Bernard Jean Marie Michel de Lattre de Tassigny, né le 11 février 1928 à Paris et mort le 30 mai 1951 près de Ninh Binh (Tonkin), est un officier français.
Il est l’enfant unique du maréchal Jean de Lattre de Tassigny et de Simonne Calary de Lamazière. Désireux de s’engager dans les Forces françaises libres, il est jugé trop jeune pour être admis dans l’armée de libération qui se prépare pour le débarquement de Provence, néanmoins, devant sa volonté de combattre, le général de Gaulle lui accorde une dispense d’âge. Le 8/08/1944, il est affecté au 2e régiment de dragons. Lors de la bataille pour la libération d’Autun, le 8/09/1944, il est sérieusement blessé. Il reçoit la médaille militaire.
Entré à l’École militaire interarmes, le 1/08/1945, il choisit l’arme blindée et cavalerie à sa sortie. Le 26/11/1945, il est aspirant. Stagiaire à l’École de cavalerie de Saumur, il est nommé sous-lieutenant le 26/11/1946. Affecté ensuite au 4e régiment de cuirassiers, il est promu lieutenant le 26/11/1948.
Il quitte la métropole pour l’Indochine le 1/07/1949. Chef d’un peloton blindé du 1er régiment de chasseurs, il est commandant du poste de Yen My, qui contrôle 15 villages et une population d’environ 20 000 habitants. Il est cité à l’ordre de la brigade le 21/04/1950. Le 6/12/1950, le général de Lattre devient haut-commissaire, commandant en chef en Indochine et commandant en chef du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Son fils Bernard refuse de faire partie de son état-major ; il veut rester avec ses hommes de troupe.
Il prend le commandement d’un escadron composé en grande partie de volontaires vietnamiens, le 1/03/1951. À la suite des combats de Maï Dien, il est cité à l’ordre du corps d’armée le 11/05. Fin mai 1951, Giap lance une grande offensive-surprise sur la rivière Day. Le 29/05, il est informé de l’offensive de la brigade 304 Vietminh rejoint son Bataillon (1er Chasseur) au nord de Ninh Binh. Il établit dans la nuit du 29 au 30 son escadron sur le piton Hoi Hac (aujourd’hui rasé) qui garde le passage du trafic fluvial à l’ouest du piton de Non Nuoc. Il est mortellement atteint par un obus de mortier transpercé de 80 blessures au pied du blockaus. Son corps est transporté depuis les lignes de front après que le commando Vandenberghe a repris la position. Son père a eu cette phrase : « Bernard n’est pas mort pour la France, il est mort pour le Vietnam ».
Sa dépouille et celles du lieutenant Mercier et du brigadier Mellot, tombés à ses côtés, sont rapatriées en métropole, accompagnées par le général de Lattre.
Terrassé par un cancer à la hanche mal soigné et bouleversé par la mort de son fils unique, son père meurt 7 mois plus tard à Paris le 11 janvier 1952. Sa mère meurt le 3 juin 2003.
Le tombeau de Bernard de Lattre de Tassigny est situé au cimetière de Mouilleron-en-Pareds, aux côtés de celui de ses parents.
Citation comportant l’attribution de la Croix de Guerre 1939-45 avec palme (1944)
« Engagé volontaire à seize ans, est parti au feu, après quelques jours de services ; a donné au cours de son premier combat, un magnifique exemple de courage et de sang-froid digne d’un guerrier éprouvé. Le 8 septembre 1944, à l’est de Saint-Forgeot, a effectué sous un tir violent une liaison entre deux groupes de son peloton, parvenant à ravitailler en munitions un élément violemment accroché à une très courte distance. A été atteint au cours de l’action d’une blessure sérieuse qui a entrainé l’amputation de deux orteils. »
Citation comportant l’attribution de la Croix de Guerre des T.O.E. avec palme et nomination, à titre posthume, au grade de chevalier de la Légion d’Honneur (1951)
« Jeune officier plein d’enthousiasme et de flamme qui, dès son arrivée en Indochine, s’est aussitôt adapté à des fonctions importantes et nouvelles pour lui en obtenant partout de splendides résultats.
Appelé à constituer le 8e Escadron du Bataillon de Marche du 1er Chasseurs, a fondé cette unité en quinze jours avec de jeunes Vietnamiens, a su lui communiquer sa foi ardente et l’amener au combat dans les conditions les plus brillantes.
Engage le 29 mai à Nin-Binh à l’occasion du dégagement d’un commando Marine encerclé, s’est porté volontaire pour tenir avec son escadron une position reconquise à l’ouest du Day. Complètement isolé, a résisté victorieusement pendant toute la nuit du 29 au 30 mai à tous les assauts de masses ennemies fanatisées qui tentaient de le submerger en écrasant sa position sous des tirs intenses de mortiers et de grenades.
Est tombé héroïquement en plein combat, donnant l’exemple des plus belles vertus militaires à l’aube d’une carrière exceptionnellement brillante ouverte en France dans la Résistance dès l’âge de quinze ans. »
- Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume
- Médaille militaire
- Croix de guerre –, palme de bronze
- Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs, décoration remise par son père, le , à Phu Ly
- Médaille des évadés
- Ordre national du Vietnam (chevalier), remis à titre posthume au nom de l’empereur Bao Daï
- Mérite militaire (Chili)
La 24e promotion de l’EMIA porte son nom (1984-1985)
Le 30 mai 1951, les soldats français hissent le drapeau tricolore sur Ninh-Binh.
Après la prise du rocher de Ninh-Binh par les troupes Viêt-Minhs. Une contre-attaque est lancée pour reprendre le rocher de Ninh-Binh et pour récupérer le corps du fils du général Lattre de Tassigny ainsi que les corps de ses camarades tombés au combat.
La nuit même le commando des « Tigres noirs » de Roger Vandenberghe a férocement combattu sur le rocher.
La section progresse prudemment sur le site repris aux troupes Viêt-Minhs. Ils vont découvrir le corps du lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny, transpercé de 80 blessures avec à ses côtés tous ses camarades. Les combats furent inimaginables. Tandis que les derniers Viets se rendent des soldats français hissent le drapeau de la France au sommet du piton rocheux.
Un moment fort en émotion, symbolique. Sur un piton au milieu de l’Indochine, les couleurs de la France flottent fièrement, là où tellement d’hommes sont tombés, avec honneur, aux côtés de leurs frères d’armes.
Le 23 juin 1951, l’hebdomadaire PARIS MATCH n° 118 paraît dans tous les kiosques avec en couverture cette photo emblématique et comme titre « Ici fut tué Bernard De Lattre, il est vengé par ce drapeau ».
La « bataille du Day » va encore durer 24 jours. Giap essaiera de percer partout, au nord et au sud, à Phat-Diem et à Phu Ly mais n’arrivera à passer nulle part : le bilan sera sévère pour lui, près de 12 000 tués, 2 000 prisonniers. L’armée française met Giap en échec une troisième fois.