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23 novembre 1248 : Séville tombe aux mains de Ferdinand III de Castille.
Quelques mois à peine après l’invasion des troupes musulmanes dans la péninsule ibérique en avril 711, Moussa Ibn Noçaïr parvient à conquérir Séville. La ville occupe le cœur de l’activité politique d’Al-Andalus avant que la capitale ne se fixe définitivement à Cordoue. Les premiers temps de l’Islam à Séville sont bénéfiques. La ville retrouve assez rapidement sa prospérité passée par la mise en valeur des campagnes alentour et le retour en grâce des Juifs, persécutés par les Wisigoths.
L’arrivée à Cordoue d’Abd al-Rahman 1er, qui fonde l’émirat omeyyade en 756, marque le début d’une longue période de révoltes vis-à-vis du pouvoir central. Les entreprises successives de rébellion seront à chaque fois étouffées par les troupes émirales, de manière plus ou moins violente. Ces soulèvements réguliers sont néanmoins le signe de la difficulté pour le pouvoir cordouan d’imposer correctement son autorité. Le premier grand chantier entrepris, dans une cité qui se développe à un rythme soutenu, est celui de la construction de la grande mosquée, à partir de 829-830, à l’emplacement actuel de l’église du Salvador. Cette époque est également marquée par les incursions dévastatrices et répétées des Vikings, qui pénètrent jusqu’à Séville par le Guadalquivir. La première de ces incursions, en 844, est marquée par un bilan désastreux. Les autorités décident dès lors la construction de chantiers navals et la constitution d’une flotte, qui permet de repousser les tentatives d’incursion postérieures. Si Séville prospère économiquement et culturellement à la fin du IXe siècle, elle subit de plein fouet les conséquences d’une guerre ouverte opposant différents clans cherchant à accaparer le pouvoir dans la cité. Les vainqueurs de cette crise, les Banu Hadjdjadj, cherchent à se soustraire à la domination des émirs, avant de se soumettre en 902.
L’arrivée sur le trône d’Abd al-Rahman III en 912 signe le retour en force de Séville dans le giron cordouan. La fermeté de l’émir, autoproclamé calife en 929, permet d’affermir le pouvoir des omeyyades dans la ville, dont les velléités rebelles sont matées, et les murailles abattues en guise de châtiment. Elle conserve toutefois un rôle non négligeable dans le dispositif militaire de l’État cordouan et continue son développement. Les premières pierres de ce qui deviendra plus tard l’actuel alcazar sont posées au Xe siècle. La chute du Califat en 1031 libère Séville de sa tutelle musulmane. Surgissent alors dans tout Al Andalus des taïfas. Celle de Séville est l’une des plus puissantes et absorbe peu à peu nombre de territoires voisins. Sous la dynastie des Abbadides, la cité connaît une période d’apogée culturelle. La cour des souverains sévillans est le lieu d’une intense activité artistique et littéraire, marquée par un raffinement dont la renommée traverse rapidement le Guadalquivir.
Face au danger que représentent les troupes d’Alphonse VI de Castille après la prise de Tolède en 1085, Abbad III al-Mutamid décide de faire appel à l’émir almoravide Youssef Ibn Tachfin. Après plusieurs interventions, il envahit Al Andalus à partir de 1090. Séville tombe en 1091. L’échec des Almoravides, incapables de s’incorporer dans la population autochtone, et de plus en plus en difficulté face aux royaumes du nord de l’Espagne, entraîne le débarquement des Almohades en 1147. La construction d’une nouvelle grande mosquée est décidée par le calife Abu Yaqub Yusuf en 1172. Son minaret, la Giralda, édifiée entre 1184 et 1198, témoigne de l’architecture de l’époque. Par ailleurs, l’alcázar est réhabilité et la muraille est reconstruite et dotée de puissants éléments défensifs, dont la Torre del Oro. La décomposition progressive du pouvoir almohade commença à la suite de la Bataille de Las Navas de Tolosa en 1212.
La ville finit par être conquise par Ferdinand III de Castille, lors du siège de Séville qui s’acheva le après 18 mois de siège et d’offensives tant terrestres que fluviales. Après cette conquête les rois et le clergé catholique veulent peu à peu remodeler la ville : destruction de la mosquée, remplacée par une cathédrale (que l’on veut l’une des plus vastes de la chrétienté), construction de nouveaux palais, d’églises et de couvents. En revanche la judería change peu. Si la capitale du royaume de Castille est Burgos, la cour est en fait itinérante, et de nombreux souverains prennent plaisir à séjourner plus ou moins durablement à Séville (dont Alphonse X le Sage, Pierre 1er le Cruel). Cela stimule l’activité du bâtiment, l’artisanat d’art, la vie culturelle. Grâce à l’irrigation développée par les Arabes, les campagnes de la région sont florissantes. Comme les navires de l’époque ont un faible tirant d’eau, on peut embarquer à Séville pour les navigations océanes (Vespucci, Magellan). La cité est débordante de vie, et Isabelle la Catholique crée une Bourse du commerce en 1503. On a peut-être exagéré l’importance de Séville en lui attribuant alors 400 000 habitants, mais, même si elle n’en comporte que 200 000, c’est l’une des plus grandes villes du monde de cette époque.
23 novembre 1757 : naissance du futur général d’Empire Jean André Valletaux.
Né dans une famille d’un père agriculteur, André Valletaux, sieur de la Plante, et de Marie Valletaux, Jean André Valletaux entre au service comme simple soldat dans le régiment d’Aunis (31e régiment d’infanterie de ligne) le 1er, dans lequel un de ses frères sert déjà en qualité d’officier. Il devient caporal le , sergent le 1er, sergent-major le 1er et enfin adjudant-sous-officier le , en pleine Révolution.
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Sous l’ordre du ministre de la Guerre, il est choisi pour remplir les fonctions d’adjudant-sous-officier dans la Garde constitutionnelle du Roi Louis XVI. Il sert dans ce dernier corps lorsque, le , le peuple, échauffé par les Jacobins, force l’entrée du palais des Tuileries, fait irruption dans les appartements et contraint le roi à se coiffer du bonnet rouge. L’adjudant Valletaux, qui n’est pas de service, vient au palais et se présente dans l’appartement du roi au moment où la reine Marie-Antoinette, tenant le dauphin dans ses bras, y entre par une autre porte. Il protège la souveraine en s’interposant face aux révolutionnaires. Une personne de la Cour lui fait l’observation que ses expressions sont déplacées en présence de Leurs Majestés, la reine, qui a entendu l’interlocuteur, se hâte d’intervenir en disant : « Ah ! Laissez-le dire ; plût à Dieu que tous les Français lui ressemblassent ! ». Le lendemain, la reine lui fait donner un logement au Garde-Meuble.
Bien que la Garde constitutionnelle du Roi ait été licenciée peu de temps après, il ne quitte cependant pas Paris, quoique sans emploi. Dans la journée du , il se rend encore au palais des Tuileries et rejoint les serviteurs qui entourent le Monarque pendant que l’on massacre les Gardes suisses dans les cours du château. Quelques personnes donnent au roi le conseil de prendre une résolution énergique, mais Louis XVI veut éviter une effusion de sang. Tout à coup une députation de l’Assemblée législative, qui a traversé le jardin, arrive aux Tuileries, se présente au roi et l’engage à se réfugier avec sa famille au sein de l’Assemblée. C’est alors, parmi les assistants, un sauve-qui-peut général. L’adjudant Valletaux descend, avec quelques autres personnes, dans les cuisines donnant sur le jardin des Tuileries, espérant y trouver une issue. Mais tout est fermé et il faut perdre quelques minutes pour enfoncer une porte. Pendant ce temps, les Jacobins, armés de piques, envahissent le jardin. Valletaux parvient néanmoins à se faire jour, accompagné de deux grenadiers et il se dirige du côté de l’Assemblée législative, où il a l’intention de chercher un refuge. Ses deux camarades sont massacrés au moment où ils mettent, tous les trois, le pied sur le seuil de la porte de la salle des représentants. Valletaux réussit à se sauver et parvient à se réfugier dans sa chambre.
Pendant la nuit qui suit cette journée, les assassins, courant de porte en porte, recherchent dans leurs logements les anciens gardes du roi dont ils ont décidé l‘immolation. Plusieurs de ces militaires sont arrêtés, puis conduits à la prison de l’Abbaye, où ils sont égorgés avec les Suisses dans les journées de septembre. L’adjudant Valletaux, lorsqu’il entend les pas des égorgeurs se rapprocher du local qu’il habite, se revêt à la hâte de son ancien uniforme du régiment d’Aunis, qu’il a heureusement conservé parmi ses effets, et affirme aux émeutiers qui pénètrent chez lui qu’il appartient au 31e régiment d’infanterie, ce qui le sauve.
Quelques jours après, des officiers du 4e bataillon de volontaires de la Charente, qui viennent d’arriver du camp de Soissons à Paris et demandent à Valletaux s’il lui convient d’être leur chef. Il accepte la proposition et se rend au camp, où il est élu chef de bataillon et prend le commandement.
Le 9 pluviôse an II (), il est nommé chef de la demi-brigade des Lombards et reçoit les épaulettes de général de brigade le 23 Vendémiaire an III ( même année). Ces deux grades sont les résultats de sa participation aux trois premières campagnes à l’armée du Nord, des Côtes-de-Brest et des Côtes-de-l’Océan. Il a également été blessé au siège de Bois-le-Duc par un boulet.
Le 1er pluviôse an III (), il passe à l’armée des côtes de Brest, sous les ordres de Hoche. Il commande la colonne du centre lors de l’attaque et la prise du fort Penthièvre, le 2 thermidor suivant () où il reçoit un sabre d’honneur. Il est écrit à ce propos dans les Victoires et Conquêtes, page 221, tome IV : « La colonne du général Valletaux arrive la première au pied du retranchement des Royalistes et commence aussitôt l’attaque. Les Chouans qui gardaient les avant-postes sont surpris et égorgés. L’alarme se répand sur la ligne et autour du fort. Les canonniers émigrés sont à leurs pièces et font feu sur les Républicains, qui n’ont point d’artillerie à opposer à celle de leurs ennemis. L’humidité a d’ailleurs rendu leurs fusils inutiles ; la baïonnette seule leur reste pour combattre. Mais comment atteindre un ennemi retranché dans des ouvrages d’un difficile accès ? Le général Valletaux donne l’exemple, et s’élance sur les retranchements. Il est repoussé, ainsi que tous ceux qui l’ont suivi. La colonne du général Humbert s’avance avec une égale intrépidité sur les points qui lui ont été désignés : mais, doublement foudroyés par l’artillerie des émigrés et par les chaloupes anglaises qui se sont rapprochées de la côte, les Républicains sont ébranlés, oublient leur audace accoutumée et rétrogradent. Le vigilant Hoche accourt pour remédier au désordre. Lui-même se porte en avant avec quelques braves ; mais il reconnaît l’impossibilité de franchir les obstacles qui lui sont opposés. Le général Botta est blessé mortellement d’un coup de biscaïen. Son escorte épouvantée fuit en désordre. Tout semblait perdu. Le général Hoche, frémissant de rage et croyant avoir donné dans un piège, se disposait à ordonner la retraite, lorsqu’un bruit sourd et confus se fait entendre tout à coup. Les soldats s’écrient : « Ce sont les nôtres qui ont pénétré dans le fort ! » Hoche et les conventionnels Blad et Tallien, qui avaient suivi ce général jusque sous le feu des batteries, élèvent leurs regards sur le fort, alors éclairé par les premiers rayons du soleil. Quelle est leur surprise ! l’étendard tricolore a remplacé le drapeau blanc. Le cri de Victoire ! vole aussitôt de bouche en bouche. Il est répété par les Républicains, qui paraissent en cet instant sur les remparts du fort. » C’était Valletaux qui venait de s’en emparer…
Nommé au commandement du département des Côtes-du-Nord après l’affaire de Quiberon, il contribue à la pacification du pays. Un arrêté du Directoire du 1er vendémiaire an V () ayant supprimé l’état-major de l’armée des côtes de l’Océan, il demeure quelque temps sans emploi. Bernadotte, général en chef de l’armée de l’Ouest, le remet provisoirement en activité le 27 thermidor An VIII (), position dans laquelle il reste jusqu’au 10 frimaire an IX (1er ).
Élu membre du Corps législatif le 7 ventôse an X (), il siège dans cette assemblée jusqu’en 1809. Le 4 frimaire an XII () le Premier Consul Bonaparte le fait membre de la Légion d’honneur, et le 25 prairial suivant () il lui remet les insignes d’officier de l’Ordre.
En quittant le Corps législatif en 1809, il demande à rentrer au service actif, et le il obtient d’être employé à l’armée de réserve d’Allemagne et est nommé gouverneur de la ville de Bois-le-Duc. Il passe ensuite, le , à l’armée du Nord et prend le commandement d’une brigade dirigée sur Anvers, qui est attaquée par les Anglais. Il contribue à repousser les tentatives de l’ennemi et le , après la cessation des hostilités, il retourne dans ses foyers.
Le il est appelé à l’armée d’Espagne pour commander la 3e brigade de la division du général Bonet, formant l’arrière-garde du corps du duc d’Istrie, le maréchal Bessières qui opère dans les Asturies. Le général Bonet, secondé par les officiers de sa division, défait successivement les partis ennemis. Son quartier-général est placé à Oviedo. Ses troupes occupent Grado et tout le pays entre Santander et Léon et peuvent se porter en Galice, si la circonstance l‘exige.
Juan Díaz Porlier (dit le « Marquesito ») a réuni à Potes un parti qui prend chaque jour de nouvelles forces. Se repliant devant le général Serras, que le général Kellermann a envoyé pour dissiper ses troupes, le Marquesito, dans le courant de septembre, s’est jeté dans les Asturies espérant attaquer avec succès le général Bonet dans Oviedo. Le 14 de ce mois, les avant-postes français découvrent le chef espagnol, qui s’est avancé à quatre lieues de la ville à la tête de trois mille hommes. Bonet marche contre lui, l’attaque, lui tue quatre mille hommes, détruit presque entièrement sa cavalerie, lui fait plus de trois cents prisonniers, et disperse le reste.
Le , Portier, déjà battu par le général Bonet, se présente tout à coup devant Gijón, port de la côte des Asturies, au moment où une escadre anglaise et espagnole s’approche du port et débarque deux mille cinq cents hommes de troupes, et force le colonel Cretin à se replier à une lieue de la ville ; mais le lendemain le colonel a reçu des renforts suffisants, marche sur Gijón et force l’ennemi à se rembarquer précipitamment en laissant plusieurs centaines de tués et de blessés sur la plage.
Deux jours après, le 20 du même mois, un corps de 5 à 6 000 Galiciens vient attaquer sa brigade à Fresno et à Grado mais cette nouvelle tentative des Espagnols n’a pas plus de succès que celle tentée trois jours auparavant sur Gijón. Le , un corps de 5 000 Galiciens se porte devant l’avant-garde du corps d’armée français qui occupe le Royaume de León. Cette avant-garde est postée près d’Oviedo. Il a 1 500 hommes ; il marche en direction de l’ennemi et le rencontre au village de Fresno ; une fusillade s’engage. Les Galiciens, supérieurs en nombre, dirigent leurs efforts sur le centre français ; ils gagnent du terrain et manœuvrent pour entourer nos deux ailes, après les avoir isolées l’une de l’autre. Après avoir reçu des renforts, il en profite pour tourner la gauche des Espagnols, manœuvre qui les oblige à se reporter en arrière. Le centre français peut alors rentrer en ligne et reprendre ses positions. L’ennemi, enfoncé à son tour, se retire en désordre. Les Espagnols sont encore battus et chassés au-delà de la Narcea, après avoir perdu beaucoup de monde.
Le au matin, un corps de 6 000 hommes de l’armée de Galice se porte sur l’avant-garde du général Bonet, commandée par le général Valletaux et postée en avant d’Oviedo, mais est repoussé une nouvelle fois. Les reconnaissances françaises trouvent l’ennemi à cheval sur les routes de Miranda et de Belmonte. Il forme son centre de huit compagnies, sous le commandement du chef de bataillon Andreossy et se place lui-même à Fresno avec un bataillon du 118e régiment. Les Espagnols se présentent et couronnent tous les mamelons de la montagne. La fusillade s’engage. L’ennemi le centre des Français, qu’il espère enfoncer ; il a réussi à gagner un espace de terrain assez étendu et manœuvre pour entourer les deux ailes françaises, dès qu’il les a isolées l’une de l’autre, lorsque le chef de bataillon Lenouand arrive sur la position avec quelques renforts. Il profite de cet événement pour détacher deux compagnies du 118e, chargées de tourner la gauche de l’ennemi. Ce mouvement réussit et force l’ennemi à se porter en arrière. Le centre peut alors rentrer en ligne et reprend aussitôt ses positions. Les Espagnols, enfoncés à leur tour, sont obligés de se retirer en désordre et les Français les poursuivent jusque dans Belmonte et Miranda.
Le Marquesito, refoulé dans les montagnes, ne tarde pas à y réunir de nouvelles forces, et, vers la fin du mois de , il en redescend avec une bande de 3 à 4 000 hommes. Battu, il court se réfugier dans les montagnes de Merès, où, selon leur coutume, ses guérillas se dispersent.
Le suivant, le général Bonet, informé que Porlier réunissait son monde pour se porter vers les frontières de Galice, ordonne une forte reconnaissance sur la Navia. Le général Valletaux, chargé de cette opération, marche dans la direction indiquée ; mais ses recherches sont vaines et il revient à Tineo sans avoir pu rencontrer l’ennemi. Cependant, ayant appris, peu après, qu’un détachement considérable occupe vers Cangas de Tineo la forte position de Puelo, il se porte à la rencontre de l’ennemi.
Le 18, au matin, la colonne française, forte de 1 500 hommes, attaque la montagne escarpée de Puelo, défendue par 6 000 guérillas. Le capitaine Pellerin, à la tête d’une compagnie de grenadiers, enlève à la baïonnette un rocher sur lequel l’ennemi appuie sa défense, pendant qu’une compagnie de voltigeurs pénètre dans le village adossé au rocher. Les Espagnols, surpris par cette double attaque, lâchent pied, abandonnant leurs morts, leurs blessés et une centaine de prisonniers. Le duc d’Istrie, commandant l’armée du Nord en Espagne, ayant appris qu’un rassemblement de Galiciens se forme dans la vallée du Vierzo, détache le corps du général de division Bonet sur Léon pour assurer les communications entre cette ville et les Asturies. L’avant-garde espagnole se présenta sur Benavidès ; mais elle est attaquée et repoussée par le général Valletaux, qui se porte à sa rencontre avec trois bataillons et soixante chasseurs. Les tirailleurs français poursuivent les fuyards jusqu’à Quintanilla del Valle, où l’armée ennemie, forte de 7 000 combattants, a pris position. Valletaux veut se retirer avec ses hommes mais, engagé trop en avant, il se résout à attaquer les Espagnols.
Les Français marchent sur l’ennemi, le repoussent et le contraignent à prendre une nouvelle position au-delà du village qu’ils viennent d’enlever. Pour assurer ce succès, il envoie le 119e régiment d’infanterie prendre poste à droite au-delà du village, et place le 122e en face des colonnes ennemies qui se forment sur les routes de Fontoria et de Quintana-Dejor, tandis que le chef de bataillon Durel tient en respect sur la gauche un détachement de troupes venu d’Astorga et qui s’efforce de le tourner. Le combat ne tarde pas à s’engager de nouveau, mais les soldats français restent maîtres du champ de bataille après avoir infligé des pertes de six cents hommes à leurs adversaires. Les colonnes ennemies se retirent au-delà d’Astorga. Cette journée vit toutefois pour les Français la mort du général Valletaux, tué dans l’action lors d’une attaque espagnole.
L’Empereur ignore encore la mort du général Valletaux lorsqu’il le nomme commandant de la Légion d’honneur par décret du 1811. Il est élevé au grade de général de division à titre posthume.
Le nom du général avait été omis sur les tables gravées sous les voûtes de l’arc de triomphe de l’Étoile jusqu’à l’intervention du maréchal Soult, qui permet de graver le nom de Valletaux à la fin de la nombreuse liste des militaires français. Le général Valletaux est fait commandeur de la Légion d’honneur à titre posthume, dignité post mortem accordée par l’Empereur en personne l’élevant de fait au grade militaire de général de division. Inhumé près de la rivière d’Orbigo (Espagne), il est écrit cette épitaphe sur sa tombe :
Ci-git un général couronné par la gloire
et qui dans les combats ne fut jamais vaincu.
Passant, de Valletaux respecte la mémoire
il mourut en héros comme il avait vécu.
23 novembre 1808 : bataille de Tudela (victoire napoléonienne).
La bataille de Tudela est une bataille de la guerre d’Espagne disputée le près de Tudela, en Espagne. 40 000 Espagnols tentèrent de retenir 30 000 soldats impériaux. La bataille aboutit à la victoire écrasante des Français commandés par le maréchal Jean Lannes contre les Espagnols commandés par le général Francisco Javier Castaños. Les pertes espagnoles sont supérieures à 6 000 hommes, pour seulement 460 dans le camp français, mais les Français n’exploitent pas assez cette victoire, et permettent aux troupes espagnoles de se retirer sans plus de dégât.
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Après la bataille de Burgos, qui repousse l’armée espagnole de Blake vers le sud, Napoléon fait encore face à deux armées : celle de Castaños, au centre, qui borde le cours de l’Èbre, et celle de José de Palafox, au sud. C’est le maréchal Moncey qui fait face, avec le 3e corps, aux Espagnols ; il a pour ordre de rester immobile, le temps que le corps de Ney coupe la retraite à Castaños, cible directe de l’Empereur.
L’armée du Centre occupait Calahorra et sur la rive droite de l’Èbre, allait jusqu’au voisinage de Lodosa pour faire sa jonction avec la réserve de Palafox, qui elle occupait la rive de l’Arga jusqu’à son confluent avec le Rio Aragon, en face de Falces, Peralta et Milagro où étaient cantonnées les forces française de Moncey. Mais celui-ci n’a pas satisfait par ses opérations les ordres de Napoléon ; ce dernier demande donc, le , à Jean Lannes d’avancer jusqu’à Tudela selon le programme suivant : le 21 à Lodosa, le 22 à Calahorra, le 23 à Tudela. En arrivant à Logroño, où il rassemble quelques troupes, Lannes ordonne à Moncey de traverser l’Èbre vers Lodosa afin de joindre ses forces aux siennes. Une fois à Lodosa, Lannes doit prendre le commandement général.
Tandis que les Français organisent une offensive rapide et soigneusement préparée, les armées espagnoles de l’Èbre se trouvent dans les pires conditions pour affronter avec succès l’ennemi. « La qualité des troupes et leur infériorité numérique ne leur permettaient pas de rivaliser avec les troupes aguerries des Français ».
Cette impréparation concerne les troupes ; pour ce qui est de leurs chefs, une grande mésentente s’est installée entre Castaños et Palafox, qui ne peuvent se mettre d’accord sur la façon de mener les opérations, Palafox, tirant orgueil de sa défense de Saragosse, se considère comme supérieur à son collègue.
Castaños avait réclamé le commandement unique des armées, mais la Junte Suprême tardait à le lui octroyer. Il pensait que le front qu’il avait créé depuis les flancs du Moncayo jusqu’à l’Èbre sur environ 50 km pouvait arrêter l’avance de l’armée française, mais au lieu des 80 000 hommes qui lui avaient été promis, il ne pouvait compter que sur 26 000. Juan O’Neylle avait le reste des forces espagnoles, mais celles-ci se trouvaient à Caparroso et Villafranca. Castaños envoya un émissaire avec une lettre à O’Neylle, lui demandant de venir à Tudela aussitôt que possible car les Français étaient en route et arriveraient d’un moment à l’autre. Le messager arriva à Caparroso à 17 heures le 21 novembre, O’Neylle lut la lettre et répondit : « Je comprends bien le caractère critique de la situation, mais mon chef est Palafox, et celui-ci m’a donné l’ordre de rester sur mes positions, malgré tout je suis prêt à marcher jusqu’à Tudela avec mes 20 000 hommes, mais ce sera demain à la tombée de la nuit, dès maintenant j’envoie une dépêche à Palafox pour qu’il me dise à quels ordres je dois me tenir. »
Dans l’après-midi, les unités d’Aragon commencèrent à se concentrer au lieu-dit Traslapuente7 (de l’autre côté de l’Èbre par rapport à l’armée de Castaños), mais ils ne franchirent pas le pont et campèrent à cet endroit, ayant ordre de ne pas traverser jusqu’à ce que Palafox ne l’ordonna. Castaños s’emporta alors en constatant que les renforts n’étaient pas à leur poste de combat alors que les Français étaient sur le point d’arriver.
Palafox, sommé de répondre se tut mais ne céda pas. Castaños, devant cette attitude qui mettait en péril la défense et la vie de milliers d’hommes, convoqua un conseil de guerre à Tudela, au palais du marquis de San Adrían et où se réunirent Palafox (qui était arrivé la veille de Saragosse, avec son frère Francisco Palafox), le général Coupigny et un observateur britannique, sir Thomas Graham. Palafox était opposé à l’établissement de la ligne sur le rio Queiles, se basant sur le fait que l’on ne disposait pas des effectifs suffisants pour résister à l’ennemi, il valait mieux se retirer sur Saragosse et défendre l’Aragon. Castaños proposait a contrario de défendre à cet emplacement.
Ainsi se passa une grande partie de la nuit du 22 novembre. Vers le milieu de la nuit, ils reçurent les premières informations disant que les Français avaient déjà pris Corella et Cintruénigo. La nouvelle arriva comme une bombe parmi les membres de la réunion, ensuite la nouvelle se répandit dans toute la ville, et au dire des témoins, déclencha une panique. Palafox, têtu, s’obstina sur ses positions : O’Neylle ne devait pas franchir l’Èbre. Sur quoi, Castaños le traita de couard, les reproches jaillirent, l’un et l’autre se traitèrent de tous les noms. Finalement, Palafox, à son grand dam, céda, et donna l’ordre que ses forces passent l’Èbre, mais exigea que chacun porte par écrit son opinion.
Le 22 novembre les forces espagnoles étaient déployées de la manière suivante :
- À Tarazona se trouvait Grimarets à la tête de trois divisions totalisant de 13 000 à 14 000 soldats. Son avant-garde est détachée sur la route d’Ágreda, par laquelle on supposait que viendrait l’ennemi d’un moment à l’autre.
- À Cascante se trouvait la quatrième division du général Manuel la Peña avec 8 000 hommes, en majorité des Andalous qui avaient participé à la bataille de Bailén.
- À Ablitas Castaños établit son quartier général. Il pensait couvrir l’espace entre Cascante et l’Èbre avec sa cinquième division et les renforts du maréchal O’Neylle et Felipe Augusto de Saint-Marcq (es) dont il attendait l’arrivée avec impatience.
Avec ces dernières troupes, les armées espagnoles comptent donc près de 50 000 hommes.
Lannes part de Burgos avec les lanciers polonais de Lefebvre-Desnouettes, et rassemble à Logroño la division d’infanterie Lagrange, la brigade de cavalerie légère d’Auguste Colbert (détachée du corps de Ney) et la brigade de dragons Digeon. Parti le 19 novembre, il arrive le 20 à Lodosa auprès de Moncey, qui cède devant les ordres de l’Empereur. Le 22, les troupes de Logroño sont réunies à celles du corps, qui comprend déjà les divisions Maurice Mathieu, Musnier, Morlot et Grandjean, ainsi que la brigade de cavalerie Wattier. L’armée réunit alors environ 30 000 hommes. Le 22, Lannes est à Alfaro. Le 23 novembre, il part accompagné des lanciers pour reconnaître le terrain vers Tudela.
Aux premières lueurs de l’aube du 23, les forces de l’armée de réserve de O’Neylle commencèrent à traverser les 360 m du pont sur l’Èbre. Ces forces étaient aragonaises en majorité, avec quelques volontaires navarrais, les uniformes grisâtres, et équipés à la diable, avec plus d’ardeur que de discipline, et beaucoup plus l’aspect d’un peuple en armes que d’une armée régulière. Quelques semaines plus tôt, le colonel de l’un des bataillons se plaignait que « ses gens avaient seulement des chemises et des caleçons, et que leurs fusils étaient inutilisables ».
La traversée de Tudela par les troupes, alors qu’il faisait encore nuit et que les rues de la vieille ville étaient très étroites, fut une tâche difficile. Il y eut un grand chahut, et les ruelles furent embouteillées. À cause de cela et aussi parce qu’ils arrivèrent tard dans la ville, les soldats tardèrent à occuper les positions qui leur étaient assignées ; en conséquence une grande partie du terrain resta sans protection, entre le monastère de Santa Quitéria et Cabezo Maya.
Le maréchal Lannes de son côté s’assura des alentours de la ville, alors que le soleil commençait à pointer depuis les monts de Cierzo. Lannes s’étonna qu’il n’y eut aucune sentinelle et de ne voir nulle part l’ennemi.
Pendant ce temps, les renforts finissaient de traverser le pont et le trafic des troupes, des voitures, des canons et de la cavalerie se réglait quelque peu dans les rues de la ville. On entendait les premières salves de canons et de fusillades tirées par les Français. Ceci mit fin à la dispute entre Castaños et Palafox – Résister ou se retirer ? En toute hâte, il fut nécessaire de prendre des dispositions défensives.
Il devait être sept heures du matin quand les premiers Français se rendirent maîtres du Castillo. Selon un historien de l’époque, ce fut à huit heures que l’on annonça l’arrivée des Français et que l’on commença à se préparer au combat.
Le champ de bataille est la zone comprise entre Tudela et les monts voisins que l’on trouve sur la gauche. Le front espagnol se déployait sur les collines de Santa Barbara, Tudela, Torre Monrreal, Santa Quiteria, le sommet de Maya, la colline où se trouvait l’ermitage de San Juan de Calchetas, et les villages de Urzante (disparu), Murchante, Castante. Comme séparation naturelle entre les Espagnols et les Français se trouve le rio Queiles, un affluent de l’Èbre.
Selon le rapport du général Castaños, Francisco Palafox voulut sortir avec son adjoint par la route qui lui paraissait la plus courte pour découvrir l’ennemi et se retrouva nez à nez avec une patrouille de dragons français, au débouché d’un tournant, et il dut tourner casaque en toute hâte. Comme les ruelles de la ville étaient pleines de soldats, l’entrée des Français fut retardée. Selon certains témoins, l’armée de réserve entama l’action dans la ville, les hommes de la division Roca attaquèrent bravement à la baïonnette, réussirent à déloger les patrouilles ennemies du sommet de Santa Barbara.
Une fois maîtres de la colline qui dominait Tudela, les bataillons Caro et Pinohermoso se déployèrent sur les flancs de la colline, prirent position sur les collines voisines, en face du plateau de Puntal del Cristo, d’où l’on découvrait à présent le gros des forces françaises de Mathieu.
Les volontaires de la division de Saint-Marcq se disposaient à occuper les hauteurs de la vallée du rio Queiles (Mont San Julian qui abrite aujourd’hui le cimetière et la colline de Santa Quiteria). O’Neylle, avec la majeure partie des troupes d’Aragon s’efforça d’organiser la défense aux abords de la ville, sur la route de Saragosse, dans l’attente des ordres du général Castaños à qui l’on avait accordé le commandement dans ce moment critique.
Entre huit et neuf heures, la surprise et la réaction se succédèrent rapidement dans Tudela. La surprise avait été totale, la confusion atroce, mais la réaction fut violente et énergique, bien que conduite dans les pires conditions.
Ce recul des Français fut suivi d’une période de calme relatif. C’est à la fin de cette accalmie que Lannes conçut son plan de bataille, après avoir observé les lignes de défense espagnoles et surtout au vu des failles de l’adversaire, qui étaient non seulement nombreuses mais importantes. Il négligea l’armée qui se trouvait à Tarazona et se concentra sur la ligne qui va de Tudela à Cascante, la partie la plus vitale et aussi la plus dégarnie.
Les premières décisions de Lannes concernèrent les objectifs suivants :
- Attaque partielle du flanc droit espagnol (Tudela) par Mathieu.
- Reconnaitre et tester le centre (Monts de la rive du rio Queiles jusqu’à Urzante), tâche pour laquelle il garda en réserve les divisions Morlot et Granjean.
- Lancer le gros de sa cavalerie contre celle de Cascante pour éviter que le général La Peña n’étende ses lignes jusqu’à Tudela.
- Rester face à la gauche espagnole, avec la division Musnier et la brigade Digeon, afin de donner à la division Lagrange le temps d’arriver en position.
La division Mathieu fut la première à attaquer le Castillo pendant que la division Musnier restait sur le plateau de Puntal del Cristo, avec les dragons de Digeon et Lannes, attendant Lagrange.
Suivant les ordres, les généraux Mathieu et Habert formèrent leurs troupes en colonne d’attaque et attaquèrent les Espagnols, précédés d’un bataillon de tirailleurs. Mathieu marchait à la tête du 2e régiment étranger de la Légion de la Vistule, et Habert devant le 14e de ligne.
Le choc survint peu après neuf heures du matin ; il eut lieu sur les trois collines des contreforts du Canraso qui s’étend en face de Tudela. Avant cette attaque, Castaños renforça le château de Santa Barbara avec des Aragonais qui venaient de passer le pont.
L’aile droite subit donc la charge de Mathieu ; le centre, après une vive canonnade, fut enfoncé par Morlot et Grandjean, Lefebvre et Colbert profitant de la trouée pour encercler le reste de l’aile droite. Lannes confie à Moncey l’élimination du reste de ces deux parties ; lui-même, avec Musnier et Digeon, attend Lagrange pour attaquer la gauche espagnole. La division fait reculer, avec l’aide des dragons, le reste de l’armée espagnole.
Les Français ont fait prisonniers 3 000 Espagnols, 4 000 d’entre eux étant tués ou s’étant noyés dans l’Èbre. 40 pièces d’artillerie et sept drapeaux furent également pris.
De leur côté, les Français n’ont perdu que 460 hommes.
Lannes, victime d’une grave chute de cheval en passant en Espagne, ne peut plus se mouvoir après la bataille. Il confie donc à Moncey de poursuivre les forces de Palafox sur Saragosse, tandis que Mathieu, Lagrange et Colbert suivent les traces de Castaños sur Calatayud.
La victoire est totale, et si Ney est à Ágreda, les forces de Castaños seront encerclées. Mais le maréchal Ney pense que Lannes a été défait ; il n’est pas à son poste, et les troupes de Lannes le rejoignant n’empêchent pas la retraite de Castaños par Agreda.
Lannes envoie également son aide de camp Marbot porter la nouvelle de la victoire ; à cause de l’absence de Ney, Marbot manque de peu de se faire prendre, et ne transmet son message que le 26 novembre.
Ney et Moncey, qui avancent lentement, n’arrivent à Saragosse que le 30 novembre. Ney est rappelé par Napoléon pour une offensive dans le León, et est remplacé sous les murailles de la ville par Mortier. La victoire française a donc obligé Palafox à rejouer le siège de Saragosse, mais la lenteur des poursuivants a permis aux Espagnols de se fortifier fortement.
23 novembre 1833 : mort à 71 ans du général Jean-Baptiste Jourdan.
Jean-Baptiste Jourdan, né le à Limoges dans la Haute-Vienne et mort le à Paris, est un militaire français ayant accédé à la dignité de maréchal d’Empire. Fils de chirurgien, il est éduqué par son oncle à la mort de ses parents et décide de s’engager dans l’armée royale. Après une courte participation à la guerre d’indépendance des États-Unis, il retourne à la vie civile et s’installe à Limoges à la tête d’un petit commerce. Au moment où éclate la Révolution française, il adhère aux idées républicaines, ce qui lui permet d’obtenir le commandement d’un bataillon de volontaires.
Favorisé par son républicanisme affiché, Jourdan devient un brillant général de la Révolution : il est vainqueur à Wattignies et surtout à la bataille de Fleurus, le , événement qui sauve la France d’une invasion et qui lui vaut une popularité immédiate. La même année, il remporte encore les batailles de Sprimont et d’Aldenhoven qui permettent le rattachement de la rive gauche du Rhin jusqu’en 1814. Par la suite, ses campagnes de 1796 et de 1799 en Allemagne se révèlent moins heureuses face à l’archiduc Charles et il est battu plusieurs fois, notamment à Amberg, Ostrach et Stockach. Parallèlement à ses activités militaires, il se montre actif en politique et fait voter en 1798 la loi Jourdan-Delbrel qui met en place la conscription. Rallié à Napoléon Bonaparte, il est élevé à la dignité de maréchal d’Empire en 1804.
Toutefois, ses opinions politiques le desservent auprès de l’Empereur et les relations entre les deux hommes restent tendues. Tenu à l’écart des titres, pensions ou dotations, le vainqueur de Fleurus est employé sur des théâtres d’opérations éloignés. D’abord chef d’état-major du roi Joseph à Naples, Jourdan est nommé major général de l’armée d’Espagne en 1808 mais son autorité se révèle rapidement contestée. Présent à la bataille de Talavera en 1809, puis à celle de Vitoria en 1813, il est rendu responsable de cette défaite par Napoléon et tombe en disgrâce. Après la chute de l’Empire, il mène une belle carrière au service des Bourbons et devient gouverneur des Invalides jusqu’à sa mort, en 1833.
Soldat sans génie militaire particulier, Jourdan se révèle en revanche un organisateur talentueux. Sous la Révolution, sa capacité à mettre rapidement sur le pied de guerre des armées dénuées de tout explique en grande partie ses succès. Conscient de ses lacunes, il n’en accepte pas moins à plusieurs reprises des postes à hautes responsabilités, et ce malgré un contexte défavorable qui le conduit souvent à l’échec. À Sainte-Hélène, l’Empereur rend hommage à son ancien subordonné : « en voilà un que j’ai fort maltraité assurément. Rien de plus naturel sans doute que de penser qu’il eût dû m’en vouloir beaucoup. Eh bien, j’ai appris avec un vrai plaisir, qu’après ma chute, il est demeuré constamment bien. Il a montré là cette élévation d’âme qui honore et classe les gens. Du reste, c’est un vrai patriote ; c’est une réponse à bien des choses. »
23-25 novembre 1863 : 3e bataille de Chattanooga (guerre civile américaine).
La troisième bataille de Chattanooga est un épisode célèbre de la guerre civile américaine et se déroule entre le 23 et le près de la ville de Chattanooga. Elle oppose les troupes du général confédéré Braxton Bragg aux unités du général Ulysses S. Grant.
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Au début du mois de novembre, les Confédérés, après le départ du général James Longstreet, laissèrent à leur adversaire l’initiative. Ainsi, Grant, grâce aux renforts de Sherman, pouvait mettre en place un plan qui devait lui ouvrir les voies de la Géorgie. Les Fédéraux devaient chasser les hommes de Bragg de la ville de Chattanooga. Le général nordiste, comme souvent dans sa carrière, mit en place un plan dont l’exécution devait se dérouler la nuit. Ulysses S. Grant, devant la force des défenses sudistes, privilégia un assaut par les flancs, l’armée du Cumberland, dirigée par le général Thomas, qui était encore moralement fragile, selon Grant, à cause de la lourde défaite de la bataille de Chickamauga, devait menacer le centre de la ligne des Confédérés. Ces derniers avaient établi leur ligne sur la colline de Missionary Ridge. Ainsi les généraux nordistes William Tecumseh Sherman et Joseph Hooker devaient se charger des choses sérieuses en attaquant les flancs des sudistes.
Le , Hooker mit en place le plan de Grant en envoyant trois divisions contre trois brigades rebelles tenant le versant nord de Lookout Mountain. Malgré la difficulté due au relief (la pente était raide et couverte de rochers et d’arbres abattus), les nordistes prirent possession de la position des sudistes qui s’enfuirent par le versant sud. Cet épisode devait s’appeler plus tard la Bataille au-dessus des nuages à cause d’un fort brouillard présent ce jour-là au cours de la bataille. Bragg devant cette menace ramena les survivants de Lookout Mountain vers la partie nord de Missionary Ridge.
Dans la nuit du 24 au 25 novembre eut lieu une éclipse totale de Lune. À l’aube du , la Lookout Mountain fut officiellement prise par un régiment du Kentucky qui hissa le drapeau américain au sommet de la montagne. Malgré la réussite de Grant sur le flanc gauche des sudistes, Sherman, lui, n’arrivait pas à progresser. Même si les quatre divisions qu’il envoya à l’assaut s’emparèrent de l’objectif, c’est-à-dire l’extrémité nord de Missionary Ridge, ce fut pour s’apercevoir qu’en réalité, le but nordiste était séparé du gros des forces sudistes par un profond ravin rocailleux. Au début de la journée du , commença la bataille de Missionary Ridge, les Yankees tentèrent de s’emparer de ce ravin mais furent vigoureusement repoussés par une division de bonne qualité dirigée par l’irlandais Patrick Cleburne. Ainsi la bataille ne se révéla pas aussi facile que Grant l’avait pensé car, de plus, Hooker avait bien du mal à progresser par des routes obstruées et des ponts détruits.
Devant un semblant d’échec, Ulysses S. Grant envoya le général Thomas et ses hommes contre la ligne principale des rebelles pour mettre en place un simulacre d’assaut et espérer dégager Sherman du bourbier dans lequel il s’était mis. Thomas, ayant eu vent des remarques faites à son armée, profita tout de suite de l’occasion qui était donnée à ses hommes de se faire remarquer. 23 000 hommes (soit 4 divisions) furent lancés sur un front de 3 kilomètres contre les positions confédérées. On aurait dit une réédition de la charge de Pickett à Gettysburg, les Bleus et les Gris ayant changé les rôles. Cependant, les sudistes avaient eu deux mois pour mettre en place leur défense. La pente de Missionary Ridge était relativement raide et pleine de rochers et d’autres obstacles. Ainsi l’assaut des nordistes avait l’air désespéré. Néanmoins, les hommes de Thomas réussirent sans problème à prendre la première ligne adverse, les sudistes se repliant dans une grande confusion vers les deuxième et troisième lignes qui, elles, avaient été établies tout en haut de la crête.
Bien qu’ils aient rempli leur mission, les Fédéraux ne se replièrent pas car cela aurait causé un désastre (les Fédéraux étaient exposés au feu des sudistes situés en amont de leur position) De plus, les Yankees avaient, grâce à leur réussite, acquis un moral élevé qui les poussait à contredire les rumeurs qui pesaient sur eux. Au départ, ce ne furent que des groupes d’hommes qui attaquèrent, mais bientôt les 23 000 soldats se mirent en branle et conquirent la position sudiste au terme d’un combat relativement bref. Grant était totalement abasourdi par ce qu’il voyait. Il pensait il y a deux jours à peine que ces soldats n’avaient aucune chance de remporter une victoire. Il demanda à Thomas si c’était lui qui avait ordonné à ces hommes d’escalader la crête. Le général nordiste lui répondit : « Je n’en sais rien, ce n’est pas moi ». Grant s’inquiétait de son sort au cas où l’offensive échouerait, car la ligne de défense était supposée imprenable. En effet, Bragg lui-même écrira plus tard que cette colline aurait pu être tenue par une simple ligne de tirailleurs. De leur côté, les rebelles étaient stupéfaits devant cette attaque et, n’ayant pas reçu d’ordres clairs et cohérents, finirent par battre en retraite. Les soldats nordistes étaient eux absolument joyeux. Bragg se replia de 50 kilomètres le long de la voie ferrée menant à Atlanta.
Les nordistes avaient remporté ainsi une grande victoire, bien que Grant ne s’attendait pas à ce qu’elle se passe de cette façon. Après la fin de la guerre, Ulysses S. Grant affirma à des hommes que la position sudiste aurait dû être imprenable et Bragg écrivit ceci : « On ne saurait fournir la moindre excuse valable pour justifier la honteuse conduite de nos troupes. La position était telle qu’elle aurait dû être tenue par une simple ligne de tirailleurs ». Néanmoins, ce furent certains ordres donnés à des soldats et pas à d’autres qui auraient pu provoquer une certaine panique. Certains soldats de la première ligne reçurent l’ordre de tirer deux coups de fusil avant de se replier. Les autres défenseurs n’ayant pas reçu de pareils ordres se replièrent eux aussi en voyant que certains le faisaient. Mais leur repli se transforma en débandade devant ce repli inconsidéré. De plus, les combats se déroulèrent presque au corps à corps. Ainsi, les confédérées de la deuxième ligne ne purent tirer, risquant de toucher leurs propres soldats. De plus, Bragg positionna mal ses batteries qui ne purent tirer sur les « Bleus » qui progressaient de trous en trous, de tranchées en tranchées, se protégeant derrière les rochers et autres protections. De plus, l’armée de Bragg n’avait rien d’une armée au moral élevé. Après cet échec et devant la demande de démission de Bragg, Jefferson Davis donna le commandement de l’armée du Tennessee à Johnston. La fin de l’année 1863 fut difficile pour les Confédérés, Lee échoua dans ses opérations et perdit de nombreux soldats et Longstreet ne put reprendre Knoxville.
Au cours de cette bataille les nordistes eurent à déplorer 753 morts, 4 722 blessés et 349 disparus, tandis que les Confédérés eurent à déplorer 361 morts, 2 160 blessés et 4 146 disparus, prisonniers pour la plupart.
23 novembre 1939 : le navire britannique HMS Rawalpindi est coulé par le Scharnhorst et le Gneisenau allemands.
Le Rawalpindi fait partie des quatre navires à passagers construits pour la Peninsular and Oriental Steam Navigation Company (P & O). La construction de la classe R (Rawalpindi, Ranchi, Ranpura et Rajputana ) commence en 1923. Le Rawalpindi, tout comme le Rajputana, est construit aux chantiers Harland and Wolff à Greenock, et lancé le . Le , il est livré à la compagnie après des essais durant lesquels il atteint les 19,6 nœuds (36,3 km/h). D’un tonnage de 16 000, le navire peut emporter à son bord 307 passagers de première classe et 288 de seconde classe.
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Le Rawalpindi est affecté au transport de passagers entre Londres et Bombay par la compagnie P & O.
Le , il est réquisitionné par l’Amirauté afin d’entrer en service dans la Royal Navy en tant que croiseur auxiliaire. Mis en chantier au Royal Albert Dock, une des cheminées est retirée, huit canons de 6 pouces et deux canons de 12 livres sont installés.
À partir d’octobre, le Rawalpindi patrouille avec la Northern Patrol aux environs de l’Islande. Le 19, dans le détroit du Danemark, il intercepte un pétrolier allemand, le Gonzenheim. L’équipage de celui-ci le saborde avant que le croiseur n’ait pu l’aborder.
L’après-midi du , au sud-est de l’Islande, le Rawalpindi rencontre les cuirassés allemands Scharnhorst et Gneisenau. Après avoir subi leur feu durant treize minutes, le croiseur auxiliaire prend feu. Il coule dans la soirée, emportant avec lui le capitaine et 238 hommes. Les navires allemands récupèrent 26 survivants, et 22 autres sont repêchés par un autre croiseur auxiliaire, le HMS Chitral.
23 novembre 1943 : fin de l’opération Galvanic (Pacifique).
L’opération Galvanic est le nom de code donné au débarquement américain sur Makin et Tarawa, deux atolls des îles Gilbert, du au , sur le théâtre d’opérations du Pacifique, lors de la Seconde Guerre mondiale. L’opération se solde par une victoire américaine, l’empire du Japon perdant le contrôle des deux îles qu’il détenait depuis 1941.
23 novembre 1944 : Phalsbourg est prise par la 7e armée américaine.
Après le traité de Francfort le , la ville est annexée à l’Empire allemand. Rebaptisée Pfalzburg, elle est alors rattachée à l’arrondissement de Sarrebourg, nouvel arrondissement du Reichsland Elsass-Lothringen. Durant la période allemande, une première ligne de chemin de fer est mise en service le 1er avec l’ouverture de la section Lutzelbourg-Phalsbourg de la ligne de Lutzelbourg à Drulingen. En 1914, les conscrits phalsbourgeois, comme la plupart des Alsaciens-Lorrains, se battent sous les couleurs de l’Empire.
En 1918, après la fin de la Première Guerre mondiale et la signature du traité de Versailles, Phalsbourg redevient française comme le reste de l’Alsace-Lorraine, et fait désormais partie du nouveau département de la Moselle. Le , le président de la République Raymond Poincaré vient décerner à Phalsbourg la croix de chevalier de la Légion d’honneur pour son comportement héroïque lors du siège de 1870.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville est de nouveau annexée, cette fois par le IIIe Reich allemand. Son nom redevient Pfalzburg et elle est rattachée au Gau Westmark.
Le , malgré la combativité des troupes allemandes qui s’accrochent en Lorraine depuis septembre, la ville est prise par la 7e armée américaine. Un odonyme local (rue du 23-Novembre) rappelle cet évènement.
En 1953, l’United States Air Forces in Europe entreprend la construction de la base aérienne de Phalsbourg-Bourscheid à trois kilomètres à l’ouest de la commune. Une cité comportant une quarantaine de pavillons est construite route de Trois-Maisons pour loger une partie des militaires américains et leurs familles. En 1959, elle prend le nom de cité Clark en mémoire du colonel Walter E. Clark mort en service aérien le 30 avril 1958.
La base de Phalsbourg est utilisée par les Américains jusqu’en 1967, date du retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN. Le site est alors renommé quartier La Horie et devient une base d’hélicoptères de l’Aviation légère de l’Armée de terre (ALAT – 1er RHC).
23 novembre 1944 : Strasbourg est libérée par la 2e DB, conformément au serment de Koufra (Libye).
La colonne Leclerc, constituée en mars 1941 pour la prise de Koufra (Libye), avait fait le serment de ne cesser le combat qu’une fois le drapeau tricolore hissé au sommet de la cathédrale de Strasbourg. Le serment est tenu. Cette colonne, devenue 2e DB, entre dans Paris et ira jusqu’en Allemagne, à Berchtesgaden, le « nid d’aigle » d’Hitler. « Ce même jour (23 novembre), le 6e groupe d’armée américain entre dans le camp du Struthof entièrement évacué par les Allemands avec des éléments de la 1ère Armée Française en tête. »
Strasbourg, 23 novembre 1961 – Discours du général de Gaulle.
23 novembre 1946 : bombardement de Haïphong, au début de la guerre d’Indochine.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de l’invasion japonaise de l’Indochine, Haïphong fut bombardée puis occupée par l’Armée impériale japonaise.
Après la fin de l’occupation, le à Hanoï, Hô Chi Minh déclare unilatéralement l’indépendance du Vietnam. Trois navires de guerre français bombardent Haïphong le 23 novembre 1946, faisant des milliers de morts. Cet événement marque le début de la guerre d’Indochine, qui durera sept ans et demi.
Henri Martin prétend que : « À 10 heures le , les canons de la marine ont ouvert le feu. Le croiseur Émile Bertin depuis l’embouchure de la rivière Rouge mais nous, avec Le Chevreuil, nous étions sur la rivière, dans la ville. Nous avons épuisé notre stock de cinq cents obus, et ravitaillés, nous en avons encore tiré cinq cents. L’amiral Battet a estimé le nombre des victimes en ville à six mille, mais il est possible qu’il y en ait eu davantage quand on sait que le bombardement a porté surtout sur le quartier annamite, aux maisons serrées […] » mais en fait seuls trois avisos, dont Le Chevreuil, ont participé à cette action.
D’après Paul Mus, conseiller politique de Leclerc, citant l’amiral Robert Battet qui a mené l’enquête huit jours après, le nombre de morts se chiffre à 6 000, estimation la plus reprise, principalement des civils. Le général Valluy estime quant à lui qu’il y a eu 300 victimes. L’historienne Georgette Elgey estime le chiffre de 6 000 « peut-être excessif » puisqu’il représente 10 % de la population de la ville, mais « qu’il n’en reste pas moins que jamais au cours d’un quelconque incident franco-vietnamien le nombre de victimes n’avait atteint une ampleur comparable ».
Haïphong subit de lourds bombardements américains pendant la guerre du Vietnam, surtout en 1972. Le 8 mai, après l’offensive du 29 mars du Nord sur Saîgon l’administration Nixon entreprit d’en miner le port afin d’interrompre les livraisons d’armes soviétiques.
23 novembre 1996 : les cendres d’André Malraux au Panthéon (Paris).
Les cendres d’André Malraux sont transférées au Panthéon 20 ans après sa mort (23 novembre 1976) en présence du Président de la République. Archéologue, écrivain, combattant, ministre et l’un des piliers du Gaullisme, Malraux rejoint Jean Moulin, héros de la Résistance.
C’est en effet Malraux qui en décembre 1964 avait prononcé le discours officiel pour le transfert des cendres de Jean Moulin : « Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi — et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé. Avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses. Avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres. Entre avec le peuple né de l’ombre et disparu avec elle — nos frères dans l’ordre de la Nuit… ».