Le questionnement sur le rôle de nos médias mainstream et de leur influence se pose.
Un constat sur les Tribunes des militaires
Le traitement par les médias des Tribunes passées des militaires et donc des généraux a été en grande partie en faveur du gouvernement. D’ailleurs en aurait-on parlé si Valeurs actuelles ne l’avait pas fait ?
Les accusations sur la montée en puissance de CNews, qualifiée de chaîne conservatrice sinon d’extrême-droite, confirment cette dérive de médias globalement pro-gouvernementaux sinon d’une sensibilité de gauche pour certains, en décalage avec une grande partie de la société. Il apparaît la volonté d’exclure par stigmatisation les médias qui ne vont pas dans leur sens. Il suffit par exemple de faire une analyse de contenu des articles dans le quotidien Le Monde pour voir ce ciblage. Malgré cette pression récurrente, constatons l’échec compte tenu de la progression de CNews en termes d’audience mais aussi les débats qu’ont suscité les Tribunes.
En outre, la crise n’est pas close dans cette relation militaires-médias-gouvernement. Le 17 juin 2021, le général (2S) Coustou mettait en ligne une lettre (Cf. Lettre) adressée au quotidien Le Monde pour son traitement de l’information dans un article signé par sa « spécialiste défense ». Aujourd’hui, 18 juin, date symbolique, six généraux incriminés pour avoir signé les Tribunes, publient sur le site « place d’armes » l’analyse plutôt caustique de leur mise en accusation.
Ainsi, les Tribunes des militaires montrent un relatif parti pris médiatique sur l’information qui doit être transmise ou pas, développée ou pas vers le citoyen. Comment s’étonner que d’autres médias trouvent une audience en France ?
Une expérience personnelle
Les hasards de l’actualité ont fait que j’étais interviewé à nouveau cette semaine sur RT, chaîne certes sponsorisée par le gouvernement russe mais qui fait appel à des journalistes français très professionnels.
Ainsi, faisant suite au sommet de l’OTAN à Bruxelles pour rétablir les liens transatlantiques, s’est tenue la réunion exceptionnelle à Genève entre Joe Biden et Vladimir Poutine. Cela m’a permis d’échanger sous la forme d’un débat avec le colonel (er) Chamagne ce 14 juin 2021 pour le premier sujet (Cf. Sommet de l’OTAN) et ce 16 juin 2021, d’apporter mon analyse sur la rencontre Biden – Poutine (Cf. Rencontre Biden-Poutine)
Outre le travail personnel de préparation comme à chaque fois, l’intérêt de ces interviews sur RT réside sans aucun doute dans les échanges avec des intervenants toujours différents et bien sûr en « direct ». Les journalistes sont compétents. L’interviewé a le temps de développer ses idées. Son entretien n’est pas instrumentalisé par l’utilisation des quelques secondes ou phrases qui valident le point de vue du journaliste travaillant pour les grands médias français.
Certes, cette chaîne russe a vocation à porter la parole de la Russie. Il faut en effet regarder les reportages qui encadrent sa propre interview. Ils n’en sont pas moins intéressants car ils reflètent les positions russes qu’il faut aussi écouter et regarder pour établir sa propre opinion et apporter sa contradiction comme cela doit exister en démocratie.
Enfin, la parole reste libre. En témoignent les présences d’interviewés de tous bords. Cela n’est pas négligeable mais ne signifie pas que l’on adhère aux positions de la Russie, encore faut-il le préciser dans le contexte médiatique ambiant.
Pour conclure
Les doutes sur la fiabilité et surtout sur l’objectivité des médias, certes une illusion que H. Beuve-Méry avait exprimée en son temps, persistent. Les sondages, année après année, le montrent. Une démocratie et ses citoyens peuvent cependant exiger une plus grande ouverture sinon un plus grand équilibre dans le traitement de l’information par nos médias établis.