Nos amis atlantistes jubilent. Rien de mieux qu’une nouvelle édition de l’hystérie de la guerre froide pour ressusciter le mythe (et le projet politique) d’un Occident uni, rassemblé autour de la bannière OTAN, sous la direction naturellement sage et bienveillante de l’Amérique.
Pour illustration, un de nos euro-atlantistes favori (puisqu’il a du style et du talent au moins), Julian Lindley-French, sort du bois. Selon lui, l’Occident doit « jouer l’escalade ». De retour d’une réunion de haut niveau consacrée à la mise au point d’une « narrative stratégique » pour l’Alliance, M. Lindley-French dresse un tableau alarmant de la situation avant d’aboutir à ce constat brillant : « C’est exactement le genre de moment l’Alliance est faite pour ». Et lui de présenter une liste de propositions concrètes, du même coup.
L’OTAN doit donc déployer des troupes dans les pays baltes ; la présence militaire américaine en Europe doit être étoffée de manière considérable ; des forces de l’OTAN devraient désormais être basées en Europe de l’Est en permanence ; le Conseil OTAN-Russie est à suspendre ; il convient d’élargir le périmètre de l’article 5 de l’Alliance ; un message ferme doit être envoyé à la Russie lors de la définition du nouveau paysage stratégique de l’OTAN ; et il faut absolument reconfirmer l’engagement des Etats membres à accroître leurs budgets de défense.
Le tout dans un cadre conceptuel (et pratique) de confrontation avec Moscou. En assumant, s’il le faut, de paraître provocant, car c’est de toute façon la Russie qui a été la provocatrice, bien évidemment. Le seul problème, d’après Lindley-French, c’est que certains pays de l’Europe occidentale manquent toujours la clairvoyance, le courage et la détermination de leurs partenaires en Europe centrale. Mais l’urgence (et Washington) doivent leur faire entendre raison. Car « il est temps pour l’Occident de se mettre debout et de se serrer les coudes ». Coûte que coûte.