Annette Brigitte Weill, épouse Chalut, née le 29 avril 1924 à Paris et morte le 8 novembre 2021 à Luzarches (Val-d’Oise).
Elle est la fille de Pierre Weill, né en 1894, ancien combattant de 14-18, évadé puis blessé, résistant en 1942-44, déporté, tué en 44 à Auschwitz, et d’Emma Alexandre (1904-1969).
Étudiante en médecine, elle souhaite y poursuivre ses études et y passer la suite de ses examens, son Certificat d’études physiques, chimiques et biologiques, mais son dossier a été égaré, ou prétendu tel, et la faculté refuse de lui communiquer ses résultats. Son père, furieux, cherche une ville où elle pourrait poursuivre ses études, et où il pourrait œuvrer dans la Résistance ; ils s’installent alors à Toulouse. Elle peut y passer son PCB6. Son père, parlant allemand, devient secrétaire de l’aumônier catholique des internés de la zone libre.
Les Allemands ayant envahi la zone en septembre 1942, ils veulent déporter les juifs qui sont prisonniers dans les camps français. Soutenus par l’évêché et couverts par l’aumônerie catholique, Annette, sa sœur et leur père procurent des faux papiers aux prisonniers juifs, les aident à s’échapper, à se cacher, et à passer la frontière pour certains. Entrée ainsi dans la Résistance, elle prend le pseudonyme « Warnod ».
Dénoncés, le père et la sœur d’Annette sont arrêtés le 8 mars 1944, et déportés à Auschwitz, leurs faux papiers ayant été découverts. Le père sera gazé en octobre 1944, mais la sœur reviendra en juillet 1945. La mère et la plus jeune sœur, cachées, ont échappé à la déportation.
Elle est arrêtée elle aussi le 8 mars 1944 et emprisonnée pendant 2 mois à la prison Saint-Michel à Toulouse. Mais ses faux papiers sont suffisamment trompeurs et son identité juive n’est pas découverte. Elle est déportée le 13 mai 1944 en train pour Ravensbrück.
Elle est ensuite transférée au kommando de Hanovre-Limmer, qui dépend du camp de Neuengamme. Obligée de travailler pour une usine allemande de fabrication de masques à gaz, elle et ses camarades en ralentissent la production. Elle est ensuite emmenée à Bergen-Belsen. Elle en est libérée le 15 avril 1945, mais elle préfère rester pour soigner ceux qui ne peuvent pas encore rentrer. Elle-même ne pèse plus que 35 Kg.
Après la guerre, elle témoigne au procès de Ravensbrück, à Rastatt. Elle devient plus tard Annette Chalut par son mariage. Elle devient médecin généraliste, membre de la commission médico-sociale de la Fondation pour la mémoire de la déportation. Elle est également médecin-conseil de l’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (Adir), de 1990 à 2006.
Elle s’implique largement dans les préparations du Concours national de la résistance et de la déportation, et témoigne souvent auprès des jeunes.
Annette Chalut est entre 1999 et 2015 la présidente du Comité international de Ravensbrück.
Grand officier de la Légion d’honneur.
Croix de guerre 39–45, palme de bronze.
IN MEMORIAM – Annette Brigitte Weill (décédée le 8 novembre 2021)

M&O 287 de juin 2025
