En fonction de l’actualité, les interventions dans les médias permettent de préciser à titre personnel des points particuliers de la guerre en Ukraine: conséquences de cette guerre pour l’armée française, dramatisation de l’arme nucléaire, « exploitation » des pertes civiles et militaires dans la propagande de guerre des belligérants, propagande simplement jour après jour… Bref que des sujets bien passionnants à développer sans cesse car cette guerre remet en cause bien des idées préconçues, sinon le « confort » intellectuel de l’auto-satisfaction qui a irrigué nos sociétés européennes depuis des décennies.
Sur Sud-Radio ce 12 octobre (dans une ambiance décontractée https://youtu.be/ou8vmG5jsvU), tout en attendant le discours de politique étrangère du président Macron. Rien à commenter. D’ailleurs, signe du peu d’intérêt de l’intervention, les médias ont seulement retenu la grève dans les raffineries… sujet qui n’avait pourtant pas grand-chose à voir avec cette information pourtant donnée aux Français par le président aux Français. Pschittt?
Jeudi 13, LCI pour le 12-15, toujours aussi sympathique, pour moi présence à compter de 14h (https://www.tf1info.fr/replay-lci/video-lci-midi-du-jeudi-13-octobre-2022-2235322.html), puis le Club le Chatellier, de 15h à 17h (https://www.tf1info.fr/replay-lci/video-le-club-le-chatelier-du-jeudi-13-octobre-2235339.html).
Une contribution au Figaro ce samedi 15 octobre ci-après
Une intervention sur Europe 1 sur les pertes humaines en Ukraine ce samedi 15 octobre 2022.
Rendez-vous sur LCI mardi 18, mercredi 19, vendredi 21 de 14 à 17h et samedi 22 de 12h00 à 15h00 bien sûr toujours sous réserve de changement en raison de l’actualité.
Le Figaro du 15 octobre Guerre en Ukraine : Vladimir Soloviev, le prédicateur de Poutine qui galvanise les prorusses du monde entier
Par Steve Tenré
PORTRAIT – À l’antenne, ce sulfureux fanatique du régime multiplie les appels à aggraver le conflit. Ses frasques, qui pourraient être dictées par le Kremlin, sont massivement partagées à l’international.
Chaque soir la même rengaine. Sur les coups de 22h20, heure de Moscou, alors que se termine le dernier épisode de la série dramatique du moment, Vladimir Soloviev apparaît à l’antenne, debout, dans son indéfectible chemise noire à col Mao boutonnée jusqu’au cou. Au centre de son plateau télévisé, sombre et strié d’écrans rouges et noirs, le pro-Kremlin entame, le visage grave, la présentation de son talk-show quotidien : «Soirée avec Vladimir Soloviev».
Le présentateur de 58 ans est bien entouré: six chroniqueurs récurrents, triés sur le volet, l’encerclent à sa demande. Sur la forme, l’émission de débats n’a finalement rien de singulier. C’est sur le fond que le programme se distingue, car la petite bande de Soloviev n’est constituée que de gradés, d’oligarques ou de représentants du régime poutinien, allant de l’ancien diplomate qualifiant Joseph Staline de «dernier homme d’État à avoir pris soin de son pays», à l’ex-conscrit volontaire du Donbass, s’étant vanté d’avoir «tué des (Ukrainiens) en grand nombre». Chacun va alors commenter l’actualité du jour… sous le prisme de l’ultranationalisme.
Le 4 octobre, alors que Kiev revendique de sérieuses prises dans l’est de l’Ukraine, Vladimir Soloviev reçoit Yevgeny Satanovsky, président de l’Institut russe du Moyen-Orient. «Que doit faire la Russie» face à la contre-attaque ukrainienne?, interroge Soloviev. «La Russie est ce qu’elle est (et) nous continuerons d’être comme nous sommes. Ceux qui sont avec nous iront bien, et les autres, nous les tuerons…», rétorque Satanovsky. «Alors quoi, nous devrions juste tuer les 1,5 milliard d’habitants vivant sous l’égide de l’Otan ?», ironise Soloviev, hilare. Non, reprend Satanovsky, «ceux qui sont contre nous ne sont qu’un petit groupe à la tête de l’Otan, environ 100 à 200 personnes (…) Je peux vous dire que j’ai déjà une liste qui inclut des gens que vous connaissez, mais aussi des gens que vous ne connaissez pas.»
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Soloviev contre les «satanistes» de l’Occident
Soloviev lui-même se prend souvent au jeu, devant les dizaines de millions de téléspectateurs de la chaîne étatique Rossiya-1. En mars dernier, alors que l’armée fait face à ses premières difficultés en raison du soutien occidental à l’Ukraine, Soloviev avertit à l’antenne qu’«aucune sanction ne nous interdit de nous arrêter aux frontières de l’Ukraine et rien ne nous empêche de réduire le monde entier en cendres». En août, le présentateur dénonce avec un fort accent allemand le chancelier allemand Olaf Scholz, le traitant de «petit Führer», quelques semaines après avoir déclaré que les militaires russes pourraient ne s’arrêter qu’après avoir pris Stonehenge, en Angleterre, que les Occidentaux étaient des «satanistes», et, qu’«à la fin, tout cela se terminera par un coup nucléaire (…)Nous irons au paradis ! Eux, ils vont simplement crever.»
«Soloviev est un goujat sans limite. Il multiplie les énormités, hurle sur ses invités, n’hésite pas à les expulser du plateau quand ils vont à rebours de ses idées…», détaille au Figaro Galia Ackerman, spécialiste de la Russie post-soviétique. «Mais son style marche. Son émission est l’un des trois programmes les plus regardés en Russie, et capte environ 15% de l’audience globale», précise-t-elle. «Il est extravagant, excessif… Mais c’est de l’info-divertissement somme toute classique, comme ce qui est diffusé parfois en France», abonde le général (2S) François Chauvancy, également docteur en sciences de la communication et de l’information.
Dans la vidéo ci-dessous, Vladimir Soloviev teste un lance-missile britannique, qui aurait été récupéré sur le champ de bataille en Ukraine.
Virage à 180 degrés
Avant d’entrer dans le Guinness Book en 2019 pour avoir battu le record de temps d’antenne sur une seule semaine (25 heures, 53 minutes et 57 secondes), Vladimir Soloviev était un homme bien différent – loin, très loin du pouvoir qu’il adule désormais. Un temps professeur d’économie à l’université de l’Alabama (États-Unis), Soloviev est devenu entrepreneur, avec ses propres usines en Russie et aux Philippines dans les années 1990. Il produisait notamment de l’équipement pour discothèques, avant d’investir dans le géant russe du gaz, Gazprom. De là, le passionné de sport et d’automobiles devient animateur TV, relativement critique du régime. «Il fut un temps où il invitait dans ses émissions des opposantes comme la journaliste Anna Poltkovskaïa », retrouvée tuée à Moscou en 2006, reprend Galia Ackerman.
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Dans un de ses livres, publié en 2007, Soloviev ira même jusqu’à se moquer du parti présidentiel, Russie unie: «C’est le seul parti éternel en Russie. (…) C’est un parti absolument honnête et sincère de gens qui adorent le pouvoir. Ils disent (…) “à nous les datchas, les voitures et les appartements”.» Sa position sur la Crimée a également grandement évolué. En 2008, il affirme : «Quiconque tenterait de déclencher une guerre entre la Russie et l’Ukraine est un criminel sans aucune mesure. En Ukraine vivent des gens qui nous sont frères par l’esprit, le sang, une histoire commune». Avant de se rétracter en 2014, lors de son annexion : «Voici le jour dont nous avons hâté la venue. La Crimée et Sébastopol font partie de la Russie. La justice historique triomphe!»
Un agent du Kremlin ?
À quoi est dû ce retournement? Il n’est pas exclu qu’il se soit radicalisé de lui-même avec le temps, nous indique-t-on. Mais il est difficile de ne pas évoquer le patrimoine immobilier du présentateur, évalué à plus d’un milliard de roubles (16 millions d’euros), dont une villa sur le lac de Côme, en Italie, saisie à la suite des sanctions occidentales… «Sans Poutine, Soloviev n’aurait pas eu le droit d’occuper l’antenne cinq jours sur sept, à commenter les allocutions du président», et n’aurait pas amassé une telle fortune, avance d’ailleurs François Chauvancy.
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Est-il pour autant un agent du Kremlin, comme le prétend son surnom, «la voix de Poutine»? Le consultant en géopolitique s’interroge quant à la liberté de ton de Soloviev: «Ses outrances ne servent sans doute qu’à attirer l’audience. Si l’émission marche autant, c’est qu’il y a une demande du peuple russe pour ce type de programme ultranationaliste.» De fait, Soloviev tenterait le tout pour le tout pour convaincre Poutine d’intensifier le conflit, poussé par son statut et son public.
Mais pour Galia Ackerman, sa connivence avec le chef du Kremlin ne fait que peu de doutes: «C’est un jeu savamment orchestré. Sur l’échiquier politique, Soloviev se place à droite de Poutine pour montrer à quel point le Kremlin est raisonnable, analyse-t-elle. Il dit à haute voix ce que Poutine pense mais n’exprime pas encore. Il teste auprès de l’opinion publique d’éventuelles mesures à venir.» «Il est vrai qu’en ce moment Poutine parle peu, et les va-t’en-guerre, beaucoup», estime aussi François Chauvancy.
Des discours à la portée internationale
Ce qui expliquerait la dernière frasque de Soloviev, étonnamment critique de l’armée russe ces derniers temps. Sur sa page Telegram suivie par plus d’un million de personnes, il a clamé que «certains responsables en épaulettes», surpris par la contre-offensive ukrainienne, devraient être «pénalement condamnés» voire… amenés au «peloton d’exécution». «Staline demandait bien à ce qu’on tire sur (les soldats) qui paniquent», a-t-il répété dans son programme nocturne, comme pour mettre la pression sur ces généraux menacés d’une défaite militaire.
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Toujours est-il que ses discours dépassent les frontières, et se révèlent particulièrement populaires auprès des pro-Kremlin du monde entier. «Une frange de la diaspora russe, présente depuis des années en France, est résolument convaincue que la guerre en Ukraine est justifiée, et ne regarde même plus notre télévision – elle s’enferme sur ce type d’émissions russes», et notamment celle de Soloviev, appuie François Chauvancy.
Le présentateur aide-t-il la propagande russe à s’exporter? Galia Ackerman semble le penser, se souvenant d’une conférence payante de l’idéologue ultranationaliste Alexandre Douguine à Paris : «C’était il y a plus de 10 ans et la salle était bondée. Plus aucun siège n’était disponible, et les gens étaient assis dans le passage. Les cercles poutinophiles, nombreux, raffolent de ces discours extrêmes». Possible donc que Soloviev, de par ses frasques, soit un instrument de plus du Kremlin pour influencer les Occidentaux, qualifiés récemment par Poutine de «décadents»…