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12 octobre 633 : bataille de Hatfield Chase.
La bataille de Hatfield Chase (en vieil anglais « Haethfelth ») eut lieu le à Hatfield Chase, près de Doncaster, dans le Yorkshire. Elle opposa les Northumbriens menés par leur roi Edwin à une alliance des Gallois du Gwynedd et des Merciens, conduits par leurs souverains respectifs Cadwallon ap Cadfan et Penda. Le champ de bataille était une zone marécageuse, à environ 8 milles au nord-est de Doncaster, sur la rive sud de la rivière Don. Ce fut une victoire décisive pour les Gallois et les Merciens : Edwin fut tué et son armée défaite, ce qui entraîna l’effondrement temporaire du royaume de Northumbrie.
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Edwin, alors le plus puissant souverain de Grande-Bretagne, aurait vaincu Cadwallon quelques années avant cette bataille : Bède indique que l’autorité d’Edwin s’étendait sur ce qu’il appelle les « îles mévaniennes », l’une d’entre elles étant Anglesey, et une autre source mentionne un siège subi par Cadwallon sur Puffin Island (ou Glannauc), au large de la côte d’Anglesey.
Cadwallon réussit cependant, plus tard, à vaincre et chasser les Northumbriens de ses terres et s’allia alors à Penda, Cadwallon étant le membre le plus puissant de cette alliance. Le statut de Penda en Mercie est incertain : Bède suggère qu’il n’était pas encore roi, mais qu’il le devint peu après Hatfield ; la Chronique anglo-saxonne, en revanche, précise qu’il devint roi en 626. L’armée gallo-mercienne entra en bataille contre celle d’Edwin à Hatfield, au nord de Doncaster.
La bataille fut un désastre pour la Northumbrie. Avec la mort d’Edwin et de son fils Osfrith, ainsi que la capture de son autre fils Eadfrith (qui fut plus tard tué), le royaume fut divisé entre Bernicie et Deira, les deux États qui avaient été unifiés par Æthelfrith, le prédécesseur d’Edwin. Eanfrith, un des fils d’Æthelfrith, revint d’exil et prit le pouvoir en Bernicie, tandis que le cousin d’Edwin, Osric, s’en empara en Deira. Cadwallon continua à mener une guerre sans merci contre les Northumbriens, et ne fut stoppé qu’après sa défaite face à Oswald à Heavenfield (aussi connu sous le nom de Deniseburna ou Cantscaul) un an après Hatfield.
L’historien David P. Kirby suggère que la défaite d’Edwin fut en fait le résultat d’une vaste alliance d’intérêts opposés à lui, dont fit partie la lignée bernicienne déchue d’Æthelfrith. Cependant, compte tenu de l’hostilité existante entre Cadwallon et les fils d’Æthelfrith, une telle alliance ne put avoir survécu longtemps après la bataille.
12 octobre 1398 : traité de Salynas.
Le traité de Salynas fut signé le par le grand-duc de Lituanie Vytautas le Grand, d’une part, et le grand maître de l’ordre Teutonique Konrad von Jungingen, d’autre part, sur un îlot du fleuve Niémen, probablement entre Kulautuva et l’embouchure de la Nevėžis.
Par ce traité, Vytautas cède le duché de Samogitie aux chevaliers teutoniques. Ce territoire est très important pour les chevaliers puisqu’il relie les possessions de l’État monastique des chevaliers teutoniques de Prusse et de Livonie.
C’est la troisième fois après le traité de Königsberg en 1384 et traité de Lyck en 1390 que Vytautas promet la cession du territoire, et cette fois les chevaliers compte bien en prendre possession. Toutefois, la question de la Samogitie ne sera définitivement réglée qu’en 1422, cette fois en faveur de Lituaniens, avec la signature du traité de Melno.
12 octobre 1427 : bataille de Maclodio (Italie).
La bataille de Maclodio est livrée près du village de Maclodio, au cœur de la province de Brescia, dans le nord de l’Italie, le . En pleines guerres de Lombardie, elle oppose les forces du duché de Milan dirigées par Charles II Malatesta à celles de l’alliance anti-visconti, composée de la République de Venise et de la République florentine, et commandée par Carmagnole. La bataille s’achève par une victoire de l’alliance, seule victoire décisive pour la Sérénissime dans la série de conflits qui se déroule au XVe siècle. Elle oblige les Milanais à signer un traité, concédant Brescia en 1428.
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En janvier 1419, les deux grands puissances de Padanie, la République florentine et le duché de Milan, signent un traité pour définir leurs frontières. Florence précise alors au duc de Milan, Philippe Marie Visconti, de ne pas dépasser, « d’un côté le Magra qui sépare la Lunigiane de l’État de Gênes, et de l’autre le Panaro qui coule entre le Bolonais et le Modenais ». Cependant, le 14 mai 1423, Philippe Marie Visconti viole les conditions du traité, en aidant le prince Teobaldo Ordelaffi à reprendre Forlì, ville que sa famille dirige depuis la fin du XIIIe siècle. Florence déclare alors la guerre à Milan, dont le duc cesse de se dissimuler, en prenant la ville d’Imola, le 1er. Cette guerre est alors un coup dur pour la République florentine dont les défaites sur les champs de bataille se succèdent.
Alors général fidèle du duc de Milan, Francesco Bussone, dit « Carmagnole », est sujet à des soupçons de la part de Philippe Marie Visconti. Ainsi, il tombe très rapidement en disgrâce, si bien qu’il n’en connait pas les motifs. Il quitte Milan et se réfugie auprès du duc de Savoie, puis se rend à Venise le 23 février 1425, pour avertir le doge Francesco Foscari des plans du duc de Milan, qui cherche à conquérir toute l’Italie. Alors jusqu’ici au service de la République florentine, Niccolò Piccinino prend la tête de l’armée milanaise. Le 14 décembre 1425, les République de Florence et de Venise unissent leurs forces : tandis que les Florentins envoient leur flotte dans la mer de Ligurie, celle des Vénitiens remontent le Pô afin de pénétrer en territoire milanais. Avec le soutien du margrave de Ferrare, le seigneur de Mantoue, le duc de Savoie et le roi d’Aragon, la guerre est déclarée au duc de Milan le 27 janvier 1426.
Après que Philippe Marie Visconti ait conquis Brescia, le 20 novembre 1426, puis confié les terres de Forlì et d’Imola au pape Martin V, ce dernier opte pour la paix à la suite de la guerre qu’avaient suscitée ces disputes de territoires. L’accord de paix, signé le 26 décembre 1426 à Ferrare, stipule que la Bresse et huit de ses châteaux forts sont la possession de la République de Venise. Le 30 décembre 1426, le traité de Ferrare scelle la paix entre la République de Venise et Florence. Les villes de Brescia, Bergame et en partie de Crémone, précédemment conquises par le duché de Milan, sont placées sous la tutelle vénitienne.
Mais il s’avère que cet accord soit un échec et que les hostilités reprennent entre d’un côté le commandant suprême des troupes de la République de Venise, Carmagnole, et le duché de Milan de l’autre. Après avoir été victorieuses à Sommo, les forces armées de la République de Venise se retirent au-delà de l’Oglio et du Chiese, afin d’assiéger Montichiari, toujours aux mains du duché de Milan en septembre 1427.
Parallèlement, le commandant suprême du duché de Milan, Charles II Malatesta, avance ses troupes et traverse l’Oglio pour entrer sur le territoire de Brescia, qui à la fin de l’année 1426 fait partie de la république de Venise. Il assiège Urago d’Oglio, protégée par Leonardo et Antonio Martinengo avec huit bombardes.
Le 8 octobre 1427, le Sénat de Venise, qui est intervenu à Urago d’Oglio, retire Montichiari à Carmagnole. Le 10 octobre, il s’installe près de Maclodio, qu’il conquiert après une brève résistance. Le 12 octobre, Urago d’Oglio capitule également et les troupes milanaises se dirigent vers l’armée vénitienne.
Les forces de Philippe Marie Visconti, duc de Milan, s’opposent alors à celles de la république de Venise, unies avec Florence dans une alliance anti-Visconti.
Les belligérants font chacun appel à des mercenaires pour prendre part à la bataille.
Les troupes milanaises, dirigées par Philippe Marie Visconti, comptent 16 550 hommes :
- 8 550 cavaliers, qui coûtent 2 500 florins par mois ;
- 8 000 fantassins et arbalétriers, qui coûtent 24 000 florins par mois.
Les troupes vénitiennes, menées par Carmagnole, comptent 16 830 hommes :
- 8 830 cavaliers, qui coûtent 35 320 florins par mois ;
- 8 000 fantassins, qui coûtent 16 000 florins par mois.
Les troupes de Florence comptent 12 000 hommes :
- 6 000 cavaliers ;
- 6 000 fantassins.
Les deux républiques totalisent un coût des troupes s’élevant à 102 000 florins par mois.
Les armées se trouvent à une brève distance l’une de l’autre, stationnant depuis déjà deux jours près de Maclodio. Dans la nuit du 10 au 11 octobre, l’armée de Carmagnole avance et établit un camp fortifié situé à 3 kilomètres des troupes milanaises, installées à Maclodio. C’est pour Carmagnole la route à prendre, étant donné qu’il souhaite reprendre Urago d’Oglio.
La veille de la bataille, il prend le temps d’analyser le terrain qui servira de champ de bataille, afin d’en connaître tous les recoins. Il installe et dissimule des batteries pour que l’ennemi se retrouve sous le feu croisé de l’artillerie. Il place des troupes en embuscade dans tous les endroits qu’il considère comme défendables. Le corps principal de son infanterie fait face à une chaussée longue, étroite, sinueuse et complexe, par laquelle, si les Milanais tentent d’attaquer, les troupes de l’alliance devront nécessairement avancer. Par conséquent, cela laisserait la chaussée apparemment sans surveillance, alors qu’il s’agit en réalité d’une diversion. Deux-mille chevaux sont détachés près du marécage, avec pour mission d’attaquer le derrière des lignes ennemies si on leur en donne l’ordre.
Les troupes mercenaires milanaises, payées par le duc de Milan Philippe Marie Visconti mais menées par Niccolò Piccinino, barrent la route, après avoir creusé des fossés dans un terrain marécageux.
La confrontation commence à 16 heures. L’armée milanaise s’entremêle et est assaillie en ses deux flancs par des lancers de missiles inattendus. L’espace extrêmement réduit les empêche de tenter quelconque changement de front. Même si cela avait été envisagé, les Vénitiens étaient dissimulés et séparés d’eux par des marécages infranchissables. Confus et hésitants, les Milanais ne savent pas s’ils doivent avancer ou battre en retraite. Mesurant l’avantage de la situation, Carmagnole fait signe à sa cavalerie de prendre l’ennemi à revers et, parallèlement, avance le reste des troupes vers la chaussée. De leur côté, les Milanais avancent contre l’armée ennemie. Carmagnole fait croire de battre en retraite et avance dans la zone brumeuse, boisée et marécageuse. Maîtres de la situation, les Vénitiens se cachent et attendent que les Milanais s’embourbent avant de sortir leurs mousquets et leurs arbalètes. L’attaque se montre d’autant plus efficace avec la baliste que Carmagnole a fait élever sur un assemblage de trois ou quatre structures mobiles. Avec les 2 000 hommes conduits par Niccolò da Tolentino, Carmagnole concentre alors toute son infanterie dans le centre du dispositif adverse, en le contraignant à se retirer, à se scinder en deux, et à conquérir la route vers Urago d’Oglio.
Le terrain marécageux et l’incompréhension entre les capitaines milanais entraînent la défaite des forces du duché de Milan qui décident de fuir. Certaines des forces milanaises plongent dans les marécages. Reculant vers Trenzano, situé à l’ouest de Maclodio, Niccolò Piccinino déploie l’ouest du flanc droit milanais, uniquement pour être frappé sur le côté et le revers par les unités que Carmagnole a envoyé sous le commandement de Ranieri Montemelini le long du fossé artificiel. Tout en se retirant, Niccolò Piccinino poursuit le combat en barrant la route aux Vénitiens mais laisse le flanc droit milanais complètement exposé aux attaques vénitiennes. Il force ainsi Charles II Malatesta à déposer les armes, sans qu’aucun de ses hommes ne soit mort pendant la bataille. Francesco Sforza, qui commande la réserve militaire, mène une contre-attaque et parvient à percer la formation ennemie, ce qui ralentit la poursuite vénitienne et permet aux rescapés de se retirer à Pompiano. Une grande partie de Maclodio est détruite et de nombreux chevaux sont abattus. Les Vénitiens, victorieux, prennent toutes les armes des Milanais.
Selon l’écrivaine Harriet Browne, la bataille de Maclodio est « l’une des actions les plus importantes et les plus décisives de l’époque ». Lorenza Smith considère cette bataille comme étant « la plus grande victoire » de Carmagnole.
Les troupes milanaises se dirigent d’abord vers Pompiano, puis à Orzinuovi où elles sont repoussées, et finalement au-delà de l’Oglio à Soncino.
Même si les combats mobilisent beaucoup d’hommes, les morts sont peu nombreux contrairement aux prisonniers et le butin conquis important. Malatesta et 8 000 de ses hommes (ou 9 000, selon les sources) sont faits prisonniers, mais sont cependant libérés dès le lendemain, sur ordre de Carmagnole.
Après la bataille de Maclodio, le pape Martin V et son cardinal Niccolò Albergati optent à nouveau pour la paix. L’accord de paix, qui est signé le 18 avril 1428 à Ferrare, stipule que les districts de Brescia et Bergame sont la possession de la République de Venise, y compris le val Camonica conquis par Carmagnole lors de la campagne d’hiver de 1427–1428. Le duché rendit à Carmagnole sa famille et sa fortune, mais ce dernier est alors soupçonné de trahison par le Sénat de Venise et tombe en disgrâce. Le duché de Milan conserve Ghiara d’Adda, Caravaggio, Treviglio, Lecco et la vallée Saint-Martin. Le 23 avril et le 8 mai 1428, Bergame envoie des messagers à la République de Venise pour informer de la prise en possession de la ville. Le 4 juillet, la même ville envoie un ambassadeur présenter son hommage et rendre formellement allégeance à Venise.
En raison de la bataille de Maclodio, Venise connaît, parallèlement à cela, une crise financière. Ses troupes expriment leur mécontentement car elles estiment être sous-payées. Les dettes commençant alors à s’accumuler, Venise se voit forcer, en 1454, de proposer une trêve au duché de Milan, pour garantir une nouvelle paix durable entre les deux puissances.
12 octobre 1428 : début du siège d’Orléans (guerre de Cent Ans).
Le siège d’Orléans est un épisode majeur de la guerre de Cent Ans. Les Anglais sont près de prendre Orléans, verrou sur la Loire protégeant le sud de la France, mais la ville est sauvée par Jeanne d’Arc, qui renverse le cours de la guerre.
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Alors que les Anglais tiennent la moitié nord du royaume de France, le roi Charles VII garde le sud qui lui est resté fidèle. La Loire marque la frontière entre les zones françaises et anglaises. De rares ponts subsistent : Angers (défendu par son château et appartenant à Yolande d’Anjou), et Orléans (comptant 20 000 habitants et puissamment fortifiée). Pour étendre leur contrôle au Sud de la Loire, les Anglais sont obligés d’attaquer ces deux villes.
Le siège proprement dit est précédé, au cours de , de la prise par les Anglais de nombreux bourgs beaucerons entre Orléans et Paris, comme Angerville, Toury, Artenay ou Patay. L’encerclement progressif se poursuit en septembre et octobre par la prise de places fortes commandant la traversée de la Loire telles que Meung, Jargeau, Châteauneuf et Sully. Le village d’Olivet, au sud d’Orléans sur la route de Bourges, tombe le 7 octobre. Le , les Orléanais peuvent encore sortir de la ville et assurer sa mise en défense par la démolition d’une arche du pont des Tourelles et du couvent des capucins situé à proximité de son extrémité sud. Le véritable siège commence les 23 et 24 octobre après la prise par les Anglais du « boulevard » et du fort des Tourelles commandant l’accès sud du pont et leur installation dans les ruines du couvent des capucins.
Le soir du , le comte de Salisbury, Thomas Montaigu, vient inspecter la forteresse conquise par ses troupes. En montant à l’une des tours, il reçoit un boulet de canon tiré par les Orléanais depuis la tour Notre-Dame. Touché à la tête, il meurt quelques jours après.
Entre le 8 novembre et le 29 décembre, les Orléanais commandés par le bailli Raoul de Gaucourt, achèvent la mise en défense de la ville par la démolition de l’ensemble des faubourgs et édifices non protégés par l’enceinte et pouvant servir d’abris aux Anglais. La collégiale Saint-Aignan est ainsi de nouveau abattue, 70 ans après sa première destruction préventive lors des raids anglais de 1358, et seulement huit après sa reconstruction en 1420.
En réponse, les Anglais encerclent la ville d’une série de neuf bastilles. Construites en , les fortifications sont denses au nord-ouest, entre la Loire et la route de Paris (sept bastilles), mais quasiment absentes à l’est où l’on ne trouve que deux bastilles situées à plusieurs kilomètres de la ville, à Saint-Loup et à Saint-Jean-le-Blanc. Cette négligence du côté oriental peut être attribué au manque d’effectifs des troupes anglaises.
Le comte de Suffolk, William de la Pole, remplace Salisbury dans ses fonctions, avant d’être lui même remplacé par John Talbot, comte de Shrewsbury. La garnison anglaise qui occupe les Tourelles est elle-même assiégée par des soldats français. Les Bourguignons qui participaient au siège se retirent à la suite d’une mésentente sur le sort de la ville. Néanmoins à la suite de la désastreuse « journée des Harengs », où les troupes franco-écossaises manquent lamentablement leur offensive sur un convoi de ravitaillement, les troupes françaises sont démoralisées et perdent toute initiative.
Pendant des années, de vagues prophéties avaient circulé en France au sujet d’une jeune fille qui sauverait la France. Beaucoup de ces prophéties prédisaient qu’une jeune fille en armure viendrait des frontières de la Lorraine, où est situé Domrémy, lieu de naissance de Jeanne. En conséquence, quand la nouvelle atteignit les habitants d’Orléans assiégés à propos du voyage de Jeanne pour voir le roi, les attentes et les espoirs étaient grands.
Accompagnée d’une escorte fournie par Robert de Baudricourt, Jeanne arrive vraisemblablement à Chinon le afin d’y rencontrer le roi. Après l’avis positif des clercs de Poitiers à la suite de l’examen théologique de Jeanne, le dauphin accepta ses services le 22 mars. On lui donna une armure, une bannière, un page, et des hérauts.
La première mission de Jeanne était de rejoindre un convoi de ravitaillement qui se rassemblait au château de Blois, sous le commandement de Jean de Brosse, maréchal de Boussac, et de Gilles de Rais, ravitaillant Orléans. C’est de Blois que Jeanne envoya ses missives célèbres aux commandants anglais qui dirigeaient le siège. Dans ces textes, elle se désigne elle-même comme « La Pucelle ». Elle donnait cet ordre aux Anglais : « Au nom de Dieu : Retirez-vous, ou je vous ferai partir ».
Après que Jeanne a fait bénir son étendard au sein de la collégiale Saint-Sauveur, le convoi de ravitaillement, escorté par environ 500 soldats ressemblant à une procession religieuse, quitta Blois le 27 avril. Jeanne avait insisté pour que l’approche d’Orléans se fasse par le nord (par conséquent, à travers la Beauce) où les forces anglaises étaient concentrées, dans le but de les attaquer immédiatement. Mais les commandants décidèrent de prendre un détour par le sud (à travers la Sologne) sans en faire part à Jeanne. Le convoi atteignit la rive sud de la Loire à Reuilly (près de Chécy), environ 7 km à l’est de la ville.
Le commandant d’Orléans, Jean de Dunois, dit Dunois ou « le bâtard d’Orléans », vint à leur rencontre après avoir traversé la rivière. Jeanne fut indignée par cette dissimulation et cette perte de temps, et ordonna une attaque immédiate sur Saint-Jean-le-Blanc, le fort anglais le plus proche sur la rive sud. Mais Dunois, soutenu par les autres commandants, protesta. Avec difficulté, son avis prévalut sur celui de Jeanne. La ville devait être ravitaillée avant tout assaut. Le convoi approcha des rives de Port Saint-Loup, en face du fort anglais de Saint-Loup, situé sur la rive nord. Pendant que des unités françaises empêchaient la garnison anglaise de Saint-Loup d’intervenir, une flotte de bateaux venue d’Orléans approcha du convoi pour ramener dans la ville le ravitaillement, Jeanne elle-même et 200 soldats.
L’un des miracles les plus connus de Jeanne fut rapporté comme ayant eu lieu à cet endroit : le vent qui avait amené les bateaux en amont s’inversa brutalement (il s’agit d’un phénomène connu sous le nom de vent de galerne), ce qui leur permit de retourner à Orléans sans dommage sous le couvert de l’obscurité. Jeanne entra triomphalement dans la ville, le 29 avril, autour de 20 heures, ravivant tous les espoirs.
Durant les deux jours qui suivirent, pour galvaniser les habitants d’Orléans, Jeanne défila périodiquement dans les rues de la ville, distribuant de la nourriture aux gens et leur solde aux soldats de la garnison. Jeanne envoya également des messagers aux garnisons anglaises, exigeant leur départ. Les commandants anglais accueillirent les envoyés de Jeanne par des huées et des injures. Certains menacèrent même de tuer les messagers comme « émissaires d’une sorcière ».
Jeanne participa aux conseils de guerre avec Dunois et les autres commandants français. Le Journal du siège d’Orléans, selon les écrits de Régine Pernoud, rapporte plusieurs discussions enflammées à propos de la semaine à venir, entre Jeanne et Dunois.
Estimant la garnison trop petite pour toute action, Dunois laissa la ville, le 1er, sous la responsabilité de La Hire et de Jeanne. Il se rendit personnellement à Blois pour rassembler des renforts. Pendant cet intermède, Jeanne sortit des murs de la ville et inspecta toutes les fortifications anglaises personnellement. Elle fut copieusement injuriée par les défenseurs anglais. C’est lors de cette inspection que le commandant anglais des Tourelles, William Glasdale, l’injuria du haut du fort en la traitant de « putain des Armagnacs ».
Le 3 mai, le convoi de renforts de Dunois quitta Blois pour se diriger vers Orléans. Dans le même temps, d’autres convois de troupes partirent de Montargis et de Gien en direction d’Orléans. Le convoi de Dunois arriva, à travers la Beauce, à la rive nord de la rivière, au matin du 4 mai, parfaitement visible depuis le fort anglais de Saint-Laurent. Les Anglais ne tentèrent rien pour empêcher l’entrée du convoi, le jugeant trop puissant. Jeanne sortit de la ville pour escorter le convoi.
À midi, le même jour (), apparemment pour sécuriser l’entrée de plusieurs autres convois de ravitaillement, qui avaient pris l’habituelle voie détournée, par l’est, Dunois lança une attaque sur le fort anglais de Saint-Loup avec les troupes venues de Montargis et de Gien. Jeanne, n’ayant pas été prévenue de l’assaut et faisant une sieste, fut réveillée en sursaut par son page. Elle se précipita avec son étendard.
La garnison anglaise de 400 hommes fut submergée par les 1 500 attaquants français. Espérant créer une diversion, le commandant anglais, lord John Talbot, lança une attaque depuis Saint-Pouair, à l’extrémité nord d’Orléans, mais elle fut stoppée par une sortie française. Après quelques heures de combat, Saint-Loup tomba. Il y eut 140 Anglais tués et 40 prisonniers. Certains défenseurs anglais furent capturés dans les ruines d’une église à proximité. Ils eurent la vie sauve à la demande de Jeanne. Apprenant que Saint-Loup était tombé, Talbot cessa son assaut au nord.
Le jour suivant, le , était le jour de l’Ascension. Jeanne voulait une attaque sur le plus puissant fort anglais, le fort de Saint-Laurent à l’ouest. Mais les commandants français, jugeant que leurs hommes avaient besoin de repos, imposèrent leur point de vue et permirent à leurs troupes d’honorer le jour de fête en paix. Pendant la nuit, au cours d’un conseil de guerre, il fut décidé que la meilleure façon de procéder était de prendre les bastions anglais de la rive sud, là où les Anglais étaient les plus faibles.
L’opération débuta tôt dans la matinée du . Les habitants d’Orléans, depuis que Jeanne leur avait redonné espoir, voulaient à tout prix participer à la libération de leur ville. Ils créèrent une milice qui se présenta aux portes pour rejoindre l’armée, mettant les commandants français dans l’embarras. Cependant, Jeanne réussit à les convaincre de laisser la milice se joindre à l’armée régulière. Les Français, avec Jeanne, traversèrent la Loire sur des bateaux et barges, et accostèrent sur l’île Saint-Aignan. Puis, de là, ils arrivèrent à la rive sud par un pont de bateau, sur le tronçon entre le pont et le fort de Saint-Jean-le-Blanc. Le plan consistait à isoler et à attaquer le fort de Saint-Jean-le-Blanc depuis l’ouest. Mais le commandant anglais de la garnison, William Glasdale, avait compris l’intention des Français. Il avait déjà détruit Saint-Jean-le-Blanc, et concentré ses troupes dans l’ensemble central Boulevard-Tourelles-Augustins.
Avant que les Français aient pu correctement débarquer sur la rive sud, on rapporte que Jeanne d’Arc aurait lancé une attaque brutale sur le point d’appui du Boulevard. Cet assaut faillit tourner au désastre, car les attaquants étaient exposés aux tirs de flanc des Anglais depuis les Augustins. L’assaut cessa quand des cris retentirent. On entendit que la garnison anglaise du fort de Saint-Privé, plus à l’ouest, avait fait une sortie pour renforcer Glasdale et les prendre en tenaille. La panique s’empara des Français, et ils s’enfuirent du Boulevard vers les rives, emmenant Jeanne avec eux. Voyant la « sorcière » s’enfuir et le « sortilège » être brisé, la garnison de Glasdale sortit pour engager la poursuite. Mais, selon la légende, Jeanne, seule, fit demi-tour, leva son étendard et cria « Ou Nom De » (« Au nom de Dieu »), ce qui aurait été suffisant pour impressionner les Anglais, stopper leur poursuite et les faire revenir au Boulevard. Les troupes françaises en fuite firent demi-tour et se rallièrent à elle.
Les soldats français reprennent l’attaque sur le fort avancé des Augustins. Après de violents combats qui durèrent toute la journée, les Augustins furent finalement pris juste avant la nuit.
Avec les Augustins aux mains des Français, la garnison de Glasdale était bloquée dans l’ensemble Boulevard-Tourelles. Cette même nuit, ce qui restait de la garnison anglaise de Saint-Privé évacua le fort et traversa la rivière pour rejoindre leurs camarades de Saint-Laurent. Glasdale était isolé, mais il pouvait compter sur une garnison anglaise de 700 à 800 hommes, aguerrie et solidement établie dans un puissant bastion.
Pour éviter le réemploi des matériaux de la bastide des Augustins, Jeanne d’Arc y fait mettre le feu.
Jeanne avait été blessée au pied lors de l’attaque des Augustins, et retourna à Orléans le soir même pour récupérer. Par conséquent, elle ne put participer au conseil de guerre qui eut lieu dans la soirée. Le lendemain matin, le 7 mai, on lui demanda de ne pas prendre part à l’assaut final sur l’ensemble Boulevard-Tourelles. Elle refusa et se leva pour rejoindre le camp français, sur la rive sud, à la grande joie des habitants d’Orléans. En la voyant, d’autres habitants se portèrent volontaires, et se mirent à réparer le pont avec des poutres pour permettre une attaque par les deux côtés à la fois. Des pièces d’artillerie furent positionnées sur l’île de Saint-Antoine, et entrèrent en action.
Le gros de la journée passa, marqué par un bombardement inutile et des tentatives de sape des fondements de l’ensemble, avec des mines. Des barges en feu furent lancées vers le fort, sans plus de succès. Le soir approchait. Dunois et les autres commandants avaient décidé de lancer l’assaut final le lendemain. Informée de cette décision, Jeanne demanda son cheval et partit pour un temps de prière silencieuse. Puis elle revint au camp, attrapa une échelle et lança elle-même l’assaut frontal sur le Boulevard lui-même. D’après des témoignages, elle aurait crié aux soldats français : « Tout est vostre, et y entrez ! »
Les soldats français se précipitèrent derrière elle, amenant en masse des échelles dans le Boulevard. Jeanne fut blessée à l’épaule, au début de l’assaut, par un carreau d’arbalète, et fut emmenée à la hâte vers l’arrière. Les rumeurs de sa mort firent remonter le moral des défenseurs anglais et descendre celui des Français. Mais, selon des témoignages, elle retira elle-même la flèche, et, en dépit de sa blessure, réapparut rapidement dans les lignes françaises, donnant un nouvel élan aux attaquants. (Dans son témoignage au procès de réhabilitation, Jean Pasquerel, le confesseur de Jeanne, a déclaré que Jeanne elle-même eut une sorte de prescience de cet événement, indiquant la veille de l’attaque que « demain le sang coulera de mon corps au-dessus de ma poitrine. »)
Les Français repoussèrent les Anglais hors du Boulevard dans le dernier bastion des Tourelles. Mais le pont-levis étant abaissé, le passage était ouvert. Glasdale tomba dans la rivière et périt. Les Français accentuèrent leur pression contre les Tourelles elles-mêmes, des deux côtés, car le pont avait été réparé. Les Tourelles, à moitié en feu, furent finalement prises dans la soirée.
Les pertes anglaises étaient lourdes. En comptant d’autres actions au cours de la journée (notamment l’interception des renforts anglais se précipitant à la rescousse), les Anglais avaient subi près d’un millier de tués et 600 prisonniers. Par ailleurs, 200 prisonniers français furent trouvés dans le fort et libérés.
Avec l’ensemble Boulevard-Tourelles pris, les Anglais avaient perdu la rive sud de la Loire. Il n’y avait plus d’intérêt à poursuivre le siège, puisque Orléans pouvait maintenant être facilement ravitaillée. Dans la matinée du 8 mai, les troupes anglaises sur la rive nord, toujours sous le commandement du comte de Suffolk et de lord John Talbot, firent démolir les forts extérieurs et s’assemblèrent en ordre de bataille dans les champs près de Saint-Laurent.
L’armée française, sous le commandement de Dunois, s’aligna devant eux. Le face-à-face dura environ une heure, avant que les Anglais ne se retirent pour rejoindre d’autres unités anglaises à Meung, Beaugency et Jargeau. Certains des commandants français proposèrent alors une attaque pour détruire l’armée anglaise démoralisée, immédiatement. Jeanne d’Arc l’interdit du fait que l’on était un dimanche.
Les Anglais ne se considéraient pas comme battus. Bien qu’ils aient subi un revers et des pertes énormes à Orléans même, le périmètre entourant l’Orléanais — Beaugency, Meung, Janville, Jargeau — était encore entre leurs mains. En effet, il était possible pour les Anglais de se réorganiser et de reprendre le siège d’Orléans lui-même peu de temps après, cette fois peut-être avec plus de succès, puisque le pont était maintenant réparé, et donc plus vulnérable à un assaut.
La priorité de Suffolk, ce jour-là (), était de sauver ce qui restait des troupes anglaises. Les commandants français voulaient également prendre le temps de remettre en état leurs troupes, sauf Jeanne qui voulait tout de suite pousser l’avantage chèrement acquis. Quittant Orléans, elle rencontra le dauphin Charles vers Tours le , pour lui faire un rapport de sa victoire. Elle appela immédiatement à une marche au nord-est, en Champagne, vers Reims, ville des sacres, mais les commandants français savaient qu’ils devaient d’abord déloger les Anglais de leurs dangereuses positions sur la Loire.
La campagne de la Loire commença quelques semaines plus tard, après une période de repos et l’arrivée de renforts. L’arrivée de nouveaux volontaires, de nouvelles armes et de vivres galvanisa l’armée française, impatiente de servir sous la bannière de Jeanne. Même le connétable Arthur de Richemont, ostracisé, fut finalement autorisé à participer à la campagne (c’est lui qui, en 1436, reprit Paris aux Anglais). Après une série de sièges brefs et les batailles de Jargeau (12 juin), Meung (14 juin) et Beaugency (16 juin), la Loire était à nouveau aux mains des Français.
Une armée de renforts anglais se précipita de Paris, sous les ordres de John Talbot. Elle fut défaite à la bataille de Patay peu de temps après (). Ce fut la première victoire significative sur le terrain pour les armes françaises depuis des années. Les commandants anglais, le comte de Suffolk et lord Talbot, furent faits prisonniers au cours de cette campagne. Ce ne fut qu’après toutes ces victoires que le dauphin Charles se sentit suffisamment en sécurité pour accéder à la demande de Jeanne, la marche sur Reims.
Après quelques préparatifs, la marche sur Reims commença à Gien le , le dauphin suivant Jeanne et l’armée française à travers le territoire de Champagne, dangereusement occupé par les Bourguignons. Bien qu’Auxerre (1er) fermât ses portes et refusât l’entrée, Saint-Florentin () le fit, après quelque résistance, ainsi que Troyes (11 juillet) et Châlons-en-Champagne (15 juillet). Ils arrivèrent à Reims le lendemain et le dauphin Charles, avec Jeanne à ses côtés, fut finalement sacré roi de France, sous le nom de Charles VII, le .
12 octobre 1748 : bataille de la Havane.
La bataille de La Havane est un affrontement maritime qui oppose, le , l’escadre britannique des Antilles dirigée par Charles Knowles et une flotte espagnole sous la direction d’Andrés Reggio (en), à la fin de la guerre de l’oreille de Jenkins et plus généralement dans celui de la guerre de Succession d’Autriche (les participants étant eux-mêmes peu informés de ce dernier conflit).
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Au milieu de six ans de calme relatif dans la mer des Caraïbes, du fait de l’épuisement des belligérants, le contre-amiral Charles Knowles part de la Jamaïque vers Cuba en avril 1748 afin de capturer la Flotte des Indes sur le trajet entre Veracruz et La Havane. Il patrouille autour de l’île pendant des mois, et après un engagement sans issue dans le canal des Bahamas, il s’approche de nouveau de La Havane le 12 octobre, et se trouve face aux forces de Reggio et de Spínola.
Les navires de guerre espagnols s’alignent pour défendre le Dragón, qui avait une voie d’eau le ralentissant, tandis que la frégate corsaire Galga s’écarte de la ligne de feu principale. De leur côté, les Britanniques n’adoptent pas immédiatement une formation linéaire. Le Dragón se retire, n’étant pas à même de bien manœuvrer, ce qui diminue d’autant la puissance de feu espagnole.
Dans l’ensemble, la bataille n’a pas de grand moment, si l’on excepte la capture du Conquistador, au cours de laquelle meurt son commandant, Tomás de San Justo. Du fait de nombreuses avaries, l’África est incendié et quatre barques s’en détachent pour rejoindre le port. Knowles, estimant n’avoir pas assez de forces pour attaquer le port, se contente de repousser la flotte adverse dans le port, se glorifiant ensuite dans un courrier à Londres de l’empêcher ainsi de défendre la flotte des Indes.
Cependant, cette escarmouche n’a d’autre résultat en Europe que d’embarrasser les gouvernements, car l’action s’est déroulée après le traité d’Aix-la-Chapelle (1748). La réprimande eut une tonalité différente des deux côtés : Reggio passa en conseil de guerre, où l’on finit par reconnaître que sa conduite avait été correcte ; à Knowles on reprocha de n’avoir pas exploité son avantage et poussé les Espagnols à une complète déroute.
12 octobre 1787 : bataille de Kinbourn (guerre russo-turque).
La bataille de Kinbourn ou siège de Kinbourn a lieu le (selon le calendrier grégorien, le 1er selon le calendrier julien en usage dans l’Empire russe), pendant la guerre russo-turque de 1787-1792 .
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Kinbourn était une forteresse, située en face d’Otchakov, sur un banc de sable dans le liman faisant partie du delta du Dniepr. Elle était mal protégée car les eaux et le sable ne permettaient pas de creuser un fossé suffisamment profond. Elle protégeait la base de la Flotte de la mer Noire à Kherson. L’attaque ottomane contre Kinbourn avait pour but de priver l’ennemi d’une base pour le siège d’Otchakov et de la base de la flotte à Kherson.
Alexandre Souvorov, commandant de la garnison russe, disposait de 19 pièces d’artillerie en bronze en 300 pièces d’artillerie en fer, limitées en portée et puissance de feu, 1 500 fantassins dans la forteresse, et à 30 verstes (environ 50 kilomètres), des renforts de l’armée impériale russe composés de 2 500 fantassins, ainsi que 28 canons légers et 10 canons de campagne, et de la cavalerie cosaque.
Les Ottomans disposaient de trois navires de ligne de 60 canons, de quatre frégates de 34 canons, de 4 batteries flottantes et de 14 canonnières de 4 canons chacune. Au total, environ cette flotte de la marine ottomane dispose 400 canons. 23 navires de transport acheminent les troupes de l’armée ottomane.
Le à 9 heures du matin, 6 000 hommes sont débarqués, avec le soutien de feu de la flotte. Le pacha d’Ochakov ordonne aux navires de se retirer après le débarquement afin que la force ottomane n’envisage pas de retraite. Les fantassins commencent à creuser quinze tranchées d’attaque afin de se rapprocher de Kinbourn. Le sol ne leur permet cependant pas de creuser profond, car les tranchées se remplissent vite d’eau. Des sacs de terre sont alors utilisés comme remparts. Souvorov interdit à ses hommes de tirer avant que les Turcs ne soient à deux cent pas de la forteresse.
À 13 h 00 heures, les Turcs qui continuent de se rapprocher sont à 200 pas de la forteresse. Souvorov lance sa première contre-attaque avec 1 500 soldats de l’infanterie Orlov et des régiments de grenadiers de Chlisselbourg. Il parvient à prendre 10 des 15 tranchées, et est pris sous le feu de la flotte ottomane qui reste peu efficace. Les combats au corps-à-corps, passé l’effet de surprise initial, s’enlisent, et tournent à l’avantage des Turcs, plus nombreux. Souvorov lui-même est blessé et ne doit la vie qu’à un de ses grenadiers Novikov.
À 16 h 00, des renforts russes s’approchent et Souvorov lance une nouvelle contre-attaque, après avoir demandé aux cosaques d’attaquer l’ennemi sur son flanc gauche, en passant par les bancs de sable. Cette manœuvre est couronnée de succès et les Turcs doivent quitter leurs tranchées et sont repoussés contre la côte, forçant la flotte à cesser le feu afin de ne pas toucher ses propres troupes. Les canons de régiment russes tirent à la boîte à mitraille causant des pertes très importantes.
Dans la nuit, 600 survivants turcs rejoignent les bateaux par des chaloupes. Plusieurs centaines se sont cachés dans les roseaux et ont été débusqués par des cosaques le lendemain matin.
Les pertes russes s’élèvent à 2 officiers et 136 hommes de troupe morts, 17 officiers et 300 hommes de troupe blessés. Les pertes turques s’élèvent à 4 000 hommes, dont deux officiers français déguisés en Turcs qui ont été envoyés en Sibérie.
Dans le rapport de Souvorov, le régiment de Chlisselbourg est cité pour son courage. Catherine la Grande décore Souvorov de l’ordre de Saint-André pour cette victoire
12 octobre 1793 : les Vendéens s’emparent de l’île de Noirmoutier.
Au début du mois d’octobre 1793, l’armée d’Anjou et du Haut-Poitou est en difficulté dans les environs de Cholet. Le généralissime d’Elbée et le général Bonchamps envoient plusieurs courriers à Charette pour lui demander d’attaquer l’Armée de Mayence sur ses arrières, mais ils n’obtiennent aucune réponse.
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Charette ignore ou ne reçoit pas ces appels à l’aide. Après son échec du 30 septembre, il décide de lancer une nouvelle attaque contre l’île de Noirmoutier. Le 9 octobre, il rassemble ses troupes à Legé, puis il se porte en direction de Machecoul, avant de gagner l’île de Bouin dans la nuit du 11 au 12 octobre. Après son départ, Legé est occupée par une colonne républicaine de 3 000 hommes commandée par le général Haxo
Les effectifs des belligérants sont mal connus. Du côté des Vendéens, Charette est à la tête de 3 000 hommes d’après Le Bouvier-Desmortiers et les sources royalistes. Dans ses mémoires, François Piet, alors officier dans l’armée républicaine et juge de paix du canton de Noirmoutier dans les années 1830, parle de 10 000 hommes. Legrand, avoué de Paris, évoque 15 000 à 20 000 assaillants dans un « mémoire pour la veuve et les enfants de Wieland », adressé à l’an VI au ministre de la guerre.
Du côté des républicains, le général Beysser laisse en avril à Noirmoutier une garnison de 200 hommes sous les ordres du chef de bataillon Jean-Conrad Wieland. Peu après, il demande 200 hommes supplémentaires, mais il n’est pas certain que la garnison ait été renforcée. Une compagnie de 60 canonniers avaient également été formée en avril par Beysser et placée sous le commandement d’un négociant de l’île, François Richer. Ce dernier avait également demandé en mai la formation d’une deuxième compagnie, nécessaire selon lui pour servir efficacement les sept batteries de Noirmoutier. Le royaliste Le Bouvier-Desmortiers porte quant à lui le nombre des républicains à 800 au moment de l’attaque des troupes de Charette. Le gros des troupes est constitué du 5e bataillon de volontaires de la Manche.
Après avoir campé à Bouin, les Vendéens s’engagent sur le passage du Gois dans la nuit du 11 au 12 octobre, à 1 ou 2 heures du matin. Charette décide cette fois de s’engager à la marée montante afin que ses troupes n’aient pas la possibilité de reculer. Pour ne pas s’égarer, il suit probablement la chaussée naturelle, balisée quelques mois plus tôt.
Vers une heure du matin, les Vendéens abordent l’île sans encombre et prennent d’assaut la batterie de La Bassotière, qui couvre l’entrée du passage du Gois. François Richer, le commandant de la garde nationale, y trouve la mort. Selon Le Bouvier-Desmortiers, il est abattu par Charette lui-même, d’un coup de carabine. Les autres batteries sont ensuite conquises, probablement avec l’aide des habitants de Barbâtre, et au petit matin, tout le sud de l’île est aux mains des Vendéens.
Pendant ce temps, au nord de l’île, dans la ville de Noirmoutier-en-l’Île, le commandant Wieland gagne le port de la Chaise, où il organise l’embarquement et l’évacuation vers Nantes de sa femme et de ses enfants. Cependant, les républicains pensent qu’il tente de s’enfuir, ce qui provoque un mouvement de panique. Certains fuyards se jettent sur toutes les barques disponibles et prennent le large. Wieland regagne alors la ville et s’enferme à l’intérieur du château avec ses troupes.
Les Vendéens font ensuite leur apparition et s’emparent de la ville sans rencontrer de résistance. Impressionné par le nombre de ses adversaires, un détachement d’une centaine de volontaires du 5e bataillon de la Manche avec deux canons prend la fuite sans combattre. Les Vendéens pillent les boutiques et les maisons des patriotes et selon les mémoires de François Piet, les malades républicains trouvés dans l’hôpital de Noirmoutier sont massacrés.
Encerclé dans le château, sans réserves de vivres et de munitions, le commandant Wieland capitule. D’après Le Bouvier-Desmortiers, Charette impose une reddition en six points. Les républicains livrent l’île et remettent leurs armes, leurs canons et leurs navires. La garnison est prisonnière de guerre et est enfermée dans le château. Wieland remet son sabre à Charette, qui le lui rend.
Charette reste trois jours à Noirmoutier, où il forme une administration royaliste. René de Tinguy est nommé gouverneur de l’île, avec pour second Dubois de la Guignardière. Alexandre Pineau du Pavillon est nommé commandant de la garnison et Louis François Lefebvre commandant de la flottille, constituée des navires trouvés à Noirmoutier.
Le 15 octobre, Charette laisse environ 1 500 hommes à Noirmoutier et regagne Bouin avec un nombre à peu près égal de combattants. Il quitte Bouin le 16 ou le 17 octobre et y laisse les prisonniers républicains sous la garde d’un de ses officiers, François Pajot. Malgré la capitulation, ce dernier en fait exécuter au moins deux cents les 17 et 18 octobre.
Vers fin octobre ou début novembre 1793, Maurice d’Elbée, l’ancien généralissime de l’Armée catholique et royale, grièvement blessé à la bataille de Cholet et escorté par une troupe commandée par Pierre Cathelineau, rencontre Charette à Touvois. Sur les conseils de ce dernier, d’Elbée part trouver refuge à l’île de Noirmoutier, qu’il atteint le 2 ou le 3 novembre.
L’état-major de l’Armée de l’Ouest, commandée par le général Jean Léchelle, est informé de la perte de Noirmoutier le 13 octobre. Le général Kléber écrit dans ses mémoires : « Pendant que nous étions ainsi rassemblés, les représentants du peuple reçurent l’avis que les Brigands s’étaient emparés de l’île de Noirmoutier ; tout le monde fut alarmé de cet événement, parce qu’on craignait que, communiquant librement avec les Anglais, les Rebelles n’en tirassent des secours qui pourraient nous devenir très préjudiciables. Léchelle ne proféra pas un mot, mais, fatigué d’en entendre parler, il demanda : « Qu’est-ce donc que ce Noirmoutier ? où est cela ? » On lui répondit que c’était une île. « Ah! oui, oui, dit-il, une île, une île » ; et, honteux d’en demander davantage, il n’en fut pas plus instruit. »
À Paris, la nouvelle de la prise de l’île de Noirmoutier provoque l’inquiétude du Comité de Salut public, qui craint qu’elle ne permette aux Vendéens de recevoir l’aide des Britanniques. Le 18 octobre, le conseil exécutif reçoit un arrêté signé de Barère, Prieur de la Côte d’Or, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, Robespierre et Hérault de Séchelles lui donnant l’ordre de « prendre toutes les mesures nécessaires pour faire attaquer le plus tôt possible l’île de Noirmoutier, en chasser les brigands et en assurer la possession à la République ». Le 21 octobre, le Comité de Salut public enjoint aux représentants en mission Prieur de la Marne et Jeanbon Saint-André de « reprendre l’île ou de l’engloutir dans la mer ».
12 octobre 1798 : bataille de Nicopolis.
La bataille de Nicopolis également appelée bataille de Préveza, a lieu le , pendant les guerres de la Révolution française entre l’isthme de Nicopolis et ville de Préveza.
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En application du traité de Campo-Formio (1797), dans lequel Napoléon Bonaparte décrète la dissolution de la république de Venise, la ville de Preveza, comme toutes les autres possessions vénitiennes de la région qui forment par la suite les départements français de Grèce, est cédée à la France révolutionnaire. Une garnison de quelque 280 grenadiers est transférée à Preveza sous le commandement du général Jean Colaud de La Salcette.
Ces troupes sont perçues comme amicales, ainsi que le montrent les lettres d’époque dans lesquelles les habitants écrivent (el)ΠΕΑ (Πρώτο Ετος Απελευθέρωσης, « An 1 de la libération »), et forment même une milice civique pro-française. À cette époque, le poète Rigas Ferraios soutient la Révolution française tout en appelant à un soulèvement grec contre le pouvoir ottoman.
En 1798, Napoléon débute la campagne d’Égypte et déclare ainsi la guerre à l’Empire ottoman voisin, ce qui compromet la situation des troupes françaises à Préveza.
À l’automne 1798, le gouverneur ottoman de la région, Ali Pacha de Janina, qui cherche à devenir semi-indépendant du pouvoir central, attaque Prévéza avec une forte armée. Le ( julien) ses 7 000 soldats turcs et albanais submergent la garnison, malgré le renfort de 200 gardes civils locaux et de 60 souliotes.
Durant les deux jours suivant l’assaut, les 24 et , un massacre généralisé des troupes françaises et de la population grecque a lieu à Prévéza et à Port Salaora sur le golfe Ambracique. Le massacre se déroule avant l’arrivée d’Ali Pacha, mais continue en sa présence. Le sac de Prévéza est encore dans les mémoires et est un événement notable de l’histoire grecque. Le , Ali Pacha annonce à ceux qui se sont réfugiés dans les montagnes qu’ils peuvent revenir sains et saufs dans la ville. Il fait pourtant exécuter 170 d’entre eux à la douane du port de Salaora. Un grand nombre des prisonniers survivants meurent des privations du voyage vers Janina. À l’arrivée, les survivants sont contraints de participer à la procession victorieuse d’Ali Pacha en portant les têtes coupées et salées de leurs compagnons, sous les lazzis de la population.
Neuf grenadiers français, dont deux officiers, sont transférés à Constantinople pour être interrogés. Parmi eux se trouve le capitaine Louis-Auguste Camus de Richemont. Une rumeur évoque sa libération ultérieure sous l’influence de Letizia Bonaparte, la mère de Napoléon. Cette rumeur lie cette libération à l’apparition dans le trésor ottoman du diamant du fabricant de cuillères.
Même si Prévéza reste sous domination ottomane encore plus d’un siècle, cet événement — tant la période où une milice grecque était active, et influencée par les idées révolutionnaires, que le choc du massacre — a sa part dans le développement du nationalisme grec qui aboutit à la guerre d’indépendance grecque quelque 23 ans plus tard.
12 octobre 1798 : bataille de l’île de Toraigh.
La bataille de l’île de Toraigh (ou de Donegal ou de Lough Swilly) est une bataille navale des guerres de la Révolution française qui se déroula le entre des escadres françaises et britanniques au large de la côte nord-ouest du comté de Donegal en Irlande. Ce fut la dernière action de la rébellion irlandaise de 1798, la bataille de l’île de Toraigh mettant fin aux tentatives de la Marine française de débarquer un nombre substantiel de soldats en Irlande pour soutenir les rebelles.
La Société des Irlandais unis, dirigée par Theobald Wolfe Tone, avait lancé le soulèvement irlandais contre l’autorité britannique en mai 1798. À la demande des rebelles, une petite armée française commandée par le général Humbert avait débarqué à Killala, mais à la mi-septembre cette force avait été vaincue et la rébellion avait diminué d’intensité. Ignorant tout de la défaite, les Français dépêchèrent des renforts le 16 septembre. Cependant, après avoir échoué à intercepter la première expédition française, la Royal Navy était en alerte pour contrer toute autre tentative : quand l’escadre transportant les renforts quitta Brest, elle fut rapidement repérée. Après une longue poursuite, les Français furent obligés de se battre dans une baie de l’île de Toraigh. Au cours de l’action, les navires français en infériorité numérique tentèrent de fuir mais furent vaincus au coup par coup, les Britanniques capturant quatre d’entre eux et dispersant les autres. Au cours des deux semaines suivantes, des patrouilles de frégates britanniques balayèrent le chemin de retour à Brest et capturèrent trois navires supplémentaires. Sur les dix navires de l’escadre française d’origine, seules deux frégates et une goélette revinrent à Brest sans encombre. Les pertes britanniques furent minimes.
Cette bataille fut la dernière tentative de la Marine française de lancer une invasion sur une partie des Îles britanniques. Elle mit fin aux espoirs des Irlandais Unis d’obtenir un soutien étranger dans leur lutte contre les Britanniques. Après la bataille, Tone fut reconnu à bord du navire-amiral français, capturé et arrêté. Il fut ensuite jugé pour trahison et condamné à être pendu. Il se suicida dans les heures qui précédèrent sa pendaison.
12 octobre 1799 : Jeanne-Geneviève Labrosse est la première femme à effectuer un saut en parachute.
Jeanne Geneviève Labrosse née le à Paris et morte le dans l’ancien 10e arrondissement de Paris, était une aérostière et parachutiste française. Elle est la première femme française a conduire un aérostat en équipe entièrement féminine, et la première à sauter en parachute. Elle était l’épouse d’André-Jacques Garnerin, l’inventeur du parachute.
D’abord élève d’André-Jacques Garnerin, ce dernier s’élevant contre l’avis du bureau central de la police pour qui le voyage dans les airs de deux personnes de sexes opposés reste prohibé, elle commence par l’accompagner dans ses expériences aériennes. La lettre de l’administration centrale au citoyen Garnerin est ainsi conçue : « Citoyen, d’après la réclamation que vous avez adressée contre l’arrêté du bureau central, qui vous défend de voyager dans un aérostat avec une jeune citoyenne, nous avons consulté le ministre de l’Intérieur et celui de la police générale, qui tous les deux sont d’un avis conforme au nôtre, et pensent qu’il n’y a pas plus de scandale à voir deux personnes de sexe différent s’élever ensemble dans l’air, qu’à les voir monter dans une même voiture, et que d’ailleurs on ne peut empêcher une femme majeure de faire à cet égard ce que l’on permet aux hommes, et de donner en s’élevant dans les airs une preuve à la fois de confiance dans les procédés et d’intrépidité […] ».
Dans un contexte où les savants de l’Académie des sciences estimaient que les organes féminins ne supporteraient pas le voyage, elle succède donc dans les airs à Élisabeth Thible, première femme passagère en 1784, lors de l’ascension de la grande montgolfière La Gustave, conçue par le comte de Laurencin.
À la suite de cette autorisation, plus rien n’empêcha alors les élèves de Garnerin de prendre l’initiative de leurs propres vols. Lorsque Jeanne Labrosse s’envole à bord d’un aérostat le , accompagnée d’Ernestine Henry, elle est l’une des premières femmes au monde à conduire un ballon (désignée comme telle dans de nombreux ouvrages modernes). Elles forment toutes deux le premier équipage entièrement féminin, qui mena leurs propres observations et relevés météorologiques à bord de leur aérostat. Elles relatèrent d’ailleurs cette première expérience dans La Chronique Universelle du 17 novembre 1798, dans un article nommé : entièrement féminin qui mena Rapport des citoyennes Henry et Labrosse sur leur voyage aérien ».
Le , elle fut sans conteste, la première femme à effectuer un saut en parachute, s’élançant depuis un ballon à hydrogène d’une altitude de 900 mètres.
Elle ouvrit la voie à bien d’autres femmes aérostières ou parachutistes, dont par la suite Élisa Garnerin, sa nièce, qui sera parachutiste professionnelle de 1815 à 1836.
Elle épousera André Jacques Garnerin en 1801, et déposera le 11 octobre 1802, au nom de son mari le brevet de l’appareil dit « parachute, destiné à ralentir la chute de la nacelle d’un ballon après l’explosion de celui-ci ». Garnerin restera son époux jusqu’à ce qu’il meure dans un accident sur le chantier d’un nouveau prototype de ballon en 1823.
Vers la fin de sa carrière, Jeanne Garnerin rencontre une autre femme d’exception, Madame Sans Gêne, ancienne dragon ayant servi dans les armées d’Italie et des Pyrénées-Orientales, d’un an à peine son aînée. Ensemble, elles ouvrent une table d’hôtes.
12 octobre 1870 : mort à 63 ans du général confédéré Robert Edward Lee.
Robert Edward Lee, né le à la plantation de Stratford Hall et mort le à Lexington, est un militaire américain.
Diplômé de l’Académie militaire de West Point, il est officier du Génie militaire pendant plus de trente ans dans l’armée des États-Unis avant que n’éclate la guerre de Sécession durant laquelle il s’illustra en tant que commandant de l’armée de Virginie du Nord. Il obtint ensuite le commandement des armées confédérées.
Fils d’Henry Lee III, un officier révolutionnaire durant la guerre d’indépendance des États-Unis, Robert Lee participe à la guerre américano-mexicaine et obtient le grade de colonel. Lorsque la Virginie fait sécession de l’Union en , Lee choisit de combattre pour son État d’origine, en dépit de son souhait de voir le pays rester intact et malgré l’offre d’un commandement dans l’Union. Lorsque l’administration Lincoln lui fit discrètement cette offre, il refusa.
Le 14 juin, il est nommé parmi les cinq généraux d’armée de la Confédération. Au cours de la première année de la guerre, il sert de conseiller militaire au président confédéré Jefferson Davis.
Une fois qu’il prend le commandement de l’armée de Virginie du Nord (grande armée confédérée opérant sur le théâtre oriental) en 1862, il apparaît vite comme un tacticien habile et un excellent commandant sur le champ de bataille, remportant la plupart de ses batailles contre des armées de l’Union numériquement bien supérieures, notamment à la bataille de Chancellorsville (aussi surnommée Lee’s perfect battle — la bataille parfaite de Lee — en raison de son commandement héroïque face à un ennemi deux fois supérieur en nombre). Il devient rapidement une « légende sudiste » et certains le surnomment alors The grey Fox (Le Renard gris).
Les stratégies sur le long terme de Lee sont plus discutables, et ses deux grandes offensives dans les territoires contrôlés par l’Union finissent en défaites à la bataille d’Antietam et à la bataille de Gettysburg. Ses tactiques agressives, qui entraînent de lourdes pertes à un moment où la Confédération manque d’hommes, ont fait l’objet de critiques au cours des dernières années. Les campagnes du général de l’Union Ulysses S. Grant (futur président des États-Unis en 1868) mettent à mal la Confédération en 1864 et en 1865. Le , il est nommé général en chef de l’armée confédérée. Malgré de lourdes pertes infligées à l’ennemi, Lee est incapable de changer le cours de la guerre. Il se rend à Grant à Appomattox le impactant sérieusement le moral des sudistes. L’armée de Virginie du Nord rendue, les autres forces confédérées capitulent rapidement après sa reddition. Lee appelle par la suite à la réconciliation entre les unionistes et les ex-confédérés.
Après la guerre, il devient président de l’université de Washington, qui est rebaptisée Washington and Lee University après sa mort. Il soutient le programme du président Andrew Johnson prônant la reconstruction, tout en s’opposant aux propositions des Républicains radicaux qui veulent donner le droit de vote aux esclaves libérés et le retirer aux ex-Confédérés. Il exhorte à la réinsertion des anciens Confédérés dans la vie politique de la nation. Lee est devenu le grand héros confédéré de la guerre et une icône après-guerre de la « Cause perdue » pour certains. Du fait de la grande considération qu’il avait acquis auprès de ses hommes, on lui donna de nombreux surnoms. Mais sa popularité grandit surtout après sa mort en 1870, et ce même chez les nordistes qui finissent par avouer le talent du général virginien.
12 octobre 1909 : naissance à Kiev de Constantin Feldzer, Compagnon de la Libération.
De nationalité russe, Constantin Feldzer est né le 12 octobre 1909 à Kyiv en Ukraine (alors Kiev en Russie), d’un père avoué.
Il suit des études à Paris au lycée Michelet puis à l’Ecole Bréguet. Il reçoit la nationalité française en mai 1928.
Breveté pilote à l’école Blériot à Buc, il effectue son service militaire dans l’aviation en 1929 et devient pilote militaire.
Sergent pilote à la 1ère Escadre de chasse à Villacoublay en 1936, il est volontaire pour convoyer des avions de chasse modernes en Espagne pour venir en aide aux Républicains espagnols.
En septembre 1939, l’adjudant Feldzer est pilote au Groupe de chasse 3/10 à Saint-Inglevert, et participe à la campagne de France où il montre des dons exceptionnels.
Ainsi, le 14 mai 1940, il dégage un de ses camarades en danger et, attaqué lui-même par un Messerschmitt 109, il l’abat à bout portant.
Persuadé que la guerre va se poursuivre en Afrique du Nord, il abandonne son groupe à Clermont-Ferrand le 17 juin 1940, emmenant 3 pilotes de réserve et 6 pilotes polonais du Groupe jusqu’à Alger. Le 11 novembre 1940, avec plusieurs camarades démobilisés, Constantin Feldzer décide de s’évader et de gagner Gibraltar à bord du bateau Le Saint Pierre, affrété par Christian Martell.
Embarqués de nuit, ils mettent le cap sur Marseille pour se diriger ensuite sur Gibraltar. Pris par la tempête, ils dérivent vers les Baléares. Après un calme relatif, le bateau étant remis en état, ils reprennent la direction première mais, de nouveau, un vent violent les pousse dans le sens opposé et ils reviennent vers les îles pour, finalement, s’échouer sur la côte d’Ibiza. Arrêtés par les miliciens espagnols, ils sont internés puis extradés en France un mois plus tard.
Constantin Feldzer s’évade à nouveau à Céret le 20 décembre 1940 et, sous le nom de Raymond Demarre, s’embarque à Port-Vendres. De nouveau arrêté à Alger, il est placé en résidence surveillée puis condamné par le Tribunal maritime à un an de prison et détenu à Bizerte, à Tunis et au bagne de Teboursouk. Transféré à l’hôpital du camp après une grève de la faim de sept jours, il est finalement libéré le 25 mai 1942.
Réintégré dans un groupe de chasse, il est encore condamné à deux mois de prison pour avoir apporté son soutien au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. Il entre le 1er janvier 1943 au Groupe de chasse 2/7 sur Spitfire et participe à la campagne de Tunisie où il effectue 40 missions de guerre. Le 11 juin 1943, en mission de couverture sur l’île de Pantellaria, il abat un JU-88.
Affecté au Groupe de chasse 3 « Normandie », en opération en URSS, Feldzer participe comme chef de patrouille aux opérations victorieuses de 1944 sur Vitebsk, Orcha, Minsk, la Bérézina et le Niémen, effectuant 30 missions offensives dont 10 missions de protection.
Il est abattu le 1er août 1944 au dessus d’Eidtkunein en Prusse Orientale, au cours d’un engagement entre 5 Yak du Normandie et 12 F.W.190. Il saute en parachute et est fait prisonnier. Blessé et brûlé, il reste aveugle pendant 8 jours. Porté disparu, il est en fait incarcéré successivement aux camps de prisonniers de guerre soviétiques de Lodz, Nuremberg, puis d’Aschaffenburg.
Il s’évade le 6 mars 1945 avec deux officiers soviétiques et traverse le 25 mars le front germano-américain près de Darmasdt. Le 30 juin 1945, il se porte volontaire pour combattre contre le Japon.
Ses sentiments anti-vichyssois ayant stoppé son avancement, il ne termine la guerre qu’avec le grade d’aspirant.
Il poursuit sa carrière dans l’armée de l’air comme conservateur adjoint au Musée de l’Air en 1945.
Placé en congé du personnel navigant, il devient constructeur de maison pour l’Abbé Pierre en 1955 puis est chargé des innovations et des relations franco-soviétiques aux Charbonnages de France.
Dans les années soixante-dix, Constantin Feldzer est chargé des relations franco-soviétiques à la Banque de Suez et correspondant de la revue Aviation International à Moscou.
Constantin Feldzer est décédé le 29 décembre 1988 à Paris. Il a été inhumé au cimetière du Père Lachaise.
• Commandeur de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 28 mai 1945
• Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Médaille des Blessés
• Médaille des Evadés
• Médaille de l’Aéronautique
• Ordre de la Guerre patriotique de première classe (URSS, 1985)
• Ordre de la Guerre patriotique de seconde classe (URSS, oukase du 23 février 1945)
• Médaille de la Victoire (URSS)
• Ordre du Mérite Aérien (Brésil)
12 octobre 1915 : exécution par les Allemands de l’infirmière Edith Cavell (Schaerbeck – Belgique).
Infirmière à Bruxelles quand la Première Guerre mondiale éclate, la britannique Edith Cavell soigne les blessés des armées alliées et allemandes. Elle profite des opportunités que lui offre sa situation pour reprendre un réseau d’évasion initié par des Belges de la région de Mons. Ce réseau aidait les soldats alliés blessés à s’évader de la Belgique occupée vers les Pays-Bas neutres. Il fusionne ensuite avec un autre réseau créé par plusieurs femmes dans le nord de la France (la comtesse de Belleville, la princesse de Croy, Louise Thuliez et Louise de Bettignies).
Le 31 juillet 1915, elle est arrêtée puis conduite devant une cour martiale par les Allemands qui la fusillent à l’issue de son procès pour couper court aux protestations internationales. Une place lui est dédiée à Lille (quartier de Lille-Sud).
Un monument à sa mémoire avait été inauguré dès 1920 dans le jardin des Tuileries mais fut détruit le 14 juin 1940 à l’entrée des troupes allemandes dans Paris.
12 octobre 1915 : Lyautey reçoit la Médaille Militaire des mains d’un adjudant (Sidi Lamine – Maroc).
Encore général, le futur maréchal Lyautey demande à l’adjudant Caviglioli de lui remettre la médaille afin d’honorer le corps des sous-officiers et en signe de reconnaissance pour leur participation à l’œuvre accomplie au Maroc.
Plusieurs ouvrages très intéressants sur le maréchal Lyautey : chez Lavauzelle, la réédition de la biographie par Maurois Lyautey dans la collection la pensée préservée. Et bien sûr, Lyautey, les sables et le ciel sont grands d’Arnaud Teyssier.
12 octobre 2000 : attaque contre l’USS Cole (Yémen).
Une embarcation piégée pilotée par deux commandos suicides percute la coque du destroyer américain alors qu’il est à l’ancre. 17 marins sont tués. Les commandements français ALINDIEN et à Djibouti organisent sur ordre présidentiel un appui dans le cadre des secours qui sera particulièrement apprécié par les autorités américaines. Un Transall des Forces françaises de Djibouti évacue les blessés. Revendiqué par Al Qaida, cet attentat représente l’acte de naissance de l’organisation terroriste dans les médias.
12 octobre 2002 : attentats islamistes de Bali.
Les attentats de Bali sont un double attentat à la bombe qui s’est produit le dans la ville de Kuta sur l’île indonésienne de Bali, tuant 202 personnes et en blessant 209 autres. La plupart des victimes étaient des touristes étrangers, principalement australiens. Cette attaque est considérée comme l’attentat le plus meurtrier de l’histoire de l’Indonésie.
12 octobre 2008 : mort à 87 ans du héros de guerre canadien Léo Major.
Léo Major, né le à New Bedford et mort le à Candiac, est un militaire québécois ayant servi dans Le Régiment de la Chaudière et le Royal 22e Régiment des Forces armées canadiennes. Il s’est distingué par ses actes de bravoure lors de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée. Il est surnommé le Rambo québécois.
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Léo Major est le fils aîné d’Achille Major et d’Amanda Sévigny, une famille franco-américaine. Son père, ouvrier des chemins de fer Canadien National, bénéficie d’une affectation temporaire de travail pour un programme d’échange avec l’American Railroad Company. C’est pendant cette période, le , que naît le premier des enfants de la famille d’Achille : Léo. Après l’achèvement de ses travaux, en , la famille retourne à Montréal — d’où les Major étaient originaires. Sa famille habite successivement au 1351 des Érables en 1924, au 4389 Chambord en 1935, puis finalement sur la rue Frontenac à partir de 1938.
Au cours des 14 années suivantes, les parents de Léo ont 12 autres enfants. Son père étant souvent parti pendant de longues semaines, œuvrant sur un chantier de construction des chemins de fer, sa mère Amanda élève seule les 13 enfants. Léo subit à cette époque l’expérience traumatisante de son père qui, lorsqu’il revient d’un long séjour à l’extérieur, le bat avec sa ceinture à la suite des récits de sa mauvaise conduite que fait sa mère. Pour une raison qui demeure obscure, Léo est l’unique cible des crises de rage de son père. En plus des sévices, Léo est également soumis à de la violence psychologique, alors que son père le réprimande souvent en lui disant qu’il n’est « qu’un paresseux, une mauviette et un peureux qui ne pourra jamais réussir dans le monde compétitif d’aujourd’hui ». Dans les années 1920, son père Achille devient protestant. Léo va étudier à l’école anglophone jusqu’à l’âge de 14 ans.
À 14 ans, au cœur de la Grande Dépression, Léo quitte le domicile familial après une altercation avec son père pour aller vivre avec sa tante Annie et son oncle Émile Major, également résidents de Montréal (et parents du chanteur Aimé Major). Après un certain temps, il va habiter dans une ferme avec un couple sans enfant qui le traite comme leur fils. Il travaille comme agriculteur dans cette famille.
En 1938, Léo se trouve un emploi comme travailleur de construction à la gare centrale de Montréal, alors en chantier sur le site de l’ancienne gare, près du centre-ville. Il y travaille physiquement et effectue des quarts de 9 à 10 heures par jour, six jours par semaine. Ne ménageant pas ses efforts, Léo force l’admiration de son contremaître, qui remarque vite le penchant du jeune homme pour les missions difficiles et dangereuses ; Léo hérite ainsi du dynamitage de trous dans la roche, afin de consolider les pieux qui doivent soutenir les murs et les planchers du bâtiment.
Léo Major s’enrôle en à l’âge de 19 ans. Il est affecté dans un premier temps au Royal 22e Régiment et deux jours plus tard, lorsqu’il apprend que le Régiment de la Chaudière est le prochain à être envoyé en Europe, il demande et obtient son transfert à cette unité. Il reçoit son premier entraînement à la base des Forces canadiennes Valcartier près de la ville de Québec.
Le , il quitte Valcartier pour Sussex au Nouveau-Brunswick, et y poursuit son entraînement jusqu’au alors qu’il s’embarque avec le Régiment de la Chaudière à bord du SS Strathmore en route pour la Grande-Bretagne. La traversée dure huit jours et, le , le convoi arrive au port de Gouroch, au nord de l’Écosse. Le Régiment prend ses quartiers à Aldershot le .
Une fois rejoint le Régiment de la Chaudière en Écosse, l’entraînement débute et dure trois ans et demi : de l’aube jusqu’au coucher du soleil, 6 jours par semaine, 50 semaines par année. Léo est l’un des rares à maîtriser la langue anglaise, la majorité des recrues du régiment pouvant difficilement parler cette langue. Il progresse rapidement dans les unités d’entraînement de la base militaire. Léo se spécialise dans le tir de précision, la reconnaissance et les opérations de commando. Il se révèle avoir des excellentes capacités visuelles, auditives, d’infiltration et d’endurance. Durant son temps libre, il s’entraîne à la boxe.
C’est durant cette période qu’il se lie d’amitié avec Willy Arsenault, un soldat canadien-français de Montréal.
Léo Major participe au débarquement de Normandie le sur la Juno Beach avec le Régiment de la Chaudière, alors que les troupes canadiennes-anglaises du Queen’s Own Rifles of Canada sont clouées au sol. Avec cinq autres soldats du Régiment de la Chaudière, Léo détruit une partie du mur d’un bunker abritant un nid de mitrailleuses allemand en posant une mine Bangalore. Le bulldozer accompagnant son régiment fait une brèche dans le mur et les soldats canadiens surprennent une douzaine de soldats allemands et les font prisonniers.
Plus tard dans l’après-midi, Léo et un soldat sont assignés à une mission de reconnaissance pour explorer le terrain derrière les collines boisées marquant les lignes ennemies. L’objectif de leur mission est de collecter la position des unités allemandes, leurs forces ainsi que leurs armements et de rapporter ces informations au commandant.
Lors de cette mission, ils aperçoivent un Hanomag SdKfz 251, un véhicule blindé allemand semi-chenillé muni d’un canon antichar de 75 mm, occupé par trois soldats allemands. Les deux éclaireurs quittent la route et se cachent derrière une haie alors que le véhicule arrive sur la route. Ne voyant aucune autre troupe ennemie, ils décident de capturer le véhicule et ses occupants afin de pouvoir les interroger. Au moment où le véhicule passe à leur hauteur, Léo vise et blesse le chauffeur à l’épaule, de sorte qu’il puisse encore conduire le Hanomag pour rejoindre les troupes canadiennes. Au même moment, l’autre éclaireur tire sur le mitrailleur et le tue sur le coup. Le chauffeur blessé et l’autre soldat se rendent alors.
Les soldats canadiens indiquent par la suite au chauffeur de prendre la direction du quartier général des forces canadiennes, à quelque cinq kilomètres de leur position. Sur le chemin, ils repèrent une section de commandos d’un bataillon anglo-canadien se préparant à traverser un pré. L’un des soldats de cette section porte un transmetteur sans fil. Léo et l’autre soldat font alors des signes en criant, afin que les soldats canadiens comprennent que le véhicule allemand est capturé et mené par des troupes amies.
Pendant que les deux soldats racontent la capture du Hanomag, le sergent de la section contacte son bataillon afin de faire préparer des soins médicaux pour le conducteur allemand blessé qui souffre et saigne abondamment. Lorsque Léo arrive au bataillon anglo-canadien avec le Hanomag, les deux soldats sont reçus avec exaltation par la troupe, en raison de la témérité de cette capture.
Le commandant en chef du bataillon demande alors à Léo de leur céder le véhicule capturé. Léo refuse : « Non monsieur, nous refusons de faire cela car nous avons capturé ce véhicule, de même que tous ceux et ce qui s’y trouve ; nous allons le remettre au commandant de notre régiment, le major Gustave Tascherau ». Léo apprend quelques jours plus tard que le véhicule contenait des transmetteurs sans fil et plusieurs livres-codes servant aux communications cryptées ennemies.
Le , Léo et quatre soldats sont affectés à une mission de reconnaissance des lignes ennemies lors de la bataille de Caen. Ils arrivent face à face avec une patrouille de la 1re Panzerdivision SS Leibstandarte SS Adolf Hitler composée de cinq soldats allemands.
Les soldats canadiens tirent sur la patrouille et tuent quatre soldats allemands sur le coup. Le cinquième soldat, mortellement blessé, réussit à lancer une grenade au phosphore. Dans l’explosion, Major est blessé à l’œil gauche. Il est par la suite transporté dans un hôpital de campagne afin d’être examiné. Le médecin qui le soigne lui déclare : « Mon ami la guerre est finie pour vous. Vous allez retourner en Angleterre. », ce à quoi Major répond : « C’est impossible monsieur, je suis un tireur d’élite dans ma section, ils ne peuvent fonctionner sans moi ; mon œil droit est parfait et c’est l’œil que j’utilise pour le tir de précision ». Il refuse d’être évacué. Le médecin le renvoie à son unité après lui avoir fait un bandage avec un élégant cache-œil. Selon lui, « il ressemblait à un pirate ». Léo continue son service comme éclaireur et tireur d’élite.
Pendant la bataille de Normandie, il détruit un char d’assaut Panzer dans le village de Rots et élimine les SS qui tendent une embuscade à une escouade du Régiment de la Chaudière.
Dans la nuit du 30 au , lors de la bataille de l’Escaut dans le sud des Pays-Bas, Léo Major capture 93 soldats allemands à lui seul.
Afin de retrouver 50 soldats anglais envoyés en patrouille dans l’après-midi et qui ne sont pas revenus le soir, Léo est envoyé seul en reconnaissance la nuit venue. Il repère deux soldats allemands marchant le long d’une digue. Comme le temps est froid et pluvieux, Léo déclare : « je suis gelé et mouillé à cause de vous, vous paierez ». Il capture l’un et tue l’autre, qui a tenté d’utiliser son arme. Il utilise son prisonnier comme appât pour se saisir du reste de l’unité.
Major continue sa mission avec comme objectif de capturer le commandant de l’unité et forcer celle-ci à se rendre. La garnison allemande se rend après que trois autres soldats sont abattus par Major. Il ramène les prisonniers et croise une batterie d’artillerie allemande alertée par les tirs de Major. L’artillerie fait feu sur la colonne de prisonniers, en blessant ou en tuant certains. Major, méprisant le feu ennemi, escorte ses prisonniers jusqu’à la première ligne canadienne. Croisant un char M4 Sherman sur le chemin, Léo demande à l’équipage du char de tirer sur la batterie afin de faire cesser leur tir.
Il revient au camp avec près d’une centaine de prisonniers. C’est pour cette action qu’il est nommé pour la Distinguished Conduct Medal (DCM), médaille qu’il refuse car la décoration doit lui être remise par le général Montgomery que Major juge militairement incompétent.
Le près de Keppeln en Allemagne, Léo Major aide l’aumônier du régiment, le Padré Delcourt, à récupérer les corps de soldats d’un char Tigre pour les mettre dans un véhicule de transport : un Bren Carrier. Après avoir terminé de charger les corps, l’aumônier s’assoit près du conducteur, Major prend place à l’arrière. Le véhicule roule sur une mine antichar. L’aumônier Delcourt et le conducteur sont tués sur le coup, alors que Léo Major est projeté en l’air, avant d’atterrir durement sur le bas du dos. Sans connaissance, il est placé derrière un camion par des médecins pour le transporter vers un hôpital de campagne situé à 50 km. Le camion s’arrête toutes les 15 minutes pour qu’on puisse lui injecter de la morphine afin de supporter la douleur. À nouveau, on lui dit que la guerre est finie pour lui et qu’il sera rapatrié vers l’Angleterre en raison de ses fractures au dos en trois endroits, en plus d’entorses aux deux chevilles et quatre côtes cassées. Une semaine s’écoule et Major a l’occasion de fuir. Il réussit à obtenir d’une jeep passante qu’on le conduise à Nimègue, une ville où il a précédemment rencontré une famille hollandaise, les Slepenbeck. Il séjourne chez la famille près d’un mois avant de rejoindre son unité le .
Le , le Régiment de la Chaudière approche de la ville de Zwolle aux Pays-Bas, qui a alors une population d’environ 50 000 habitants. Cette ville fait l’objet d’une forte résistance des troupes allemandes, durant les mois de mars et avril, 50 soldats canadiens perdent la vie chaque jour. Afin de connaître la force et la position de l’ennemi, le commandant du régiment demande deux volontaires avant de donner l’ordre à l’artillerie de pilonner la ville. Léo Major et son meilleur ami, Willy Arseneault, se portent volontaires.
Ils partent à la tombée de la nuit et arrivent à la ferme Van Gerner où, ne parlant pas néerlandais, ils ont des difficultés à communiquer avec le fermier et sa famille qui tentent de leur dire qu’il y a beaucoup d’Allemands dans la forêt près de la ferme. Ils quittent la ferme vers 23 heures. Peu de temps après, Arseneault est tué par des tirs allemands après avoir accidentellement révélé la position de l’équipe. Furieux, Léo Major répond en tuant deux Allemands, mais le reste du peloton fuit dans un véhicule. Il décide de poursuivre sa mission seul.
Il entre dans la ville de Zwolle et aperçoit une voiture d’officier. Il prend par surprise le chauffeur allemand et le capture. Ce dernier le mène à un bar où un officier allemand, armé, prend un verre. Après avoir désarmé l’officier, il réalise qu’il parle français, car l’officier venait de l’Alsace. Léo Major lui explique que l’artillerie canadienne va débuter ses tirs sur la ville vers 6:00 a.m., ce qui provoquerait de nombreuses pertes tant chez les personnes civiles que parmi les troupes allemandes. Léo Major a alors pris le risque de laisser l’officier aller dans l’espoir qu’il convainque son unité de quitter la ville. Il lui remet même son arme.
Durant la nuit il se met à attaquer les patrouilles allemandes et à courir dans les rues de la ville en mitraillant et lançant des grenades dans les maisons vides afin de faire croire à l’invasion de la ville par les troupes canadiennes. Une dizaine de fois, il surprend des groupes de 8 à 10 soldats allemands : une fois capturés, il les dirige hors de la ville près des positions du régiment et les remet aux soldats canadiens français, puis retourne vers la ville pour continuer sa mission. Quatre fois dans la nuit, il doit forcer quelques portes de maison pour pouvoir se reposer et faire le point. Il tombe aussi sur le quartier général des SS, et livre un combat rapide avec 8 officiers supérieurs, mortel pour 4 d’entre eux, les autres prenant la fuite. Il met le feu au QG de la Gestapo.
Au petit matin, il se rend compte que les dernières troupes allemandes ont quitté la ville et que Zwolle est libérée. Il se met à frapper à plusieurs portes, mais les habitants sont trop effrayés pour sortir. Finalement, il rencontre des membres de la résistance qui lui présentent une enseignante d’anglais. Léo Major lui demande d’annoncer à la radio que la ville est libérée des Allemands. C’est alors que les habitants commencent à sortir. Il repart récupérer le corps de Willy Arseneault et le remet au fermier qui le garde jusqu’à ce que le régiment de la Chaudière le récupère pour l’enterrer. Il est de retour au camp à 9 heures. La population accueille le régiment canadien qui entre dans la ville libérée.
Pour ces actions, Léo Major reçoit sa première décoration Distinguished Conduct Medal (DCM), l’une des principales décorations britanniques pour acte de bravoure. Willy Arseneault reçoit le Lion de bronze à titre posthume en 1970 par la reine Juliana.
En 1945, quelques semaines après son retour au pays, il doit se faire opérer au dos. Il passe trois mois dans un hôpital de vétérans. Au lieu d’obtenir une libération des Forces armées, on lui offre un poste de magasinier dans un centre de ravitaillement militaire pour le reste de l’année. Il n’aime pas beaucoup ce genre de travail et il décide d’aller travailler pour la raffinerie Shell comme tuyauteur.
La guerre de Corée est déclarée le , quand la Corée du Nord envahit sa voisine, la Corée du Sud, après des années de tensions grandissantes. Cette agression donne lieu à une guerre qui durera plus de trois ans et qui amènera vite l’intervention des États-Unis, du Canada et d’autres pays membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) à l’appui de la Corée capitaliste, le Sud, sous le Commandement des Nations unies en Corée et l’entrée en guerre de la Chine du côté de la Corée communiste, le Nord.
Durant l’été 1950, Léo, qui vient d’avoir une offre pour un travail en Afrique du Nord, reçoit l’appel du colonel Taschereau. Il veut aussi qu’il rencontre quelques officiers au Centre de recrutement. Le commandant est le major général Derome mais celui qui désire faire sa connaissance est le lieutenant-colonel Jacques Dextraze.
Ils veulent créer un groupe d’éclaireurs. Léo deviendrait responsable de cette équipe sans aucun officier pour lui dire quoi faire. Il décide de l’enrôler même s’il n’a l’usage que d’un seul œil et qu’il reçoit une pension d’invalidité de 20 %. Il est enrôlé le , et devient le 1 000e soldat du contingent canadien. L’armée canadienne espère ainsi inciter d’autres Canadiens à s’enrôler car un héros de la Seconde Guerre mondiale donne l’exemple. Il est intégré au 2e Bataillon du Royal 22e Régiment qui s’entraîne à Fort Lewis aux États-Unis. Le Bataillon va y rester jusqu’au .
Léo doit recruter 80 hommes dans un court laps de temps et les préparer en quelques mois. Le lieutenant-colonel Dextraze lui assigne le capitaine Plouffe qui avait fait la guerre en Afrique du Nord avec l’armée britannique et le sergent-major Juteau qui a été capturé à Dieppe mais avait réussi à s’évader et à retourner en Grande-Bretagne.
En , une unité de la 3e Division d’infanterie américaine a perdu, aux mains de l’Armée des volontaires du peuple chinois, la colline 355, en laissant une importante quantité de matériel derrière elle. Avec ses 355 mètres de hauteur, c’est la plus haute montagne de la région. Baptisée « Kowang San » par les Coréens, elle a été surnommée « petit Gibraltar » par les troupes de l’ONU en raison de sa taille imposante et de ses nombreuses positions défensives. La colline est située à une quarantaine de kilomètres au nord de Séoul et avait été pris par les forces de l’ONU lors de la bataille de Maryang San en .
Le lieutenant-colonel Jacques Dextraze demande à Léo Major s’il peut faire quelque chose. Major désire qu’on lui laisse carte blanche, qu’on lui laisse choisir ses hommes et que chaque homme après cette mission reçoive une bouteille de rhum et une permission de huit jours. Le colonel accepte et Léo Major part à la tombée de la nuit avec un peloton de 18 hommes qu’il a entraînés.
Au matin, la colline tombe aux mains de Léo Major et de son équipe. Les Chinois lancent deux de leurs divisions (les 190e et 191e), environ 14 000 hommes, en contre-attaque sans succès. Léo Major fait preuve de courage et de détermination en donnant l’exemple et permet à son peloton de résister et de repousser 7 attaques des troupes chinoises venant de 4 directions différentes pendant 3 jours avant d’être remplacés par d’autres troupes canadiennes. Un soldat a été blessé et Léo Major l’a transporté sur ses épaules jusqu’au bas de la colline et ce, malgré son dos blessé en Hollande. En retournant au camp, un journaliste canadien-français demande à Léo de lui expliquer l’opération qui vient de se produire. Comme Léo est complètement exténué, il dit au journaliste, René Lévesque, de consulter son officier supérieur.
Une vingtaine de Canadiens français ont tenu tête à deux divisions d’infanterie de l’Armée populaire de libération. Sept d’entre eux recevront une médaille militaire. Ce que la 3e Division américaine, forte d’environ 10 000 hommes, n’a pu faire, Léo Major et 18 de ses hommes y sont arrivés. Pour cette action Léo Major reçoit sa deuxième DCM.
12 octobre 2021 : mort à 101 ans d’Hubert Germain, dernier survivant des compagnons de la Libération.
Hubert Germain, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un résistant et homme politique français.
Engagé dans les Forces françaises libres pendant la Seconde Guerre mondiale, il mène ensuite une carrière politique, au cours de laquelle il est maire de Saint-Chéron dans l’Essonne et député de la quatorzième circonscription de Paris (13e arrondissement). Il est, entre 1972 et 1974, ministre dans les gouvernements Messmer.
Nommé compagnon de la Libération en 1944, il est l’ultime membre de cet ordre jusqu’à son décès le .
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Hubert Germain naît le dans le 16e arrondissement de Paris. Il est le fils du général français Maxime Germain.
Suivant les affectations de son père, il est élevé à la mission laïque franco-arabe de Damas de 1930 à 1932, effectue sa scolarité au lycée Albert-Sarraut d’Hanoï, où il passe son baccalauréat, puis au lycée Saint-Louis à Paris. Il étudie ensuite en classes préparatoires au lycée Michel-Montaigne de Bordeaux.
À la mi-, au moment où il passe le concours de l’École navale, les Allemands entrent dans Paris. Il décide alors de rendre copie blanche pour ne pas avoir à servir dans une armée aux ordres de l’ennemi.
Le , il épouse Simone Millon avec laquelle il aura trois enfants.
Hubert Germain refuse l’armistice du 22 juin 1940. Il décide de continuer le combat et de rejoindre la Grande-Bretagne avec trois de ses camarades. Le , ils parviennent à s’embarquer sur l’Adandora Star à Saint-Jean-de-Luz à destination de Liverpool. À l’Olympia Hall de Londres, il s’engage dans les Forces françaises libres. Il suit une formation d’élève officier de marine à bord du cuirassé Courbet.
Au printemps 1941, il est affecté, en Palestine, à la 1re division française libre (1re DFL) commandée par le général Legentilhomme. Il participe à la campagne de Syrie au sein de l’état-major de la division.
En , à l’issue de sa formation d’officier à Damas, il est nommé aspirant et affecté à l’état-major de la 1re Brigade française libre commandée par le général Kœnig.
En , il est affecté à la 13e demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE). Il participe, comme chef de section antichars, à la bataille de Bir Hakeim, où il est cité à l’ordre de l’armée.
En , il est nommé sous-lieutenant.
Au sein de la 1re division française libre (1re DFL), il participe à la bataille d’El Alamein puis à la campagne de Tunisie.
Le , pendant la campagne d’Italie, à Pontecorvo près de Monte Cassino, il est blessé et évacué vers Naples.
En , il participe au débarquement de Provence et aux combats de la 1re armée française qui remonte la vallée du Rhône vers l’Allemagne.
Après la Libération, il devient aide de camp du général Kœnig qui commande les Forces françaises d’occupation en Allemagne de au
Hubert Germain travaille de 1950 à 1952 comme cadre pour l’entreprise Cinzano, à Gennevilliers, puis chez l’entreprise chimique suisse Geigy et comme directeur de la Société française de télédistribution.
De 1953 à 1965, il est maire de Saint-Chéron (commune alors située en Seine-et-Oise, aujourd’hui dans l’Essonne).
De 1960 à 1962, il est chargé de mission au cabinet de Pierre Messmer, ministre des Armées puis, conseiller technique de 1967 à 1968. Il y est employé en tant qu’attaché parlementaire du ministre.
Il est ensuite député de la quatorzième circonscription de Paris, dans le 13e arrondissement, d’abord de 1962 à 1967, puis de 1968 à 1972, et enfin en 1973. Il est aussi secrétaire général (1969-1971) et président (1971-1973) de l’amicale parlementaire Présence et Action du gaullisme, dont il est l’un des fondateurs avec Pierre Messmer. René la Combe, Compagnon de la libération et député du Maine-et-Loire lui succédera à la tête de ce mouvement gaulliste.
Sa carrière politique est marquée par sa participation aux trois gouvernements Messmer du au , d’abord comme ministre des Postes, télégraphes et téléphones (PTT), puis ministre chargé des Relations avec le Parlement du au . Il a également assuré l’intérim au ministère des PTT du au , à la suite de la démission de Jean Royer qui se présente à l’élection présidentielle de 1974.
De 1975 à 1982, il est nommé président de la Société française de télédistribution, succédant à Robert Bourgeot.
Franc-maçon, il a été initié à la Grande Loge de France en 1975. Il est membre fondateur de la loge « Pierre Brossolette, Compagnon de la Libération » et grand-maître d’honneur de la Grande Loge de France. Également membre de la juridiction du Suprême Conseil de France, il est 33e degré du Rite écossais ancien et accepté.
À partir de 2010, Hubert Germain est membre du Conseil de l’ordre de la Libération. Il est pensionnaire de l’Institution nationale des Invalides à Paris. Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’Armée de terre, lui rend visite le , jour de sa prise de fonction.
Lors des commémorations des 80 ans de l’appel du 18 Juin, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, annonce que les quatre derniers compagnons de la Libération (Edgard Tupët-Thomé, Daniel Cordier, Pierre Simonet et Hubert Germain) sont nommés membres honoraires de l’ordre de l’Empire britannique. La décoration est remise à Hubert Germain par Ed Llewellyn, ambassadeur du Royaume-Uni à Paris le lors d’une cérémonie aux Invalides.*
En , dans son ouvrage Espérer pour la France, écrit avec Marc Leroy, il déclare : « Quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera toujours des braises. Et il faut aujourd’hui en France des braises ardentes ! ».
Il était le dernier survivant des compagnons de la Libération après la mort de Daniel Cordier le .
Par décret du , Hubert Germain est nommé chancelier d’honneur de l’ordre de la Libération.
Le , anniversaire du dernier jour de la bataille de Bir Hakeim, une cérémonie est organisée en son honneur sous ses fenêtres, aux Invalides. Le , il reçoit du général Alain Lardet le grade de caporal-chef honoraire de la Légion étrangère.