Né le 2 décembre 1926 à Paris, André Bessière vit « la drôle de guerre » et les cruelles réalités de l’exode de juin 1940.
En janvier 1941, il s’enrôle dans la Résistance au Front National à la section du Xe arrondissement de Paris. Seulement âgé de 15 ans, il est affecté à la propagande et à la couverture des équipes d’action. En octobre 1942, il est arrêté une première fois mais parvient à s’évader. Devenu chef de groupe en mai 1943, il doit s’enfuir en décembre 1943, son réseau étant infiltré par la Gestapo. La filière par laquelle il veut rejoindre les FFL à partir de Perpignan est également infiltrée.
Arrêté le 10 janvier 1944 à la frontière espagnole, cette fois aucune possibilité d’évasion ne s’offre à lui. Il est incarcéré au secret dans l’une des cellules de la citadelle de Perpignan. Après plusieurs interrogatoires musclés et une simulation d’exécution, début février les nazis le transfèrent au camp de Royallieu à Compiègne.
Avec 1 700 autres résistants, il prend le train de la déportation le 27 avril 1944. Le 30 avril, le convoi s’arrête à Auschwitz-Birkenau, où il est tatoué sur l’avant-bras gauche du numéro matricule 185074. Ce transport, que l’Histoire a retenu sous le nom de « Convoi des Tatoués », connaît successivement les camps de concentration de Buchenwald et d’extermination de Flossenbürg.
Il est envoyé au kommando Flöha en Saxe où il aura notamment comme compagnon d’infortune le poète Robert Desnos. Il survivra à une meurtrière « marche de la mort » avant de rejoindre Theresienstadt où il sera libéré par les Russes le 9 mai 1945. Pendant quatre semaines, il sert dans les rangs de l’armée soviétique dans le but de ravitailler ses camarades alités, ce qui lui vaudra d’être atteint par l’épidémie de typhus sévissant dans le ghetto privilégié.
Rapatrié en France par avion sanitaire le 23 juin 1945, il reste 6 mois en convalescence puis rejoint l’armée d’Afrique. Affecté dans les troupes d’occupation en Allemagne, il ne peut poursuivre sa carrière militaire à cause d’un mal contracté en déportation le faisant réformer en 1948.
Il reprend alors ses études et obtient son diplôme d’ingénieur en 1950, fonde sa propre entreprise et, dans les années 60, co-participe à d’importants travaux dans le Constantinois, vivant le drame algérien jusqu’à son terme.
Il a signé plusieurs ouvrages : « Le convoi des tatoués », « L’engrenage », « D’un enfer à l’autre » et « Destination Auschwitz avec Robert Desnos », qui évoquent la vaste fresque historique dont il est un des témoins. Par ailleurs, auteur d’articles et conférencier, il va à la rencontre des jeunes générations en répondant présent lorsqu’il est sollicité par des établissements scolaires ou militaires.
Ses états de service lui ont valu la Médaille Militaire, la Croix de guerre avec palmes et le grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur.
Il est décédé le 5 janvier 2017 à Vias.
IN MEMORIAM – André BESSIERE, interné-résistant (décédé le 5 janvier 2017)

M&O 287 de juin 2025
