Projeté au Mali depuis le 27 janvier 2013, il était engagé au sein du GTIA4 (groupement tactique interarmes) dans le cadre de l’opération SERVAL, en tant que pilote AMX 10RCR. Le 16 mars 2013, au cours d’une opération dans la zone au sud de Tessalit visant à rechercher et détruire les groupes terroristes qui s’y trouvent encore, un blindé AMX 10RCR a sauté sur un engin explosif, provoquant la mort du militaire.
Né le 8 avril 1989, le caporal Alexandre Van Dooren aura servi la France durant plus de trois ans.
Le 6 octobre 2009, il souscrit un contrat d’engagé volontaire de l’armée de Terre au CPIS (centre parachutiste d’instruction spécialisée) de Perpignan.
Le 7 avril 2010, il rejoint le 1er régiment d’infanterie de Marine d’Angoulême pour cinq ans. Au terme de sa formation initiale durant laquelle il fait preuve d’un très fort potentiel, il est élevé à la distinction de 1re classe le 7 octobre 2010 et est affecté au 3e escadron.
Engagé très dynamique et particulièrement efficace, il y occupe la fonction de pilote AMX 10 RCR et se distingue en obtenant brillamment, dès octobre 2011, son certificat militaire élémentaire. Son excellente manière de servir lui permet d’accéder au grade de caporal dès le 1er avril 2012.
Le caporal Alexandre Van Dooren totalisait trois missions au cours desquelles son enthousiasme et ses qualités intellectuelles et physiques font l’unanimité, tant auprès du commandement que de ses camarades. D’avril à juillet 2011, il avait été engagé dans sa fonction de pilote AMX 10 RCR au sein du 5e régiment interarmes outre-mer à Djibouti. De janvier à mai 2012, il avait servi en tant que chef d’équipe PROTERRE au sein du 41e bataillon d’infanterie de marine, en Guadeloupe. Une nouvelle fois, il y avait été particulièrement remarqué pour son sens aigu des responsabilités et sa rusticité.
Le caporal Alexandre Van Dooren était titulaire de la médaille de bronze de la défense nationale depuis 2012.
Agé de 24 ans, il était en situation de concubinage et père d’un enfant. Il a été tué dans l’accomplissement de sa mission au service de la France.
Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense a déposé à titre posthume la médaille de chevalier de la Légion d’honneur sur le cercueil du militaire disparu et il a été élevé caporal-chef à titre posthume sur la place d’armes de son régiment d’attache, le 1er Régiment d’infanterie de marine, en présence des troupes, accompagné du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Bertrand Ract-Madoux.
Une pensée pour lui, sa compagne, sa fille, sa famille, ses proches et ses frères d’armes.
A nous le souvenir, à lui l’immortalité !
Témoignage du général Barrera (opération Serval).
À 16 heures, le chef conduite du centre opérations me rejoint dans mon petit bureau, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Le char de tête vient de sauter sur un engin explosif, camouflé dans un virage sous une couche de sable. L’obus d’artillerie a été mis à feu par un plateau à pression, écrasé par les roues de l’AMX-10RC. Nous le saurons après, un autre obus, plus gros encore, n’a pas explosé. En quelques minutes, le char s’est embrasé. Le sergent, chef de char, a plongé dans la tourelle pour aller chercher ses deux hommes, assommés par le choc et blessés par l’explosion. Il les sauve in extremis, moyennant de sérieuses brûlures. À l’avant, le pilote ne répond plus. Les sept kilos d’explosif ont percé le plancher de son compartiment. Le caporal Alexandre Van Dooren, du 1er RIMa d’Angoulême sera le quatrième tué de la brigade. Les chirurgiens sont prévenus aussitôt et un hélicoptère sanitaire décolle en soulevant un nuage de poussière, fonçant plein sud pour évacuer les trois brûlés. Une heure plus tard, les infirmiers de l’antenne chirurgicale sortent les trois Marsouins du Puma. « Moment difficile où la guerre, la souffrance se rappellent à nous, en direct. » Un spécialiste des grands brûlés de l’hôpital Percy, à Clamart, les reçoit, entouré d’anesthésistes et de chirurgiens d’autres hôpitaux militaires.
Au point de situation du soir, nous respectons une minute de silence en souvenir du jeune pilote. La veille, nous l’avions salué, avec Xavier, à quelques mètres de là. En France, sa compagne enceinte et sa petite fille viennent d’être prévenues. Alexandre était un caporal exemplaire, volontaire et consciencieux, un de ceux qui font honneur à leur pays, un de ceux dont l’absence fait mal. Le médecin principal organise l’évacuation stratégique de l’équipage blessé. Brûlé, le sergent est conscient et il demande des nouvelles de ses camarades. Dans l’entrée de la salle d’opérations, je le retrouve couché. Je le félicite pour son acte de bravoure, mais je lui confirme aussi la triste nouvelle. Il a fait plus que son devoir, mais il ne peut plus bouger et son corps se tend en réalisant qu’il ne verra plus son pilote. Un équipage de char forme un tout, une équipe soudée, une petite famille qui partage les bons et les mauvais moments, les épreuves et les joies. L’esprit d’équipage est une réalité quasi physique. Je reverrai plus tard le courageux sous-officier décoré par le ministre de la Défense la veille du 14 Juillet et, juste avant, son tireur canon, encore à l’hôpital Percy car sérieusement blessé dans sa chair, pour le décorer de la croix de la Valeur militaire avec palme, la plus haute distinction.