En octobre 1917, la guerre dure déjà depuis plus de trois ans et la victoire n’a pas encore choisi son camp. Après la bataille de la Marne, les grandes offensives de Champagne et d’Artois, Verdun, la Somme, il est urgent de trouver une solution pour mettre fin à la guerre. En France, JOFFRE a laissé sa place à NIVELLE qui n’a pas obtenu plus de résultats sur le Chemin des Dames. Le front, toujours figé, absorbe toujours plus le sang des hommes qui viennent en masse s’échouer sur le mur de l’échec. Fin 1917, il semble nécessaire de trouver un moyen de gagner cette guerre qui a déjà trop duré et c’est au tour de PÉTAIN de s’atteler à cette lourde tâche.
Les échecs successifs de la percée
L’illusion d’une guerre rapide est vite tombée. La guerre s’enlise dans les tranchées et le front stagne sur les mêmes positions depuis la bataille de la Marne. Le généralissime JOFFRE lance les offensives d’Artois et de Champagne, mais elles échouent au prix de nombreuses pertes avec des gains de terrains minimes. JOFFRE est donc sur la sellette pour ses échecs mais aussi à cause de la remontée en puissance de la classe politique parlementaire notamment avec la tenue de « comités secrets » qui souhaitent reprendre les rênes du pouvoir. Le gouvernement sacrifie JOFFRE et en profite pour revoir à la baisse les prérogatives du généralissime. Plusieurs choix s’offrent à eux pour le remplacer ; FOCH, CASTELNAU, PÉTAIN et NIVELLE. FOCH est en déclin après la déception de la bataille de la Somme, PÉTAIN n’est pas dans les petits papiers du gouvernement et n’offre pas de victoire immédiate. Tandis que CASTELNAU est jugé trop conservateur, catholique et de l’ancienne école, le choix se porte donc sur NIVELLE. Colonel au début de la guerre, il succède à JOFFRE au GQG le 25 décembre 1916. Nivelle a été choisi car exempt de connivences politiques, parle anglais couramment et tout juste auréolé du succès de Verdun. De plus, NIVELLE propose une méthode simple, basée sur son expérience à Verdun pour gagner et ne sera pas trop jaloux de ses prérogatives.
Le jeune général nouvellement promu doit faire ses preuves et gagner l’adhésion des troupes et la confiance du politique. NIVELLE reste dans la lignée de la recherche de la percée stratégique. Il programme l’offensive du Chemin des Dames, visant à prendre le plateau de l’Ailette et effectuer une percée entre Soissons et Reims en direction de Laon. Cependant, le plan de NIVELLE est éventé et les Allemands s’attendent à une attaque importante sur le secteur du Chemin des Dames. Le 16 avril 1917, l’offensive est lancée en direction du plateau et les soldats sont vites arrêtés par les défenses allemandes. Dès le premier jour, l’offensive s’enlise et les espoirs de percée sont vite déçus. NIVELLE avait promis de stopper l’attaque si les premiers objectifs n’étaient pas rapidement atteints, cependant il s’obstine à mener son action et l’offensive du Chemin des Dames est un échec. Les pertes sont élevées et, surtout, NIVELLE réitère les échecs cuisants des années précédentes. Le jeune généralissime qui devait apporter de la modernité dans la conception des opérations et terminer la guerre déçoit lui aussi. À son tour, il est limogé le 15 mars 1917 et le général PÉTAIN est choisi pour prendre sa place. Celui-ci est le seul ayant réellement critiqué la méthode Nivelle en apportant de nouveaux éléments de réflexion. De plus l’arrivée de PAINLEVÉ au Ministère de la Guerre favorise PÉTAIN, celui-ci étant un proche et acquis à sa cause.
PÉTAIN, nouveau chef
PÉTAIN a été choisi sur la base de sa conception stratégique des offensives à objectifs limités et pour son sens de la mesure et de la prudence. CLEMENCEAU était favorable à la nomination de FOCH, résolument offensif mais celui-ci est nommé commandant en chef interallié à l’issu de la conférence de Doullens le 26 mars. Les deux hommes, que tout oppose devront travailler dorénavant en tandem. PÉTAIN souhaite trancher avec la doctrine de ses prédécesseurs, c’est à dire la recherche de la percée à tout prix. Tout d’abord, il hérite d’une armée fatiguée et d’une crise de confiance majeure non seulement entre les soldats et ses chefs mais aussi l’armée et les politiques. Le général PÉTAIN ne souhaite plus conduire des offensives coûteuses en hommes qui ne rapportent pas de résultats, en bref « plus de bataille à coups d’hommes mais à coups de matériels ». C’est un nouveau concept opérationnel dans lequel il faut mener des offensives à objectifs limités, des coups de boutoirs successifs afin de consommer l’armée allemande sur plusieurs secteurs. Pour cela, il faut disposer d’un minimum de troupes, constituées d’unités fraîches, d’un juste calcul des moyens à engager et d’un appui d’artillerie massif.
Pour mettre sa nouvelle stratégie en œuvre, PÉTAIN charge le général BUAT de concevoir un outil majeur : la Réserve Générale d’Artillerie ou RGAL. Articulée en 3 divisions ; la 1ère regroupe les moyens d’ALPG (artillerie lourde à grande puissance), la 2ème comprend l’artillerie lourde à tracteurs et la 3ème rassemble l’artillerie de Marine, constituée de 480 batteries, 2 400 canons de 155 à 400 mm servis par 200 000 hommes dont 5 000 officiers. La RGA est un outil stratégique aux ordres directs du GQG, et reçoit pour mission de concentrer les feux à un seul endroit afin de détruire l’artillerie ennemie, ses infrastructures, ouvrir la voie à l’infanterie et faire barrage en cas de contre-attaque d’après l’adage de PÉTAIN désormais ; « L’artillerie conquiert, l’infanterie occupe ». C’est un outil puissant qui permet de résoudre les problèmes de répartition de l’artillerie et du stock de munitions.
La conception stratégique de PÉTAIN se base sur un constat : toutes les offensives précédentes ont échoué du fait de la capacité de l’ennemi à porter ses réserves sur le lieu attaqué, qui est connu à l’avance du fait de la longueur des préparations d’artillerie qui supprime toute surprise mais sont nécessaires pour éviter un échec sur les premières lignes ennemies. Du constat qu’on ne peut réduire la durée de la préparation sans la rendre inefficace, résulte qu’on sera toujours confronté à ces fameuses réserves. De cela va naître une conception stratégique nouvelle, basée sur la manœuvre opérative, qui consiste à précisément agir sur ces réserves. Il s’agit de les consommer en déclenchant une série d’attaques à objectifs limités successives en des points éloignés. Ainsi l’ennemi se trouve contraint d’engager ses réserves en des points successifs éloignés, plus vite qu’il ne peut les régénérer. Estimant alors qu’après huit offensives de ce type, déclenchées dans un laps de temps de deux mois, toutes les réserves ennemies seront consommées et se trouveront fixées sur l’ensemble du front. Il sera alors possible de déclencher une attaque générale qui rompra le front ennemi sans que celui-ci puisse opposer aucune réserve. Dans le même temps les Français, eux, doivent préserver leurs réserves pour pouvoir les engager sur l’offensive finale décisive. Pour cela, les offensives limitées ne seront déclenchées qu’avec les troupes de secteur, au plus les réserves d’armée. Pour garantir le succès des attaques, il faut compenser le manque d’infanterie par un surplus d’artillerie lourde. Celle-ci est concentrée dans un outil stratégique aux ordres directs du GQG : la RGAL. Cette armée d’artillerie est divisée en trois masses de manœuvre, globalement une par groupe d’armée. Pour pouvoir garantir la succession rapide des attaques, on mise sur la grande mobilité opérative des masses, conformément à la carte, grâce à l’emploi du chemin fer et des tracteurs automobiles. Ainsi le GQG peut concentrer une masse critique d’artillerie très rapidement en un point, sans déplacement d’infanterie, frapper et se déployer sur le point suivant, pendant que les réserves ennemies accourent sur le point attaqué. Quand elles y arriveront, l’attaque suivante aura été lancée et ainsi de suite. Le GQG s’assure ainsi de garder l’initiative, en imposant un rythme offensif tel que l’ennemi sera incapable de se réarticuler et de riposter avant de subir le coup décisif, subissant la manœuvre amie.
Après les succès des offensives de reconquêtes de Verdun, PÉTAIN cherche donc à confirmer la pertinence de sa doctrine. PÉTAIN est prêt à attaquer.
La Malmaison
Le GQG choisit le secteur de la Malmaison pour mettre en application sa nouvelle doctrine. Il s’agit d’un secteur à l’ouest du Chemin des Dames, entre Vauxillon en passant par le moulin de Laffaux jusqu’à la ferme de Rayère. Cette offensive est particulièrement importante pour PÉTAIN car nécessaire pour valider sa nouvelle doctrine, redonner confiance à l’armée par une victoire et faire ses preuves auprès du politique. Le choix de la Malmaison est a priori audacieux car c’est un secteur pentu, où il y a beaucoup de creutes et d’abris fortifiés et avec le saillant de Laffaux dans le dos. Cependant ce choix n’est pas anodin car il faut laver l’affront de l’échec du Chemin des Dames, ce secteur est donc symbolique par sa proximité avec celui-ci. De plus, le saillant de Laffaux se prête très bien à la tactique de la manœuvre en tenaille et d’attaque par les flancs comme préconise PÉTAIN. L’ensemble de l’opération de la Malmaison vise à faire tomber les défenses du Chemin des Dames en plusieurs phases :
- Une attaque brève et puissante visant à rompre les lignes adverses entre le ravin du Bessy et la ferme de Royère et à s’emparer de l’artillerie adverse ;
- Exploitation immédiate pour atteindre le nord de Vauxaillon et le canal de Braye-en-Laonnois ;
- Contraindre l’ennemi à évacuer le Chemin des Dames.
Le général PÉTAIN met en ligne sur ce front de 12 km la 6e Armée de Maistre composée de trois corps d’armée, le XIVe CA (MARJOULET), XXIe CA (DEGOUTTE) et Xie CA (MAUD’HUY). Le XIVe CA reçoit pour mission la prise et la réduction du saillant de Laffaux par une manœuvre en tenaille, le XXIe CA la prise du point d’appui de la ferme de la Malmaison et le XIe CA le fort de la Malmaison. Dès la prise des premiers objectifs fixés, des unités fraîches en réserve doivent prendre la relève pour conquérir les objectifs suivants. Le dispositif français s’articule donc ainsi ; six divisions en première ligne sur un front d’environ 1 000 à 2 000 m, six autres en seconde ligne, deux autres divisions placées sur les ailes pour appuyer et soutenir l’avancée des divisions voisines. Ces divisions sont constituées de trois régiments à trois bataillons, une artillerie divisionnaire de trois groupes de 75 mm et un groupe de 155 mm court. Elles disposent d’un bon moral et
sont équipées des dernières nouveautés : tromblon VB, fusil-mitrailleur, lance-flamme. La plupart ont suivi des stages de perfectionnement sur ces nouveaux outils et des stages en coordination avec les blindés au camp de Champlieu. Concernant l’artillerie, ses moyens ont été particulièrement renforcés avec une densité par kilomètre de : 16 batterie de 75, 12 batterie d’artillerie lourde courte, 8 batteries d’artillerie lourde longue, 3 batteries d’ALGP ainsi que 2 batterie d’artillerie de tranchée. Pour l’artillerie spéciale, les chars, 5 groupes participent à l’attaque : 3 groupes Schneider (AS.8, AS.11, AS.12) composés de 36 chars et 2 groupes Saint Chamond (AS.31, AS.33) avec 28 chars et deux chars TSF. Les équipages ont reçu une formation complémentaire visant à travailler davantage en collaboration étroite avec l’infanterie.
L’ordre de bataille s’articule ainsi, à droite la 67e DI couvre le flanc droit de l’attaque et appuie la 66e DI. A gauche, la 129e DI du XIVe CA couvre le flanc gauche de l’attaque en appuyant la 28e DI. La 38e DI est au centre du dispositif, dans le secteur des carrières de Bohéry. Les divisions du XIVe CA attaquent sur un axe sud-ouest et nord-est sur un secteur qui va en se rétrécissant. La 27e DI dispose de cinq bataillons en première échelon dont le bataillon du centre est chargé des carrières de Fruty, les deux bataillons de gauche de l’objectif intermédiaire et ceux de droite progressent sur le second objectif. Les bataillons de tête comportent deux compagnies en première échelon et une compagnie en seconde ligne.
Face à lui, la VIIe Armee de VON BÖHN qui tient la position avec 70.000 hommes avec 468 canons de campagne et 252 canons lourds, 6 divisions en première ligne, 37e, 14e, 13e en plus de 2 divisions de la Garde et la 47e division de réserve. En seconde ligne, 3 divisions en appui direct et en trois divisions de réserve disposant de 180 batteries d’artillerie. La première position est constituée de trois lignes de tranchées distantes de 300 mètres et précédée d’un réseau de barbelés et de positions de défenses irrégulières. Les lignes allemandes sont étoffées de plusieurs nids de mitrailleuses et de quelques creutes aménagés. Le rapport de force pour l’attaque n’est pas particulièrement favorable aux français, mais PÉTAIN fait le pari d’un appui puissant de l’artillerie.
L’idée de manœuvre est de prendre les hauteurs de l’Ailette et neutraliser les défenses ennemies. Pour cela, il commande une puissante préparation d’artillerie qui va durer plusieurs jours. Cette puissante de feu inégalée pendant la Grande Guerre est douze fois plus puissante que celle qui précédente l’offensive de la Somme, on compte un canon tous les 10 mètres sur un front de seulement 12 kilomètres, c’est un véritable déluge de feu qui s’abat sur les positions allemandes. Sur les trois premiers jours de la préparation d’artillerie, on voit bien le principe de concentration des feux sur la première ligne allemande, et au sein de cette première ligne, sur les points d’appui fortifiés identifié. Simultanément, on recherche la destruction des batteries ennemis repérées contrairement à ce qui avait été fait pour l’offensive NIVELLE, où l’on avait recherché la destruction simultanée des différentes lignes allemandes, à la fois dans la profondeur et sur un front beaucoup plus large aboutissant à une dispersion des coups et donc à l’inefficacité de la préparation.
Sur les trois jours suivants, tout en poursuivant les destructions sur la première ligne, on identifie celle sur les batteries ennemies et zones potentielles de concentration de troupes ennemies pour une contre-attaque. À l’heure H, un barrage roulant est déclenché, auquel l’infanterie doit coller au plus près pour « cueillir » l’ennemi à sa sortie des abris. Ce barrage sera ensuite interrompu, pour relancer une préparation d’artillerie sur la deuxième ligne allemande où se concentrent les éléments de contre-attaque.
Le 23 octobre à 5h45, PÉTAIN déclenche l’offensive. Le jour n’est pas encore levé et le brouillard obscurcit un peu plus l’horizon. En face, les Allemands reçoivent l’ordre de tenir les positions sans aucun esprit de recul et la majorité des effectifs sont concentrés en première ligne. Erreur pour les allemands car le feu d’artillerie français balaye les premières lignes avec plus de 3 millions d’obus. À l’est, les 66e, 38e et 43e DI et une partie de la 13e DI avancent sous le barrage d’artillerie ennemi. Malgré cela, la 38e DI atteint le premier objectif dès 6h30 : le fort de la Malmaison. Les opérations de nettoyage autour de celui et des carrières de Bohéry se poursuivent jusqu’à 15h dans l’après-midi. La 66e DI progresse difficilement. Les 43e, 13e, 27e et 28e DI serrent le barrage roulant et atteignent leurs objectifs intermédiaires dès 6h10, les carrières de Fruty et de la Malmaison sont nettoyées. A 6h15, ces divisions reprennent leur progression et atteignent le mont de Laffaux à 7h30. Seule la 129e DI est attaquée violemment dans la région du bois de la côte 160. À 9h15, l’attaque reprend sur l’ensemble de la largeur du front. Vers 13h, la 38e DI atteint les lisières nord-est de Chavignon. L’ennemi se ressaisit et les combats sont rudes dans les secteurs des tranchées de Dennewitz et du Lézard. A 14h30, les dernières unités atteignent leur objectif final.
La journée du 24 est consacrée pour des reconnaissances en avant, l’installation sur les positions conquises la veille et le déplacement de l’artillerie à l’avant.
Le 25 octobre, l’ordre est donné de pousser les lignes sur l’Ailette, avec XIVe CA appuyé par des éléments de la 13e DI. La gauche du dispositif doit se porter en avant, deux batteries d’artillerie spéciale accompagnent le mouvement avec des Saint-Chamond : A.S. 31 et 33.
Les jours qui suivent le 25 voient la brèche dans le dispositif ennemi s’élargir jusqu’à la brusque évacuation allemande du Chemin des Dames dans la nuit du 1er novembre. L’opération est un succès complet.
Bilan pour Pétain
Le général PÉTAIN remporte ici une belle victoire et voit ses choix doctrinaux récompensés et validés par l’épreuve du feu. Les Allemands comptent à l’issu de la bataille 8.000 morts, 30 000 blessés, 12.000 prisonniers en plus de 200 canons capturés, 200 Minenwerfer et 720 mitrailleuses. Côté français, les pertes s’élèvent à 14 000 hommes, un chiffre loin des hécatombes précédentes. De plus, l’action des chars a été un réel succès lavant les déceptions précédentes. Grâce à ce succès, la troupe reprend confiance en ses chefs et en l’espoir de la victoire.
L’emploi de l’artillerie à la Malmaison diffère sur plusieurs aspects de celui effectué sur le Chemin des Dames. En effet, l’artillerie lourde ici est regroupée localement dans le but de concentrer les feux sur des objectifs très précis alors que dans l’offensive de NIVELLE la préparation d’artillerie n’était qu’un saupoudrage sur l’ensemble du front. L’emploi des chars diffère lui aussi. Dans le cadre du Chemin des Dames ils étaient chargés de faire une brèche dans les lignes allemandes, d’ouvrir la voie à l’infanterie et de neutraliser les points d’appui et les nids de mitrailleuses. À la Malmaison, ils coopèrent davantage avec l’infanterie en accompagnant leurs efforts et ne remplacent pas le tir d’artillerie. Les modèles ont aussi été améliorés, le Schneider est désormais équipé d’un double réservoir surblindé, d’une porte latérale permettant une évacuation rapide en cas d’incendie et d’un meilleur appareil de pointage pour la pièce. Le Saint-Chamond quant à lui est équipé de chenilles plus larges pour éviter les enlisements. De plus les équipages bénéficient maintenant d’un système de communication, avec signaux et panneaux, pour communiquer avec l’infanterie pendant l’action. Leur itinéraire est soigneusement préparé avec du renseignement de terrain et un groupe d’appui précède leur avance sur le champ de bataille pour éviter la perte inutile de ce matériel coûteux. Hormis l’artillerie et les chars, l’infanterie a bénéficié aussi d’une excellente instruction. La jonction de tous ces facteurs constitue le cœur de la doctrine de PÉTAIN ; l’écrasement de l’ennemi par le feu l’exploitation brève et rapide des résultats de l’artillerie par l’infanterie et les chars. La succession rapide de ces offensives à objectifs limités sur la totalité du front, avec l’emploi rapide et mobile des unités, est la clef de la victoire d’après PÉTAIN. En considérant l’attaque de la Malmaison comme référence, on peut considérer que les huit offensives coûteront entre 80.000 et 100.000 hommes à la France et entre 400 et 500.000 à l’Allemagne. Les attaques de la rive gauche de Verdun en 08/17 et de la Malmaison valident tactiquement le concept, reste à le tester stratégiquement. Il le sera à partir de septembre 1918 par le Maréchal FOCH, avec quelques modifications.
Cependant malgré ce succès, on reproche à PÉTAIN de ne pas poursuivre les Allemands au-delà de l’Ailette et ne pas avoir exploité au maximum ce succès. De plus, la victoire de la Malmaison est éclipsée par la lourde défaite de Caporetto que subissent les Italiens. Renforcée par l’armée allemande, l’Autriche-Hongrie parvient à remporter une grande victoire qui ouvre la porte de la Vénétie. Cette victoire des empires centraux montre que la stratégie des grandes offensives est encore efficace et rapporte beaucoup en cas de victoire.
Camille HARLÉ-VARGAS