Née le 28 mars 1922 à Bordeaux (Gironde), Yvette Chassagne, née Brunetière, est licenciée ès lettres, et certifiée en droit. Ayant eu une activité au sein de la résistance dès 1940, elle participe à des œuvres de propagande contre l’occupant au sein de la faculté des lettres de Bordeaux. Employée à la préfecture de Gironde, elle contribue jusqu’en 43 au secours de Français de confession juive et de résistants des régions Est de la France occupée.
De 10/1943 à 10/1944, elle est agent de renseignement au sein du groupe Jade Amicol de l’Etat-major interallié. Elle a ainsi transmis à la résistance des renseignements capitaux relatifs à la défense de Bordeaux, aux mouvements de bateaux de guerre allemands et à l’établissement de cartes d’identité. Arrêtée par la Gestapo qui la soupçonne de résistance et malgré les brimades et menaces de mort, elle ne dénonce pas son groupe de rattachement. Elle poursuit son travail au sein de la résistance jusqu’au 15/09/1944. Elle témoignera d’ailleurs au procès de Maurice Papon en 1998.
Nommée en 1944 membre du comité départemental de l’Union des femmes françaises, elle travaille à partir de 08/1945 comme attachée de direction à l’ORTF. Elle intègre ensuite la promotion Jean Moulin de l’ENA le 1/02/1947 et fait donc partie des trois premières femmes à avoir intégré l’institution.
A sa sortie de l’ENA en 1950, elle est nommée administrateur civil à l’administration centrale du ministère des armées. Rapidement reconnue pour son expertise en matière économique et financière notamment sur la coopération technique avec les jeunes États francophones d’Afrique noire, elle est détachée au ministère des finances et des affaires économiques en 04/59. Chef de bureau à la direction des assurances en 1964, elle gravit ensuite tous les échelons de l’administration : première femme « sous-directeur » du ministère des finances à la direction des assurances en 1967, elle devient ensuite directrice du développement économique au ministère de la coopération de 1974 à 1978. Elle est également la première femme à être nommée « conseiller maître » à la Cour des comptes par décret du 19/11/1979.
En 07/1981, elle est nommée première femme préfet par le ministre de l’intérieur, Gaston Defferre, dans le département du Loir-et-Cher. Présidente de l’Union des assurances de Paris de 1983 à 1987, elle termine sa carrière comme présidente d’honneur de la Prévention routière en 1989. Elle écrit en 1988 un livre intitulé Fonctionnaire et patron, les préjugés renversés. Elle est l’un des membres fondateurs de l’Assemblée des femmes et présidente du comité de soutien de l’Assemblée des femmes du Languedoc et du Roussillon (2000-2007).
Conseillère municipale à Narbonne, elle s’éteint le 4 septembre 2007 à l’âge de 85 ans.
- Commandeur de la Légion d’honneur (1991)
- Grand officier de l’ordre national du Mérite
- Chevalier de l’ordre des Palmes académiques
- Chevalier de l’ordre du Mérite agricole
- Grand officier de l’ordre du Mérite de la République italienne
- Commandeur de l’ordre de l’Étoile équatoriale (Gabon)
- Commandeur de l’ordre national (Côte d’Ivoire)
- Commandeur de l’ordre national du Lion du Sénégal
- Commandeur de l’ordre national de la République centrafricaine
- Commandeur de l’ordre national du Cameroun
- Chevalier de l’ordre national du Niger
- Chevalier de l’ordre national du Mali