jeudi 3 octobre 2024

Pologne, septembre 1939 : Les panzers de Reinhardt livrent des combats acharnés contre l’armée de Poznan

Lancés à l’assaut de Varsovie, les chars et l’infanterie de la 4e Panzerdivision livrent une des plus sanglantes batailles de la campagne de Pologne.

Georg-Hans Reinhardt en 1941 sur le front russe.

Lors de la campagne de Pologne en septembre 1939, la 4e Panzerdivision constitue une des deux formations blindées du 16e corps d’armée dépendant du groupe d’armées Sud, lequel forme une des pinces du vaste mouvement d’encerclement à l’ouest de Varsovie. La première partie du plan de bataille allemand, après les attaques initiales du 1er septembre, se déroule sans incident et, vers la fin de la première semaine de la campagne, la 4e Panzerdivision, commandée par Georg-Hans Reinhardt, menace directement la capitale polonaise. La confiance allemande est au plus haut et les ordres du 16e corps, pour le 8 septembre, enjoignent à la division d’avancer sur Varsovie le long de deux routes principales et d’entrer dans ce que les Allemands croient être une ville ouverte. Cependant, les colonnes blindées ne vont pas trouver une ville vaincue d’avance, mais un lieu décidé à résister. Des barricades ont été dressées, des canons antichars et de l’artillerie sont mis en batterie dans les parcs et sur les places de la ville ; même la population civile se prépare à combattre les envahisseurs.

En outre, le déploiement de la 4e Panzerdivision de Reinhardt se modifie quand, à la fin de l’après-midi du 9, un avion de liaison apporte un message indiquant que de nombreux soldats polonais et du matériel lourd avancent le long de la route est-ouest, entre Sochaczew et Varsovie, en direction de la rivière Bzura. Ce dont le message ne fait pas état, c’est que la force ennemie regroupe la puissante armée de Poznan. Il devient vite évident que le seul obstacle entre l’armée de Poznan et Varsovie est la 4e Panzerdivision, isolée du gros des forces allemandes en Pologne et dont les unités sont déployées face à l’est.

La progression rapide des deux divisions blindées du 16e corps a formé un saillant long et, étroit : la Panzerdivision se trouve au sud-est de Varsovie et la 4e division a atteint l’ouest de la ville. Ces deux divisions ne sont pas en liaison directe. Pour faire face à la situation, l’énergique Reinhardt, un des premiers théoriciens allemands du Blitzkrieg – la guerre éclair – dispose alors sa 4e division de telle sorte qu’elle puisse faire face en direction de l’est et de l’ouest ; puis il lance un appel au commandement central, demandant un renfort d’infanterie.

En arrière de la route principale, la menace qui pèse sur la 4e Panzerdivision s’accroît. Sur le flanc ouest, son 7e groupe de reconnaissance a été balayé par l’avant-garde de l’armée de Poznan. Pour faire face à cette pression, Reinhardt lance un groupement tactique constitué du régiment d’infanterie motorisée Leibstandarte SS Adolf Hitler, qui s’est rué en avant, en réponse à sa demande, avec le 2e bataillon du 103e régiment d’artillerie et les survivants du groupe de reconnaissance. Face à Varsovie se trouve un groupement tactique d’infanterie, d’artillerie et de canons antichars, tandis que restent en réserve les deux régiments de chars et le 12e régiment de fusiliers. Cependant, la situation de la division Se dégrade et devient   Elle est à court d’essence et de munitions. Ses dépôts de ravitaillement, ainsi que les principaux ateliers de dépannage, se trouvent à Petrikau, à quelque 125 km de distance. Entre les dépôts et les unités combattantes s’étendent de vastes étendues où rôdent des unités ennemies agressives et inébranlables, s’efforçant toutes d’atteindre leur capitale depuis la Bzura.

Les Polonais ne se considèrent pas comme battus, alors qu’ils n’ont même plus de commandement central pour diriger les opérations de leurs armées en campagne. C’est ainsi que l’histoire de la bataille de la Bzura deviendra celle d’une attaque furieuse et d’une défense acharnée contre des assauts incessants. Les Polonais n’accepteront jamais leur défaite ; aussi, dans les derniers jours, leurs charges seront exécutées avec autant de furie que d’enthousiasme.

Pendant la journée du 10 septembre, la garnison de Varsovie, plus active qu’à l’ordinaire, bombarde les unités de la 4e Panzerdivision. Simultanément, on signale qu’un grand nombre de soldats polonais s’infiltrent à travers le dispositif de la division et se déplacent le long de la Vistule. Chaque formation de sa division étant déployée à l’extrême, Reinhardt peut seulement riposter à la provocation polonaise par des tirs d’artillerie. Quelques soldats allemands découvrent le spectacle étrange de certaines batteries tirant vers l’ouest, tandis que d’autres batteries du même groupe tirent vers l’est, sur Varsovie.

L’assaut polonais est lancé par des hommes qui se battent sans relâche depuis plus d’une semaine

Pendant toute la journée du 11 septembre, les furieux assauts polonais sont lancés par des hommes qui se battent sans relâche depuis plus d’une semaine. À la fin de chaque contre-attaque, quand les soldats polonais se retirent dans les forêts vastes et sombres d’où ils ont surgi, les fantassins allemands, les artilleurs et les équipages des chars se laissent tomber sur le sol, totalement épuisés. Quand l’alerte sonne de nouveau, ils découvrent avec désespoir les longues lignes ennemies venant sur eux et ils entendent de nouveau les hourras accompagnant l’assaut polonais.

Même si les panzers ont peu de chars ennemis à combattre, ils se trouvent constamment en action et ils sont utilisés comme artillerie d’assaut pour soutenir l’infanterie durement harcelée, ou pour reprendre l’offensive afin de regagner le terrain perdu. Le 11 septembre au soir, plus de la moitié des chars allemands sont hors de combat. La fureur de la bataille augmente, puis diminue enfin d’intensité pendant les premières heures du 12 septembre, quand est lancée, à Mokatov, une attaque de nuit polonaise soutenue par vingt chars. Les blindés polonais n’ont pas la puissance de feu des 3e et 4e Panzerdivisionen, mais ils sont habilement menés et contraignent les Allemands à se replier.

Dans le secteur ouest, les Polonais, habiles au combat de nuit, délogent les SS de leurs positions, obligeant Reinhardt à engager ses dernières réserves pour tenter de rétablir la situation. Quelques chars polonais parviennent à percer et, dans la confusion du combat, l’infanterie du 33e régiment élimine six des dix-huit chars qui sont détruits cette nuit-là. La plupart des autres sont mis hors de combat par le 35e Panzerregiment. Toute la nuit et une grande partie du jour suivant, les attaques polonaises provoquent des contre-attaques allemandes, mais la bataille devient si confuse qu’elle ne peut plus durer longtemps et les combats se terminent.

Dans l’après-midi du 14, la division a repris contact avec les unités qui se trouvent au sud, bien que le flanc sur la Vistule soit encore dégarni. Une ligne mince, mais tout de même une ligne, d’unités allemandes est en train de tourner les Polonais qui tentent de se replier vers l’est. Une fois effectuée cette reprise en main de la situation, Reinhardt redéploie ses divisions et envoie les SS dégager son flanc ouest. Le terrain au nord de la route principale est un terrain propice aux chars ; leurs équipages, après plusieurs jours de mouvements restreints, commencent à se frayer un passage à travers la lande.

Leur avance mène les soldats allemands au-delà du terrain où ils ont combattu pendant plusieurs jours. Le sol, à présent, est creusé d’entonnoirs et les cadavres s’entassent, décomposés sous le soleil d’automne. Ce n’est pas une avance facile pour les chars et les SS. Les barrages d’artillerie, les tireurs embusqués et les canons antichars les attendent. Après avoir reçu de nouveaux ordres du quartier général du 16e corps, Reinhardt stoppe la progression. Il a pour mission, avec sa division, d’atteindre la Bzura, puis de ratisser les grands bois qui se trouvent sur la berge sud de la Vistule. La 4e Panzerdivision, qui a repoussé une dure offensive pendant plusieurs jours, constitue maintenant le fer de lance qui devra s’enfoncer dans les armées valeureuses de Poznan et de Pomorsze.

La Bzura est finalement atteinte et le terrain préparé en prévision des féroces contre-attaques polonaises. Elles ne tardent pas à venir, et sont d’une ampleur et d’une fureur jamais atteintes. L’infanterie et la cavalerie polonaises se ruent sur l’ennemi, débordant quelques unités et en cernant d’autres. L’air s’emplit des appels à l’aide des unités allemandes soudainement isolées et combattant pour leurs vies. Toutefois la ligne est maintenue.

L’intention de Reinhardt de continuer à assurer des positions défensives le long de la rive de la Bzura se modifie quand les rapports annoncent de grandes concentrations de soldats polonais le long de la courbe ouest de la rivière. Les ordres du groupe d’armées Sud commandent une avance générale afin de détruire les forces adverses. En raison de la faiblesse de sa division et de l’épuisement de ses hommes, Reinhardt s’interroge sur le bien-fondé de cet ordre, mais il doit obéir : « La bataille décisive se déroulera sur la rive ouest. »

La division se scinde en deux colonnes pour l’attaque. Celle de gauche, avec le 12e régiment de tirailleurs, le second bataillon du 35e régiment de chars et des éléments du 49e régiment d’artillerie, a ordre d’attaquer Ruszki. La colonne de droite, composée des autres bataillons du 35e régiment de chars, des SS et des détachements restants du régiment d’artillerie, a ordre de s’emparer de l’embranchement situé au nord de la ville.

À 7 heures, le 16, la progression commence par le franchissement de la Bzura peu profonde et le premier objectif est pris en moins de 90 minutes. Des ponts sont lancés vers 10 h 45 et le flot des assaillants commence à s’écouler vers l’ouest. Mais l’avancée est lente. En fin d’après-midi, les inéluctables contre-attaques polonaises se portent contre la division. Les assauts sont lancés par deux nouvelles divisions polonaises, et leur poussée déborde l’infanterie allemande pour atteindre, en un point, les positions de l’artillerie, avant d’être enfin stoppée. Reinhardt fait le bilan : cette journée de combat a coûté à son 35e régiment de chars 23 engins, et l’unité ne possède plus que 65 véhicules de reconnaissance. Sa division est incapable d’un nouvel effort.

Mais ce qu’ignore Reinhardt et le haut commandement allemand, c’est que l’attaque lancée au jour prévu par sa division a brisé l’offensive polonaise, détruisant le peu de cohésion que connaissaient encore leurs unités. Un processus de lente désagrégation s’instaure. Bien que les assauts de l’infanterie polonaise restent violents, que les charges de cavalerie soient menées avec courage, et que les canonniers antichars polonais se montrent précis, leurs efforts ne témoignent plus que de l’agonie d’une armée disloquée. Mais le combat contre la mort peut être violent, et comme la 4e division se fraie un passage vers le nord, se rabattant vers la rive orientale de la Bzura, les Polonais font des efforts désespérés pour atteindre Varsovie. Lors de cette ultime tentative, les Polonais se défont de leur équipement lourd et du ravitaillement, puis, munis seulement d’armes légères et transportant individuellement leurs munitions, ils passent à l’action, isolant quelques unités allemandes et en repoussant d’autres vers l’arrière. Dans le secteur de la 4e division, au début de cette matinée du 18 septembre, ils submergent le 4e bataillon du 12e régiment de fusiliers, isolant des servants de pièces antichars et encerclant le 1er bataillon de la Leibstandarte SS. Des buissons recouvrant la rive occidentale de la Bzura, des soldats polonais, restés en embuscade toute la journée, surgissent et se lancent à l’assaut, franchissant la rivière peu profonde.

À ses hommes, encerclés et isolés, Reinhardt peut seulement répéter son ordre : « Tenez bon! »

Le farouche acharnement avec lequel les Polonais attaquent parvient à bousculer le flanc gauche de la division de Reinhardt et les assaillants s’élancent maintenant vers les positions de l’artillerie lourde. Les canonniers, tirant à bout portant ; détruisent des groupes entiers d’hommes, mais d’autres les remplacent qui, à leur tour, chargent et s’écroulent. Dans la confusion du combat, des officiers de chaque camp empoignent un fusil comme de simples soldats et le général Skotnicki, de la cavalerie polonaise, commande une charge à la baïonnette, revolver au poing, encourageant ses hommes jusqu’au moment où il tombe mortellement blessé.

À ses hommes, encerclés et isolés, Reinhardt peut seulement répéter son ordre : « Tenez bon ! » La dernière attaque polonaise se produit à 4 heures, mais elle est faible et facilement repoussée. À l’aube du 19 septembre, deux bataillons de soldats SS et le 35e régiment de chars brisent une résistance polonaise éparpillée et rejoignent les unités dont ils ont été séparés.

À 11 heures, le 19 septembre, les Polonais commencent à se rendre ; 170 000 hommes seront faits prisonniers. Les hommes, épuisés, de la 4e Panzerdivision se déplacent sur le champ de bataille, horrifiés par les résultats de dix jours de combat. Les deux rives de la Bzura sont couvertes de morts. Par endroits, sur la rive méridionale de la Vistule, les morts sont entassés par quatre ou cinq. Les Polonais, cherchant à rejoindre la rive septentrionale, ne savaient pas que le 2e corps allemand les attendait pour briser leur tentative. Entre ces deux champs de bataille gisent par milliers les morts et les blessés. Sur la rive de la Bzura s’est éteint l’espoir de l’armée de Poznan. L’unité qui a brisé les espoirs polonais, la 4e Panzerdivision paraît, sur les lieux du carnage, épuisée et démoralisée par l’étendue de ses pertes.

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