De l’exemplarité de l’officier
Ce 9 novembre est aujourd’hui le souvenir du décès du général de Gaulle en 1970, brillant combattant aussi en 1914. Sans aucun doute, il est l’exemple que beaucoup de politiques devraient suivre que ce soit à titre privé ou à titre public. Charles de Gaulle a su incarner une approche du futur, le sens du devoir, l’engagement désintéressé, l’exemplarité même si elle paraissait surannée par certains aspects. Il n’a pas réussi toutes ses orientations politiques mais il a su sortir la France de son marais et lui redonner son rang. Qui en aurait la carrure aujourd’hui ? Je remarquerai simplement, sans état d’âme, qu’il était saint-cyrien, officier et que finalement ces qualités ne seraient pas totalement pas inutiles en politique…
Cependant, nous savons tous que, jamais, il n’aurait eu une telle carrière politique sans la guerre et l‘effondrement de la France. L’officier est utile quand tout va mal et, une fois la paix revenue, il devient naturellement gênant pour la classe politique qui retourne à ses occupations quotidiennes et à ses arrangements, que ce soit au sens du compromis ou parfois de la compromission. Le pouvoir corrompt. Rien de bien neuf mais tous les jours la presse nous dévoile des comportements peu acceptables, politiciens même, peu exemplaires au point que répétés, cela devient de plus en plus insupportable.
Une famille ordinaire en temps de guerre
Ce 11 novembre exceptionnel du centenaire de la Première guerre mondiale conduit naturellement à s’interroger sur ce que sa famille aurait pu vivre lors de cette période. L’exposition d’une semaine qui se tient dans mon village dans le cadre de ces commémorations a été l’opportunité de rassembler quelques documents ou objets de cette période, et finalement de réfléchir sur cette guerre au niveau d’une famille ordinaire. Les différents types d’engagement des membres de la famille Chauvancy et alliées (Proux, Glotz, Chevillon, Ventre, Imhoff) montrent un large panorama des engagements et des épreuves à laquelle une famille pouvait être confrontée.
Cette guerre touchait en outre une région dans laquelle ma famille était implantée depuis le Xe siècle autour de Chauvancy-le-Château (écrit « Chauvency-le-château » » depuis 1914, premier effet secondaire de cette guerre) à 6 km de Montmédy et à 50 km de Sedan sur la Chières (écrit aujourd’hui la Chiers). Il a aussi été le témoin d’un important tournoi (Cf. Le Tournoi de Chauvency, du 1er au 6 novembre 1285, cf. aussi l’oeuvre musicale créée en 2007).
Familles d’origine lorraine, les Chauvancy et leurs alliés dans leur grande majorité ont rejoint en partie Paris depuis le XVIIIe siècle. Les Proux quant à eux ont fui l’annexion de la Lorraine par les Allemands en 1871 en laissant une grande partie de leurs biens à Metz et en choisissant la nationalité française. Les Glotz ont fui l’annexion de l’Alsace et se sont installés à Reims. Les Imhoff venus du Bade-Wurtemberg (Allemagne) au milieu du XIXe siècle se sont installés en France. Symboles des guerres civiles européennes, ils ont combattu dans les deux camps en 1914 et en 1940. Ils ont donné des vies de part et d’autre.
Les quelques faits recueillis ou constatés sont à mon avis à l’image de beaucoup de familles françaises plongés dans la guerre par nécessité avec des fortunes diverses. Ainsi, mon grand-père, Jean Chauvancy (1886-1948), est tailleur de dirigeable en 1912. Sculpteur et dessinateur à Paris, il dessine ses camarades ou ses gradés et laisse de nombreux dessins. Le capitaine Glotz, grand-oncle de mon épouse, écrit son engagement militaire de fantassin. Il reprend du service… en 1940 et survit aussi à cette Seconde guerre mondiale. Edouard Proux (1892- 1948), mon grand-oncle, est sergent fourrier au 169è RI. Il reste sous les drapeaux pendant toute la guerre, y est blessé comme d’autres.
Cependant, malgré la guerre qui nous semble tellement présente à travers les commémorations, la vie continue. Je découvre dans les albums photos de la famille qu’Edouard Proux, déjà sous les drapeaux, se fiance le 22 octobre 1914, se marie le 22 août 1916 à Sartrouville. Une première fille nait en 1917 puis une seconde. Celle-ci fera partie des manifestants du 11 novembre 1940 à l’Arc de triomphe contre la présence des Allemands à Paris. Elle sera faite commandeur de la Légion d’honneur.
Autre branche alliée, André-Claude Chevillon (1895-1953), est admissible à Saint-Cyr en août 1914. Comme tous ceux de sa promotion, (Promotion de la Grande Revanche, 1914), il rejoint directement un régiment, en l’occurrence le 104e RI. Il est nommé sous-lieutenant le 25 janvier 1915, est fait chevalier de la Légion d’Honneur le 27 juin 1917, deux fois blessé, quatre fois cité.
Il fait une longue militaire outre-mer, participe à la libération de la France en 1944 à la tête de la 3ème brigade d’infanterie marocaine comme général de brigade. Il est temporairement gouverneur militaire de Stuttgart en avril 1945 puis commandant de la seconde région militaire où il rétablit l’ordre dans le bassin minier en1948. Général de corps d’armée, il est nommé en 1951 inspecteur adjoint des forces armées terrestres, maritimes et aériennes d’Afrique du Nord avant de décéder en 1953 à Saint-Mandé (94) des suites d’un accident de voiture.
Dernière branche alliée, sans descendance, le sous-lieutenant Raoul Ventre, camarade de classe de Marcel Pagnol est saint-cyrien (promotion « De la Moskowa » 1910-1913). Il est tué au combat le 21 août 1914. Sa famille l’a immortalisé par un tableau au grade de lieutenant où il porte ses décorations (chevalier de la Légion d’honneur et croix de guerre) données à titre posthume. Son cours de tactique militaire (1911-1912) montre que les batailles récentes étaient étudiées, notamment celles de la guerre terrestre russo-japonaise de 1905.
La guerre de 1914 a touché beaucoup de familles. La mort certes a fauché des hommes jeunes, anéanti des familles mais cette guerre n’a pas empêché la vie. La France d’aujourd’hui est sans aucun doute l’héritière de ces malheurs. Elle n’a pas cependant pas de raison d’en être contrite. Elle s’est relevée grâce à d’innombrables sacrifices. Elle peut être fière de ceux qui sont tombés. Ne les oublions pas en ce 11 novembre.
Pour conclure
Quelques humeurs du quotidien à exprimer
Plusieurs points m’ont irrité cette semaine quant au fonctionnement dégradé de notre société malgré les appels à l’optimisme et bien éloigné d’une nation ambitieuse. Une seule question pour un francilien que je suis : comment arriver à l’heure dans la région parisienne ? Tous les jours que ce soit par le RER ou le métro, je suis arrivé en retard y compris le dimanche, pour des raisons plus ou moins claires. Arriver à l’heure devient une option.
Quant à la grève de la CGT de mardi, au service minimum pourtant non programmé comme le prévoit la loi 48 heures à l’avance, elle s’est résumée à « une panne technique » sur la ligne C du RER obligeant à changer de train, à en supprimer d’autres et donc à augmenter son temps de trajet de 50%. Sabotage, concours de circonstances ? Dans tous les cas, la grève avait « disparu » mais les usagers devaient se débrouiller. De qui se fiche-t-on ? La France devrait croire à son avenir selon l’exécutif ? Or, la déliquescence des services publics, qui augmentent leurs tarifs pourtant année après année, s’accentue alors que l’amélioration des services est nulle.
Autre sujet de mécontentement. Un ami me rapporte la présence d’une femme avec burkha dans un centre Leclerc ce samedi 8 novembre. Faisant la remarque, il se fait traiter de « fasciste ». Il lui est aussi rétorqué que la police a autre chose à faire que d’intervenir. J’ai aussi constaté la persistance de ce prosélytisme religieux « visuel » dans ma région. Si les femmes en burkha peuvent se promener en toute impunité, n’y a-t-il pas un problème dans l’application de la laïcité sur la voie publique ou simplement dans celle des lois ? En cette période de lutte contre le djihadisme où toute expression de notre fermeté doit être exprimée, il s’agit encore d’un dysfonctionnement.
La lecture du Monde de ce dimanche est tout aussi énervante avec le « Zemmour bashing » qui se maintient. Lisez l’article d’Ariane Chemin (cf. Le Monde). Cela me conforte dans mon appréciation : nous avons des Français qui aiment la France et d’autres qui ne l’aiment pas. Rien de neuf, vous allez me dire. Certes. Liberté d’opinion, oui, pourquoi pas. La maladie de la France se révèle cependant là : d’une part, des « Français universalistes » prêts à brader ce que la France a été et qui veulent que la France se conforme à la vision de cette bien-pensance, émanation d’une idéologie passée ; d’autre part, des Français qui veulent être fiers de leur pays et que la France reste grande. Vous me permettrez donc à nouveau de soutenir Zemmour même s’il paraît parfois excessif dans ses appréciations.
Enfin, les actions de l’extrême-gauche doivent être combattues et condamnées avec vigueur, pas uniquement par des arrestations finalement bien temporaires. Leurs accusations contre de soi-disant brutalités « gendarmiques » et policière sont inacceptables. Celui qui recourt à la violence doit en assumer les conséquences. Quand les anciens trotskistes au gouvernement ou dans d’autres organes du pouvoir condamneront sans ambiguïté ces groupuscules qui ne valent pas mieux que l’extrême-droite, sans doute que notre société s’en portera mieux. Ces extrémistes de gauche, nous le savons, sont opposés à notre société. Combattons-les sans états d’âme. Ils n’apportent rien à la France, la méprisent (A juste titre, si nous baissons nos yeux devant eux) et ne font qu’en profiter.