(carte de Wikipedia, the Free Encyclopedia)
Les forces Russes semblent concentrer des efforts importants pour assurer leur ravitaillement. Une poussée se dessine à l’ouest de Kiyv (1) le long des voies ferrées, pour tendre la main aux forces qui viennent du Belarus. On peut penser que les Ukrainiens ne doivent plus avoir beaucoup d’unités dans la zone. La prise d’une voie ferrée serait de nature à simplifier le ravitaillement des Russes à l’ouest de la ville, signe qu’ils ne sont pas certains de parvenir à tendre la main aux forces qui arrivent de l’est. Problème : ce sera une longue voie ferrée, qui demandera beaucoup de monde pour la surveiller. Un travail pour les Biélorusses ?
À l’est (2), les poussées semblent reprendre par intermittence (au gré des ravitaillements ou du commandement débordé ?). Les Russes cherchent à boucher les trous de leur réseau logistique plus qu’à déborder la capitale ukrainienne. Idem dans l’est (3). Kharkiv est sous les bombes, mais les Russes sont actifs le long des axes de communication à l’Est de la ville. Maintenant que les Ukrainiens sont fatigués et usés, ils ne peuvent pas « tenir » le pays en plus des villes. La vague de froid doit aider les opérations « off road » avec les chars et les camions.
Dans le sud (4) on parle beaucoup de Marioupol, qui est dans un « chaudron » inhumain. Mais les efforts reprennent pour capturer la voie ferrée plus au nord et ainsi « contourner le problème ». La ville est un enjeu humanitaire et donc politique, mais l’armée russe essaye de ne pas en faire un sujet logistique.
Dans l’ouest, peut-être l’attaque la plus importante du moment !
Tandis que Mykolaiv est attaquée, une pointe blindée fonce manifestement sur la centrale nucléaire de Youjnooukraïnsk (5) et ses trois réacteurs. Si les russes la prennent, ils contrôleront au total plus de la moitié du parc du pays (sans compter toutes les centrales à charbon et gaz capturées). L’Ukraine, coupée du réseau de distribution russe, devra se brancher sur l’Europe pour avoir de l’électricité, à un moment où les Européens manquent de gaz (russe) et de charbon (russe aussi). Mauvaise nouvelle pour les Ukrainiens, pour nous, pour le climat… Poutine nous vendra le charbon pour éclairer les Ukrainiens.
Les pertes russes, les « forces de friction » et l’usure logistique semblent indiquer que le Kremlin stabilisera en priorité une vaste zone délimitée par le trait rouge (une sacrée « tranche de salami »). Prendront-ils Kharkiv ? Encercleront-ils Kiyv ? Arriveront-ils devant Odessa ? Que feront les Russes en Transnistrie ? À ce stade, difficile de faire des pronostics.
Ukraine 06 mars : « coupez-leur le courant avant qu’on ne tombe en panne d’essence ! »

M&O 287 de juin 2025
