Enfin, un 14 juillet remilitarisé qui représente une vraie fierté pour la France et les Français ! Tous les « corps habillés », comme on dit en Afrique, jusqu’aux douaniers et à la « pénitentiaire », sont désormais présents. Le symbole de l’autorité par l’uniforme et des grades équivalents pour tous est aussi de rigueur. Enfin, après les Gilets Jaunes et les « casseurs » … et avant les drapeaux algériens d’une coupe d’Afrique qui ne nous concerne pas directement, l’Armée a réoccupé les Champs-Elysées en ordre et avec discipline.
Honneurs aux militaires blessés
Bien éloignées des présentations des années précédentes, parfois bien civiles par certains aspects, les démonstrations précédant le défilé ont eu vocation à expliquer aux citoyens aussi bien la haute technologie des armées notamment la robotisation que leur vocation première qui est de protéger les Français et de se battre.
Le symbole fort de cette journée a été cette reconnaissance due par la Nation à nos militaires blessés, certains à l’Hôtel des Invalides depuis la seconde guerre mondiale. Cette mise à l’honneur de nos blessés de guerre a permis de rappeler l’existence des « Invictus Games », idée portée initialement par le prince Harry à l’image des « Warrior Games » pour les soldats et les vétérans américains blessés. Cet hommage, dans la tradition anglo-saxonne de respect envers les armées et leurs combattants, s’est exprimé dès 2014 à Londres, en 2016 à Orlando, en 2017 à Toronto, en 2018 en Australie. En 2020, les jeux auront lieu à La Haye aux Pays-Bas.
Cet hommage s’est achevé par ce chant militaire « Douce France » souvent partagé dans nos repas de cohésion et bien sûr par cette magnifique Marseillaise entonnée martialement, sinon virilement, par tous nos militaires, avec la présence nouvelle des volontaires de ce service national universel (SNU) qui s’installe peu à peu dans notre environnement.
Un événement médiatique fort
En préambule, ayant plutôt regardé le défilé sur TF1, constatons la prise en main des journalistes sur les commentaires avec certes la présence d’un officier féminin de l’armée de Terre. Cependant, cette équipe pilotée par Gilles Bouleau, Jean-Pierre Pernaut et Anne-Marie Coudray a été très professionnelle. Elle connaissait ses dossiers faisant de cette retransmission non seulement une présentation particulièrement intéressante des unités qui défilaient mais aussi une source utile d’explications sur les hommes, les matériels, y compris avec des incrustations d’image détaillant pour le téléspectateur ce qu’il voyait.
Le thème de cet année était « Agir ensemble ». Ensemble dans cette communion entre la nation sur les Champs-Elysées et son Armée. Ensemble avec tous ces corps habillés militaires et civils qui défilaient. Ensemble avec cette représentation des différents Etats concernés par l’initiative européenne d’intervention.
Lancée en 2018 afin de favoriser l’émergence d’une culture stratégique européenne et renforcer la capacité des Européens à agir ensemble, ce dispositif (un de plus) crée les conditions préalables pour de futurs engagements coordonnés et préparés conjointement, sur tout le spectre de crises affectant la sécurité de l’Europe. Les étendards de 10 unités militaires qui défilaient représentaient les pays membres de cette nouvelle structure : France, Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni. Reconnaissons qu’outre leurs différentes traditions, les différents contingents étrangers et leurs drapeaux avec leur garde respective avaient de l’allure.
Sur le contexte général, comment accepter cependant ces sifflements et ces huées sur les Champs-Elysées quand le président de la République passe les troupes en revue mais cela est devenu une habitude tolérée, plutôt signe d’une mauvaise éducation sinon d’une radicalisation croissante des comportements.
Comme toujours la tribune officielle était riche en couleurs avec la maire de Paris en robe « vert pomme », élection à venir oblige, qui détonnait à proximité de la très remarquée ministre danoise de la défense. Remarquons au passage que la bataille pour la place des femmes se porte de plus en plus sur la nomination de ministres féminins de la défense comme l’Allemagne vient de le confirmer à nouveau. Ce bastion masculin où les femmes sont naturellement minoritaires devient un symbole de conquête avec cette question obsédante au moins pour certains : où allons-nous bien pouvoir mettre une femme dans le gouvernement, dans un défilé, dans un ministère, à la tête d’une administration, d’une entreprise. Vaste sujet.
Cependant, des dérives
Le défilé proprement militaire, impressionnant comme toujours, n’apporte pas de remarques particulières hormis ces « placards » (décorations portées par les militaires sur leurs tenues) qui deviennent impressionnants comme celui du médecin-chef Aigle, ce médecin des armées et frère de la première pilote de chasse aujourd’hui décédée. Ils témoignent de l’engagement permanent de nos forces armées.
Cependant, j’évoquerai plutôt ce que j’appelle des dérives ou plutôt des confusions de genre. L’idéologie de mettre les femmes en avant devient excessive, sinon caricaturale lorsque l’on voit cette garde au drapeau d’une unité de la gendarmerie composée uniquement de femmes. Il semblerait qu’elles représentaient les six meilleurs éléments de l’unité. Les hommes sont donc vraiment bien mauvais.
Concernant le défilé des unités civiles, étonnons-nous de ce nom de promotion donné à ces officiers de police. Xavier Jugelé n’a été jamais été officier. Il a été nommé capitaine à titre posthume alors qu’il n’était qu’un simple gardien de la paix, l’équivalent du grade de sergent. (Cf. Mon billet du 22 avril 2018 : « Le héros militaire au XXIe siècle ») et a été assassiné au volant de son véhicule. Un nom de promotion donne le sens de l’engagement et donc de l’exemplarité. Cela me semble ici discutable. Donc, avec un tel nom de promotion, que faut-il comprendre, quel est le message pour ces officiers de police ?
De même, le 12e bataillon des sapeurs-pompiers civils défilait commandé par ce qui apparaît comme un « deux étoiles », se rapprochant bien étrangement des signes distinctifs d’un général de brigade au sein des armées. Cela permet d’améliorer ses connaissances et de découvrir qu’un décret de 2015 crée (Cf. Légifrance, 18 juin 2015) annuellement un bataillon constitué de sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, issus des services d’incendie et de secours relevant des zones de défense et de sécurité. Sa fonction est de représenter l’ensemble des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires. Au défilé de 2018, le 11e bataillon défilait, donc en 2019, le 12e. C’est peut-être aussi un moyen pour préparer une réelle organisation à partir de cette structure virtuelle, sait-on jamais.
Autre point intéressant, le commandement en est confié à l’un des services d’incendie et de secours du département de la zone de défense et de sécurité concernée. Un décret a créé un « cadre d’emplois de catégorie A+ » (Cf. Légifrance, décret du 30 décembre 2016) composé des grades de colonel et de contrôleur général (Cf. Gazette des communes) destiné à tenir les postes de directeurs départementaux des service d’incendie et de secours. Il en est d’ailleurs de même dans la police nationale où les contrôleurs généraux portent aussi ces simili-étoiles. Les indices de traitement correspondent globalement à leurs équivalents militaires mais je laisserai les experts étudier ce sujet dans le cadre du sujet crucial des soldes des militaires, source de préoccupation de nos états-majors.
Finalement, l’uniforme et le port du grade ont toujours autant de succès en France mais les responsabilités sont-elles comparables ? Les gendarmes pourraient sans aucun doute évoquer ce sujet longuement dans cette comparaison avec leurs homologues policiers, y compris par le biais des primes accordées.
A nouveau les conflits d’identité
Et puis, peut-on effacer, dans la torpeur de l’été, cette présence insultante pour la France de cette partie de la communauté algérienne qui refuse notre pays mais y vit ? A nouveau, des drapeaux algériens ont flotté sur les Champs-Elysées. A nouveau, des pillages ont eu lieu et ce n’est pas la première fois lorsqu’une équipe algérienne de football gagne ou est vaincue (Cf. Le Figaro du 12 juillet 2019). On pourra toujours faire la remarque que les Algériens en Algérie se comportent très dignement comme ils l’ont montré durant les récents événements politiques, dignement aussi pour témoigner leur joie devant les victoires de leur équipe de football.
Comment comprendre donc le comportement d’une partie de cette communauté en France ? Où est le problème ? L’échec de l’intégration sinon de l’assimilation ? L’échec de notre société à faire partager ses valeurs sinon à les imposer ? L’échec de notre système d’éducation à instruire et à éduquer ? Finalement, notre manque d’autorité ou de clarté dans nos positionnements ? Il faudra bien un jour expliquer cela et répondre à ces dérèglements qui ne sont pas liés à une quelconque question religieuse. La tribune d’Azoug Begag (Cf. Le Monde du 19 juillet 2019) est intéressante à ce titre et montre ses préoccupations face à une telle situation.
Il n’empêche que tout un chacun a pu constater l’importance de cette minorité qui a su sortir à différentes reprises des drapeaux nationaux qu’elle détenait, témoigner donc de sa réelle allégeance, y compris le soir du 14 juillet, et finalement son mépris de la fête nationale française. Sans nul doute, il est temps de prendre le problème à bras le corps : peut-on encore accepter cet affichage nationaliste étranger qui ne serait pas accepté dans bien des Etats et sans aucun doute à Alger ? Ensuite, quand une minorité devient trop importante, avec le risque de changer notre société à terme, n’est-il pas temps par exemple de revoir les conditions trop favorables accordées aux Algériens pour venir en France (Cf. Ministère de l’intérieur) ?
Au moins, la victoire de ce 19 juillet au Caire a montré un plus grand sens des responsabilités en France des supporters, favorisé peut-être par les appels au calme de personnalités par exemple dans « Opinion internationale » de Michel Taube ou peut-être parce qu’il y avait encore 2500 policiers mobilisés par exemple à Paris.