Mort du Maréchal Juin (né le 16 décembre 1888), seul général de la Seconde Guerre mondiale à obtenir le titre de maréchal de France de son vivant.
Le maréchal de France Alphonse Juin est décédé dans sa 78e année, ce vendredi, à 5 h. 45, à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. Hospitalisé dans la nuit de mardi à mercredi, le maréchal Juin est mort, en état d’urémie, d’un œdème pulmonaire aigu, qui était venu compliquer son état cardiaque.Le général de Gaulle, qui est l’ancien camarade de promotion du maréchal à Saint-Cyr, et qui s’était rendu, notamment en novembre dernier, à son chevet, est venu, à 11 h 50, présenter ses condoléances à Mme Juin.
Le chef de l’Etat, en uniforme, était accompagné du vice-amiral d’escadre Philippon, chef d’état-major particulier du président de la République. Peu après, c’était le tour du général Ailleret, chef d’état-major des armées. D’autres personnalités ont suivi, parmi lesquelles Mme Leclerc, MM. Gaston Palewski, président du Conseil constitutionnel, Maurice Doublet, préfet de Paris, Mgr Veuillot, archevêque de Paris, et le comte de Paris.
Toutes les actions qui ont marqué la vie d’Alphonse Juin pendant cinquante ans s’inscrivent dans la trame historique de nos peines et de nos gloires, de la peine et de la gloire de ces hommes qui, animés comme lui par l’ardent amour de la patrie, luttèrent à ses côtés ou sous ses ordres, souvent jusqu’à en mourir, pour que la France vive.
Tous ces hommes, le Maréchal Juin les avait compris, aimés et les gardait présents dans son souvenir. Vivants, il les reconnaissait au cours de ses pérégrinations à travers la France et son Empire, leur rappelant d’un mot souvent amusant, l’action qui les avaient liés autrefois, à moins que ce ne fût le camarade ou le subordonné qui se fît reconnaître, tel ce vieux Marocain qui se plantant au garde-à-vous devant lui, à son arrivée à Casablanca en 1947 lui dit : « Tu te souviens, j’étais blessé et tu m’as porté sous les balles ».
« L’Histoire jugera », répétait Juin ? En réalité, elle ne l’a jamais fait. Il n’a pas été assez dit que, de tous les généraux français de la Seconde Guerre, Juin fut indéniablement le plus grand sur le plan militaire. Il fut ensuite la voix de la France à l’OTAN, un des artisans de l’arme nucléaire nationale. Mais pour la postérité, plus que tout, la République doit lui savoir gré d’avoir apporté l’indispensable démonstration de ce pour quoi elle a été créée, à savoir que le fils d’un gendarme et d’une couturière peut lui aussi prétendre à la meilleure des destinées.
IN MEMORIAM – Maréchal Alphonse JUIN (décédé le 27 janvier 1967)

M&O 287 de juin 2025
