Un autre exemple de guerre électronique concerne les raids des Zeppelin sur la France et l’Angleterre. On disposait alors, dans ces deux pays, de chaînes radiogoniométriques, depuis 1915 seulement pour la France. Ferrié s’était en effet opposé, avant la guerre, à l’achat d’appareils Marconi, et la section technique du Génie, chargée d’expérimenter deux radiogoniomètres Bellini-Tosi achetés en 1914, les avait longtemps gardés en caisse. Les écoutes permirent de relever les caractéristiques propres à ces raids : d’abord, avant leur départ, les Zeppelin essayaient leurs postes de TSF, dont la note particulière donnait l’éveil et permettait d’alerter les moyens de protection, « saucisses » et chasse. Ensuite, les Zeppelin se dirigeaient au moyen de relevés goniométriques : aussi bien en France qu’en Angleterre, ces liaisons furent brouillées avec succès.
Certains disent même qu’ayant remonté le système de chiffrement correspondant, on put envoyer de faux messages pour les égarer. Quoi qu’il en soit, les brouillages rendaient leur retour très difficile, et on s’aperçut qu’ils utilisaient pour se repérer la station de la tour Eiffel. Au cours du raid du 19 octobre 1917 (11 Zeppelin), Ferrié arrêta le fonctionnement de cette station et la remplaça par Lyon La-Doua, dont l’équipement était identique. Un Zeppelin finit sa course près de Sisteron et un autre se perdit en Méditerranée ; peut-être avait-il été entraîné par le mistral !
Louis RIBEDEAU-DUMAS