jeudi 28 mars 2024

L’ALMAK : le bateau polyvalent de DCI-NAVFCO pour former les marines militaires étrangères

La formation des armées étrangères amies de la France est l’essence même de la société Défense Conseil International* (DCI) depuis une quarantaine d’années. A travers quatre branches, terrestre avec COFRAS, navale avec NAVFCO, aérienne avec AIRCO et armement avec DESCO auxquelles vient récemment s’ajouter une activité « Cyberdéfense », DCI qualifie des personnels militaires au savoir-faire français.

Depuis l’année dernière la branche navale est en possession d’un bateau-école unique en France assurant la formation des officiers de marines étrangères, principalement pour le moment en provenance des pays du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Koweït). Il est dirigé par le commandant Cuny, un ancien de la Marine nationale, reconverti dans la marine marchande.

Almak 2
Vice-amiral (2s) Bruno NIELLY, Directeur Général de DCI-NAVFCO.

Nous avons pu visiter hier ce navire polyvalent, portant le nom arabe d’une étoile de la constellation d’Andromède « Almak **» qui était ancré dans le port de Lorient avec à son bord de jeunes marins du Qatar dont certains partaient en mer pour la première fois depuis leur entrée à l’Ecole navale. Ce petit « bateau gris », ressemblant à un chalutier de haute mer est long de 44 m, large de 9,60 m et peut atteindre 12 nœuds. Il a été créé entre 2012 et 2013 par les chantiers Piriou, installés à Concarneau, fruit d’une réflexion entre Pascal Piriou et l’amiral François Dupont, ancien directeur général de NAVFCO. Pour le nouveau Directeur Général de DCI-NAVFCO, le vice-amiral (2s) Bruno Nielly « le défi était de gagner des heures de mer afin d’optimiser la formation des cadets qui étaient confiés à DCI-NAVFCO. Jusqu’en 2013, les cadets pratiquaient leur formation maritime et à la navigation à bord de bâtiments écoles de la Marine nationale, lesquels ont un potentiel d’utilisation annuelle qui est limité en heures de mer ». Tout l’intérieur du bateau a été élaboré pour l’instruction et le soutien du marin avec des normes « marine marchande » plus confortables que les normes « marine de guerre ».

En visitant le navire, on est surpris par le confort des chambres pour l’équipage et pour les élèves et de l’esthétique qui a été recherché. On pouvait s’attendre à des lits et des armoires métalliques ; au contraire, elles sont en bois donnant une chaleur certaine à ces lieux de vie. Il en est de même pour la salle de travail qui peut se transformer rapidement en salle à manger. Le « système d’armes » du navire, à savoir la cuisine, est elle aussi facile d’accès et très pratique d’utilisation.

La conception du bateau n’est pas uniquement dédiée à la navigation. La plateforme peut servir à d’autres activités. Des locaux pour plongeurs ont ainsi été aménagés avec une capacité à gonfler des bouteilles et à embarquer un container avec un caisson hyperbare. Le bateau peut servir de soutien à un groupe de plongeurs civils ou militaires pour effectuer des missions dans des eaux pas très profondes.

Le bateau navigue toute l’année entre Concarneau et l’embouchure de la Loire. Il peut parfois monter au Nord de la Bretagne et en Manche. En dehors des cycles de formation des marins, le navire peut également servir à surveiller des parcs naturels, comme celui d’Iroise. Il a également la capacité de  recevoir un ou deux containers (suivant la taille) pouvant contenir, par exemple, des appareils d’observation scientifiques. La plateforme arrière pourrait également être proposée à la formation à l’hélitreuillage et à la formation des commandos de Lorient. Le bateau étant en mer entre 35/36 semaines à l’année la Marine peut ainsi profiter de cette situation pour monter rapidement des exercices.

Coté formation, l’Almak possède 16 places de passagers. Les élèves embarquent par groupes de 9 ou 10 afin de ne pas affecter la rotation des responsabilités et que le temps passé en mer soit optimisé. Les places restantes disponibles sont ouvertes aux marins de la « Royale » pour compléter leur cursus.

Pour Bruno Nielly, ces cours constituent un élément majeur dans notre soft power : « Les cadets font partie de l’Ecole navale et suivent le cours pour officiers étrangers, créé en 1995. Leur formation est validée par le commandant de l’Ecole. Il y a un une trentaine d’élèves étrangers par promotion restant à l’Ecole durant trois ans ; ce qui fait un total d’une centaine d’élèves en permanence ». Trois années à l’étranger marquent la mémoire d’un élève qui se souviendra toujours de cette période d’apprentissage. Ce chiffre, qui est un maximum, peut par contre être un frein au développement économique de NAVFCO qui est en pleine réflexion pour répondre à toutes les sollicitations.

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Commandant Cuny, « Pacha » de l’Almak.

Selon les explications du commandant Cuny, sur la passerelle, il y a toujours trois éléments qui se répartissent les tâches comme suit : le chef de quart (fonction 1) qui dirige et exécute les ordres du commandant en suivant la route programmée par lui. Le deuxième est sur la table à cartes (fonction 2) faisant des points, expliquant au chef de quart si le bateau est bien sur la route ; le troisième est à la barre, faisant en même temps la veille optique. Une particularité du navire est qu’il n’y a pas de PC machines à bord, donc le mécanicien fait son quart dans un coin de la passerelle en faisant ses différents relevés de contrôle.

L’Almak est un bateau de formation polyvalent original dont Piriou et DCI-NAVFCO souhaiteraient pouvoir proposer à des marines étrangères avec l’éventualité d’une délocalisation des cours. Ce projet pourrait ainsi permettre de consolider l’influence de la France sur des marines étrangères à travers un partenariat stratégique pouvant sur le moyen et long terme être propice pour l’exportation de nos matériels militaires quand des cadets accéderont à des postes clefs dans leur Défense nationale. 

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* Société privée où l’Etat est présent au Conseil d’administration à 49,9 %

** Le nom à l’origine fait référence à un chat sauvage vivant les régions moyen-orientales

Crédit photos : Stéphane Gaudin / Theatrum Belli

Passerelle
Passerelle.
Salle de cours pouvant se transformer rapidement en salle à manger.
Salle de cours pouvant se transformer rapidement en salle à manger.
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Un cadet qatari prend des relèvement des amers (position du bateau et giration).
Cadet en provenance du Qatar faisant des points en passerelle (fonction 2).
Cadet en provenance du Qatar faisant des points en passerelle (fonction 2).
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Cuisine.
Stéphane GAUDIN
Stéphane GAUDINhttp://www.theatrum-belli.com/
Créateur et directeur du site THEATRUM BELLI depuis 2006. Chevalier de l'Ordre National du Mérite. Officier de réserve citoyenne Terre depuis 2018 (LCL), rattaché au 35e régiment d'artillerie parachutiste de Tarbes. Officier de réserve citoyenne Marine de 2012 à 2018 (CC). Membre du conseil d'administration de l'association AD AUGUSTA et de l'Amicale du 35e RAP.
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