19 octobre : Armilustrium (Rome antique).
Dans la Rome antique, l′Armilustrium est une fête religieuse célébrée le 19 octobre près du Vicus Armilustri en l’honneur du dieu Mars, pour purifier les armes après les campagnes militaires de l’année.
Le mois d’octobre marquait dans la Rome archaïque la fin des actions militaires et la démobilisation des soldats, avec plusieurs cérémonies, le rituel du Cheval d’octobre (October equus) aux Ides d’octobre (15 octobre) et la purification des armes (Armilustrium, notée ARM sur le calendrier romain) le 19 octobre.
On sait assez peu de choses sur l’Armilustrium, à partir de seulement quelques brèves définitions des auteurs antiques. Varron donne plusieurs définitions du mot :
- la première : Armilustrium (lieu où se faisait la revue religieuse de l’armée) vient de ambire (aller autour) et de lustrum (purification, revue),
- la seconde : Armilustrium, jour férié, qui doit ce nom au lieu appelé armilustrium, où les soldats célèbrent des jeux sacrés, à moins plutôt que le lieu ne doive son nom à cette sorte de jeux ; mais, quelle qu’en soit l’origine, armilustrium dérive évidemment de ludere (jouer) ou de lustrare (parcourir), comme l’indique l’exercice auquel se livrent les soldats, et qui consiste à tourner en jouant, armés de boucliers.
L’origine du mot donnée par le dictionnaire Gaffiot est plus étymologique, en le tirant de arma, arme et du verbe lustro, -are, « purifier par un sacrifice expiatoire ».
Festus énonce que « c’était, chez les Romains, une fête dans laquelle ils accomplissaient armés les cérémonies divines, et sonnaient de la trompette durant le sacrifice ».
Sur la base de ces indications, Georges Dumézil synthétise la cérémonie de la façon suivante : des hommes en armes représentant l’armée faisaient des sacrifices au son des trompettes, puis les boucliers sacrés étaient promenés à travers la ville.
La nature du sacrifice n’est pas précisée dans les descriptions de l’Armilustrium, mais vraisemblablement un suovetaurile (sacrifice d’un porc, d’un mouton et d’un taureau) est offert au dieu Mars, comme il est d’usage pour les lustrations effectuées par les censeurs en préliminaire et en clôture des opérations de recensement.
L’emplacement de la cérémonie donne son nom au vicus armilustrium (vicus : quartier en latin). Il était localisé à proximité de la colline de l’Aventin, d’après une indication de Plutarque qui situe près du lieu nommé armilustrium l’emplacement de la tombe de Titus Tatius, collègue royal de Romulus. Cette appellation apparaît aussi sur quelques inscriptions lapidaires trouvées à Rome.
19 octobre -202 : bataille de Zama (Tunisie).
La bataille de Zama est l’affrontement final et décisif de la deuxième guerre punique survenu en – Elle voit s’affronter, d’une part, les armées romaines dirigées par Scipion l’Africain et la cavalerie numide menée par le roi massyle Massinissa et, d’autre part, les Carthaginois commandés par Hannibal Barca. Ce dernier y subit une lourde défaite et en perd la guerre. Peu après, le Sénat carthaginois signe un traité de paix qui met fin à 18 ans de guerre.
Le lieu de la bataille, Zama Regia, se trouverait près de Siliana (nord-ouest de la Tunisie). Une inscription trouvée à Thagaste (actuelle Souk Ahras) situe l’emplacement de Naraggara à 20 milles, sur la route de Carthage. Tite-Live situerait la bataille à proximité de Naraggara, alors que Polybe la situe un peu plus à l’est, à Margaron.
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Des deux côtés, les généraux ont élaboré un plan très précis d’attaque. Hannibal Barca fait placer en première ligne 80 éléphants, en deuxième ligne les mercenaires gaulois et ligures, en troisième ligne l’infanterie carthaginoise et africaine. À quelque distance, d’autres mercenaires, des vétérans recrutés lors de la campagne d’Italie, doivent servir de réserve. Aux deux ailes se trouve la cavalerie ; à droite, celle des Carthaginois, à gauche, celle des Numides.
On peut reconstituer le plan d’Hannibal : faire charger les éléphants, puis envoyer les mercenaires gaulois et ligures dans un premier assaut qui doit affaiblir les Romains, ensuite faire intervenir la ligne des Carthaginois (beaucoup plus solide) et enfin les vétérans italiens pour assurer la victoire. Dans cette armée composée d’hommes si différents par leurs nationalités, leurs langues, leurs armes et leurs modes de combat, il est difficile de parvenir à harmoniser les consignes traduites par des interprètes, et Hannibal s’efforce de motiver les combattants : aux mercenaires il promet une solde supplémentaire, aux Carthaginois et aux Numides il représente la ruine de leur pays en cas de défaite.
Cependant, les dispositions prises par Scipion rendent la tactique d’Hannibal totalement inefficace. En effet, rompant avec la formation compacte en quinconce de l’infanterie utilisée par l’armée romaine, Scipion laisse des passages libres entre les manipules (unités tactiques de la légion) et place dans ces intervalles des vélites (soldats d’infanterie légère) qui pourront évoluer facilement et désorienter les éléphants. Sur l’aile gauche, il dispose la cavalerie italienne et, à droite, la cavalerie des Numides conduite par Massinissa, allié des Romains.
Conformément au plan d’Hannibal, la charge des éléphants marque le début du combat mais, affolés par le vacarme des clairons et des cors romains, les pachydermes se retournent contre leur propre armée. Seuls quelques-uns continuent à avancer vers les troupes romaines. C’est alors que la disposition adoptée par Scipion montre sa supériorité : les cornacs engagent leurs bêtes dans les passages laissés libres et les vélites peuvent lancer leurs javelots sur les flancs des animaux, exposés des deux côtés à la fois. Les deux ailes de l’armée d’Hannibal, les cavaleries carthaginoise et numide souffrent de la débandade des éléphants. Lorsque, à leur tour, les deux infanteries s’affrontent, les forces sont déjà inégales. Les auxiliaires gaulois et ligures, comme Hannibal l’a prévu, ne peuvent longtemps résister et se mettent à reculer vers la troisième ligne, celle des Carthaginois et des Africains. Ceux-ci refusent de leur faire place dans leurs rangs et se battent pour repousser à la fois leurs mercenaires et les Romains.
Scipion adopte ensuite la tactique utilisée par Hannibal lors de la bataille de Cannes : les deuxième et troisième lignes des légionnaires sont envoyées aux ailes et commencent un mouvement tournant encerclant les Carthaginois qui continuent à se battre contre la première ligne. À partir de ce moment, la victoire est acquise pour les Romains, de plus, les cavaleries de Massinissa et Caius Laelius reviennent et prennent à revers l’infanterie carthaginoise qui est massacrée. Privés de l’aide des éléphants, de leur cavalerie et de leurs mercenaires, quelques rares Carthaginois prennent la fuite. Environ 20 000 hommes périssent dans leurs rangs et 10 000 sont faits prisonniers, ainsi que onze éléphants. Les Romains, quant à eux, n’ont à déplorer qu’environ 1 500 morts. Ayant pu regagner Carthage, Hannibal déclare à ses concitoyens qu’il vient de perdre non pas une bataille, mais la guerre. Carthage doit accepter un traité de paix désastreux pour elle : elle perd l’Espagne, doit livrer sa flotte et ses éléphants de combat, payer en cinquante annuités une indemnité de 10 000 talents et ne peut plus mener aucune guerre sans l’autorisation de Rome. Revenu à Rome, Scipion célèbre un triomphe magnifique et reçoit de ses soldats le surnom d’Africain.
Contrairement au traité de paix de la première guerre punique qui définissait les limites entre deux aires d’influence, la paix conclue par les Carthaginois après cette défaite sur leur sol sanctionne la fin de l’hégémonie de Carthage en Méditerranée occidentale. Carthage perd l’Espagne et n’a plus qu’un faible pouvoir de contrôle de sa périphérie proche. Or cette même aire d’influence est par la suite progressivement grignotée par Massinissa qui profite de l’impuissance de l’ancienne orgueilleuse cité et du soutien romain qu’il obtient en s’alliant à la République romaine. Toutefois, Carthage entreprend avec succès de développer son agriculture dans sa chôra (territoire continental) et se met à retrouver peu à peu une partie de son ancienne richesse.
Lors de la troisième guerre punique, Carthage ne sera plus dans les faits une véritable menace pour Rome. Mais, celle-ci prendra pour prétexte la tentative de riposte des Carthaginois aux grignotages incessants des Numides pour intervenir en Afrique et détruire la ville après un siège de trois ans, répondant au vœu de Caton l’Ancien : « Carthago delenda est » (« Carthage doit être détruite »).
19 octobre 1783 : premier vol humain en montgolfière (à la Folie Titon – aujourd’hui rue de Montreuil – Paris).
Un mois, jour pour jour, après le premier vol de trois animaux (un coq, un canard et un mouton) dans la cour du château de Versailles et devant le couple royal, c’est au tour de Pilâtre de Rozier puis Réveillon et Vilette d’effectuer le premier vol captif humain de l’histoire.
19 octobre 1813 : fin de la bataille de Leipzig (Allemagne).
Même si les Alliés de la 6e coalition déplorent plus de pertes que la Grande Armée (environ 60 000 contre 50 000) à l’issue de ce que l’on appelle aussi, la bataille des Nations, celle-ci sanctionne l’incapacité de Napoléon à vaincre de manière nette l’ensemble de l’Europe liguée contre lui. C’est lors de cet affrontement que meurt le maréchal Poniatowski : resté face à l’ennemi pour couvrir la retraite de Napoléon, il est pris au piège lorsque les sapeurs français font sauter, trop tôt, le seul pont sur la rivière Helster. Blessé à trois reprises lors des combats, il tente néanmoins de franchir à la nage le cours d’eau mais meurt noyé, pendant que 12 000 de ses hommes sont faits prisonniers. Jozef Antoni Poniatowski est le seul général étranger (Polonais) à avoir été élevé à cette dignité. Il a son nom sous l’arc de triomphe.
19 octobre 1917 : début de la guerre électronique (Paris – Lyon).
« Un autre exemple de guerre électronique concerne les raids des Zeppelin sur la France et l’Angleterre. On disposait alors, dans ces deux pays, de chaînes radiogoniométriques, depuis 1915 seulement pour la France. Ferrié s’était en effet opposé, avant la guerre, à l’achat d’appareils Marconi, et la section technique du Génie, chargée d’expérimenter deux radiogoniomètres Bellini-Tosi achetés en 1914, les avait longtemps gardés en caisse. Les écoutes permirent de relever les caractéristiques propres à ces raids : d’abord, avant leur départ, les Zeppelin essayaient leurs postes de TSF, dont la note particulière donnait l’éveil et permettait d’alerter les moyens de protection, « saucisses » et chasse. Ensuite, les Zeppelin se dirigeaient au moyen de relevés goniométriques : aussi bien en France qu’en Angleterre, ces liaisons furent brouillées avec succès.
Certains disent même qu’ayant remonté le système de chiffrement correspondant, on put envoyer de faux messages pour les égarer. Quoi qu’il en soit, les brouillages rendaient leur retour très difficile, et on s’aperçut qu’ils utilisaient pour se repérer la station de la tour Eiffel. Au cours du raid du 19 octobre 1917 (11 Zeppelin), Ferrié arrêta le fonctionnement de cette station et la remplaça par Lyon La-Doua, dont l’équipement était identique. Un Zeppelin finit sa course près de Sisteron et un autre se perdit en Méditerranée ; peut-être avait-il été entraîné par le mistral ! »
Louis RIBEDEAU-DUMAS