vendredi 2 juin 2023

N’aurait-il pas fallu commémorer le 8 mai 2022 avec plus d’esprit de résistance ?

Ce dimanche, le 8 mai 2022 commémore la victoire obtenue sur le nazisme alors que la guerre en Ukraine se poursuit.

Dans ce contexte de conflit de haute intensité, nous nous sommes focalisés légitimement à travers les médias nationaux sur le 9 mai, la fête nationale russe de la victoire sur le nazisme (Cf. Le Monde du 13 avril 2022). Or, cette date soutient le narratif de V. Poutine qui s’est appuyé sur la thématique de la dénazification de l’Ukraine pour agresser cet État.

En outre, cette date du 9 mai est aussi la journée officielle de l’Union européenne, ce que beaucoup d’entre nous ignorent et y attachent peu d’importance.

La confrontation des deux dates est donc intéressante mais suscite une interrogation.

En effet, notre président de la République qui est aussi le président en exercice de l’Union européenne, se prépare à faire un discours ce 9 mai au parlement européen à Strasbourg… tout comme V. Poutine le même jour. On ne peut pas écarter que la guerre en Ukraine sera évoquée par l’un et par l’autre.

En revanche, ne pas commémorer en France, d’une manière plus intense, plus offensive le 8 mai qui rappelle notre victoire de 1945 sur le nazisme aurait été l’opportunité de diffuser notre contre-discours par anticipation et donc de fragiliser le discours de V. Poutine.

Même si elle a beaucoup souffert de la Seconde Guerre mondiale bien qu’il ne faille pas oublier le pacte germano-soviétique de 1939, la Russie n’a pas gagné seule. Les États-Unis, et bien sûr les Européens qui ont refusé la défaite dont le général de Gaulle, ont plus que contribué à cette victoire commune.

Aussi, nous aurions pu attendre de notre gouvernement une plus grande implication dans la mise en valeur de cette victoire autour de nos monuments aux morts notamment en mobilisant les administrations, les écoles, la société civile pour marquer d’une manière sans équivoque notre soutien à la résistance ukrainienne.

En France, il est vrai qu’il y a eu et qu’il y aura des élections, qu’il y a aussi les vacances…

Mes interventions de la semaine sur LCI et dans le Figaro

Quelques réflexions sur la guerre en Ukraine parues ces derniers jours dans le Figaro :

et des contributions à trois articles sur des sujets qui m’intéressent notamment sur la propagande :

Général (2S) François CHAUVANCY
Général (2S) François CHAUVANCY
Saint-cyrien, breveté de l’École de guerre, docteur en sciences de l’information et de la communication (CELSA), titulaire d’un troisième cycle en relations internationales de la faculté de droit de Sceaux, le général (2S) François CHAUVANCY a servi dans l’armée de Terre au sein des unités blindées des troupes de marine. Il a quitté le service actif en 2014. Il est expert des questions de doctrine sur l’emploi des forces, sur les fonctions ayant trait à la formation des armées étrangères, à la contre-insurrection et aux opérations sur l’information. A ce titre, il a été responsable national de la France auprès de l’OTAN dans les groupes de travail sur la communication stratégique, les opérations sur l’information et les opérations psychologiques de 2005 à 2012. Il a servi au Kosovo, en Albanie, en ex-Yougoslavie, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, au Liban et à plusieurs reprises en République de Côte d’Ivoire où, sous l’uniforme ivoirien, il a notamment formé pendant deux ans dans ce cadre une partie des officiers de l’Afrique de l’ouest francophone. Il est chargé de cours sur les questions de défense et sur la stratégie d’influence et de propagande dans plusieurs universités. Il est l’auteur depuis 1988 de nombreux articles sur l’influence, la politique de défense, la stratégie, le militaire et la société civile. Coauteur ou auteur de différents ouvrages de stratégie et géopolitique., son dernier ouvrage traduit en anglais et en arabe a été publié en septembre 2018 sous le titre : « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d'influence, affrontement économique ». Il a reçu le Prix 2010 de la fondation Maréchal Leclerc pour l’ensemble des articles réalisés à cette époque. Il est consultant régulier depuis 2016 sur les questions militaires au Moyen-Orient auprès de Radio Méditerranée Internationale. Depuis mars 2022, il est consultant en géopolitique sur LCI notamment sur la guerre en Ukraine. Animateur du blog « Défense et Sécurité » sur le site du Monde depuis août 2011, il a rejoint depuis mai 2019 l’équipe de Theatrum Belli.
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2 Commentaires

  1. Juste une précision : Les États-Unis sont entrés tardivement dans la seconde guerre mondiale. Alors que le conflit a débuté en septembre 1939, les Américains ne se rangent aux côtés des Alliés que le 7 décembre 1941. Soit deux ans après ! Mais vous dites « bien qu’il ne faille pas oublier le pacte germano-soviétique de 1939 » effectivement n’oublions pas qu’à cette date l’URSS aurait eu à supporter quasi seule l’effort de guerre contre Hitler au grand soulagement des … autres qui pour certains avaient des sympathies pour celui-ci.
    Comme on dit ce n’est pas l’histoire qui compte mais la façon dont on la raconte…

  2. Je ne crois pas qu’il faille tout mélanger. La célébration du 8 mai doit rester dans le contexte historique de la 2eme guerre mondiale et ne doit pas servir à l’actualité .Ce conflit, à la différence de 14-18,a été marqué par des « guerres civiles » dans les pays belligérants: gouvernements collaborationnistes ( France,Norvége,Croatie par exemple),animosités entre mouvements résistants(FFI FTP, résistances yougoslaves et grecques) et adhésion de catégories de populations à la politique du Reich( pays baltes,Pologne, Ukraine…)en ce qui concernait les mesures anti juives. A ma connaissance de tels conflits intérieurs n’ont pas eu lieu lors de la 1ere guerre mondiale.
    En revanche je vous remercie de souligner le peu d’importance donnée au 8 Mai dans notre pays. Je rapproche cette indifférence d’un récent ordre du jour du Général Burkhardt qui, tirant quelques leçons du conflit actuel, insiste sur l’importance des forces morales. Celles-ci, caractérisant la population ukrainienne, lui permettent de résister. Le Chef D’Etat Major des Armées souligne que ces indispensables forces morales ne se forgent pas en un jour et doivent être sans cesse fortifiées. Cela va dans votre sens, à savoir qu’il faut que le 8 Mai ne soit pas seulement un jour férié anonyme.Quant au 9 mai européen il ne mérite pas la majuscule!!!

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