dimanche 28 avril 2024

Commémorations et guerre en période de pandémie

En cette période exceptionnelle de pandémie, les commémorations sont réduites pour contrôler les contaminations massives. Aurait-il fallu d’ailleurs les maintenir dans leur organisation traditionnelle en cette période exceptionnelle ? Certes non mais les symboles restent importants à respecter et le service minimum est assuré depuis le 8 mai. En même temps, nos troupes, tout en participant à la lutte contre la pandémie, combattent avec succès les islamistes dans le Sahel.

La question de l’ampleur donnée aux commémorations est un sujet à une époque où les liens au sein des nations s’effritent et où l’adhésion à leurs histoires respectives peut contribuer à redonner du sens dans ces périodes troublées.

La victoire de 1945 a donc été commémorée en France le 8 mai en petit comité dans nos communes et bien sûr par le président de la République à Paris. Le 9 mai, la cérémonie de la victoire à Moscou, que je commentais en partie, était diffusée sur RT France (Cf. RT France). Le public était absent. Le grand défilé prévu a été annulé, remplacé par une parade aérienne très intéressante par la variété des appareils. L’équivalent d’une compagnie symbolisant le Régiment immortel, un symbole devenu de plus en plus important du patriotisme russe (Cf. France Culture du 20 mai 2020), a aussi défilé sur la place Rouge.

Autre devoir de mémoire, les plages de Normandie commémoraient aujourd’hui les 76 ans du début de la libération de la France. Peu de monde, presque pas de vétérans, le service minimum (Cf. Blog Lignes de défense), les manifestations de plus de dix personnes étant interdites, sauf, faut-il le rappeler pour les manifestations contre les violences policières, contre les fermetures d’usines sans que cela n’émeuve réellement les autorités politiques ?

Or, les cérémonies destinées à faire vivre le devoir de mémoire apparaissent comme étant d’une importance moindre, avec cette application stricte des mesures de protection sanitaire. En revanche, les manifestations défiant l’autorité de l’État montrent sa faiblesse croissante. En France aujourd’hui, les lois ne sont respectées que par ceux qui veulent les respecter et par ceux qui veulent les faire appliquer avec le sens politique de l’opportunité ou de l’opportunisme…

Enfin, la fête nationale du 14 juillet à venir sera un événement à portée limitée ce qui paraît raisonnable : peu de troupes (bien qu’un effectif de 2 000 hommes ne soit pas anodin), pas de défilé sauf aérien – la distanciation sociale sera respectée -, un public seulement composée de personnes invitées (Cf. Blog Défense globale).

Pourtant le défilé militaire au moins une fois l’an devant la Nation reste nécessaire pour honorer les armées sinon montrer leurs équipements. La puissance militaire est redevenue un instrument de puissance. L’exemple de la Russie est intéressant. Le président Poutine a décidé que le défilé militaire aura lieu néanmoins, cette fois le 24 juin. Le président Macron a été à nouveau invité.

Cependant, pourquoi ne pas reporter cette année en France le défilé militaire au 11 novembre, autre cérémonie tout aussi importante qui rappelle la mémoire des soldats français morts dans toutes les guerres ?

Justement, notons le succès au Sahel de nos armées ce 5 juin qui ont éliminé physiquement Abdelmalek Droukdal, Algérien fondateur d’AQMI, désorganisant ce mouvement terroriste pendant un certain temps (CF. Lire l’analyse de Bernard Lugan du 6 juin 2020). Elle est donc une nouvelle qui ne peut que nous réjouir. La longue guerre contre les terroristes islamistes continue. Nos armées continuent de se battre sans état d’âme et malgré le covid-19 contre les islamistes au Sahel (Cf. Blog OPEX360).

Général (2S) François CHAUVANCY
Général (2S) François CHAUVANCY
Saint-cyrien, breveté de l’École de guerre, docteur en sciences de l’information et de la communication (CELSA), titulaire d’un troisième cycle en relations internationales de la faculté de droit de Sceaux, le général (2S) François CHAUVANCY a servi dans l’armée de Terre au sein des unités blindées des troupes de marine. Il a quitté le service actif en 2014. Consultant géopolitique sur LCI depuis mars 2022 notamment sur l'Ukraine et sur la guerre à Gaza (octobre 2023), il est expert sur les questions de doctrine ayant trait à l’emploi des forces, les fonctions ayant trait à la formation des armées étrangères, la contre-insurrection et les opérations sur l’information. A ce titre, il a été responsable national de la France auprès de l’OTAN dans les groupes de travail sur la communication stratégique, les opérations sur l’information et les opérations psychologiques de 2005 à 2012. Depuis juillet 2023, il est rédacteur en chef de la revue trimestrielle Défense de l'Union des associations des auditeurs de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Il a servi au Kosovo, en Albanie, en ex-Yougoslavie, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, au Liban et à plusieurs reprises en République de Côte d’Ivoire où, sous l’uniforme ivoirien, il a notamment formé pendant deux ans dans ce cadre une partie des officiers de l’Afrique de l’ouest francophone. Il est chargé de cours sur les questions de défense et sur la stratégie d’influence et de propagande dans plusieurs universités. Il est l’auteur depuis 1988 de nombreux articles sur l’influence, la politique de défense, la stratégie, le militaire et la société civile. Coauteur ou auteur de différents ouvrages de stratégie et géopolitique., son dernier ouvrage traduit en anglais et en arabe a été publié en septembre 2018 sous le titre : « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d'influence, affrontement économique ». Il a reçu le Prix 2010 de la fondation Maréchal Leclerc pour l’ensemble des articles réalisés à cette époque. Il est consultant régulier depuis 2016 sur les questions militaires au Moyen-Orient auprès de Radio Méditerranée Internationale. Animateur du blog « Défense et Sécurité » sur le site du Monde à compter d'août 2011, il a rejoint en mai 2019 l’équipe de Theatrum Belli.
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