17 mars -45 : bataille de Munda
La bataille de Munda se déroula le dans les plaines de Munda en Bétique, dans le Sud de l’Espagne. Ce fut la dernière bataille entre Jules César et les partisans de la république, les Optimates. Après cette victoire et la mort de Titus Labienus et de Pompée le Jeune (le fils de Pompée le Grand), César put revenir triomphal à Rome et gouverner avec le titre de dictateur.
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Après la défaite de César à Dyrrhachium, et ses victoires à Pharsale et à Thapsus, les partisans de la république, menés à l’origine par Pompée, furent confinés dans les provinces espagnoles. En fait, durant le printemps – , deux légions d’Hispanie ultérieure, constituées principalement de vétérans des légions de Pompée enrôlés dans l’armée de César, se déclarèrent fidèles à Gnæus Pompeius (fils du grand Pompée) et chassèrent le proconsul de César. Peu après, ils furent rejoints par le reste de l’armée de Pompée détruite lors de la bataille de Thapsus en . Ces troupes étaient commandées par les frères Gnæus Pompeius et Sextus Pompeius (fils de Pompée) et par le talentueux général Titus Labienus, l’un des principaux lieutenants de César durant la guerre des Gaules. Utilisant les ressources de la province, ils levèrent une armée composée de treize légions (les deux légions de vétérans, une légion de citoyens romains vivant en Espagne et le reste composé de non-citoyens de la province) et prirent le contrôle de presque toute la province d’Hispanie ultérieure, notamment les importantes colonies romaines d’Italica et de Cordoue (la capitale de la province). Les généraux de César : Quintus Fabius Maximus et Quintus Pedius ne prirent pas le risque d’engager la bataille. Ils restèrent dans leur camp à Obulco, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Cordoue, et sollicitèrent l’aide de César.
Ce dernier quitta donc Rome pour l’Espagne, emmenant deux légions de confiance et aguerries (legio X Equestris et legio V Alaudæ), ainsi que plusieurs légions nouvellement levées (notamment legio III Gallica et legio VI Ferrata), mais la plus grande partie de ses troupes était constituée de recrues déjà en Espagne.
Le parcours (plus de deux mille quatre cents kilomètres) fut accompli en moins d’un mois, l’armée arrivant à Obulco au début du mois de décembre (César écrivit immédiatement un poème décrivant le voyage, Iter). Il demanda à son petit-neveu Octave de le rejoindre, mais celui-ci tomba malade et n’arriva qu’après que la campagne fut terminée.
Profitant de l’effet de surprise, César parvint à rompre le siège d’une ville, Ulipia, que Gnæus Pompeius assiégeait, mais il ne put prendre Cordoue, défendue par Sextus Pompée.
Après un court siège, il prit la ville fortifiée d’Ategua (es), ce qui porta un coup sérieux au moral des pompéiens, et certains de leurs alliés locaux commencèrent à changer de camp.
Une escarmouche près de Soricaria tourna le en faveur des troupes césariennes, ce qui n’améliora pas le moral du camp pompéien, et obligea Gnæus Pompeius à livrer rapidement une bataille décisive.
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Les deux armées se rencontrèrent dans les plaines de Munda, près d’Osuna. L’armée pompéienne se positionna sur une colline, à environ un kilomètre des murs de Munda.
César disposait de 8 légions (80 cohortes) et de 8 000 cavaliers, tandis que l’armée pompéienne était composée de 13 légions, plus 6 000 soldats d’infanterie légère, et environ 6 000 cavaliers.
Beaucoup des soldats républicains s’étaient rendus à César lors de campagnes précédentes et avaient ensuite déserté son armée pour rejoindre Pompée : craignant de ne pas être pardonnés une seconde fois (César avait déjà exécuté des prisonniers), ils allaient se battre avec l’énergie du désespoir. Après un mouvement destiné à faire descendre les pompéiens de leur colline qui échoua, César ordonna une attaque frontale (au cri de guerre Vénus, déesse dont César prétendait être le descendant).
Le combat dura un bon moment sans qu’un camp prenne l’avantage sur l’autre. Les généraux se joignirent à la mêlée. César dit plus tard qu’il s’était battu de nombreuses fois pour la victoire, mais qu’à Munda il dut se battre pour sa vie. Il prit le commandement de l’aile droite où sa légion favorite, la X Equestris, était engagée dans un dur combat. La Xe légion commença alors à repousser les forces pompéiennes. Conscient du danger, Gnæus Pompeius retira une légion de son aile droite pour renforcer son aile gauche menacée. Dès l’instant où la droite pompéienne fut affaiblie, la cavalerie de César lança une attaque décisive. Le roi Bogud de Maurétanie et sa cavalerie, alliés de César, attaqua les troupes pompéiennes sur leurs arrières. Titus Labiénus, chef de la cavalerie pompéienne, vit cette manœuvre et s’élança à leur rencontre. Malheureusement pour Pompeius, ses légionnaires crurent que la cavalerie s’enfuyait. Les légions pompéiennes fuirent alors en désordre. Bien que certains pussent trouver la protection des murs de Munda, beaucoup de soldats furent tués dans leur retraite. À la fin de la bataille, environ trente mille soldats pompéiens reposaient sur le champ de bataille alors que les forces de César ne comptaient que mille tués et cinq cents blessés. Les treize étendards des légions pompéiennes furent capturés, signe de leur débandade. Labiénus mourut au combat et César fit en sorte que les honneurs funéraires lui soient rendus. Gnæus et Sextus parvinrent à s’enfuir.
César laissa son légat Quintus Fabius Maximus assiéger Munda, et alla pacifier le reste de la province. Cordoue se rendit : les hommes armés de la ville (principalement des esclaves armés) furent exécutés et la cité dut payer une forte indemnité. Munda résista quelque temps, mais après une tentative pour briser le siège, qui échoua, la ville se rendit avec ses quatorze mille soldats. Gaius Didius, qui commandait une flotte fidèle à César, coula la plupart des bateaux pompéiens. Gnæus Pompeius chercha refuge dans les terres mais fut bientôt arrêté et exécuté.
Bien que Sextus Pompeius n’eût pas été capturé, les partisans de la république ne disposèrent plus jamais d’armée susceptible de contester la domination césarienne. Après son retour à Rome, le vainqueur devint dictateur à vie. César fut assassiné le de l’année suivante (- ) par d’autres partisans de la république menés par Brutus et Cassius. Après une nouvelle guerre civile, la République romaine devint pour plusieurs siècles un empire.
17 mars 180 : mort à 58 ans du grand empereur romain Marc Aurèle.
Marc Aurèle (en latin : Marcus Aurelius Antoninus) est un empereur, philosophe stoïcien et écrivain romain né le à Rome et mort le à Sirmione (selon Tertullien) ou à Vindobona. Il est le dernier des souverains connus sous le nom des « cinq bons empereurs » et le dernier empereur de la Pax Romana, une époque de paix et de stabilité relatives pour l’Empire romain. Il est consul romain en 140, 145 et 161.
Marc Aurèle naît sous le règne d’Hadrien. Il est le fils du préteur Marcus Annius Verus et de l’héritière Domitia Lucilla Minor. Son père meurt alors qu’il est encore enfant et Marc Aurèle est élevé par sa mère et ses grands-pères. Après la mort du fils adoptif d’Hadrien, Lucius Aelius, en 138, l’empereur adopte l’oncle de Marc Aurèle, Antonin le Pieux, comme nouvel héritier. À son tour, Antonin adopte Marc Aurèle et Lucius Aurelius Verus, le fils d’Aelius. Hadrien meurt cette année-là et Antonin devient empereur. Alors héritier du trône, Marc Aurèle étudie les lettres grecques et latines sous la direction de tuteurs tels qu’Hérode Atticus et Fronton. Il entretient par la suite une correspondance étroite avec Fronton pendant de nombreuses années. Marc Aurèle épouse la fille d’Antonin, Faustine la Jeune, en 145. Après la mort d’Antonin en 161, Marc Aurèle accède au trône aux côtés de son frère adoptif Lucius.
Le règne de Marc Aurèle est marqué par des conflits militaires. En Orient, l’Empire romain combat avec succès un Empire parthe revitalisé et le royaume rebelle d’Arménie. Marc Aurèle défait les Marcomans, Quades et Sarmates Iazyges dans les guerres marcomanes. Cependant, ces peuples et d’autres peuples germaniques continuent à représenter une menace pour l’Empire, et les conflits armés reprennent très vite malgré une trêve signée. En outre, une grave pandémie connue comme la « peste antonine » éclate vers 166 et dévaste la population de l’Empire pendant plusieurs décennies.
Le co-empereur Lucius Verus meurt en 169. Contrairement à certains de ses prédécesseurs, Marc Aurèle choisit de ne pas adopter d’héritier. Parmi ses enfants se trouvent Lucilla, qui épouse Lucius, et Commode, dont la succession à Marc Aurèle fait l’objet de débats entre les historiens contemporains et modernes. La colonne et la statue équestre de Marc Aurèle se trouvent toujours à Rome, où elles ont été érigées pour célébrer ses victoires militaires. Dernier grand monument du stoïcisme, les Pensées pour moi-même sont une source importante pour la compréhension moderne des philosophes antiques.
Marc Aurèle meurt le , à l’âge de 58 ans environ. Si la date ne fait pas débat, il n’en va pas de même pour son lieu de décès, une question qui reste non tranchée entre différentes localités de Pannonie où l’empereur mène campagne contre les Sarmates : si plusieurs sources situent sans précision la mort de l’Auguste dans cette région, son contemporain, l’apologiste chrétien Tertullien, situe son décès plus précisément apud Sirmium, ce qui peut se traduire « à » ou « près de » Sirmium (Sremska Mitrovica, dans l’actuelle Serbie), une ville qui accueillait un palais impérial et qui servait de quartier général hivernal à ses troupes. Aurelius Victor cite lui le camp romain du nom de Vindobona ce qui correspond à l’actuelle Vienne, en Pannonie Supérieure ce dont semble également attester le Chronographe de 354 ; une assonance entre Vindobona et Bononia a amené l’historien Anthony Birley à proposer l’actuel village de Bátmonostor qui accueillait alors un fort situé à 32 km au nord de Sirmium mais l’hypothèse n’est pas sans poser de problèmes.
On ignore les causes précises du mal qui emporte Marc Aurèle en à peine une semaine, et dont la rapidité marque ses contemporains : tant la maladie que l’empoisonnement ont été évoqués. Ainsi, bien que Dion Cassius affirme que la mort est survenue « non pas à cause de la maladie dont il souffrait encore, mais à cause des médecins qui, comme je l’ai clairement entendu, ont voulu favoriser l’ascension de Commode » ou que l’on évoque parfois la peste qui sévit dans l’empire depuis des années, les hypothèses sur sa mort demeurent des conjectures.
Ce que l’on sait de ses derniers jours est rapporté par l’Histoire Auguste : commençant à se sentir malade, il appelle Commode à son chevet et lui demande d’abord de mettre fin à la guerre honorablement, afin qu’il ne semble pas avoir « trahi » la Res publica. Son fils promet qu’il s’en chargera, mais il s’intéresse d’abord à la santé de son père. Il demande donc qu’il puisse attendre quelques jours avant de repartir. Marc Aurèle, sentant que ses jours sont finis et son devoir accompli, accepte comme stoïque une mort honorable, s’abstenant de manger et de boire, et aggravant ainsi la maladie pour lui permettre de mourir le plus rapidement possible. Le sixième jour, lorsqu’il appelle ses amis, il leur dit : « Pourquoi pleurez-vous à cause de moi au lieu de réfléchir à la peste et à notre destin commun de la mort (…) puisque vous me quittez déjà, je vous dis adieu et vous précède ». Lorsqu’on lui demande à qui il recommande son fils, il répond : « à vous, s’il en est digne, et aux dieux immortels ». Le septième jour, son état s’aggrave et il n’admet que brièvement son fils en sa présence, le renvoyant presque immédiatement afin de ne pas le contaminer. Après la sortie de Commode, il se couvre la tête comme pour dormir, comme son père Antonin le Pieux, et meurt cette nuit-là.
Ô homme, tu as été le citoyen de cette grande cité ; que t’importe de l’avoir été cinq ans, ou seulement trois ? La règle qui est conforme aux lois est égale pour tous. Dès lors, quel mal y a-t-il à ce que tu sortes de la cité, d’où t’éloigne non point un tyran, non point un juge inique, mais la nature même, qui t’y avait introduit ? Ce n’est qu’un acteur quittant la scène, quand il reçoit congé du chef de la troupe qui le commandait. — « Mais, je n’ai pas joué mes cinq actes ! je n’en ai joué que trois. » — « Tu les as bien joués ; et dans la vie, parfois, la pièce est complète avec trois actes seulement ; car Celui-là marque le terme où tout est accompli, qui naguère avait décidé que des éléments seraient combinés, et qui décide aujourd’hui qu’ils seront dissous. Quant à toi, tu n’es pour rien, ni dans un cas, ni dans l’autre. Pars donc, le cœur serein ; car Celui qui te délivre est plein d’une bienveillante sérénité. »
— Dernière pensée de Marc Aurèle dans Pensées pour moi-même.
17 mars 1676 : prise de Valenciennes (guerre de Hollande).
À la mort de Turenne à la bataille de Salzbach, l’armée française bat en retraite et repasse le Rhin. Louis XIV nomme Louis II de Bourbon-Condé pour le remplacer. Celui-ci parvient à stopper l’avance de Montecuccoli, et fait lever les sièges de Haguenau et de Saverne. Mais tourmenté par la goutte, le Grand Condé se retire à Chantilly pour prendre sa retraite, imité en cela par Montecuccoli. Louis XIV n’en continue pas moins sa lutte contre le Saint Empire, l’Espagne et la Hollande et fort des derniers succès, assiste en personne à la guerre et à la prise de Condé et de Bouchain.
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En novembre 1676, Louvois met le siège devant la ville. Afin d’ôter l’envie aux Espagnols de prêter main-forte à Valenciennes, des troupes font le siège de Saint-Omer et de Cambrai. Valenciennes est bien fortifiée, les abords ont été inondés, la garnison semble prête à attendre les renforts qui ne manqueront pas d’arriver.
Devant Valenciennes, Louis XIV est accompagné de son frère et des maréchaux d’Humières, Schomberg, La Feuillade, Luxembourg et de Lorges, qui commandent chacun leur jour. Vauban aussi était là, qui commandait toutes les opérations.
L’usage est de n’attaquer les bastions, demi-lunes et autres ouvrages, que de nuit, afin de ne pas être aperçu de l’ennemi. Toutefois, contre l’avis des maréchaux, et pour le plus grand étonnement du roi, Vauban préconise une attaque de jour, pour créer la surprise et ne pas laisser à l’ennemi le temps de récupérer d’une nuit de veille.
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Le , à 9 heures du matin, deux compagnies de Mousquetaires, une centaine de grenadiers, un bataillon des gardes, un du régiment de Picardie, lancent l’assaut sur la fortification dite du Grand Couronné. La surprise est totale, les défenseurs se repliant sans pouvoir freiner l’avancée des troupes françaises. Les soldats français pénètrent dans la forteresse et parviennent à baisser le pont-levis qui relie l’ouvrage aux autres. L’armée française investit les fortifications et progresse de retranchement en retranchement, à la suite des assiégés.
Avant que le roi ne soit informé que le premier ouvrage est tombé, les mousquetaires sont déjà dans la ville et progressent de maison en maison. Le conseil de la ville s’assemble et envoie des députés auprès du roi. Celui-ci fait prisonnière toute la garnison et, encore étonné d’en être maître, entre dans Valenciennes.
17 mars 1704 : mort à 63 ans de Menno, Baron van Coehoorn, ingénieur militaire néerlandais d’origine suédoise.
Menno, baron van Coehoorn (1641-), est un soldat et ingénieur militaire néerlandais d’origine suédoise. Il est à l’origine de nombreuses innovations dans les armes de siège et les techniques de fortification.
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Il naît à Britsum, non loin de Leeuwarden en Frise. Il reçoit une excellente éducation généraliste et militaire. Il devient à l’âge de 16 ans capitaine dans l’armée hollandaise et prend part à la défense de Maëstricht au cours de la Guerre de Hollande (1673) ainsi qu’au siège de Grave (1674), où les petits mortiers appelés « à la Coehorn », inventés par lui-même, furent la cause d’importantes pertes côté français. Il est promu au grade de colonel pour sa conduite exemplaire pendant la bataille de Seneffe () et est aussi présent aux batailles de Cassel (1677) et de Saint-Denis (1678).
La situation géopolitique le pousse à porter son attention sur l’art de la fortification. Les événements guerriers le font se rendre compte que les méthodes appliquées sont désormais obsolètes. Avec sa première publication, Versterchinge de Vijfhoeks met alle syne Buytenwerken (Leeuwarden, 1682), il attire de suite l’attention de ses contemporains et entre dans une controverse passionnée avec un ingénieur rival, Louis Paen (Leeuwarden, 1682, 1683 ; les copies se trouvent à l’équivalent néerlandais du Ministère de la Défense). Ces travaux sont surtout suivis avec beaucoup d’intérêt par les autorités militaires, et Coehoorn se voit confier la reconstruction de nombreuses forteresses dans les Provinces-Unies. Cette activité lui prend une bonne part de son temps durant toute sa carrière, et son expérience le place comme étant le principal rival de Vauban. Il formule ses idées quelque temps plus tard dans son chef-d’œuvre intitulé Nieuwe Vestingbouw (Leeuwarden, 1685), dans lequel il fixe trois systèmes dont la caractéristique est la multiplicité des ouvrages ainsi que la grande angularité de ceux-ci, qui s’avèrent éminemment appropriés pour les paysages de plaines et de marais qui composent les paysages des Pays-Bas.
Il emprunte plusieurs détails aux travaux de son prédécesseur hollandais Freytag, de même chez Albrecht Dürer, ainsi qu’à l’ingénieur allemand Daniel Specklin. Il a, en règle générale, plus visé à l’adaptation de ses principes aux besoins particuliers de chaque site qu’à la construction d’une forteresse géométriquement et théoriquement parfaite. Tout au long de sa carrière, il n’ hésite jamais à se départir de ses propres règles pour faire face aux situations exceptionnelles, comme ce fut le cas pour Groningue. Il est surnommé, de son vivant, le « Vauban hollandais ».
Les éditions suivantes de Nieuwe Vestingbouw ont vu le jour en néerlandais (1702, et fréquemment après), en anglais (Londres, 1705), en français (Wesel, 1705) et en allemand (Düsseldorf, 1709).
Pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688 – 1697) Coehoorn sert en tant que brigadier. Il se distingue tout particulièrement à la bataille de Fleurus en 1690, ainsi qu’en 1692 pendant le siège de Namur, une forteresse de sa propre création. Namur fut prise par Vauban, mais Coehoorn eut sa revanche trois ans plus tard quand la même place-forte, sur laquelle entre-temps Vauban avait apporté ses améliorations, tomba sous son attaque. Coehoorn est devenu lieutenant-général et inspecteur-général des forteresses de Hollande, et les peuples haut-Allemands aussi bien que ses propres compatriotes l’ont honoré. Il a ensuite commandé un corps de l’armée du duc de Marlborough de 1701 à 1703, ses compétences et sa valeur furent d’une grande aide dans cette guerre de siège permanent aux Pays-Bas. La reddition rapide de la forteresse de Bonn et le siège de Huy de 1703 furent le couronnement de son succès. Au début de la campagne suivante, il était sur le point de conférer avec Marlborough quand il est mort d’apoplexie à Wijckel le . Il repose dans l’église de ce village.
Son premier système a été appliqué sur de nombreuses places en Hollande notamment Nimègue, Bréda et Berg-op-Zoom. Mannheim en Allemagne a aussi été fortifié de cette manière, cependant que le second système était lui appliqué à Belgrade et Timişoara.
Il a écrit sur l’art de fortifier les places un ouvrage devenu classique, traduit sous le titre de Nouvelle Fortification, La Haye, 1706. Il a laissé son nom aux mortiers à la Coehoorn, qu’un seul homme peut manœuvrer.
17 mars 1776 : évacuation de Boston.
La Journée de l’évacuation est une fête qui commémore l’évacuation de la ville de Boston par les forces britanniques, après le siège de Boston, au début de la guerre d’indépendance des États-Unis. Elle est célébrée le dans le comté de Suffolk (qui inclut la ville de Boston) ainsi que par les écoles publiques de Cambridge et de Somerville.
Les écoles et la fonction publique (y compris certaines administrations du gouvernement du Massachusetts situés dans le comté de Suffolk3) sont fermés. Lorsque le tombe un weekend, les écoles et les administrations sont fermées le lundi suivant. Le synchronisme avec la fête de la Saint-Patrick a également joué un rôle dans la création de cette fête.
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Les onze mois du siège de Boston prirent fin lorsque l’Armée continentale, sous le commandement de George Washington, fortifia Dorchester Heights au début de avec des canons saisis lors de la prise du Fort Ticonderoga, contraignant ainsi le général britannique William Howe, dont la garnison et la marine étaient menacées par ces postes, à choisir entre l’attaque et la retraite. Afin d’empêcher ce qui pourrait aurait pu être une répétition de la bataille de Bunker Hill, Howe décida de battre en retraite de Boston vers la Nouvelle-Écosse le .
L’évacuation britannique de Boston, qui fut la première victoire de Washington lors de la guerre d’indépendance des États-Unis contre George III, contribua fortement à remonter le moral des Insurgents, car Boston, où avait justement commencé la rébellion, fut précisément la première ville des Treize Colonies à être libérée.
17 mars 1916 : Guillaume Apollinaire est blessé à la tête.
17 mars 1918 : naissance du pilote et as Marcel Lefèvre (Normandie-Niemen).
Marcel Lefèvre, né le aux Andelys (Eure) et mort le à Moscou, est un pilote français, as de l’aviation au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il a à son actif 14 victoires aériennes dont 11 homologuées.
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Marcel Lefèvre obtient son brevet de pilote à l’aéro-club d’Étrépagny en 1937 et entre l’année suivante dans l’armée de l’air où il décroche la même année son brevet de pilote militaire. Après un passage en qualité d’élève moniteur à Salon-de-Provence, il est affecté au groupe de chasse II/3.
Il se fait démobiliser le premier , préférant quitter l’armée plutôt que se battre contre les Anglais en Syrie. Ne supportant pas de rester dans une France sous l’occupation, il rejoint le groupe de chasse I/3 « Corse » à Oran en où il fait la connaissance d’Albert Durand et Marcel Albert.
C’est en leur compagnie qu’il s’évade le pour Gibraltar. En , il s’engage dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) puis est affecté dans un escadron anglais chargé de défendre Londres. Il participe par la même occasion à des missions au-dessus de la Manche et de la France occupée.
À la création de l’escadrille Normandie-Niémen sur le front de l’Est, il se porte volontaire et rejoint l’URSS le . En mars 1943, il participe à ses premiers combats.
Le , il pose son avion à la suite d’une perte de pression carburant. L’avion se plaque au sol et s’enflamme sur le terrain de Doubrovska. La combinaison de vol était imbibée de carburant. Gravement brûlé au visage, aux cuisses et aux mains, il succombe à ses blessures à l’hôpital de Moscou, le , à l’heure même où les alliés se lançaient à l’assaut des plages de sa Normandie natale. Il a été inhumé à Moscou, près des grognards de Napoléon, entouré d’honneurs en présence de ses camarades de combat et des plus hautes autorités russes et françaises. À titre posthume et sur ordre de Staline, il est fait Héros de l’Union soviétique avec l’Ordre de Lénine.
En , sa dépouille mortelle est transférée en Normandie où elle repose maintenant auprès de ses parents aux Andelys.
Par ordre général n° 160 du ministre de la défense de l’URSS daté du 1er, l’inscription à perpétuité du lieutenant Marcel Lefevre est décidée sur l’état nominatif de la 1re escadrille du 18e régiment d’aviation de chasse de la Garde de Vitebsk appartenant à la division aérienne de chasse de Smolensk.
17 mars 1929 : naissance du pilote d’essai Jean-Marie Saget.
Jean-Marie Saget, né le à Paris et mort le à Melun, est un aviateur français, pilote de l’armée de l’air, pilote d’essai chez Dassault Aviation.
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Jean-Marie Saget commence à piloter grâce à son père dès 1946 sur des planeurs de l’époque, notamment sur Nord 1300. Peu après, Jean-Marie Saget est diplômé de l’École de l’air (promotion 1949). Après un stage aux États-Unis (1951-1952), où il acquiert le brevet de pilote sur T-6 et P-51, il devient officiellement pilote de chasse dans l’armée de l’Air. N’ayant volé jusqu’alors que sur avions à hélice, il effectue alors une formation sur « jet », le De Havilland Vampire, avant d’être affecté sur « Ouragan » (le premier avion « Dassault ») à l’Escadron de chasse 2/2 Côte-d’Or de 1952 à 1955.
À la suite de sa victoire dans la course Paris-Cannes sur « Ouragan » le , il est embauché par Marcel Dassault et devient pilote d’essai, puis chef pilote à la Société des avions Marcel Dassault de 1955 à 1989. Il participe aux essais de tous les avions de combat de la société Dassault, puis des avions civils et de l’Atlantique 2. Il est responsable entre autres des programmes Etendard IVM, Mirage III V (à décollage vertical), Mirage F1, Mirage G8 (à flèche variable), Alphajet et Mirage 4000, et effectue les essais de vrilles des SMB2, Etendard IVM, Mirage F1, Jaguar, Alphajet et Super-Etendard, ainsi que de nombreuses démonstrations en vol, en France et à l’étranger. Il devient conseiller technico-opérationnel de la Société des avions Marcel Dassault de 1989 à 1992.
Parallèlement à ses activités professionnelles, Jean-Marie Saget est moniteur de voltige depuis 1972, avec plus de 7 000 heures de vol sur CAP 10.
Il est également président de l’association « Cercle de Chasse » de Nangis, qui dispose de quatre appareils Vampire, ainsi que président de l’« Aéro Club Marcel Dassault Voltige », qui dispose de sept avions.
Il totalisait plus de 20 000 heures de vol sur 150 types d’appareils.
Officier de la légion d’Honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, Jean-Marie Saget avait également été décoré de la médaille de l’aéronautique. Il a été inhumé le 24 mars 2020, dans la commune de Cromac (Haute-Vienne) où il avait une résidence.
17 mars 1945 : le pont de Remagen s’effondre (Allemagne).
Le pont Ludendorff, plus connu sous le nom de pont de Remagen, était un pont ferroviaire allemand enjambant le Rhin à Remagen, au sud de Bonn. Après le pont de chemin de fer de Wesel qui fut dynamité le , il était le dernier pont intact sur le Rhin durant les dernières semaines de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il put être pris par les Américains le , facilitant le franchissement du fleuve par les Alliés.
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Les tours du pont sont dressées à l’extrémité sud de la promenade qui longe le Rhin à Remagen. Le pont fut érigé durant la Première Guerre mondiale, entre 1916 et 1919, à la demande des généraux allemands dans le but d’approvisionner plus rapidement le front de l’Ouest en hommes et en matériel. Il fut mis en service en 1918. Le , l’empereur Guillaume II baptisa le nouvel ouvrage Pont Ludendorff en hommage au général en chef Erich Ludendorff. Et le , Ludendorff fut nommé citoyen d’honneur de Remagen par le conseil municipal de la ville.
L’architecte Karl Wiener, originaire de Mannheim, a réalisé les plans de ce pont de 325 m de long qui surplombait le Rhin à une hauteur de 14,80 m (lors d’un niveau d’eau moyen). Le point le plus haut de la structure se situait à 29,25 m au-dessus du niveau de l’eau. Le pont, qui passait pour être un des plus beaux ponts en acier sur le Rhin, portait deux voies de chemin de fer ainsi que deux voies de circulation pour les piétons. Il ressemblait dans sa construction et dans sa fonction au pont Hindenburg, également construit sur le Rhin de 1913 à 1915 entre Rüdesheim et Bingen am Rhein, et qui fut également détruit durant la Seconde Guerre mondiale.
Après la guerre peu de trains empruntaient encore le pont de Remagen, mais les piétons aimaient l’utiliser pour se rendre à Erpel, sur l’autre rive. Durant la période de paix de l’entre-deux-guerres, le pont était devenu un symbole touristique de la Rhénanie, mais il fut déjà préparé à cette époque par les troupes du génie de la Reichswehr et de la Wehrmacht pour être éventuellement dynamité si la situation le demandait. Le pont fut préparé de manière que 600 kg d’explosif suffisent pour provoquer son effondrement.
En 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale, le pont fut pris en charge par une compagnie de garde et il fut préparé au dynamitage. Mais après l’avancée rapide des troupes allemandes vers l’ouest, les explosifs ont à nouveau été retirés de l’ouvrage et furent transférés dans un entrepôt près de Darmstadt. À Remagen vivaient alors environ 5 500 personnes.
En 1944, après le débarquement des Alliés en Normandie, de l’explosif fut à nouveau acheminé depuis Darmstadt, mais celui spécialement mis en forme pour s’adapter au pont avait déjà été utilisé en d’autres circonstances par la Wehrmacht. En , le pont fut touché de plein fouet par une bombe alliée. Il fut ensuite à nouveau bombardé fin et fin .
Le , devant l’avancée rapide des Alliés, le Kampfkommandant de Remagen, le Hauptmann (capitaine) de réserve Bratge, qui n’avait alors plus qu’un effectif de 36 soldats sous ses ordres, voulait effectuer le dynamitage du pont le plus rapidement possible. Les troupes de la 1re armée américaine contournaient alors déjà Remagen par le nord et le sud, car ils pensaient que le dynamitage du pont allait être imminent. Une partie de la population civile s’était réfugiée dans le tunnel ferroviaire qui se trouvait dans le prolongement du pont sur la rive droite du Rhin. Le Major Scheller de l’état-major du 67e corps d’armée, qui avait reçu au cours de la nuit du 6 au le commandement du pont, voulait au contraire conserver cette voie de communication intacte le plus longtemps possible pour permettre à un maximum de soldats allemands en retraite de l’emprunter et d’emporter avec eux du matériel lourd, quelques blindés et des canons. Cet état de fait créa une confusion chez les Allemands, car le Hauptmann Bratge ne fut informé de la prise du commandement par Scheller que le vers 11 h. En même temps, l’officier du génie responsable du pont, le Hauptmann Friesenhahn, qui avait réclamé 600 kg d’explosif à usage militaire, ne reçut que 300 kg de donarite, une substance nettement moins puissante. Il tenta tout de même de l’utiliser pour un dynamitage rapide sur le côté droit de la rive.
C’est alors que des éclaireurs de la 9e division blindée américaine, sous le commandement du lieutenant Karl H. Timmermann, parvinrent à proximité du pont encore totalement intact. Complètement surpris, Timmermann en informa immédiatement le commandant en chef du groupe de combat B de la 9e division blindée américain, le général William M.Hoge. Celui-ci ordonna l’attaque immédiate et la prise du pont.
À 13 h 40 débuta l’offensive alliée. La situation devenant alors intenable, les Allemands, qui mirent à feu une partie des charges explosives, tentèrent un premier dynamitage du pont, mais le seul résultat obtenu fut un cratère de 10 m de diamètre creusé dans le tablier du côté de la rive gauche. À 15 h 40, le Major Scheller ordonna à nouveau le dynamitage du pont, mais celui-ci resta toujours debout après l’explosion car un des câbles de mise à feu avait été détruit au cours des combats. Les Alliés parvinrent alors à prendre le contrôle du pont et, dans les vingt-quatre heures qui suivirent, 8 000 soldats traversèrent le pont en direction de la rive est du Rhin. Cette conquête, à laquelle avaient aussi participé des soldats belges et britanniques, entra dans les annales de l’histoire militaire en tant que « miracle de Remagen ». Le général Eisenhower donna l’ordre au commandant en chef du 12e groupe d’armées américain, le général Bradley, de transférer autant de divisions que possible sur l’autre rive du Rhin, même si ceci modifiait son plan initial. On prétend qu’il se serait écrié : « Ce pont vaut son poids en or ».
Le débuta une contre-attaque allemande pour tenter de reprendre le pont et stopper l’avancée alliée, mais qui fut trop faible pour être couronnée de succès.
L’état-major allemand désespéré essaya alors durant les jours suivants de faire détruire le pont par des nageurs de combat de Skorzeny, qui devaient déposer des charges explosives à la base de celui-ci. Mais l’utilisation de puissants projecteurs de surveillance permit de les repérer à temps.
Comme cette action avait échoué, les Allemands essayèrent, mais toujours en vain, de détruire le pont en le bombardant, et ils utilisèrent à cette fin leurs nouveaux avions à réaction Arado Ar 234.
Ils tirèrent également onze fusées V2 sur Remagen. Ces missiles furent tirés depuis la forêt située au nord de Hellendoorn, aux Pays-Bas (environ 250 km au nord de Remagen), mais seulement un V2 explosa à proximité du pont et l’ébranla comme lors d’un tremblement de terre.
Un canon monté sur un train manqua lui aussi sa cible. Hitler, fou de rage, instaura alors une cour martiale spéciale pour le front de l’Ouest qui condamna à mort cinq officiers pour « lâcheté » et « manquement au devoir ». Quatre d’entre eux furent effectivement fusillés dans la forêt du Westerwald. Il s’agit du Major Scheller (à qui il était reproché de ne pas avoir veillé à la destruction du pont en temps opportun alors qu’il était l’officier du grade le plus élevé), du Oberleutnant Peters (accusé d’avoir laissé l’ennemi s’emparer de nouveaux lance-roquettes antiaériens de type « Föhn »), et enfin du Major Strobel et du Major Kraft (tous deux accusés de ne pas avoir mené une contre-attaque immédiate après le franchissement du pont par les Américains). Le Hauptmann Bratge (accusé de ne pas avoir ordonné à temps la destruction du pont), qui avait également été condamné à mort, a survécu car il avait été fait prisonnier par les Américains. D’autre part, le maréchal Von Rundstedt fut démis de son poste de commandant en chef du front de l’Ouest et fut remplacé par le maréchal Kesselring.
Le , le pont sévèrement endommagé s’effondrait, entraînant la mort de 28 soldats américains du génie et en blessant 93 autres alors qu’ils travaillaient à sa consolidation. 18 seulement furent retrouvés à cause du débit du fleuve à cette période. Seuls les pylônes de l’ouvrage restèrent debout. Mais à cette date, les Américains tenaient une tête de pont solide sur la rive est du Rhin et avaient déjà mis en place un pont flottant sur pontons à côté. Et comme le pont Ludendorff n’était plus disponible, ils construisirent quatre ponts flottants supplémentaires sur le Rhin, entre Bad Hönningen et Oberwinter (aujourd’hui un quartier de Remagen), pour le remplacer. Le plus long d’entre eux, le Victor-Bridge à Bad Hönningen, mesurait 420 m et fut mis en service le .
Entre le et le jour de l’effondrement du pont, le , les Alliés purent faire passer 18 bataillons de l’autre côté du fleuve.
17 mars 1954 : René Pleven, ministre de la Défense nationale et des forces armées annonce lors d’un débat budgétaire que le CEA est en mesure à court terme de fabriquer des bombes nucléaires et de se lancer dans la propulsion nucléaire de navires.
Si le plan quinquennal de 1952 ouvrit la voie à la bombe nucléaire française, la décision de sa fabrication ne fut pas prise alors. En fait, l’utilisation du nucléaire à des fins militaires ne sera prise par la France qu’en 1954, sur la base :
- de la défaite de Diên Biên Phu. Face à l’encerclement des troupes françaises à Diên Biên Phu, en , le Comité de Défense restreint demanda aux États-Unis l’utilisation de l’arme atomique, demande que la Maison Blanche ignora. Il apparut ainsi que l’alliance militaire avec les États-Unis ne pouvait garantir totalement les intérêts français ;
- du traité concernant la Communauté européenne de défense (CED) et qui interdisait aux États membres d’entreprendre un programme nucléaire militaire indépendant. Ce traité, bien que rejeté par le parlement français en août 1954 après quatre ans de débats, mit en avant la nécessité de prendre une décision ;
- d’un changement de stratégie de l’OTAN, en faveur de représailles massives et précoces par l’emploi de l’arme atomique. Dans ce contexte, les chefs d’état-major des armées françaises se prononcèrent en pour un armement atomique national intégré à l’OTAN.
En parallèle, à partir de , le général Paul Ély mit en avant auprès de René Pleven (ministre de la Défense) l’importance de l’arme nucléaire pour la puissance exercée par une nation au niveau mondial. Il se basait sur l’avis des chefs d’état-major, sur les capacités du CEA et sur les ressources en plutonium développées par le plan quinquennal de 1952. Le général Ely préconisa que :
- du personnel militaire soit associé au CEA ;
- le budget du CEA soit augmenté et placé sous contrôle de la Défense nationale ;
- un comité militaire spécial interarmées soit créé.
Il faut ajouter à ces éléments l’explosion de la première bombe nucléaire britannique, le , qui avait remis en cause le leadership de la France en Europe.
C’est en fait le gouvernement de Pierre Mendès France qui se prononça en faveur du développement d’un programme nucléaire militaire français après le rejet de la CED par l’Assemblée nationale française le . Mendès-France, alors président du Conseil, avait des avantages politiques à lancer une première tranche de travaux menant à un tel programme, sachant que la décision finale de construire une bombe atomique serait prise plus tard. Le de la même année, il signe un décret secret créant la Commission Supérieure des Applications Militaires de l’Énergie Atomique (CSMEA). Le , il signe un autre décret secret, créant le Comité des Explosifs Nucléaires (CNE). Au contraire du CNE, la CSMEA n’eut jamais à se réunir. Le CNE, comme le CEA, dépendait étroitement du président du Conseil.
Le , le CNE remit à Pierre Mendès-France un projet de programme atomique militaire qui intégrait :
- la réalisation de deux réacteurs nucléaires de type G2 pour produire 70 à 80 kg/an de plutonium ;
- la création du Bureau d’Études Générales (BEG) pour mettre sur pied et gérer les équipes scientifiques et techniques ;
- la création d’un centre d’essais pour mettre au point les dispositifs de mesure à utiliser lors des essais réels ;
- la création d’un centre d’essais au Sahara, le Centre d’expérimentations militaires des oasis ;
- la création d’un réseau de détection permanent des essais ;
- l’étude de la séparation isotopique.
Le , Pierre Mendès-France convoqua une réunion d’experts. Les conclusions, longtemps débattues, apparaissent avoir été :
- le lancement secret d’un programme de fabrication d’armes nucléaires ;
- le lancement d’un programme de sous-marins nucléaires ;
- le projet d’une décision soumise au conseil des ministres.
Cette dernière décision ne fut jamais soumise à cause de la chute du Cabinet Mendès-France quelques semaines plus tard.
Le BEG, ancêtre de la Direction des applications militaires (DAM), est créé au sein du CEA le . Le 1er, le général Albert Buchalet en prend la direction et reçoit l’ordre oral de fabriquer la bombe, puis le un protocole secret est signé entre les Armées et le CEA, qui est reconnu comme maître d’œuvre en matière d’armement atomique. Le ministre chargé de l’Énergie atomique Gaston Palewski fait porter le budget quinquennal du CEA de 40 à 100 milliards de francs, inscrivant le programme militaire nucléaire français dans la durée.
Le , le CEA intègre les spécialistes du Service des poudres de l’Armée dans un centre consacré à la détonique au fort de Vaujours. Depuis la fin de l’année 1954, le CEA disposait d’un terrain 30 hectares à Bruyères-le-Châtel (près d’Arpajon), financé par des fonds du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE). En , il accueille le nouveau centre d’études nucléaires du BEG, la première équipe scientifique arrivant en . À partir de 1957, des annexes de ces deux centres sont construits à Valduc, en Bourgogne, et à Moronvilliers, en Champagne, pour mener des études de neutronique et de criticité sur le plutonium loin de Paris.
Le programme étant sous la direction du CEA, et malgré leurs résistances, les militaires ne peuvent que reconnaître le leadership du CEA. Ainsi, ce n’est qu’en 1958, sous contrainte du général de Gaulle, que les ingénieurs de la section atomique de la direction des études et fabrications d’armement (DEFA) intègrent le BEG. Ils trouveront la solution de l’amorçage neutronique, qui sera utilisé dans l’essai atomique de .
17 mars 1964 : lancement du sous-marin expérimental Gymnote (S655).
En 1960 fut décidée la construction du sous-marin expérimental lance-missiles S655 Gymnote. Des éléments de coque prévus pour la construction du sous-marin Q 244, qui aurait dû être le premier sous-marin à propulsion nucléaire français — mais auquel on renonça en 1959 du fait du choix d’une technologie de propulsion nucléaire inadaptée — furent utilisés pour la construction du Gymnote.
Le sous-marin Gymnote fut conçu par l’ingénieur de l’Armement André Gempp, également concepteur du bathyscaphe FNRS 3, des sous-marins de la classe Daphné et des SNLE de la classe Le Redoutable.
Lancé le , mis en service le , ce sous-marin expérimental servit aux essais de lancement des missiles MSBS destinés aux futurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe Le Redoutable. Pour ce faire, le Gymnote fut équipé de 4 tubes verticaux lance-missiles. Véritable laboratoire d’essais pour les armes et équipements des sous-marins à propulsion nucléaire, il permit les expérimentations des missiles MSBS jusqu’au M4.
Il est désarmé le 1er et sa coque vendue puis démolie à Saint-Nazaire en .
Équipage | |
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Équipage | 8 officiers 38 officiers mariniers 45 hommes d’équipage |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 84 m |
Maître-bau | 10,6 m |
Tirant d’eau | 7,6 m |
Déplacement | 3 000 t en lège 3 250 t en charge |
Propulsion | 2 diesels électriques 2 ensembles de batteries du type Daphné |
Puissance |
3 × 956 000 W (1 300 ch) 4 diesels SEMT Pielstick 12PA2 (4 × 620 000 W) pour l’usine électrique |
Vitesse | 11 nd (surface) 10 nd (plongée) |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 4 tubes lance-missiles missiles M20 puis M4 |