Des explosions ont été signalées hier en Transnistrie.
Il est probable qu’il s’agisse d’attaques « sous faux drapeau », c’est à dire d’explosions organisées par les Russes pour justifier une intervention de leurs troupes depuis la Transnistrie. Il faut noter aussi que le Kremlin pourra s’appuyer sur ces fausses attaques pour justifier le 09 mai une mobilisation accrue de la Russie face aux « multiples agressions étrangères ».
Bien que les forces russes ici soient très réduites — de l’ordre de 3 groupements tactiques contre 80 en Donbass — et d’un faible niveau opérationnel, elles pourraient servir à fixer des forces ukrainiennes supérieures qui manqueraient en Donbass, en menaçant par exemple Odessa sous le feu de leur artillerie. De manière concordante, un peu plus à l’est, les Russes sont parvenus à avancer vers Kherson et ont relancé la pression vers Kryvyi Rih. Et bien entendu, si les Ukrainiens s’avéraient capable de les mettre en déroute et de conquérir la Transnistrie, cela pourrait justifier une nouvelle escalade de la part de Moscou, pour un « coût » somme toute minimum.
Il faut souligner qu’en l’état actuel, seul le port d’Odessa serait capable d’exporter une partie des récoltes ukrainiennes de céréales. S’il se trouve sous le feu de l’artillerie russe, peu d’armateurs oseront y envoyer leurs vraquiers (sans parler de la menace de la marine russe et d’éventuelles mines). Bien entendu, ce n’est pas avec trois bataillons sous-équipés que les Russes pourraient prendre une ville d’un million d’habitants (deux fois Marioupol).
La petite Transnistrie est une province « séparatiste » de Moldavie, soutenue à bout de bras par Moscou de longue date. J’avais publié un long papier sur ce conflit début 2021 sur THEATRUM BELLI.
Une extension à la Moldavie semble moins probable, dans la mesure où elle n’apporterait pas grand chose à la Russie (le gros des armes passe par la Pologne). Mais, bien entendu, Vladimir Poutine nous a habitué depuis quelques temps à des comportements « pas très très rationnels »… La plupart des pays européens, dont la France, ont déclaré « soutenir » la Moldavie. Pour l’heure, le groupe franco-belge articulé autour d’éléments du 27e BCA d’Annecy et du 1/3 Lanciers de Marche-en-Famenne (élément d’alerte de l’OTAN) est en Roumanie. Au passage, il faut souligner l’excellente coopération franco-belge.
La Moldavie n’est pas membre de l’Alliance, même si sa présidente Maia Sandu doit certainement demander désespérément des « garanties de sécurité ». Son armée est famélique et dotée de matériel obsolète.