Désormais reconnu comme l’un des jeunes auteurs de référence sur la guerre d’Indochine, Ivan Cadeau nous propose de (re)découvrir la guerre de Corée et ses opérations actives parfois impressionnantes entre 1950 et 1953.
Cet ouvrage de synthèse est organisé en six grandes parties chronologiques, qui permettent de suivre avec aisance les principales phases de la campagne. Après avoir présenté l’histoire des deux Corée à la veille du conflit, il aborde la première offensive du Nord et l’intervention « onuso-américaine » avec ses défaillances (« Un été au bord du gouffre »), puis la contre-offensive occidentale de Pusan à Inchon (« Le ‘sorcier d’Inchon’ »), la poursuite au-delà du 38e parallèle, la contre-attaque des « volontaires » chinois, la bataille du réservoir de Chosin et la question d’une faillite du renseignement américain (« Wansui ! Les Chinois attaquent »), la seconde chute de la capitale du Sud, le difficile rétablissement du front, le remplacement de MacArthur et la contre-attaque alliée du printemps (« La contre-offensive des Nations-Unies »), enfin les combats extrêmement durs de Crèvecoeur, la révolte des prisonniers nord-coréens pris en main par l’organisation souterraine communiste, les accusations de guerre bactériologique et, finalement, la nécessité devant la stabilisation des lignes et le peu de résultats militaires d’en venir à la négociation d’une suspension des opérations actives (« L’impasse »). On le voit, une étude globale, dont la solide bibliographie finale (y compris filmographie) dit assez tout l’intérêt. Si la guerre de Corée a longtemps été une « guerre oubliée » en France, ce ne peut plus être désormais le cas.
Il ne s’agit donc pas d’une histoire de la contribution française à ce conflit, mais bien d’une présentation globale de l’ensemble de la guerre, essentiellement dans ses caractéristiques tactiques et opératives. Deux à trois millions de morts selon les sources les plus vraisemblables, deux pays ravagés, pour finalement revenir à peu de choses près sur les positions de départ. Les rapports entre les deux Corée sont toujours restés, et restent, très tendus comme l’actualité du régime paranoïaque du Nord le montre régulièrement. Aucun règlement définitif ne semble envisageable à brève échéance : « le communisme dynastique de Pyongyang et ses oligarques n’ont rien à gagner à une réunification qui signifierait leur disparition ; quant à Séoul, l’absorption, même pacifique, de son voisin du nord reste peu souhaitable pour la population sud-coréenne qui apprécie son actuel niveau de vie et les avantages qu’elle en retire ».
Editions Perrin, Coll TEMPUS, 384 pages, 9 €
Source : Guerres et Conflits