Au début du conflit les États-Unis avaient très peu d’armements antichars. Des recherches étaient en cours pour le développement de lance-roquette avec des projectiles à charge creuse mais c’est véritablement le début de la guerre qui a accéléré le processus d’adoption.
En 1942, l’armée américaine va alors adopter le lance-roquette M1 puis le M1A1 l’année suivante. Avec l’évolution des blindages, les M1A1 vont être moins efficace ce qui va lancer le développement d’un nouveau lance-roquette qui va rapidement être surnommé le « Super Bazooka ». Ce développement va commencer dès 1943 et le principal changement par rapport au M1 et M1A1 va être le diamètre du tube qui est bien plus large et qui utilise une roquette de 89 mm désigné M28A2. Grâce à ce nouveau projectile, l’arme est capable de pénétrer jusqu’à 280 mm de blindage. L’arme est alors officiellement adoptée en 1945 mais avec la fin de la guerre la production ne commencera pas tout de suite.
C’est à partir de 1948, que les premiers M20 sortent des lignes de production et ils seront utilisés tout d’abord lors de la Guerre de Corée qui commence le 25 juin 1950.
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NOTA DE THEATRUM BELLI SUR LA CHARGE CREUSE :
Le 16 septembre 1938, sur la place d’Armes de Thoune, des représentants du Département militaire fédéral (DMF suisse) assistent à une expérience organisée par l’ingénieur suisse Berthold Mohaupt de Zürich. Au cours de cette démonstration, une « grenade spéciale » de 75 mm perce des plaques d’acier d’une épaisseur de 70 mm. Malheureusement, Mohaupt refuse de donner les détails de son invention. Les autorités militaires refusent de donner suite, arguant « que les projectiles perforants classiques sont plus performants ».
Mohaupt n’a guère davantage de succès lors de son voyage en France en 1939, auprès de la direction des fabrications d’armement (DEFA), du ministère de la Marine, du ministère de la Guerre et de Manurhin. Pendant la « drôle de guerre », Mohaupt conclut un contrat d’exclusivité pour la France avec Edgar Brandt (un des fondateurs historiques du groupe Thales). La société de ce dernier dépose à Versailles, le 9 novembre 1939 un brevet (No. 919818) portant sur la « disposition à l’intérieur de la charge explosive du projectile d’un ou de plusieurs corps creux, de forme conique de préférence, qui, sous l’action de la pression développée au cours de la détonation, se déforment pour devenir de plus en plus compacts et pour venir frapper ainsi le but avec une vitesse accrue dépassant la vitesse de l’obus ».
La société Brandt adapte cette technologie sur des mines de 100 mm de diamètre, des grenades de mortier de 81 mm et des obus de 75 mm. Des essais ont lieu le 18 février 1940 sur le Polygone de Bourges et les résultats étant concluants, le 11 mai 1940 l’invention de Mohaupt est mise au secret. À Satory le 10 juin 1940, Brandt fait la démonstration devant les représentants de l’état-major français d’une grenade à fusil tirée par le MAS 36 et capable de mettre hors de combat un char d’assaut. Le brusque déclenchement de l’offensive allemande et la gravité de la situation militaire imposent à cette date la délocalisation et la poursuite des travaux dans les usines Brandt près de Pau. Enfin, le 14 juin, le ministère de la Défense nationale replie à Vichy autorise la société à « céder ses licences d’exploitation aux gouvernements britanniques et des États-Unis ».
Le brevet de Mohaupt, la première grenade à fusil de Brandt et le colonel Delalande, ingénieur de la société française, arrivent aux USA en août 1940, dans la « valise diplomatique » de l’ambassadeur américain à Vichy, l’amiral Murphy. Ces éléments entrainent le lancement d’un programme de recherche de grande envergure. Mais la grenade est trop légère pour être efficace. Sans propulsion, sa portée ne peut excéder de beaucoup la centaine de mètres. Or le cahier des charges américain demande une arme d’une portée de 100 à 300 mètres, possédant une capacité de pénétration d’au moins 100 mm d’acier ä une incidence de 30 degrés. L’arme nouvelle doit donc tirer un projectile équipé d’une roquette munie d’ailettes pour améliorer la portée et la précision. L’engin lanceur n’a alors plus grand rapport avec un fusil. Le « bazooka » M1A1 est en effet un simple agrégat : un tube métallique équipé d’organes rudimentaires de visée et de rétention du projectile, d’une poignée de transport, d’une gâchette et d’un système de mise ä feu électrique. L’arme est relativement légère (6 kg) et maniable (1,38 m). Une équipe de 2 hommes seulement — tireur et pourvoyeur — est nécessaire pour la mettre en œuvre. Une instruction technique est indispensable pour la faire fonctionner et porte notamment sur les propriétés physiques de cette arme sans recul et tirant un projectile ä charge creuse, ainsi que les — nombreuses — prescriptions de sécurité : ratés, entretien, visée, distances de sécurité, danger de brûlures ä l’arrière du tube, mais aussi pour le tireur au moment du départ de la roquette.
(Source : Alexandre VAUTRAVERS, Revue militaire suisse n°3, juin 2007)