Geneviève de Galard a 20 ans quand la guerre d’Indochine commence. Descendante d’une des plus prestigieuses familles françaises (un de ses ancêtres se battait déjà aux côtés de Jeanne d’Arc), elle rêve d’aventures et veut servir. Elle choisit le métier de convoyeuse de l’armée de l’Air. Sa mission : soigner les blessés lors des évacuations aériennes. Un jour de mars 1954, son destin bascule. Accidenté, son avion sanitaire ne peut plus repartir. Dès lors, elle partage le sort des 15 000 soldats, enterrés dans la nasse du camp retranché. Pendant deux mois, jusqu’au dernier baroud d’honneur, elle incarne pour eux, l’infirmière, la confidente et l’image de la douceur dans l’enfer des combats. Après la chute du camp, Geneviève de Galard est célébrée dans le monde entier. New York lui réserve même un accueil triomphal.
Elle obtient le diplôme d’État d’infirmière en 1950, puis réussit en 1952 le concours de convoyeuse au sein de l’armée de l’Air et IPSA (Infirmières pilotes, parachutistes et secouristes de l’Air).
À sa demande, elle est affectée en Indochine à partir de mai 1953, au cœur de la guerre qui oppose les forces françaises à celles du Việtminh.
Stationnée à Hanoï, elle opère des évacuations sanitaires par avion depuis l’aéroport de Pleiku. À partir de janvier 1954, elle participe aux évacuations de Diên Biên Phu. Ses premières victimes transportées sont principalement des soldats souffrant de maladies. Mais à partir de mi-mars, la plupart d’entre eux sont des blessés de guerre. Parfois, les avions sanitaires avec la marque de la Croix-Rouge doivent se poser au milieu des barrages d’artillerie viêtminh.
Le 28 mars 1954 vers 5 h 45, le commandant Blanchet — commandant en second du groupe de transport Béarn —, son équipage et Geneviève de Galard arrivent en avion au-dessus de Dien Bien Phu. L’atterrissage est trop long et le moteur gauche de l’avion est sérieusement endommagé. L’avion est abandonné et, à l’aube, l’artillerie viêtminh le bombarde et le détruit, ainsi que la piste, les rendant irréparables.
Geneviève de Galard se porte alors volontaire pour servir comme infirmière dans l’hôpital de campagne commandé par le médecin-commandant Paul Grauwin. Bien que le personnel médical masculin soit initialement hostile, il fait finalement des adaptations de logement pour elle. Elle fait de son mieux dans des conditions sanitaires dérisoires, consolant les mourants et essayant d’entretenir le moral face aux pertes humaines montantes.
Le 29 avril 1954, Geneviève de Galard est faite chevalier de la Légion d’honneur et est décorée de la croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieurs par le général de Castries : « A suscité l’admiration de tous par son courage tranquille et son dévouement souriant. D’une compétence professionnelle hors pair et d’un moral à toute épreuve, elle fut une auxiliaire précieuse pour les chirurgiens et contribua à sauver de nombreuses vies humaines. Restera pour les combattants de Diên Biên Phu, la plus pure incarnation des vertus héroïques de l’infirmière française. »
Le jour suivant, pendant la célébration de la bataille de Camerone, elle est nommée « légionnaire de 1re classe honoraire ».
Les troupes françaises cessent le combat le 7 mai 1954 sur ordre du commandement militaire. Le Việtminh autorise cependant Geneviève de Galard, faite prisonnière, et le personnel médical à continuer les soins sur les blessés.
Le 24 mai 1954, 20 h 30, elle est évacuée à Hanoï, en partie contre sa volonté, avec 140 blessés dont 3 officiers.