialement

  3. Mon Général.
    Merci infiniment pour vos utiles et clairvoyantes précisions.
    Il est regrettable et dommageable qu’un simple constat soit déformé, dévoyé et récupéré par le politique.
    Quant à l’institution, sa réaction prouve encore une fois que nous sommes dans une « monarchie constitutionnelle », où tout le monde est aux ordres.
    Les armées ont aussi confondu management et commandement. De plus, trop de chefs ont perdu leur esprit critique et leur pouvoir contradictoire, au profit de leur énième promotion et/ou de leur reconversion dans de juteux postes civils !
    Dans mes anciennes fonctions de réserviste opérationnel, en qualité d’officier de liaison auprès d’un préfet de zone de défense, je peux malheureusement en témoigner…
    Veuillez agréer, Mon Général, l’assurance de ma respectueuse considération.

    • Merci pour votre témoignage

      Dans son livre sur les services secrets de la France Libre, le colonel Rémy dans « Dix ans avec de Gaulle » cite ce témoignage:
      « Rémy, me dit-il (le général De Gaulle), quand M. Paul Reynaud m’appela au mois de juin 1940 à assumer la charge de sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale et à la Guerre dans les circonstances que vous savez, je trouvai, dès le premier jour où j’eus à exercer mes fonctions, mon antichambre pleine d’officiers généraux. Savez-vous pourquoi ils étaient là? »
      – Mon Général, hasardai-je, je suppose qu’ils venaient vous soumettre des plans d’opérations…
      – Vous n’y êtes pas! Tous, vous m’entendez bien tous! étaient venus me demander une promotion ou une décoration.

      Tout le monde n’est pas De Gaulle ni ces généraux comme en témoignent ceux qui ont libéré la France: Leclerc parti de rien, de Lattre, Juin, Koenig pour les plus connus. aujourd’hui, apprend-on la vie et l’engagement de ces hommes d’exception à l’école? il est vrai que le résistant (donc civil), le déporté sont des sujets beaucoup plus intéressants mais sont-ils les vrais exemples de la grandeur d’une France combattante? leur « statut » n’a été que le fait du hasard pour l’immense majorité. Cette idée de la France par l’engagement par hasard ne facilite pas l’adhésion à quelque chose qui nous dépasse, en l’occurrence, une France qui se bat et gagne surtout.
      Bien cordialement

  4. Mon général,

    Qu’il est agréable de lire sous de multiples plumes combien le monde militaire est toujours vif, loin d’une fonctionnarisation mutique que certains voudraient imposer. Pourtant il est vrai de nombreux « chefs » demeurant loyalistes à l’extrême parfois jusqu’à accepter la dépossession de l’autorité qui leur a été confiée.

    Il est évident qu’il faut défendre les valeurs qui font les hommes et les femmes engagés sous l’uniforme, quel que soit l’uniforme.

    Merci de vous exprimer ainsi et de défendre l’Honneur.

    Ce qui surprend d’emblée dans cette dorénavant « affaire » demeure l’ampleur de la réaction épidermique et la volonté de sanctionner à tout crin. Il eut été tellement plus judicieux et finalement, tellement plus politique, d’entrer en dialogue avec, non pas des factieux comme les non-lecteurs de la tribune affublent mes anciens, mais des sentinelles. Une simple lecture attentive aurait permis d’apaiser le débat. A présent, la déraison l’emporte, la machine à distordre la vérité s’est ébranlée et la surenchère avec elles. Quelle image consternante que cette fracture entre le politique apeuré par des considérations court-termistes et le citoyen qui défend son armée pour laquelle il conserve un respect qui ne se dément pas.

    Oui l’heure est grave ; les tensions permanentes et le sécessionnisme de multiples parcelles de notre territoire apparaissent chaque jour de manière plus éclatante… et plus sombre, prémonitoire d’un avenir balkanique si on ne réagit pas. Comment ne pas partager ce constat effectué quotidiennement par les citoyens honnêtes ? Il faudra du courage et de l’abnégation pour parcourir le chemin identifié et restaurer l’autorité des forces étatiques sur le territoire. Espérons que cela puisse se faire sans entrer dans un crépuscule sociétal qui laisserait des traces immuables. La résurrection de la DOT pourrait d’ailleurs s’avérer salutaire.

    Respectueusement

    • merci pour cette réflexion approfondie.
      Effectivement le « monde d’avant », désormais inclus dans la « start-up nation », préserve la méthode de la sanction et de l’excommunication pour garder son pouvoir.
      Je ne suis pas sûr que le bon sens et la modération soient au rendez-vous. Au contraire, les égos, sinon l’orgueil, dominent et un rapport de force s’installe dans un contexte général (sans jeu de mots) qui pourrait dégénérer. A suivre.
      Bien cordialement

  5. Merci pour votre éclairage. Restreindre la liberté d’opinion et de parole des militaires notamment à la retraite est particulièrement hypocrite. Sous la 3eme république bon nombre de militaires, le plus illustre étant le colonel De Gaulle, ont pris la plume pour dénoncer des positions officielles…qui nous mèneront au désastre de 1940. Les lanceurs d’alerte n’ont pas été entendus. Comble d’ironie, ces militaires étaient des sous citoyens puisqu’ils n’avaient pas le droit de vote……accordé après celui des femmes en 1945 par le Général De Gaulle.
    J’ai été surpris par certaines maladresses de la fameuse lettre ouverte. Il fallait , à mon sens, souligner que si ils étaient appelés à intervenir en tant que force de 3eme catégorie,les militaires d’active ne le feraient pas de gaîté de cœur et que le pouvoir politique serait le seul responsable de troubles graves pouvant dégénérer en guerre civile. J’aurais aimé aussi que le terme de République soit employé ce qui aurait évité toute interprétation politicarde.
    En revanche je remercie les signataires pour leur constat du délitement A censurer sans cesse le réel bon nombre de politiciens et de journalistes ne sont plus crédibles par leur aveuglement. Attitude contagieuse car j’ai constaté que certains généraux et colonels en retraite mais devenus experts médiatiques (suivez mon regard de téléspectateur) condamnaient sans trop de nuances leurs camarades….certainement pour rester dans l’ambiance de l’angélisme des sphères politico-médiatiques
    En fait ras le bol de parler des généraux!!!!! Le plus important ,à mon humble avis, est de constater le nombre impressionnant de sous officiers, toutes armées et gendarmerie confondues, qui ont apporté leurs signatures. Cadres de contact toute leur carrière, débutant en contrat court,ne bénéficiant que de pensions modestes même après leur CDI obtenu à la force du poignet, ces chevilles ouvrières de nos forces ne vivent pas dans des lieux privilégiés, subissent le déclin des classes moyennes et l’angoisse du futur pour leurs enfants et petits enfants. Ne serait-il pas temps d’attirer l’attention des médias en oubliant de citer sans cesse la galaxie étoilée?
    .

    • Merci pour cet apport.
      Je suis en accord avec votre analyse sur une lettre qui a laissé poindre des imprécisions permettant toutes les interprétations malveillantes notamment politiques. C’est pourquoi je n’ai pas rejoint à ce jour les « pétitionnaires » de la lettre. Je n’avais pas été sollicité initialement mais je ne l’aurai pas signée pour garder ma liberté de parole et d’écriture, assumant personnellement mes positions sans récupération possible au moins directement.

      Quant à votre approche vers la base et non vers les étoiles, je ne pense pas qu’il y ait un mépris quelconque ou une considération de classe. Pourrais-je rappeler que les chefs doivent être « devant » (même avec leurs éventuels déambulateurs)? Je partage en revanche votre position sur cette classe moyenne de militaires qui sont montés à la force du poignet mais aussi avec l’aide de l’institution militaire et de leurs chefs. il ne faut pas l’oublier.

      Je conclurai, que, malgré ce que l’on peut croire, les généraux font pour moi partie de la classe moyenne compte tenu de la place qu’on leur donne dans la société, sinon par la solde en comparaison avec notamment les cadres de la fonction publique du même niveau. Un commandant de police peut partir à la retraite avec le premier échelon équivalent à celui d’un colonel et loin bien souvent des responsabilité et des diplômes correspondants.

      Bien cordialement

  6. Dénoncé la décrépitude d’un pays, est-ce faillir à ses devoirs et à l’obligation de réserve? Ma réponse est non.
    C’est une obligation pour ceux qui ont servi ou qui servent encore la République de dénoncer la faillite du système.
    Je vous soutiens à 100%
    Contrôleur Général Honoraire de la Police Nationale

    • Monsieur le contrôleur général, merci à vous pour ce retour.

      Il apparaît que beaucoup de personnes faisant partie de la majorité silencieuse relèvent la tête avec cette opportunité rare de lire une tribune où s’expriment ceux qui ne disaient jamais rien.

      Ecoutant Cnews hier 2 mai (chaine attaquée par les médias mainstream comme étant « conservateur », ce qui veut dire qu’en-dehors de Valeurs actuelles, la tendance « gauche » ou LREM (presque pareil) domine dans les médias), j’ai apprécié les propos de Rafik Smati, président d’Objectif France, sur une France qui est forte quand elle est conquérante. Le vice-président d’OF est le général de gendarmerie Bertrand Soubelet qui a subi lui aussi les foudres politiques pour sa liberté d’expression.

      Enfin si ceux qui sont en place poursuivent la destruction de la République et de la France, il faudra nous regrouper pour essayer de changer cette situation. Ce qui se passe actuellement en représente les prémisses et si le pouvoir continue de vouloir sanctionner les signataires de la Tribune des généraux, cette convergence pourrait bien avoir ce résultat de rassembler cette majorité silencieuse jusqu’à présent.

      Bien cordialement

  7. Dénoncer le délabrement d’un pays est-ce outrepasser ses devoirs et à l’obligation de réserve? ma réponse est non.
    C’est un honneur pour ceux qui ont servi, et qui servent encore la République, de pointer du doigt la faillite du système
    Je vous soutiens à 100%.
    Contrôleur Général Honoraire de la Police Nationale

  8. je ne trouve sur le fond rien à redire sur la première partie de la tribune, tant le sujet (le délitement) que l’appel aux autorités politiques en général à assumer leurs responsabilités me semble être le minimum attendu.
    là où je ne suis plus en accord avec cette tribune , c’est la prise de position politique sur les GJ, prise de position qui vise CE gouvernement. En prenant ainsi position, les signataires se déclarent en opposition déclarée avec les choix gouvernementaux et entrent dans l’opposition politique.
    c’est leur droit le plus absolu mais , deuxième erreur, qu’ils le fassent dans un parti politique et pas au nom d’une institution. ils n’ont pas à faire valoir une quelconque représentativité au sein de la communauté militaire. que je sache, cette tribune n’est pas l’expression d’une APMN.
    le style emphasé et impérieux tenu dans le texte sur la supposée supériorité morale de ces militaires pour défendre les valeurs de la france me parâit quelque peu incongru
    enfin, le dernier couplet me semble révéler une faute de gout majeure sur l’engagement des forces armées qui « se verraient dans l’obligation d’intervenir ». pourquoi cette tribune n’a t’elle pas expressement rappelé que les armées peuvent intervenir en tant que force de 3e catégorie mais sur décision du pouvoir exécutif, et qu’il s’agissait seulement mais explicitement de rappeler aux gouvernements – actuel et futurs- qu’il faut tout faire AVANT pour éviter d’y recourir.
    pour conclure, cette tribune est un cas d’école car elle permet de déterminer clairement ce qu’un militaire peut dire sur la place publique (la première partie) et ce qu’il ne peut pas dire (l’attaque contre le gouvernement en place) en dehors de toute représentativité .

    • Bonjour monsieur

      Pour ma part, n’ayant pas signé la tribune mais ayant vécu suite à mes écrits « l’enquête » de détail sur les mots employés pour me sanctionner sur l’écrit incriminé (Le Figaro du 12 juillet 2001, que vous retrouverez sur ce site ‘https://theatrum-belli.com/actualites-de-la-defense-nationale-depuis-juin-2019-et-reflexions-personnelles/), je retrouve le même processus: un mot ou deux interprétés pour sanctionner l’ensemble de la position. tellement facile. Je l’ai vécu à trois reprises y compris d’ailleurs sous la plume d’un camarade « bien intentionné » et proche du commandement. Aucune des trois procédures sur la forme n’a abouti formellement. je suis donc assez bien placé pour savoir ce que l’on peut dire sur la place publique d’autant que je me suis exprimé depuis le grade de capitaine par le biais de quelques 180 articles et 350 billets, y compris en activité.
      je vous rejoins en revanche sur l’absence de référence aux forces de 3e catégorie dans la tribune des généraux. Cela aurait neutralisé l’attaque sur les interprétations possibles. J’en suis d’autant plus conscient qu’une partie des thèmes abordés par mes écrits traitait de l’intervention des armées sur le territoire national mais je me suis rendu compte que beaucoup de militaires ignoraient ce domaine. J’ai d’ailleurs écrit sous mandat un projet de doctrine de maintien de l’ordre en 1999 (mais refusé par le directeur adjoint du centre de doctrine Terre) avant de partir au Kosovo et la proposer au général Cuche à Mitrovica, bien démuni contre les manifestations pacifiques des albanais … qui manifestaient comme à Paris (je fais un peu l’ancien combattant).

      Enfin, et là malheureusement, je ne suis pas d’accord avec vous. Je pense que ces anciens militaires sont à fait en droit de s’exprimer pour la communauté des anciens militaires. Vous vous référez aux APMN mais quelle est leur représentativité? quelle capacité d’influence? dans quel domaine?
      Sur le plan politique, malgré l’étiquette que le politique a voulu lui attribuer, je ne partage pas votre point de vue sur l’orientation de cette tribune. Les gouvernements successifs du passé auraient été tout aussi concernés mais quand une marmite boue, le couvercle met un certain temps à sauter, tout dépendant du feu de cuisson. C’est ce qui s’est passé à mon avis et le président Macron est alors un dommage collatéral. Bien cordialement

  9. Expatriee, franco americaine, je suis effarée de voir ce qu’est devenue la France. Je ne reconnais plus mon pays. Nous sommes diriges par des politiciens psychopaths narcissiques et des imbeciles, qui depuis 40 ans détruisent notre société. Il faut que l’armee fasse quelque chose, et traine tout ces traitres devant un tribunal. Et si une guerre dans notre pays, éclate, faites appel a des mercenaires comme blackwater. Tous les islamo gauchistes doivent etre éradiqués.

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