La célébration de la victoire du 8 mai a rappelé aux Français comme chaque année que la liberté avait un prix. Avec l’attentat de ce week end, le président de la République l’a aussi rappelé. Les célébrations ou commémorations patriotiques posent la question de la raison qui conduit un soldat à accepter de donner sa vie pour sa patrie.
« Qu’est-ce qui conduit les soldats à mourir pour leur pays ? »
Le Monde a publié un article « Qu’est-ce qui conduit les soldats à mourir pour leur pays ? » (Cf. Le Monde du 29 avril 2018) sur une étude britannique concernant l’engagement militaire dans une démocratie en guerre, « From welfare to warfare : new deal spending and patriotism during world war II » (mars 2018, 58 pages).
Les auteurs ont cherché à établir le lien entre les conditions économiques d’un pays et la motivation qui a conduit des citoyens à rejoindre l’armée des Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale. Le champ d’études est celui de la grande dépression économique aux Etats-Unis (1929 puis les sècheresses qui ont frappé l’agriculture en 1933). Entre 1941 et 1945, près de 18 millions d’Américains ont rejoint les forces armées. De très importantes bases de données ont pu donc être utilisées.
Pour déterminer ce lien entre l’engagement individuel et l’Etat providence, trois axes de recherche ont été choisis : les achats des bons de guerre, l’origine géographique des soldats, l’héroïsme à travers les décorations et les récompenses obtenues.
Selon cette étude, servir par les armes pour défendre son pays semble s’expliquer par un devoir de reconnaissance du citoyen américain envers l’Etat-providence. Cependant, elle s’appuie essentiellement sur les agriculteurs, une population bien particulière. Compte tenu de l’action de l’Etat-providence (1933 et après) mais aussi de l’âge qui permet de rejoindre les armées, on pourrait aussi considérer que la population concernée par l’engagement militaire en 1941 aurait plutôt été les jeunes hommes, adolescents durant la crise économique. Le seul soutien de l’Etat dans le quotidien des citoyens peut-il par ailleurs suffire à justifier un engagement « de réciprocité » même à l’époque ?
Enfin, la question qui pourrait se poser aujourd’hui est celle de l’influence de l’Etat providence, même affaibli, par exemple en France sur les comportements des citoyens, beaucoup plus urbanisés, peu liés aussi à la « terre ».
L’action de l’Etat doit donc être expliquée et inciter à cet engagement total pour sa patrie en enseignant ce devoir de réciprocité, notamment à travers l’école. La participation aux commémorations revêt aussi une grande importance pour afficher cette adhésion au pacte commun et rappeler que le citoyen peut être amené à rendre à la collectivité ce que celle-ci lui a donné.