25 août 1270 : mort à 56 ans de Saint Louis (Tunis) durant la 8e croisade.
L’échec de la septième croisade, que Saint Louis interprète comme une punition divine, l’affecte énormément. À l’été 1266, il annonce secrètement au pape Clément IV qu’il décide de se croiser pour une seconde fois. Il fait connaître sa décision à une assemblée de prélats et de barons, au cours de la fête de l’Annonciation, le . Puis lors d’une autre assemblée, le , il précise qu’il partira au mois de . Sa décision apparaît alors déjà anachronique à de nombreux contemporains, tel Joinville.
L’évolution de la situation militaire et politique en Méditerranée orientale explique cette décision. Le frère du roi, Charles d’Anjou, est devenu roi de Sicile ; celle-ci peut donc devenir une base d’opérations plus sûre et plus proche de Chypre. De plus, Louis IX espère convertir l’émir hafside Muhammad al-Mustansir et faire de l’Ifriqiya (Tunisie) une base terrestre pour attaquer ultérieurement l’Égypte mamelouk. La préparation de la croisade est alors aussi minutieuse que pour la précédente.
Son financement est pris en charge par les villes et la levée de décimes ecclésiastiques. Cependant, la préparation diplomatique connaît moins de succès que pour la croisade d’Égypte : Clément IV est mort, la vacance se prolonge et la chrétienté n’a donc pas de pape au moment de la croisade. C’est ainsi que les seuls personnages importants souhaitant participer à la croisade sont Louis, le prince Édouard d’Angleterre et le roi Jacques d’Aragon, mais ce dernier y renonce après que sa flotte a été prise dans une tempête.
Le , Saint Louis s’en va chercher le bâton de pèlerin et l’oriflamme à Saint-Denis. Le lendemain, il se rend à pieds nus de son palais à Notre-Dame et fait ses adieux à son épouse au château de Vincennes d’où il part. Enfin, après plusieurs étapes jalonnées de sanctuaires, le roi et ses fils arrivent à Aigues-Mortes, où ils sont rejoints par Thibaut de Navarre et d’autres croisés. En attendant l’arrivée des navires, une bataille éclate entre les Français et les Catalans : la bataille fait une centaine de morts, Louis fait pendre les responsables et, enfin, s’embarque le 1er sur la nef La Montjoie. Après une brève escale en Sardaigne, les croisés débarquent à La Goulette, près de Tunis.
Le sultan, qui n’a en fait aucune intention de se convertir, a préparé sa ville à subir un siège et ses hommes attaquent les croisés. Le roi décide ainsi de prendre d’assaut la ville de Carthage pour y mettre en sécurité ses hommes, en attendant les renforts de son frère Charles d’Anjou. Les croisés s’emparent facilement de la ville, mais de nouveau, l’armée subit une épidémie de dysenterie ou de typhus qui fut fatale au prince Jean Tristan le . Après plus de 43 années de règne, le roi Louis IX s’éteint le 25 août 1270 à Carthage, victime à son tour de l’épidémie qui frappe son armée, à l’âge de 56 ans. Sa mort est rigoureusement mise en scène et achève le programme d’identification messianique du souverain français, amorcé en 1238 par l’acquisition de la couronne : le roi reçoit l’extrême-onction, demande, en signe d’humilité, à être étendu sur un lit de cendres et prononce des paroles d’imitation christique. Le fils du défunt roi, le prince Philippe, lui succède sous le nom de Philippe III.
Une étude menée en 2015 par Philippe Charlier sur les reliques attribuées au roi et dispersées lors de sa canonisation, en 1297, suppose qu’il souffrait de scorbut et serait mort de bilharziose. Une étude de 2019 confirme une atteinte grave du roi par le scorbut.
25 août 1580 : Bataille d’Alcántara.
La bataille d’Alcántara a lieu le 25 août 1580, près du ruisseau d’Alcântara, dans les environs de Lisbonne, au Portugal, et est une victoire du roi de la Maison de Habsbourg, Philippe II d’Espagne, sur l’autre prétendant au trône portugais, Antoine, prieur de Crato.
Le roi du Portugal Sébastien Ier, disparaît le , au cours de la « bataille des Trois Rois » (Alcácer-Quibir, Maroc), à l’âge de 24 ans, sans héritier. Cette lourde défaite cause la mort ou l’emprisonnement de milliers de soldats ainsi que de certains nobles portugais. Son grand-oncle, le cardinal Henri, lui succède sous le nom de Henri Ier. Il meurt en janvier 1580, lui aussi sans héritier, plongeant ainsi le royaume dans une crise de succession.
Le roi Philippe II d’Espagne est l’un des potentiels héritiers à revendiquer le trône. Cependant, un opposant portugais, Antoine de Portugal (prieur de Crato), fils illégitime de l’Infant Louis, duc de Beja (1506-1555), et petit-fils du roi Manuel Ier de Portugal, se manifeste face à lui.
Le roi d’Espagne décide alors d’envahir le pays, en juin 1580, avec une armée d’environ 40 000 hommes (dont près de la moitié sont des mercenaires allemands et italiens), sous le commandement du duc d’Albe, Ferdinand Alvare de Tolède.
Son rival, Antoine, manque du soutien de la noblesse et du haut clergé portugais, qui préfèrent plutôt se ranger derrière Philippe II. Il est donc contraint de recruter une armée irrégulière composée principalement de paysans et de citadins locaux ainsi que de 3 000 esclaves africains qui se battent pour lui en échange de leur liberté.
Le duc d’Albe débarque en juillet 1580 ses forces à Cascais, à l’ouest de Lisbonne. À la mi-août, le duc n’est plus qu’à 10 kilomètres de la ville. À l’ouest du petit ruisseau Alcântara, les Espagnols rencontrent une force portugaise sur le côté est de celui-ci. Leur commandement décide d’attaquer les Portugais en plaçant l’artillerie sur une colline qui surplombe le camp de leurs ennemis.
À l’aube, le duc envoie son fils à l’assaut des troupes portugaises, en effectuant le raid depuis la partie où est stationnée l’artillerie. Antoine, prieur de Crato, aidé de son artillerie, engage le combat avec ses cavaliers et d’autres soldats équipés d’armes à feu. Cependant, les Portugais sont harcelés par l’artillerie ainsi que par les armes à feu espagnoles et beaucoup sont mis en déroute. Les cavaliers portugais commencent à fuir, les fantassins également et Antoine de Portugal finit à son tour par se retirer du champ de bataille.
Les restes de l’armée d’Antoine s’enfuient vers Porto avec l’intention de rassembler des troupes, mais les Portugais sont à nouveau défaits à Porto par les forces espagnoles sous le commandement de Don Sancho d’Avila. Fin 1580, la majeure partie du territoire portugais est aux mains des Espagnols. D’autres batailles pour la guerre de succession portugaise ont lieu aux Açores jusqu’en 1583.
L’Espagne et le Portugal finissent unis dans une union personnelle des royaumes (restant formellement indépendants et dotés d’administrations autonomes), jusqu’en 1640. Cette période est appelée l’Union ibérique.
25 août 1704 : les Britanniques prennent Gibraltar.
Avant la conquête musulmane, le rocher de Gibraltar est appelé mont Calpé. En 711, dans le cadre de la conquête musulmane de l’Espagne wisigothique, le chef Tariq ibn Ziyad y établit une tête de pont en Europe, donnant son nom au rocher (Gibraltar est une déformation de Jabal-Târiq, Montagne de Târiq).
Le site est conquis, en 1309, par le royaume de Castille, puis repris par le général mérinide Abd-el-Melek en 1333, expulsant les Castillans. En 1374, les Mérinides cèdent le rocher au royaume de Grenade. Gibraltar est ensuite reconquis par Ferdinand V en 1492.
Ce territoire espagnol est pris par les forces anglo-néerlandaises de l’amiral George Rooke le et sa propriété (mais pas la souveraineté) est confirmée et reconnue par l’Espagne par le traité d’Utrecht en 1713. Une tentative espagnole pour reprendre Gibraltar a lieu de 1779 à 1783, lorsque l’Espagne déclare la guerre au Royaume-Uni dans le cadre de son alliance avec la France au cours de la guerre d’indépendance américaine. Cette période, connue sous le nom de « Grand siège », dure 3 ans.
25 août 1865 : mort de l’officier de marine et explorateur Louis Isidore Duperrey.
Louis Isidore Duperrey, né à Paris le où il est mort le , est un officier de marine, explorateur et cartographe français. Son voyage à bord de la Coquille est quasiment tombé dans l’oubli. Pourtant, ce voyage mérite d’être connu car il est l’un des seuls à n’avoir subi aucune avarie et aucune perte humaine. Pendant ce voyage il a suivi les expériences acquises lors du voyage sur l’Uranie sous le commandant du géologue et géographe Louis de Freycinet, comme l’utilisation de conserves inventées par Nicolas Appert pour lutter contre le scorbut.
25 août 1920 : fin de la bataille de Varsovie.
La bataille de Varsovie (août 1920), aussi connue sous le nom du « Miracle de la Vistule » fut la bataille décisive de la guerre russo-polonaise (1919-1920), qui débuta après la fin de la Première Guerre mondiale. Elle fut remportée par les troupes polonaises de Józef Piłsudski sur l’armée bolchevique commandée par Mikhaïl Toukhatchevski.

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La guerre polono-soviétique de 1919-1920 oppose la Russie bolchévique à la Pologne qui retrouve en 1918, après la Première Guerre mondiale son indépendance. Les Polonais combattent pour défendre leur indépendance, perdue depuis 1795. Les Bolchéviks étaient les maîtres de la Russie depuis la Révolution d’octobre 1917 et donc d’une partie de la Pologne.
La Pologne obtient son indépendance de facto le , par le retrait imposé par l’armistice aux unités d’occupation allemande et austro-hongroise. La Deuxième République Polonaise peut émerger. Le Petit traité de Versailles, appelé traité des minorités polonaises, signé à Versailles le 28 juin 1919, trace entre l’Allemagne et la Pologne une frontière mais élude le problème de la frontière orientale de cet État ainsi reconstitué. De ce fait, sur les limites orientales de cette République Polonaise, les Alliés laissant le champ libre aux faits d’armes entre les différentes armées qui s’affrontent sur le terrain.
À la suite de ces victoires de l’Armée rouge sur les Russes blancs assistés par les puissances occidentales, Vladimir Lénine, chef du nouveau gouvernement de la Russie communiste, est optimiste. Son armée, l’armée rouge, tente, au fur et à mesure des retraits (imposés par l’armistice) des forces allemandes et austro-hongroises de récupérer les territoires perdus par la Russie pendant la Première Guerre mondiale. Pour Lénine, la Pologne est aussi la route la plus courte vers Berlin pour y soutenir la future révolution prolétarienne qu’il appelle de ses vœux.
En , une offensive polonaise vers l’Ukraine appelée opération Kiev est lancée. Kiev est occupée par une armée polonaise commandée par le général Edward Rydz-Śmigły. Mais cette avancée est stoppée lorsque le commandement polonais est informé d’une offensive massive de l’armée rouge plus au nord. En effet, le commandant de l’armée rouge du Front Nord-Ouest, Mikhaïl Toukhatchevski, a entamé le une offensive en direction de Varsovie avec une forte supériorité numérique. Pour Mikhaïl Toukhatchevski, « la route de l’incendie mondial passe sur le cadavre de la Pologne. ». Les batailles décisives commencent au nord des marais du Pripiat.
Le , l’armée rouge, aidées par ses alliés lituaniens, reprennent Wilno, puis le 19 juillet Grodno. L’armée rouge se trouve maintenant en position d’envahir la Pologne. Son commissaire de guerre Léon Trotsky est contre la poursuite de l’opération, mais Lénine décide de la prolonger. Le , l’armée rouge arrive sur la ligne ferroviaire reliant Lidzbark à Dęblin. Les Polonais retranchés dans Modlin complètent la ligne de défense de Varsovie.
Le commandement polonais est conseillé par 400 officiers d’une mission militaire française conduite par Paul Prosper Henrys, dont le futur Général de Gaulle qui n’y reste sur place que six jours, et également par une mission militaire britannique de moindre importance. Ces officiers, répartis dans les instances du commandement polonais jouent un rôle important dans la formation des cadres militaires polonais, l’amélioration de l’organisation et de la logistique.
De plus, dès le début de l’avance de l’armée rouge, Pilsudski a réclamé des renforts en matériel de guerre qui sont acheminés d’urgence. Les formations en retraite sont complétées et rééquipées.
Devant l’enchaînement des défaites, l’épiscopat polonais participe à la mobilisation des territoires polonais en faisant lire dans les églises les appels des autorités polonaises à la mobilisation et en faisant prier pour une victoire polonaise. Le 15 août, jour de l’Assomption, ils sont exaucés, d’où le nom de « miracle sur la Vistule » donné par les catholiques polonais à cette bataille.
La défense de Varsovie est constituée de deux lignes de défenses commandées par le général Franciszek Latinik. La première ligne court le long de la rivière Rządza par Wołomin vers Okuniew et la deuxième ligne de Pustelnik vers Kobyłka. Dans les environs de Jabłonna, la 10e division d’infanterie est laissée en réserve.
Toukhatchevski continue à avancer vers l’ouest. Mais une partie de ces troupes, la 1re armée de cavalerie de Semion Boudienny s’est séparée de l’axe principal d’attaque pour tenter de prendre Lwów (désormais appelée Lviv, en Ukraine) sous l’impulsion d’un commissaire politique encore peu connu, Joseph Staline, qui recherche un succès personnel. C’est un échec complet. Par contre, les autres forces de Toukhatchevski sont aux portes de Varsovie et ont pour projet de traverser la Vistule à Płock, légèrement au nord-ouest de Varsovie, afin de pouvoir attaquer ses défenseurs par l’arrière.
Piłsudski, qui dirige l’armée polonaise, devine l’intention de Toukhatchevski et repasse à l’attaque durant cette manoeuvre. L’armée rouge est attaquée sur son flanc gauche par la 5e Armée. Celle-ci sort de la position défensive de la forteresse de Modlin, entre Płock et Varsovie, et passe à l’offensive. Les corps de l’armée rouge sont surpris et hésitent. La détermination des Polonais est forte. Armée polonaise puis Armée rouge contre-attaquent alternativement, les positions changent sans arrêt. Le 14 août 1920 vers midi, la 5e Armée et la 10e Division d’Infanterie de réserve entrent ensemble en action. Le 15 août, les Polonais reprennent Radzymin et Ossów. La 5e Armée du général Władysław Sikorski amène finalement les troupes de Toukhatchevski à se replier, ce qu’ils font de manière particulièrement désordonnée : c’est désormais la déroute pour eux.
Le les forces du général polonais Edward Rydz-Śmigły lancent un assaut sur la rivière Wieprz, sur l’aile gauche, toujours, et l’arrière de l’armée rouge qui est détruite. Les Polonais lancent alors une vaste offensive : une première partie des troupes se dirige vers Mozyr (Mazyr), sur le Pripiat, une deuxième partie vers Mińsk, une troisième partie vers Mazowiecki, une autre vers Brest Litovsk, une dernière enfin en direction de Siedlce. Pendant ce temps la 5e Armée polonaise du général Władysław Sikorski brise la défense de l’armée rouge à Nasielsk, obligeant les restes de ses défenseurs à se replier vers Ciechanów, et elle poursuit la 4e Armée rouge en retraite qui est détruite à Kolno le 29 août. Cinq autres divisions de l’armée rouge en déroute s’enfuient en Prusse-Orientale. Les autres sont repoussées au-delà du Niémen.
Les Polonais ont 66 000 prisonniers et ont pris 231 canons. L’armée rouge a 10 000 morts, 500 disparus et 10 000 blessés. Les Polonais ont 4 500 morts, 22 000 blessés et 10 000 disparus.
L’échec de l’Armée rouge de la bataille de Varsovie est un coup dur pour les dirigeants de la RSFSR, surtout pour Lénine. La bataille de Varsovie détermine l’issue du conflit russo-polonais, marque l’histoire polonaise et change probablement le cours de l’histoire en Europe centrale dans l’entre-deux-guerres, en limitant l’expansion de la révolution russe.
Fin septembre, une tentative de Toukhatchevski de tenir le long de la ligne Sejny-Grodno-Volkovysk se solde par une nouvelle défaite. Un armistice est signé à Riga le 12 octobre 1920, qui précède la Paix de Riga signée le 18 mars 1921.
25 août 1940 : premier bombardement britannique de Berlin.
95 bombardiers du Bomber command effectuent un premier raid sur la capitale du Reich. Le tout premier bombardement de Berlin est cependant français puisque le Farman Jules Vernes (appartenant à l’aéronautique navale) parvient à lancer quelques bombes sur Berlin dans la nuit du 7 au 8 juin 1940 en représailles d’un bombardement allemand sur Paris.
23 août 1943 : première utilisation réussie de la bombe planante allemande Henschel Hs 293.
Le Henschel Hs 293 était une bombe planante radioguidée allemande de la Seconde Guerre mondiale. Première bombe planante anti-navire opérationnel il fut utilisé sans succès pour la première fois le 25 août 1943, puis connut un succès croissant l’année suivante, endommageant ou coulant au moins 25 navires. Les efforts alliés pour brouiller la liaison radiocommandée furent de plus en plus fructueux, malgré les efforts allemands pour les contrer. L’arme resta en service jusqu’en 1944, année où elle fut également utilisée comme arme air-sol pour attaquer les ponts afin d’empêcher la percée alliée après le Jour J, mais se révéla presque inefficace dans ce rôle.
Le 25 août 1943, un Hs 293 fut utilisé, lors de la première attaque réussie par bombe guidée, frappant le sloop HMS Bideford ; l’ogive n’explosa pas et les dégâts furent minimes.
Le 27 août, le sloop britannique HMS Egret coulé par un escadron de 18 Dornier Do 217 transportant des Hs 293 entraîna la suspension temporaire des patrouilles anti- sous-marines dans le golfe de Gascogne.
Le 26 novembre, un Hs 293 coula le transport de troupes HMT Rohna, tuant plus de 1 000 personnes.
25 août 1944 : libération de Paris.
Discours de l’Hôtel de Ville de Paris, 25 août 1944
Le 25 août, Paris est libéré par l’action conjuguée de la police parisienne, des forces de l’intérieur levées dans la capitale et de la division blindée du général Leclerc qui a brisé les positions allemandes dans la banlieue sud et les derniers centres de résistance de l’ennemi au Majestic, au Luxembourg, au Palais-Bourbon, rue Royale, etc. Le général de Gaulle fait son entrée dans la ville à 16 heures par la porte d’Orléans. Il va d’abord à la gare Montparnasse, où le général Leclerc reçoit la capitulation du Commandant des forces allemandes de Paris, et donne ses ordres pour assurer la couverture de la capitale vers le nord. Il s’installe ensuite au ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique, et y établit le siège de la Présidence du gouvernement. Après une visite à la Préfecture de police, où ont commencé les combats pour la libération de Paris, le général de Gaulle se rend à l’Hôtel de Ville où l’attendent la Municipalité provisoire (Comité parisien de la Libération), le Comité national de la Résistance, des détachements de combattants ainsi qu’une foule immense. Après les discours que lui adressent M. Marrane, au nom du Comité parisien de la Libération, et M. G. Bidault, président du Comité national de la Résistance, il prononce l’allocution improvisée que voici :
Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans Paris debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains.
Non ! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies.
Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.
Eh bien ! puisque l’ennemi qui tenait Paris a capitulé dans nos mains, la France rentre à Paris, chez elle. Elle y rentre sanglante, mais bien résolue. Elle y rentre, éclairée par l’immense leçon, mais plus certaine que jamais, de ses devoirs et de ses droits.
Je dis d’abord de ses devoirs, et je les résumerai tous en disant que, pour le moment, il s’agit de devoirs de guerre. L’ennemi chancelle mais il n’est pas encore battu. Il reste sur notre sol. Il ne suffira même pas que nous l’ayons, avec le concours de nos chers et admirables alliés, chassé de chez nous pour que nous nous tenions pour satisfaits après ce qui s’est passé. Nous voulons entrer sur son territoire comme il se doit, en vainqueurs. C’est pour cela que l’avant-garde française est entrée à Paris à coups de canon. C’est pour cela que la grande armée française d’Italie a débarqué dans le Midi ! et remonte rapidement la vallée du Rhône. C’est pour cela que nos braves et chères forces de l’intérieur vont s’armer d’armes modernes. C’est pour cette revanche, cette vengeance et cette justice, que nous continuerons de nous battre jusqu’au dernier jour, jusqu’au jour de la victoire totale et complète. Ce devoir de guerre, tous les hommes qui sont ici et tous ceux qui nous entendent en France savent qu’il exige l’unité nationale. Nous autres, qui aurons vécu les plus grandes heures de notre Histoire, nous n’avons pas à vouloir autre chose que de nous montrer, jusqu’à la fin, dignes de la France. Vive la France !
25 août 1944 : démarrage du Red Ball Express.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, le Red Ball Express est un important système de convoyage routier mis en œuvre par les forces alliées après la percée marquant la fin de la bataille de Normandie. Il reposait sur un itinéraire en boucle à sens unique entre Cherbourg et Chartres puis, avec l’avancée du front, étendu en deux branches vers le nord et l’est de la France. Ce système a fonctionné du au et la remise en service du port d’Anvers. Le terme Red Ball provient du vocabulaire ferroviaire américain et s’applique aux trains prioritaires. Le nom de Red Ball Express est parfois utilisé dans un sens plus étendu en faisant référence à l’ensemble des transports routiers militaires alliés en Europe de l’Ouest.
Le réseau ferroviaire dans le nord-ouest de la France ayant été détruit par les bombardements alliés avant et au début de la bataille de Normandie pour freiner le renforcement des forces allemandes, il ne restait plus aux Alliés que la solution du transport routier, afin de pourvoir aux énormes besoins des armées en mouvement. La fin de la bataille de Normandie marquait le début de la rapide avancée alliée sur le front de l’Ouest. Il s’agissait donc de transporter des vivres, des munitions et surtout de grandes quantités de carburant. Chacune des 28 divisions alliées engagées, pour mener à bien ses opérations offensives, avait besoin d’environ 700 à 750 tonnes de ravitaillement par jour, soit un total de 20 000 tonnes.
Deux itinéraires furent tracés en suivant des routes nationales ou secondaires existantes entre Cherbourg et Chartres où était installée une grande base logistique américaine. La route la plus au nord était empruntée par les camions chargés de marchandises, qui revenaient à vide par celle du sud. Afin de fluidifier le trafic, de limiter les accidents et les attaques aériennes, des règlementations spéciales furent instaurées :
- Circulation interdite aux véhicules civils.
- Convois de 5 camions minimum, encadrés par des Jeep.
- Camions espacés de 60 mètres.
- Interdiction de doubler.
- Vitesse unique limitée à 40 km/h.
- Pause obligatoire les 10 dernières minutes de chaque heure.
Le trafic était ininterrompu, de jour comme de nuit.
Les camionneurs ne devaient pas s’arrêter, même pour aider un autre camionneur en panne. Ce dernier devait attendre une des équipes de réparation puis, une fois dépanné, être intégré à un convoi passant.
Les routes du Red Ball étaient balisées par des panneaux grand format, inspirés des panneaux publicitaires américains. Ils évitaient aux conducteurs de se perdre et indiquaient également les objectifs de tonnage journalier atteints, afin de les motiver. Plus de 25 000 panneaux furent posés.
Des ateliers de réparations se trouvaient environ tous les 50 km. Une zone de bivouac fut aménagée au milieu du parcours pour procéder au repos et au changement de chauffeurs et faire le plein d’essence. Des points de contrôle existaient dans les principales villes traversées. Ils servaient à l’enregistrement des mouvements, au pointage des marchandises et pour une bonne information sur les ateliers de réparation et les stocks d’essence disponibles sur la route ou pour signaler d’éventuels véhicules en panne.
Du fait de la densité de la circulation, et pour faire respecter les règles, 3 bataillons de police militaire, un régiment d’infanterie et de nombreux policiers français furent mobilisés. Des unités de corps du génie furent également affectées au maintien en état des routes.
Près de 75 % des chauffeurs du Red Ball Express étaient des soldats afro-américains. En effet, interdits dans les unités combattantes pour cause de ségrégation raciale, ces derniers, sauf rares cas, se retrouvaient incorporés dans des unités de soutien.
Le système a utilisé 5 958 véhicules et a transporté quotidiennement jusqu’à 12 500 tonnes de marchandises.
Les principaux problèmes rencontrés sur le Red Ball Express étant les pannes, l’épuisement des conducteurs et l’usure du matériel, qui à la longue ont fini par multiplier les accidents et le coût de fonctionnement. De 2 500 grosses réparations sur la première semaine de septembre, elles avaient doublé, à 5 750, rien que deux semaines plus tard. Les crevaisons étaient aussi fréquentes. Ainsi pour le pneu le plus utilisé, le 750 × 20, 55 000 furent changés en .
Le tracé était long de 500 km puis étendu à 1 200 km. Le Red Ball Express connut plusieurs tracés. Ainsi du au .
- Route aller : Cherbourg → Valognes → Carentan → Saint-Lô → Vire → Domfront → Alençon → Mortagne-au-Perche → Chartres,
- Route retour : Chartres → Nogent-le-Rotrou → Mamers → Mayenne → Mortain → Vire → Tessy-sur-Vire → Saint-Lô → Périers → Cherbourg.
Saint-Lô sert de point de regroupement, certains camions arrivant des plages de débarquement d’Utah Beach et d’Omaha Beach. Vire est le seul endroit où la route n’est pas à sens unique.
L’itinéraire évolua : ainsi le trajet initial passait très au sud, en raison des opérations militaires qui venaient de se dérouler à Argentan. Un nouvel itinéraire plus au nord donc plus court fut mis en place à partir du :
- Route aller : Cherbourg → Valognes → Carentan → Saint-Lô → Torigny-sur-Vire → Vire → Flers → Argentan → L’Aigle → Dreux → Chartres,
- Route retour : Chartres → Mortagne-au-Perche → Alençon → Domfront → Mortain → Vire → Tessy-sur-Vire → Saint-Lô → Lessay → Bricquebec → Cherbourg.
À partir du , avec l’avancée rapide du front, le Red Ball Express fut rallongé de deux boucles :
- Une boucle Nord passant, à l’aller, au nord de Paris vers Soissons pour approvisionner le front de Belgique :
- Aller : Dreux → Versailles → Saint-Denis → Villers-Cotterêts → Soissons,
- Retour : Soissons → Château-Thierry → Coulommiers → Rozay-en-Brie → Mormant → Fontainebleau → Étampes → Chartres.
- Une boucle Est vers Sommesous pour le front de Lorraine. Elle empruntait à l’aller une partie de la RN 4 reliant Paris à Nancy. Cette boucle sera ultimement prolongée jusqu’à Metz :
- Aller : Chartres → Versailles → Corbeil → Melun → Rozay-en-Brie → Sezanne → Sommesous,
- Retour : Sommessous → Arcis-sur-Aube → Méry-sur-Seine → Nogent-sur-Seine → Fontainebleau.
Le Red Ball Express a fourni une aide décisive aux armées alliées en attendant la reconquête de nouveaux ports et la réparation d’autres infrastructures de transport. Il fonctionnera d’ailleurs ensuite pendant un temps en parallèle de la voie de chemin de fer et de l’oléoduc construit par les Alliés. Entre le et le , 410 000 tonnes de marchandises furent transportées. Malgré cela et face à la rapide avance alliée dans l’est, cela se révèlera encore insuffisant, un bref pont aérien sera même mis en place entre l’aérodrome de Cherbourg-Querqueville et celui de Reims pour transporter du carburant en septembre 1944.
25 août 1974 : mort à 72 ans du résistant alsacien Paul Dungler.
Paul Dungler, alias Commandant Martial, Camelot du Roi, ancien dirigeant de l’Action française en Alsace dévie du maurrassisme orthodoxe pour se rallier à la Cagoule. Il se lance en politique durant la période de l’entre-deux guerres.
Dès 1939, conscient du danger que représente l’Allemagne national-socialiste, il prononce un discours devant un cercle nationaliste : « Si un conflit éclate il faudra non seulement faire notre devoir mais grouper nos énergies pour assurer la victoire commune, le nazisme n’est pas seulement notre ennemi militaire c’est aussi l’anti-civilisation ».
Rentré clandestinement à Thann en Alsace le , il fonde avec entre autres Marcel Kibler et l’abbé Pierre Bockel la Septième Colonne d’Alsace, enregistrée à Londres sous le nom de Réseau Martial.
Recherché par la Gestapo, Paul Dungler retourne en zone libre et poursuit la lutte clandestine contre les nazis.
Son ami Jeantet lui fait ensuite rencontrer le Maréchal Pétain afin d’obtenir de ce dernier la liberté de circuler (qu’il lui accorde) et que la police le « laisse en paix » pour ses activités résistantes, ce que Pétain affirme ne pas pouvoir lui promettre. Néanmoins, le Maréchal accepte de donner 500 000 francs à l’organisation de Dungler : « Et c’est ainsi que la naissance de notre action de résistance, le réseau Martial et l’organisation de combat des Alsaciens réfugiés en France, a été financée par le Maréchal » dira-t-il plus tard. Le réseau de Dungler, militant royaliste, est d’obédience vichysto-résistante : il n’a rien en commun avec le réseau de d’Astier de la Vigerie, Libération-sud.
L’évasion du général Giraud en avril 1942 compte parmi les grandes réalisations du Réseau. Dungler est un des initiateurs de l’Organisation de résistance de l’armée (ORA) et à l’origine des Groupes mobiles d’Alsace (GMA). Il aura des liens persistants avec les milieux militaires allemands complotant contre Hitler.
En 1943, il négocie avec le général de Gaulle et les Américains à Alger afin que l’Alsace soit présente dans les combats de libération à venir. L’implication de Dungler dans la Résistance fait aujourd’hui de lui un héros local.
Depuis , une allée est nommée d’après lui à Thann.
Le défilé ukrainien contemporain que l’on voit ici après quelques secondes de vidéo, avec le portrait brandi de Stepan Bandera montre bien qu’il faut « mieux analyser les conflits contemporains dans ces régions ». Tueur en masse de civils Polonais et de Juifs, Stepan Bandera aujourd’hui révéré comme un héros nationaliste en Ukraine, et donc comme inspirateur de la lutte actuelle contre la Russie, soutenue par tout l’Occident…
Aveugle et sourde, et cela avant, pendant et après ce qui l’a réduite à néant, l’Europe n’en finit plus de se déshonorer historiquement.