La rubrique CHRONICORUM BELLI réalisée en grande partie avec le contenu de l’encyclopédie libre en ligne WIKIPEDIA (licence CC BY-SA 4.0) avec des éléments de recherche sur le NET ajoutés par TB. Si vous souhaitez ajouter des éléments (documents PDF, références à des livres, des vidéos, des documents audio, etc.) vous pouvez les envoyer à l’adresse suivante : contact[@]theatrum-belli.com. Bonne lecture.
10 (ou 14 septembre) -58 (voire -56) : le chef gallo-germain Arioviste repasse le Rhin à la nage, battu et blessé par les Romains, à l’issue d’une bataille.
Arioviste est un roi germain installé en Gaule et qui lutta contre les Romains lors des campagnes de conquête de Jules César. Il aurait été d’origine Triboque, ou Suève ou encore Marcomanne. Mais dans tous les cas, son origine germaine est confirmé par le titre Rex Germanorum que lui accorda César.
***
On connaît mal les débuts de la carrière d’Arioviste. Il a dû guerroyer en Germanie contre les autres civitas voisines, avant de s’intéresser à la Gaule.
D’après Jules César, Arioviste était le commandant d’une coalition germanique des Suèves qui tenta de s’installer dans l’est de la Gaule entre 75 et 58 av. J.C. Bien que Suève, il parlait le celtique, et portait un nom celtique. Ariovistos signifie : « qui voit au loin ». Il peut être mis en relation avec la présence à ses côtés de prophétesses. Le monde romain ne lui était pas inconnu, puisqu’il se rendit à Rome. Il logea à cette occasion chez Marcus Mettius, un proche de César. Il était également en relation avec Metellus Celer, gouverneur de la Narbonnaise. Arioviste était polygame. Il a d’abord épousé une Suève au cours d’une expédition en Gaule, puis la sœur du roi des Noriques, sur le Danube. On ne possède aucun portrait, aucune description d’Arioviste. Ses traits de caractères peuvent se déduire de son comportement face à César.
Les Séquanes, peuple celtique installé dans le sud de l’Alsace et en Franche-Comté, décidèrent d’utiliser ces guerriers suèves pour contrer leur adversaire principal : le puissant peuple des Éduens (peuple ami et allié des Romains). Entre 65 et 62 av. J.C. la coalition séquane-suève battit les Éduens qui perdirent une grande partie de leur cavalerie et durent laisser des otages chez les Séquanes. En récompense pour leur aide, les Séquanes durent laisser aux Suèves le sud de l’Alsace; eux-mêmes prirent aux Éduens les rives de la Saône, qui avaient été la source du conflit.
La défaite des Éduens ne pouvait laisser les Romains indifférents. Pour calmer les ardeurs d’Arioviste, César l’invita à Rome. Il le combla de cadeaux, le reconnut comme roi des Germains et lui donna le titre d’Ami du Peuple Romain. En fait, Arioviste a dû apprendre à Rome les visées de César sur la Gaule. Il fallait le devancer. Il fit donc passer à l’ouest du Rhin 120 000 Celtes de la vallée du Neckar. Les Séquanes et les Éduens se réconcilièrent et marchèrent contre Arioviste avec tous leurs alliés.
Au printemps 60 avant notre ère, ils rencontrèrent les Suèves à la bataille de Magetobriga ou Admagetobriga (dont l’emplacement précis n’est pas connu, certains érudits la situant vers Pontailler-sur-Saône/Heuilley-sur-Saône, au Mons Arduus (Mont Ardoux), en Côte d’Or, aux limites des pays séquane, éduen et lingon). Les Germains infligèrent aux Gaulois une défaite extrêmement sévère (on estime l’effectif de chaque armée à environ 20 000 hommes). Arioviste exigea alors un second tiers du territoire des Séquanes, considérant désormais ce peuple comme un vassal. Il était question d’y implanter la tribu germanique des Harudes. Or, la ville principale des Séquanes, Besançon (Vesontio), se trouvait dans ce tiers. Le druide éduen Diviciacos se rendit en vain à Rome pour demander l’aide du Sénat romain. En effet, Arioviste était également sur place et apaisait Rome.
Voulant ménager sa frontière septentrionale assez vulnérable (la province romaine de Narbonnaise commençant à la hauteur de Genève), Rome confia à César, à la fin de son consulat de l’année 59 av. J.C., la charge de proconsul pour les provinces de Gaule cisalpine, Illyrie… et puis de Gaule transalpine. Contrairement à la règle qui stipulait que cette mandature ne devait pas excéder un an, César fut nommé proconsul pour cinq ans. Cette nomination conférait à César le commandement d’abord de quatre légions. Il en recruta deux supplémentaires à ses frais.
L’année 58 a vu se dérouler deux campagnes, une contre les Helvètes, une autre contre Arioviste.
La première a été entreprise avec l’aval du Sénat, qui espérait éloigner César, jugé très ambitieux. Les Helvètes, qui avaient entrepris une migration vers l’ouest, furent battus à Bibracte puis ramenés dans les Alpes.
César, appelé pour protéger les peuples gaulois, entra ensuite en guerre contre Arioviste, faisant jouer la fibre anti-germanique, accentuant dans son récit de la Guerre des Gaules un danger pouvant toucher la Gaule entière.
Après une rencontre houleuse avec César auquel il avait proposé une partition de suzeraineté en Gaule (le nord dominé par les Germains, le sud par Rome), rencontre qui eut lieu selon toute vraisemblance sur la colline du Gloeckelsberg surplomblant l’actuelle Blaesheim, Arioviste fut battu par les Romains le 14 septembre 58 av. J.-C., aux pieds des Vosges. Blessé, il aurait réussi à s’enfuir avec quelques compagnons d’armes, abandonnant ses femmes et ses filles aux Romains, et à passer le Rhin de justesse, poursuivi par la cavalerie de César, pour se réfugier en Germanie, où il mourut dans sa tribu en 54 av. J.-C.
Les sources de l’époque évoquent Arioviste et ses troupes en fuite vers le Rhin :
- « Ils furent battus de façon éclatante, et César les poursuivit sur une distance de 400 stades (75 km) jusqu’au Rhin, remplissant cette zone avec leurs cadavres et leurs dépouilles. Arioviste (….) traversa le Rhin avec une petite troupe ». — Plutarque, Vie de César, L. XIX Contre Arioviste, Année 58.
- « Il fut longtemps poursuivi mais non rattrapé. Il put échapper à ses poursuivants dans une embarcation. Quant aux soldats qui l’avaient accompagné, les Romains en tuèrent une partie au moment où ils entraient dans le Rhin. Le reste fut reçu dans le fleuve et emporté par les eaux. » — Dion Cassius, Histoire romaine, L. XXXVIII
- « Le combat fut ainsi rétabli, tous les ennemis prirent la fuite et ne s’arrêtèrent qu’après être parvenus au Rhin, à cinquante mille pas environ du champ de bataille ; quelques-uns, se fiant à leurs forces, essayèrent de le passer à la nage, d’autres se sauvèrent sur des barques. De ce nombre fut Arioviste qui, trouvant une nacelle attachée au rivage, s’échappa ainsi. Tous les autres furent taillés en pièces par notre cavalerie qui s’était mise à leur poursuite. Arioviste avait deux femmes, la première, Suève de nation, qu’il avait amenée avec lui de sa patrie, la seconde, native du Norique, sœur du roi Voccion et qu’il avait épousée dans la Gaule, quand son frère la lui eut envoyée ; toutes deux périrent dans la déroute. De leurs filles, l’une fut tuée et l’autre prise. » — Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre I, 53.
La localisation précise de cette dernière bataille reste sujette à de nombreuses interprétations : la localisation généralement acceptée se situe au lieu-dit « Ochsenfeld », près de Cernay, en Alsace ; une autre hypothèse situe le champ de bataille plus au nord, aux environs de Beblenheim ; une troisième la situe par recoupement des indications fournies par les sources de l’époque en Basse Alsace, entre Epfig, Saint-Pierre, Zellwiller et Stotzheim, alors qu’une autre encore tient la Franche-Comté actuelle pour cadre du déroulement et non pas l’Alsace. Les textes sont incomplets et les fouilles archéologiques n’ont pu apporter de certitudes à ce jour.
10 septembre 1547 : bataille de Pinkie Cleugh, victoire anglaise des troupes de Somerset, sur les forces armées écossaises.
La bataille de Pinkie Cleugh se déroula le 10 septembre 1547 sur les rives de la rivière Esk, à proximité de Musselburgh, en Écosse, et fait partie de la guerre dite du rough wooing. Il s’agit de la dernière bataille entre les armées royales écossaise et anglaise, et de la première bataille « moderne » à se dérouler dans les Îles Britanniques, faisant preuve d’une coopération active entre les forces d’infanterie, d’artillerie, et de cavalerie. Ce fut une défaite catastrophique pour les Écossais en raison de l’utilisation par les Anglais de l’artillerie navale, pour la première fois dans une bataille terrestre en Grande-Bretagne. En Écosse, cet épisode est connu sous le nom de Black Saturday (« samedi noir »).
***
Avec la mort de Jacques V d’Écosse, le trône d’Écosse résidait entièrement en la jeune Marie 1re d’Écosse. Ceci constituait une occasion unique pour le roi Henri VIII d’Angleterre de réunir les royaumes d’Angleterre et d’Écosse en mariant Marie à son fils Édouard. Cependant, les approches diplomatiques échouèrent : en décembre 1543, le parlement écossais rejeta le traité de mariage dit de Greenwich, et renouvela son alliance avec la France. Henri entame alors une politique guerrière pour pousser l’Écosse à accepter le mariage, qui est connue de nos jours sous le nom de « rough wooing » et consiste en de brèves incursions au-delà de la frontière. Avec la mort d’Henri le 28 janvier 1547, son fils Édouard est trop jeune pour régner, et c’est donc Edward Seymour dit Somerset qui devint régent d’Angleterre. Le rough wooing reprend avec encore plus de violence sous la régence de Somerset et, au début de septembre 1547, il mène son armée en Écosse, bénéficiant d’un bon équipement et d’une flotte importante.
L’armée du duc de Somerset était composée pour partie des contingents traditionnellement levés dans les comtés par les Commissions of Array, armés d’arcs long et d’anicroches comme à la bataille de Flodden Field, trente ans auparavant ; mais Somerset avait aussi recruté plusieurs centaines de mercenaires arquebusiers allemands, un important train d’artillerie et 6 000 cavaliers dont un contingent d’arquebusiers montés italiens, sous les ordres de Don Pedro de Gamboa. Ce mercenaire basque et ses carabiniers introduisit pour l’occasion la tactique de la « caracole », typique des troupes montées armées d’une escopette. La cavalerie était commandée par Lord Grey de Wilton, Haut Sénéchal de l’armée, et l’infanterie par le comte de Warwick, Lord Dacre de Gillesland et le duc de Somerset lui-même. William Patten, officier anglais, a dénombré au total 16 800 hommes d’armes et 1 400 pontonniers.
Somerset progressa le long de la côte orientale de l’Écosse pour maintenir le contact avec la flotte qui assurait son ravitaillement. Les frontaliers écossais harcelaient son armée sans toutefois réellement retarder sa marche. Plus à l’ouest, un corps expéditionnaire de 5 000 hommes, menés par Thomas Wharton et le comte de Lennox dissident, amorça une manœuvre de diversion le 8 septembre 1547. Ils s’emparèrent de Castlemilk dans l’Annandale et, au terme d’âpres combats pour la prise de l’église fortifiée, incendièrent Annan.
Pour barrer aux Anglais la route d’Édimbourg, le comte d’Arran avait levé une grande armée formée principalement de piquiers et de contingents d’archers des Highlands. Arran disposait aussi d’un grand nombre de bombardes, apparemment moins mobiles ou moins bien maîtrisées, cependant, que celles du duc de Somerset. Sa cavalerie ne comptait que 2 000 frontaliers, placés sous les ordres du comte de Home. L’infanterie de piquiers était commandée par le comte d’Angus, le comte de Huntly et Arran lui-même. Selon le comte de Huntly, l’armée écossaise comptait entre 22 000 et 23 000 hommes (mais les sources anglaises avancent l’effectif de 36 000 hommes).
Le comte d’Arran occupa les coteaux de la rive ouest de l’Esk pour barrer la route au comte de Somerset. Il tenait le Firth of Forth sur son flanc gauche et une grande tourbière couvrait son aile droite. Quelques moles couverts de fascines servaient de redoute pour les bombardes et les arquebuses.
Le 9 septembre, le duc de Somerset fait prendre position à une partie de son armée sur Falside Hill (lieu-dit actuel de Fa’side, qui a donné son nom au château de Fa’side), 5 km à l’est du camp fortifié de comte d’Arran. Dans un geste chevaleresque, le comte de Home s’avance avec 1 500 cavaliers face aux positions anglaises et lance un défi à la cavalerie anglaise : qu’elle délègue un égal nombre de chevaliers pour le combat. Avec la demi-approbation du duc de Somerset, Lord Grey accepte de relever le défi et engage les Écossais avec 1 000 hommes d’armes et 500 estradiots. Bientôt les chevaliers écossais sont taillés en pièce et prennent la fuite vers l’ouest pendant 5 km : cette action a coûté au comte d’Arran l’élite de sa cavalerie.
Un peu plus tard, le duc de Somerset envoie un détachement appuyé de canons occuper les coteaux d’Inveresk, qui dominent les retranchements écossais. Puis au cours de la nuit, Somerset reçoit deux nouveaux défis du général écossais : d’abord une proposition de duel en combat singulier puis une joute opposant 20 champions de chaque camp ; Somerset repousse les deux propositions.
Au matin du samedi 10 septembre, Somerset fait converger son armée vers le corps expéditionnaire d’Inveresk. Il découvre que le comte d’Arran a fait franchir l’Esk à son armée par le pont romain et marche à présent à vive allure contre lui. Arran était en effet conscient d’être surclassé par l’artillerie ennemie et avait donc décidé d’engager le corps à corps le plus rapidement possible.
L’aile gauche des Écossais se trouvait alors à portée de canon des vaisseaux britanniques : les tirs des navires la repoussèrent en désordre contre le centre écossais ; quant à l’aile droite, elle était à présent attaquée par la cavalerie anglaise, dépêchée pour ralentir la progression du comte d’Arran ; mais les piquiers écossais infligèrent de lourdes pertes à cette cavalerie légèrement armée : son commandant, Lord Grey, eut la bouche et la mâchoire transpercées.
L’armée écossaise était toutefois fixée, et désormais sous les tirs de l’artillerie, des archers et des arquebusiers anglais. Lorsqu’elle fut mise en déroute, l’élite de la cavalerie anglaise, commandée par John Luttrell, se lança à la poursuite des fuyards, notamment tous ceux qui tentaient de repasser l’Esk ou fuyaient par la tourbière, et il y eut grand massacre.
Bien que les Écossais eussent crié à la trahison dans leurs rangs, on peut dire qu’en cette affaire, une armée de la Renaissance a vaincu une armée médiévale. Henri VIII s’était efforcé depuis des années de mettre sur pied les forces terrestres et navales, qui ont permis la victoire du duc de Somerset. Pourtant, l’historien militaire Gervase Phillips réhabilite la tactique écossaise, remarquant que le mouvement d’Arran hors de sa position sur l’Esk était une réponse raisonnée aux manœuvres combinées de l’ennemi ; mais dans une analyse de la bataille rédigée en 1877, le commandant Sadleir Stoney estime que « n’importe quel tacticien amateur sait qu’il est périlleux de modifier ses lignes sous le feu ennemi. » Les premiers commentateurs comme John Knox voyaient dans ce mouvement de troupe la cause de la défaite et en attribuaient l’ordre à l’influence des seigneurs locaux : l’abbé de Dunfermline George Durie (en), et Hugh Rig de Carberry. Marcus Merriman affirme que les retranchements écossais étaient ce qui s’est jamais fait de mieux dans le pays.
Phillips impute la défaite à la panique qui a suivi la charge de cavalerie anglaise, et cite l’éloge qu’a fait William Patten du comportement des piquiers du comte Angus. Merriman voit dans l’échec du duc de Somerset à frapper et prendre d’assaut Édimbourg et Leith une « occasion manquée » et une « bévue magistrale » qui lui a coûté la guerre. En 1548, le maître d’Artillerie écossais, Lord Methven, était d’avis que la bataille avait été perdue par la faveur de la politique anglaise en Écosse même, et par l’impréparation et la hâte désordonnée de l’armée écossaise ce jour-là.
10 septembre 1600 : fin du siège du château de Charbonnières.
Le siège du château de Charbonnières également appelé siège de la tour de Charbonnières ou plus simplement siège de Charbonnières est un épisode de la guerre franco-savoyarde qui se déroule du 29 août au et qui voit les troupes françaises du Maréchal de Lesdiguières prendre le château de Charbonnières très proche de la petite ville d’Aiguebelle.
***
Lorsqu’en 1562, la maison de Saluces, anciennement souveraine puis vassale de la France s’éteignit par la mort de Gabriel de Saluces, dernier marquis, François 1er, réunit le marquisat de Saluces à la couronne de France.
Pour Charles-Emmanuel la possession de ce territoire était presque indispensable pour avoir une communication entre le Piémont et le comté de Nice. Profitant des troubles intérieurs français, il s’empare, le 1er octobre 1588, du marquisat sous prétexte d’empêcher que le chef des protestants en Dauphiné, Lesdiguières, ne le prenne pour répandre ses doctrines en Italie.
Le , roi de France reçoit le duc de Savoie à Fontainebleau.
Afin de régler le différend, Henri IV offre à Charles-Emmanuel soit de garder le marquisat de Saluces contre la cession de la Bresse soit de le rendre purement et simplement.
Le duc de Savoie demanda un délai de réflexion de 3 mois et repartit très mécontent en pour ses États. Il s’adressa à la cour d’Espagne par l’intermédiaire du gouverneur de Milan Pedro Enríquez de Acevedo, comte de Fuentes, pour l’assister dans ses projets.
Le terme de 3 mois étant écoulé, Henri IV fait sommer Charles-Emmanuel de se déclarer. Le prince répond que la guerre lui serait moins préjudiciable qu’une paix comme celle qu’on lui offrait.
Immédiatement, Henri IV lui déclare la guerre, le , afin de pas laisser le temps au comte de Fuentes de terminer ses préparatifs, et envahit le duché de Savoie.
Le 13 août Bourg en Bresse est prise, le 14 août d’après Barbiche, Babelon quant à lui indique le 17 août, c’est au tour de la ville de Montmélian. Le siège immédiatement est mis devant la forteresse et le 24 août Chambéry capitule.
À partir du 17 août, le corps d’armée du maréchal de Lesdiguières, remonte la vallée de l’Isère avec trois régiments et deux canons et marche sur Saint-Pierre-d’Albigny, prend le château de Miolans, le 24 août, puis celui de Conflans et continuant de remonter la vallée de la Maurienne arrive, le 7 septembre, devant le château de Charbonnières.
Après la capitulation du château de Conflans, le 27 août, il ne reste plus comme défense que le château de Charbonnières, défense clé de la Maurienne défendu par quelques compagnies du régiment piémontais de Bindi sous les ordres du gouverneur Humbert de Saix, seigneur d’Arnans. Il est le père de César de Saix d’Arnans. Le fort était situé dans les gorges étroites qui s’étendent au pied des montagnes jusqu’au Mont-Cenis. « Ce château eft bâti sur l’Ifère, au sommet d’un rocher inacceffible de toutes parts excepté par un fentier étroit qui conduit à la Porterie ».
Le 28 août, les troupes françaises investissent la place, mais la première difficulté reste à approcher les canons à bonne portée. Le seul chemin qui y conduit est extrêmement étroit et bordé d’un côté par l’Arc, dont la rive tombe à pic, et de l’autre côté par des rochers inaccessibles. D’autre part, des orages débutent et amènent l’Arc à déborder.
Le duc de Sully alla, la nuit, reconnaître les alentours afin de pouvoir y trouver un emplacement pour son artillerie. Il choisit 200 Français et 200 Suisses promettant à chacun 1 écu s’ils montaient 6 canons, par un sentier longeant le fort, jusqu’à l’escarpement désigné. Il recommanda aux soldats de faire le moins de bruit possible et, pour détourner l’attention des assiégeants, il envoya dans un chemin à l’opposé du sentier, des chevaux et des charretiers dont les cris et claquements de fouet attirèrent l’attention et le feu des assiégés, sans grand dommage.
Le 29 août, après avoir fait disposer les gabions, les madriers et tout ce qui était nécessaire pour établir les plates-formes par le grand maître de l’artillerie de France, les 400 hommes conduits par Michel de la Vallée, lieutenant de l’artillerie en Bretagne, amènent, à partir de 9 heures, sous le feu de la place les 6 canons sur le rocher. Une palissade fut dressée, pour dérober à l’ennemi la vue de l’emplacement des canons afin qu’il ne puisse pas les démonter. À cet effet les pionniers et les charpentiers abattirent 200 gros hêtres qui furent taillés en billots pour remplir les gabions et former le logement des canons.
Le 9 septembre, à 14 heures, les préparatifs étaient terminés. Henri IV, arrivé la veille à Aiguebelle, ordonna de commencer le feu. Une centaine de coups furent tirés sans aucun résultat. Le soir le duc de Sully coucha dans sa batterie et malgré la pluie qui tombait en abondance, il la fit perfectionner.
Pendant ce temps, les assiégés travaillaient également beaucoup, craignant que les Français ne trouvent le point faible, qu’ils s’efforçaient de protéger.
Le 10 septembre, à 6 heures, il y avait un brouillard tellement épais qu’on ne voyait pas le fort. Sully fit toutefois tirer les canons positionnés sur la montagne ainsi que l’artillerie d’Aiguebelle. L’agitation de l’air et la chaleur firent disparaître le brouillard. Les travaux qui avaient occupé les assiégés toute la nuit, c’était l’établissement d’une batterie de 4 pièces positionnée juste en face de celles des Français que le tir prématuré de la veille avait découvertes et qu’ils cherchaient désormais a démonter. Les assiégés lancèrent une première décharge qui tua 6 canonniers et 2 pionniers, blessa 14 personnes renversa 2 canons. Rapidement Sully fit pointer une pièce qui, donnant droit sur leurs embrasures, démonta 2 des 4 canons, tua 1 canonnier et en blessa 2 autres.
Vers 9 heures, le Roi accourut au bruit, et fit apporter son déjeuner dans un abri.
Alors que la canonnade faisait rage, l’entourage du Roi accusa le duc de Sully de perdre sa poudre contre un roc que le canon ne pouvait endommager. C’est alors que le tambour de Charbonnières battit la chamade et le lieutenant de la place sortit pour traiter de la capitulation.
Le grand maître de l’artillerie de France exigea une capitulation sans condition. Le lieutenant s’en retourna et le feu recommença.
La seconde volée puis la troisième firent écrouler une partie du rempart. Les assiégés ne purent porter secours de la brèche, car les canons d’Aiguebelle balayant le chemin couvert, leur enlevaient, à chaque salve, les soldats qui passaient.
Ils battirent une seconde fois la chamade, mais le duc de Sully feignit de ne pas entendre. Une nouvelle bordée pénétra dans le terrassement. Après avoir encaissé 637 coups de canons, les assiégés attachèrent un drapeau criant qu’ils se rendaient, demandant le cessez-le-feu. Mais Sully ne fit cesser le feu que lorsque les assiégés laissèrent entrer les Français par la brèche. Les assiégés demandèrent à capituler « en accordant vies & bagues fauves; du reste on convint qu’elle fotiroit de la place, mêches éteintes & fans drapeaux. » Sully monta à cheval pour entrer dans le château de Charbonnières, et accorda, finalement, la vie à la garnison.
La prise de Charbonnières ouvre à Lesdiguières la haute vallée de l’Arc, qu’il remonte avec un millier d’hommes, prend Saint-Jean-de-Maurienne puis Saint-Michel-de-Maurienne. le , la vallée de la Maurienne est totalement conquise, l’armée française se dirige alors sur la vallée de la Tarentaise.
10 septembre 1627 : début du siège de La Rochelle.
La Rochelle est soutenue par l’Angleterre en tant que ville protestante, mais aussi pour freiner le développement de la marine française. George Villiers, duc de Buckingham, quitte le port de Portsmouth avec 110 vaisseaux et 8 000 hommes, et débarque sur l’île de Ré le , entamant le siège de la citadelle.
Informé, Richelieu réagit rapidement. Il commence le siège de la ville et fait fortifier les îles de Ré et Oléron. L’armée royale déploie quant à elle ses 20 000 hommes autour de la ville, coupant toutes les voies de communication terrestres. Le ravitaillement ne peut plus venir que de la mer. Le commerce est alors bloqué.
Georges Villiers s’installe dans un premier temps dans l’île de Ré, le . Bien qu’étant elle aussi protestante, l’île n’a cependant pas rejoint la rébellion contre le roi. Le duc en est chassé par Henri de Schomberg et Toiras puis est battu en mer le 17 novembre. Il finit par rentrer sans gloire en Angleterre.
Pour empêcher le ravitaillement par mer, Richelieu entreprend le 30 novembre la construction par 4 000 ouvriers d’une digue longue de 1 500 mètres et haute de vingt. Les fondations reposent sur des navires coulés et remblayés. Des canons pointés vers le large sont disposés en renfort.
La flotte française, sous le commandement de l’amiral Marino Torre a bloqué le port.
10 septembre 1872 (calendrier grégorien) : naissance de l’officier russe topographe Vladimir Arseniev, explorateur de la Sibérie orientale.
Il est surtout connu pour avoir écrit de nombreux ouvrages sur ses explorations : quelque soixante livres sur la géographie, la nature sauvage, et l’ethnographie des régions qu’il a visitées. L’auteur raconte ses voyages dans plusieurs livres, le plus connu étant La Taïga de l’Oussouri – Mes expéditions avec le chasseur golde Derzou (le titre sera plus tard abrégé en Dersou Ouzala) : ce sont les mémoires d’Arseniev concernant trois expéditions dans la taïga (forêt) du nord de l’Asie, le long de la mer du Japon et au nord de Vladivostok. Le livre a pour titre le nom du guide d’Arseniev, un autochtone oussurien de la tribu Nanaï (qu’on appelait, il y a peu, « Golde », d’où le titre du livre).
Dersou Ouzala a été adapté au cinéma par deux fois. La version la plus connue est celle réalisée en 1975 par Akira Kurosawa, qui a adapté pour ce film deux livres de la trilogie « Dersou Ouzala » : La Taïga de l’Oussouri – Mes expéditions avec le chasseur gold Derzou (По Уссурийскому Краю, 1921) et Dersou Ouzala : la Taïga de l’Oussouri (Дерсу Узала Из воспоминаний о путешествиях по Уссурийскому краю в 1907 г. Владивосток, 1923). Le film décrit les explorations d’Arseniev de la vallée de l’Oussouri, de 1902 à 1907, aux côtés du vieux trappeur Dersou Ouzala.
Arseniev a pris de nombreuses photos lors de ses expéditions. Il a été aussi un des premiers à décrire nombre d’espèces de la flore de Sibérie. Durant la guerre civile (1918-1921), il est commissaire aux minorités ethniques de l’éphémère république d’Extrême-Orient.
Non seulement le régime communiste stalinien n’a témoigné d’aucune reconnaissance envers les travaux d’Arseniev, mais il a également été accusé d’intelligence avec l’ennemi, à savoir les Japonais. Il a été recherché et ses archives ont été saccagées. Il n’a échappé à ses poursuivants que parce qu’il se trouvait alors en expédition et parce qu’il n’est jamais revenu chez lui, terrassé sur le terrain par un ultime coup de froid mortel. Sa femme, Margarita Nikolaevna Arsenieva, est arrêtée et jugée sous le même chef d’inculpation en 1937. Elle a été exécutée, et sa fille, Natalia Vladimirovna Arseneva, a alors été placée en centre d’internement pendant au moins quinze ans.
Sa maison à Vladivostok est devenue un musée ; une ville des régions qu’il a explorées a pris son nom en son honneur : Arseniev.
10 septembre 1915 : évacuation d’Arméniens assiégés (actuelle Turquie).
Plusieurs milliers d’Arméniens se sont regroupés sur le Mont Moise (ou Musa Dagh) pour échapper aux massacres qui ont commencé. Résistant à un siège (par l’armée turque) de plus de 50 jours, ils sont secourus in extremis par la Marine française qui patrouillant le long de la côte les fait embarquer pour échapper à l’extermination. 4 092 Arméniens sont ainsi sauvés.
Les quarante jours de Musa Dagh de Franz Werfel (1933)
, les premiers massacres de ce qui se révélera être le premier génocide du XXe siècle avaient commencé depuis deux mois sous les ordres du gouvernement Jeune-Turc. Mais dans une province de l’empire, cinq mille Arméniens, refusant d’être déportés, se réfugièrent dans le massif du Musa Dagh (Mont Moïse). Sur le point de succomber, après avoir tenu en échec l’armée ottomane, ils devront leur salut à la présence de la flotte française et tout particulièrement à un homme, le vice-amiral Dartige du Fournet, qui, faisant le blocus des côtes syriennes, assurera sous sa propre responsabilité leur évacuation en .
Le , dans le cadre des missions de la 3e escadre, le croiseur Guichen aperçoit sur les hauteurs du djebel Moussa, un groupe d’hommes et leur pavillon blanc à croix rouge. Le capitaine de frégate Jean-Joseph Brisson envoie une baleinière qui établit le contact avec le chef arménien Pierre Dimlakian.
Les 6 et , le vice-amiral Louis Dartige du Fournet, qui commande la 3e escadre à bord de la Jeanne-d’Arc avec sous ses ordres le contre-amiral Gabriel Darrieus, prend la décision courageuse et audacieuse d’intervenir, sans réponse de l’état-major, en évacuant tous des Arméniens qui tiennent toujours le Musa Dagh mais sont à court de vivres et de munitions, mettant de facto sa carrière en jeu et risquant la destitution. L’amiral Dartige du Fournet tente de convaincre les autorités anglaises de les accueillir à Chypre, mais c’est Port-Saïd qui sera autorisé. Il rejoint ensuite la « funeste » zone des Dardanelles où il vient d’être nommé, laissant le commandement de la 3e escadre à l’amiral Darrieus. L’organisation du sauvetage de 4 082 Arméniens est alors confiée au capitaine de vaisseau Édouard Vergos (croiseur Desaix) qui commandera l’ensemble des opérations menées par les croiseurs Desaix et Guichen déjà sur place, ainsi que par le d’Estrées, l’amiral Charner et la Foudre demandés en renfort.
10 septembre 1943 : premier coup au but d’une bombe radioguidée (au large de la Sardaigne).
L’Italie s’étant retournée contre le Reich, la Luftwaffe déclenche un raid contre la marine italienne qui tente de rejoindre Malte. Des bombardiers Dornier lancent sur le convoi, depuis une haute altitude, l’une des dernières inventions allemandes, la Fritz X (bombe radioguidée de 1300 kg). Le navire amiral Roma est coulé emportant avec lui près de 800 marins dont le commandant de la flotte italienne, l’amiral Bergamini.
La bombe planante complète se compose de trois sections distinctes, l’ogive anti-blindage de 320 kg d’amatol, le boîtier de commande, et l’empennage. Il y a quatre ailettes en alliage d’aluminium fixées à l’engin à hauteur du centre de gravité. Le but de ces ailettes est de donner à la bombe une portance suffisante pour que les surfaces de contrôle dans l’unité de queue puissent exercer une influence suffisante.
L’entreprise Ruhrstahl fabriqua ces bombes planantes à environ 1 400 exemplaires dont environ 200 furent effectivement tirés.
Il s’agit du second engin guidé antinavire mis en service par l’Allemagne national-socialiste après le Henschel Hs 293 A. Sa portée était d’environ de 5 à 9 km, son altitude minimum de largage de 5 000 m et sa vitesse maximale de chute de 280 m/s.
Les avions-porteurs devaient survoler leur objectif et pendant la phase de guidage s’abstenir de toute manœuvre d’évitement brusque. De fait, ils subirent de lourdes pertes.
Les études sur ce système d’arme ont débuté en 1938 lorsque les forces allemandes se rendirent compte de la difficulté de toucher un navire en mouvement avec des bombes classiques lors de la guerre d’Espagne.
Le directeur du programme fut le docteur Max Kramer du Deutsche Versuchsansalt für Luftfahrt qui testait des méthodes de correction des trajectoires lors des lâchers de bombes, en utilisant des spoilers radio-pilotés situés dans la queue de bombes de 250 kg. En 1940, le RLM adopta le système de contrôle Kramer pour bombe anti-blindage SD 1400X. La bombe allemande de 100 kg a toujours été connue comme « Fritz » de sorte que son nom de code est devenu « Fritz X » et la désignation du code, « FX » ou « FX 1400 ». La société Ruhrstahl poursuivit la fabrication de ces armes avec la désignation « X-1 » qui a conduit aux variantes X, X-1 à X-7. Le « X » a été une classification utilisée par Ruhrstahl pour désigner tous ses missiles avec des queues en croix. Le missile opérationnel a été plus tard appelé « Körper » par un personnel soucieux de la sécurité.
La seule unité de la Luftwaffe à déployer le Fritz-X a été le Gruppe III du Kampfgeschwader 100, désigné III./KG 100. Cette unité a utilisé des bombardiers moyens Dornier Do 217K-2 pendant presque l’ensemble de ses missions d’attaque, bien que dans quelques cas, vers la fin de son histoire, les variantes Do 217 K-3 et Do 217 M-11 ont également été utilisées.
Le Fritz-X avait été initialement testé avec un Heinkel He 111, mais il n’a jamais été utilisé en combat par cet appareil. Quelques variantes spéciales du bombardier stratégique Heinkel He 177 ont été équipées pour le transport de la Fritz-X, mais il semble que cette combinaison n’a jamais vu de combat. Le bombardier stratégique Heinkel He 277 devait pouvoir en embarquer 2 mais il n’a jamais fait de missions opérationnelles.
Les premières utilisations au combat ont eu lieu le lors d’un bombardement sur le port d’Augusta en Sicile, d’autres raids eurent ensuite lieu à Messine et autour de cette île mais aucun coup au but ne semble avoir été enregistré et les Alliés ignorèrent que les bombes utilisées étaient une nouvelle arme.
Le , le Royaume d’Italie signa un armistice avec les Alliés et le gouvernement de Badoglio ordonna à la Marine italienne de rejoindre Malte. À la suite de l’attaque sur le port de Tarente, l’état major de la marine avait ordonné la dispersion de la flotte. Le Roma était basé a Cagliari, dans le sud de la Sardaigne, et c’est de là qu’il appareilla, avec à son bord l’amiral Carlo Bergamini, commandant en chef de la flotte italienne, qui comprenait alors également les cuirassés Vittorio Veneto et Italia, trois croiseurs et huit contre-torpilleurs. Le 9 septembre, la flotte fut interceptée au nord de la Sardaigne par 6 ou 12 bombardiers Dornier Do 217K-2 du Kampfgeschwader 100 de la Luftwaffe basés à la base aérienne d’Istres, transportant chacun une bombe radioguidée FX1400 Fritz X. Les bombardiers allemands lancèrent leurs projectiles hors de portée de la DCA embarquée. Une bombe toucha l’Italia à l’avant, l’encombrant de 900 tonnes d’eau, ce qui ne l’empêcha pas de poursuivre sa route sans réduire sa vitesse. Le Roma fut lui touché par une première Fritz X qui perça le pont blindé, explosa sous la ligne de flottaison en détruisant la turbine tribord, réduisant la vitesse du navire à 10 nœuds. La seconde Fritz X explosa entre la tourelle n° 2 et la tour de commandement, projetant la tourelle par-dessus bord et forçant le navire à s’arrêter. Le navire explosa à 16 h 12 et sur les 1 350 membres d’équipage, seuls 596 furent sauvés, la plupart étant gravement brûlés. L’amiral Bergamini figure parmi les victimes.
Dans les jours suivants, plusieurs coups au but seront enregistrés contre la flotte alliée, l’USS Savannah participant à l’opération Avalanche fut atteint par une bombe Fritz X larguée à 5 700 mètres d’altitude le , 197 marins périrent, une cinquantaine d’autres gravement blessés et le navire ne fut totalement réparé que le 4 septembre 1944.
Le croiseur léger HMS Uganda a été frappé par un Fritz-X près de Salerne le 13 septembre. Le Fritz X a percé sept ponts et a explosé sous sa quille. Tous les feux de la chaudière ont été éteints, seize hommes ont été tués, et l’Uganda a pris 1 300 tonnes d’eau. Le navire a dû être a remorqué à Malte pour réparations.
Le 16 septembre, ce fut le cuirassé britannique HMS Warspite qui reçut deux de ces bombes ; ses réparations durèrent jusqu’en mars 1944.
La destruction du croiseur léger HMS Spartan de la Royal Navy le , causant 46 tués, est souvent attribuée à cette arme ; mais le projectile était en fait un Hs 293.
Par la suite, les Alliés contrecarreront cette menace en accroissant la portée de leurs escortes de chasseurs et en mettant au point un système de brouillage radio.
10 septembre 1949 : vol inaugural du Noratlas (Melun).
Le Nord 2501, communément appelé Noratlas et surnommé la Grise, est un avion de transport militaire français. Il s’agit d’un bimoteur bipoutre à ailes hautes, réalisé par Nord-Aviation à la fin des années 1940. Construit à un peu plus de 400 exemplaires, dont certains destinés au transport civil de passagers, il a été utilisé par une dizaine de pays jusqu’à la fin des années 1990. Il a été retiré du service dans l’Armée de l’air française en 1986 après 32 ans de service.
***
En 1947, un appel d’offres est lancé pour un avion de transport, destiné à équiper l’Armée de l’air française d’un appareil moderne en remplacement des différents avions qu’elle utilise à l’époque. Le projet Nord 2500, proposé par Nord-Aviation, est retenu et deux prototypes sont commandés en 1948. Le premier d’entre eux fait son vol inaugural le sur l’aérodrome de Melun-Villaroche, équipé de deux SNECMA Gnome et Rhône 14R de 1 600 ch chacun et piloté par Claude Chautemps.
Appelé Nord 2501, le deuxième prototype est équipé de moteurs beaucoup plus puissants, des Bristol Hercules 739 de 2 040 ch fabriqués sous licence en France. Il fait son premier vol le , et les deux prototypes entrent alors dans le programme d’essai destiné à valider leur utilisation. L’accident du second prototype le (voir plus bas) ne remet pas en cause le projet, et c’est la formule 2501 qui est finalement retenue.
Le premier avion de série décolle le et est livré en à l’armée de l’Air, qui reçoit au total 208 exemplaires sur les 425 construits. Les autres Noratlas sont exportés en Allemagne de l’Ouest (qui fabriquera 124 Nord 2501-D sous licence et en assemblera 57 autres, après en avoir reçu 25 construits en France), en Grèce (52 avions neufs), en Israël (6 avions neufs + 16 ex-allemands) et au Portugal (6 avions neufs + 26 autres d’occasion de diverses origines). Certains seront vendus à des compagnies civiles, comme Air Algérie.
Le chargement de cet avion imposait de prendre une précaution particulière : mettre en place les deux « chambrières » qui empêchaient le fuselage de se tasser lors du chargement d’un véhicule ou d’une lourde charge, limitant la hauteur d’autres véhicules capables de passer sous l’empennage.
En version militaire, le confort était réduit : les sièges alignés sur chaque bord de la soute n’étaient qu’une toile tendue ; les « toilettes » étaient remplacées par un passe-coque, un tuyau de caoutchouc et un entonnoir, utilisables exclusivement par des hommes.
Le Nord 2501 arriva trop tard dans l’armée française pour participer réellement à la guerre d’Indochine. Il fut par contre engagé pendant la guerre d’Algérie à partir de novembre 1954 afin de transporter des parachutistes, des vivres et des munitions. C’est d’ailleurs à cette occasion que le surnom de « Grise » lui est donné à cause de la couleur de son fuselage. Il fut aussi utilisé pendant la crise du canal de Suez en 1956 où l’Armée de l’air mobilisa 40 Nord 2501, pendant la crise de Bizerte (opération Charrue en 1961) et aussi lors de diverses opérations humanitaires : pour secourir le Liban après le tremblement de terre du 16 mars 1956, pour ravitailler Tananarive (Madagascar) après les inondations de 1957, pour apporter 1 000 tonnes de céréales aux pays du Sahel touchés par la sécheresse en 1973. Lors des évènements de mai-juin 1968, les Noratlas militaires furent même utilisés en remplacement des avions civils cloués au sol par les grèves. De 1962 à 1984, l’appareil servit à l’école des troupes aéroportées (ETAP) à Pau pour le largage des parachutistes de haut vol et de précision.
Les avions ouest-allemands participèrent également à plusieurs opérations humanitaires en Afrique ou en Turquie.
Le Portugal engagea ses Noratlas durant ses guerres coloniales en Angola et au Mozambique.
En Grèce, 15 Nord 2501 participèrent, dans la nuit du 21 au à l’opération Niki, visant à contrer le débarquement turc à Chypre du . Deux d’entre eux seront abattus en vol, deux autres détruits au sol.
10 septembre 1965 : victoire indienne à la bataille d’Asal Uttar. (Seconde guerre Inde – Pakistan).
La bataille d’Asal Uttar a eu lieu durant le second conflit entre l’Inde et le Pakistan du 8 au 10 septembre. C’est une des batailles de chars les plus importantes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La 1ère division blindée (équipée de chars Patton) et la 11e division d’infanterie pakistanaises franchissent la frontière et prennent la localité de Khem Karan. La 4e division de montagne indienne (équipée de chars Centurion, Sherman et d’AMX 13) contre-attaque et inflige au cours d’une série d’embuscades, une lourde défaite aux Pakistanais qui laissent sur le terrain 97 chars alors qu’elle n’en perd que 32.
La bataille a également été témoin de la bravoure personnelle d’un soldat indien, Abdul Hamid , qui a été honoré du Param Vir Chakra , la plus haute distinction militaire de l’Inde, pour avoir prétendument détruit 7 chars ennemis avec un canon sans recul .