Né en 1852, Joseph Joffre, fils d’un simple tonnelier de Rivesaltes, s’est hissé au sommet à la force du poignet, avec beaucoup de volonté et de travail. Après le collège de Perpignan, ancêtre du lycée Arago, c’est grâce à une bourse qu’il entre à Polytechnique à 17 ans, il est le benjamin de sa promotion. Il en sort 33e sur 128. Capitaine du Génie, il poursuit une carrière d’officier colonial en Extrême-Orient et en Afrique.
Elevé au grade de général en 1911, son destin bascule en 1914 quand il est nommé commandant en chef des armées. Comme les autres, Joffre croit en une victoire rapide. Il sous-estime les forces allemandes. Pur produit de l’Ecole de Guerre, c’est un partisan de l’offensive à outrance très coûteuse en vies humaines. A l’ancienne. Déjouant tous les pronostics, les Allemands déferlent par la Belgique, le front français craque. Joffre, imperturbable, ordonne la retraite. Paris, que le gouvernement a quitté en catastrophe pour Bordeaux, est sous la menace de la 1ère armée de Von Kluck qui n’est plus qu’à 50 km. Malgré les critiques, Joffre refuse de risquer de perdre tout le pays pour sauver la capitale.
C’est alors que Von Kluck commet l’erreur fatale qui permet au catalan de sauver les deux en même temps et de retourner la situation : la 1ère armée se détourne de Paris pour mettre cap à l’Est, présentant son flanc à la garnison parisienne. Le vieux général Gallieni qui la commande envoie les 4 000 hommes dont il dispose au contact en taxi et Joffre, qui aurait préféré attirer les Allemands plus profondément dans le territoire pour les encercler, se résout à lancer la contre-attaque le 8 septembre. Il ordonne aux soldats français de se faire tuer sur place mais de ne plus reculer.
Le 13, Joffre annonce au gouvernement que la bataille qu’on appellera de la Marne est gagnée. Dans tout le pays ainsi que chez les Alliés, le « vainqueur de la Marne » fait l’objet d’un véritable culte qui va se maintenir jusqu’à sa mort en 1931.
La figure du maréchal Joffre restera dans l’Histoire comme celle d’un homme au cœur patriote, à l’âme ferme, qui fuyait les indiscrétions vulgaires, et qui sacrifiait tout, même ses justes susceptibilités, au bien du pays. A l’heure décisive, il a montré que, de toutes les vertus d’un chef, le caractère est la plus haute et la plus efficace. Dans la grande famille militaire, il n’était pas de ceux qui cherchent l’éclat et le panache. Comme un Catinat ou un Drouot, il ne voulait que servir.
IN MEMORIAM – Maréchal JOFFRE (décédé le 3 janvier 1931)

M&O 287 de juin 2025
