La chronique des blindés a commencé par un B1 Bis, celui du MM Park et s’achève cette année par un autre B1 Bis, celui du village de Stonne. Ce char est un emblème du courage et de la pugnacité des combattants français de la campagne de 1940. Il rappelle les durs combats qui se sont déroulés dans ce petit village des Ardennes il y a désormais 80 ans. Cette borne historique, le « Toulal » est présenté et conservé grâce à la volonté de passionnés de l’histoire de la campagne de France, véritables gardiens du souvenir. (Propos recueillis par Camille Harlé-Vargas)
Quelle est l’histoire de ce char B1 Bis?
Dans un premier temps, il est important de noter que le B1 Bis qui se trouve sur la place du village n’est pas le véritable char « Toulal ». Le char présent sur la commune a été reconstruit avec les carcasses de deux autres B1 BIS qui se trouvaient à Bourges, ces deux chars étaient noyés dans les buttes de tir du camp. C’est le musée des blindés de Saumur qui s’est chargé de la reconstitution et de la restauration du char, sous la direction du colonel OLMER. Peu avant la date anniversaire de la bataille de Stonne, le char a été placé sur son socle sur la place du village. Il a été inauguré en même temps que le monument en granit rose avec les noms des soldats tombés pendant la bataille de Stonne. La pose de ce char a été rendue possible grâce à l’association « Ardennes 1940 » avec le concours du conseil général et les donations des amicales et bienfaiteurs.
Quel est l’historique du véritable char « Toulal ?
Le B1 Bis « Toulal », ex « Mery-Bellois » porte le numéro 382 et fait partie de la 3e compagnie du 49e BCC. Son chef de char est le lieutenant Caravéo, le pilote l’adjudant-chef Henri Lefevre, avec comme équipage le sergent Pierre Butel et le caporal-chef René Chomette. Le 15 mai 1940, vers 7h30, le lieutenant Caravéo monte dans le « Toulal » et part avec les autres B1 Bis sous son commandent vers le village de Stonne. La bataille fait rage dans cette petite localité des Ardennes, à 8 h les Allemands reculent face au choc des blindés français. Vers 10 h, les Allemands reviennent à la charge avec notamment des renforts d’artillerie et moyens anti-char. Trois chars B1 Bis sont perdus ; le « Chinon » détruit près du moulin, le « Hautvillers » qui prend feu à l’entrée de Stonne, le « Gaillac » perdu à la suite d’une explosion. En plus de ses pertes, trois autres chars sont avariés, dont le « Toulal » du lieutenant Caravéo. C’est la fin du combat pour lui.
Le char mémorial « Toulal » a-t-il été restauré au fil du temps ?
Après sa reconstruction et reconstitution par le musée des blindés, le char a été plusieurs fois repeint et remis en état. En 2010, c’est le Centre d’entraînement des brigades de Mourmelon qui est venu se charger de la réfection de la peinture du « Toulal ». Le fait qu’il soit exposé à l’extérieur nécessite des interventions récurrentes pour garder ce témoin de l’histoire dans un bon état.
Quelle place le B1 Bis de Stonne a dans les commémorations de la campagne de 1940 ?
Ce char B1 Bis est particulièrement important pour la mémoire des combattants de la campagne de France, il témoigne de la bravoure de ces hommes et de leur ténacité à défendre chaque village. Le « Toulal » est un monument de ralliement important autour duquel des événements commémoratifs sont organisés ainsi que les cérémonies anniversaires. Tout autour du char, il existe un parcours de mémoire historique sur les combats de Stonne réalisé par l’association « Ardennes 1940, à ceux qui ont résisté » avec une quinzaine de balises et de panneaux informatifs sur les combats.
—————
Je remercie particulièrement la mairie de Stonne et son maire William Rebisz pour avoir bien voulu partager l’histoire de leur char.
Fin de la chronique des blindés
Après une dizaine d’articles, s’achève pour cette année la chronique des blindés. Du Schneider, au Renault FT, B1 Bis, Sherman ou T-34 des engins emblématiques qui ont pris part aux conflits mondiaux ont été présentés tout au long de cette série. Les musées et institutions ont ouvert volontiers leurs portes pour raconter l’histoire de leur blindé. Du musée national, au régiment et associations, chacun apporte sa pierre à l’édifice de la conservation de ce patrimoine technique et historique. Derrière la tôle et l’acier, souvent une histoire unique qui mérite d’être racontée. Saviez-vous que le Renault FT des Invalides, devant lequel beaucoup sont passé maintes fois venait d’un jardin dans l’Aisne ? Que les deux anciens de la Grande Guerre du musée des blindés reviennent d’un long voyage aux USA ? Qu’il est possible de voir évoluer un T-34 en état de marche en Alsace ? Et avec ces histoires de chars, des histoires d’hommes qui se sont battus pour leur préservation.
Un grand merci à tous les musées, conservateurs et passionnées ainsi qu’aux lecteurs de la chronique !
Theatrum Belli remercie vivement Camille d’avoir effectué un « tour de France » des blindés historiques à travers ces entretiens qui ont mis en valeurs des personnes passionnées par leur mission de préservation du patrimoine militaire.