Se rappeler cette défaite majeure est aussi se rappeler un conflit qui a changé le régime politique, provoqué une grave crise d’autorité et installé une guerre civile dans la capitale. Le second empire est tombé le 4 septembre 1870 (Cf. Mon billet du 7 septembre 2020). Après l’échec de la seconde bataille de Buzenval du 19 janvier 1871, Paris capitule le 28 janvier et un armistice signé dans l’attente d’un traité de paix que les Français doivent accepter. Or, le gouvernement de Paris qui a capitulé et l’Assemblée de Bordeaux sous l’influence de Gambetta, ministre de l’intérieur et de la guerre qui veut continuer de combattre l’Allemand, s’opposent.
S’engager vers une paix négociée
Pour que ce traité soit signé et donc que les négociations puissent commencer, des élections législatives sont organisées. Dans des conditions extraordinaires, elles se tiennent néanmoins début février 1871 avec la bénédiction de Bismarck en moins de dix jours et sans irrégularité majeure constatée. Cela laisse rêveur.
Le gouvernement remet ses pouvoirs à l’Assemblée nationale le 14 février, Jules Grévy en est élu président. Le 17 février, Adolphe Thiers est élu chef du gouvernement. Le 19 février, il fait son discours inaugural (Cf. Le discours complet dans « Le gouvernement de M. Thiers », par Jules Simon, 1879), un discours qui pourrait s’adapter à notre situation actuelle par bien des aspects :
« Débarrasser nos campagnes de l’ennemi (…) ; rétablir l’ordre troublé ; remplacer ensuite sur le champ les administrateurs démissionnaires ou indignes ; réformer par l’élection nos conseils généraux (…) ; reconstituer ainsi notre administration désorganisée ; faire cesser nos dépenses ruineuses (…). Pacifier, réorganiser, relever le crédit, ranimer le travail, voilà la seule politique possible (…) ». La menace d’une insurrection parisienne est aussi décelable dans ce discours.
Le gouvernement s’installe à Versailles le 20 mars. Le traité de paix est finalement signé le 20 mai 1871 à Francfort pendant la commune. Une partie de l’Est de la France est annexée par l’Allemagne. La France paie 5 milliards de dédommagements de guerre à l’Allemagne, ce qu’elle fera avec une célérité exemplaire entrainant le départ précoce des armées allemandes.
Le 1er mars 1871
La date du 1er mars 1871 mérite cependant d’être rappelée. Il y a cent cinquante ans, jour pour jour, l’Assemblée nationale votait le début des négociations pour signer la paix malgré l’opposition de la Gauche « républicaine » qui voulait poursuivre la lutte contre les Prussiens. La France est pourtant en partie occupée, son armée professionnelle de 400 000 hommes emprisonnée en Allemagne soit 117 régiments sur 120. La population parisienne est affamée et travaillée par l’extrême-gauche de l’époque.
Ce même 1er mars 1871, l’armée allemande qui encercle Paris entre dans la capitale. Elle évite de défiler sous l’Arc de triomphe mais ne s’engage pas dans la ville. Ses officiers pourront visiter les Invalides sans armes malgré les risques. Pendant ce temps, la première Internationale et l’extrême-gauche continuent de s’infiltrer au sein de 215 bataillons de la Garde nationale (Cf. Mon billet du 25 mars 2012) préparant la révolte communarde sous le prétexte de continuer la lutte contre… les 500 000 Allemands victorieux. Cette action subversive permet de s’opposer le 18 mars à la tentative de Thiers de désarmer partiellement la capitale en s’emparant d’une partie de l’artillerie dont la garde nationale s’était saisie. L’insurrection éclate alors.
Hier et aujourd’hui
Que de points partiellement communs avec aujourd’hui. Une autorité politique qui souhaiterait renouveler le contrat avec le pays en 2022, une guerre certes contre une pandémie qui a montré la désastreuse impréparation de notre administration et finalement une défaite par la démoralisation de la population et de la déconsidération de sa classe politique, une extrême gauche qui veut déstabiliser les institutions y compris par des accommodements raisonnables avec l’islamisme, une gauche par exemple à Paris qui revendique l’héritage de la Commune (Cf. Le Monde du 19 février 2021), pas vraiment le meilleur exemple pour reconstruire le pays et revendiquer sa direction. Faut-il rappeler que les communards ont brûlé les Tuileries, le Palais-Royal, le palais d’Orsay, les synagogues, l’hôtel de ville sans oublier les exécutions d’otages ?
Aussi, si on pouvait éviter aussi une récupération politique d’événements qui, au moins de mon point de vue, n’ont pas été très glorieux et à l’honneur des Parisiens, cela serait peut-être judicieux dans le contexte actuel.
Mes devoirs mon général,
Le parallèle commence à percer dans certaines publications:
https://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/patrice-huiban-syndrome-second-empire-plane-nos-armees-236770
Surtout à l’heure où les soldats français traquent quelques malfaisants dans le désert, alors que le retour au conflit inter-étatique fait pouffer dans les salons entre gens importants.
Très respectueusement.
Effectivement, même si l’histoire ne se répète jamais exactement. Ne parlons pas de ces gens des salons sans doute bien parisiens, installés bien confortablement et dont les turpitudes pour une partie d’entre eux finissent par être dévoilées sur la place publique. en bref, une “nomenklatura” française qui devra bien être remise en question un jour ou l’autre. finalement 1871 est une année intéressante à étudier… Bien cordialement
Mes devoirs mon général,
Le plus révélateur dans la condamnation de Sarkozy, c’est pas les réactions outragées prévisibles de ses amis politiques, c’est plutôt le non-soutien aux magistrats du garde des sots et du locataire de l’Elysée qui auraient pu au minimum siffler la fin de la récré.
Sans parler d’un ministre de l’intérieur qui a décidé de commenter une décision de justice, peut être voulait-il depasser Christine Lagarde et sa fameuse lettre.
https://www.challenges.fr/economie/la-curieuse-lettre-d-allegeance-de-lagarde-a-sarkozy_206570
Il est bien au chaud dans le système:
https://www.lopinion.fr/edition/politique/darmanin-abad-aubert-saga-cadets-bourbon-221872
Il devrait réviser le principe de séparation des pouvoirs avec ses petits camarades de jeu plutôt que de fréquenter ses clubs habituels, d’où ses manières.
Quelques soient leurs griefs à titre personnel, leurs fonctions et responsabilités actuelles les dépassent.
Très respectueusement.
Pour être juste, à gauche aussi, ça pantoufle sévère:
https://www.lopinion.fr/edition/politique/faure-gregoire-beaune-anciens-cabinet-ayrault-ont-vent-en-poupe-222009
Une administration qui s’étouffe sous son inefficacité et ses renvois d’ascenseurs.
Au plaisir de vous lire.
Mes devoirs mon général,
Tout est sujet à propagande surtout en période pré-électorale:
https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/02/19/la-commune-de-1871-un-anniversaire-sous-haute-tension-a-la-mairie-de-paris_6070470_823448.html
Ce n’est pas nouveau:
https://www.lemonde.fr/politique/video/2021/03/14/commune-de-paris-les-premieres-photos-manipulees_6073049_823448.html
Au plaisir de vous lire.
Très respectueusement.
Mes devoirs mon général,
Le retour aux conflits inter-étatiques ne fait pas l’unanimité apparemment:
http://www.societestrategie.fr/actuel-59-concept-de-securite-et-haute-intensite/
Très respectueusement.
LES OPÉRATIONS MILITAIRES
alors que s’offre à lui l’occasion de détruire plusieurs corps de l’armée ennemie à la suite de la bataille de Mars-la-Tour, le 16 août, le maréchal Bazaine décide, à l’étonnement général de son état-major, de replier son armée de 180 000 hommes à Metz, se laissant ainsi couper de la France libre et donc de ses réserves. Deux jours plus tard, au soir de la bataille de Saint-Privat, le maréchal Canrobert demande désespérément et à plusieurs reprises des renforts à Bazaine, mais ne les obtient pas. Ce dernier, en effet, ne juge pas que Saint-Privat soit une bataille importante et refuse d’engager ses troupes de réserve, pourtant nombreuses. Aucun renfort n’est envoyé aux troupes françaises qui se battent héroïquement sur le plateau et Bazaine n’apparaît même pas sur le champ de bataille.
LE PROCÈS
Le duc d’Aumale, président, le condamne à la peine de mort avec dégradation militaire pour avoir capitulé en rase campagne, traité avec l’ennemi et rendu la place de Metz avant d’avoir épuisé tous les moyens de défense dont il disposait. Mais le même tribunal, qui vient tout juste de le condamner, signe à l’unanimité et envoie au président de la République (et au ministre de la Guerre) une demande en grâce de M. le maréchal Bazaine. Sa peine est alors commuée en 20 années de prison, sans cérémonie de dégradation, par le nouveau maréchal-président Mac-Mahon, qui lui aussi avait été battu à Sedan. Ceci inspirera à Victor Hugo le commentaire suivant : « Mac-Mahon absout Bazaine. Sedan lave Metz. L’idiot protège le traître . »
Merci pour cet éclairage sur le maréchal Bazaine qui n’est cependant pas partie prenante de la crise parisienne hormis le fait début septembre 1870 d’avoir empe^ché la protection de Paris et l’emprisonnement de la plus grande partie de l’armée française.
Quant à Mac Mahon, la bataille qu’il a perdue honorablement est la seule défaite à son passif en 40 ans vie militaire à la date de 1870.
lire Du Barail, Général, « Mes souvenirs (3 Tomes), Editions Plon, 1896, ministre de la guerre en 1873 et en charge du procès pour trahison du maréchal Bazaine
Girard, Georges, « La vie et les souvenirs du général Castelnau 1814-1890 », Editions Calmann-Lévy, 1930. Envoyé en mission au Mexique par Napoléon III pour comprendre pourquoi la crise mexicaine ne se résolvait pas. Le général Castelnau témoigne de la duplicité du maréchal Bazaine visant prendre la place de Maximilien. Napoléon III lui pardonna comme il le faisait souvent.
Bien cordialement