mardi 5 novembre 2024

Guerre russo-ukrainienne et propagande : la stratégie ukrainienne de communication par la peur face à la stratégie russe de la terreur

Mes dernières interventions sur LCI ce vendredi 21 octobre (Cf. LCI 14h-15h puis LCI 15h-17h, +20mn à +1h20) et ce samedi 22 octobre (10h – 12h puis 12h – 13h, pas de replay, pourtant les échanges étaient éclairants) ainsi que ma contribution à un nouvel article dans le Figaro ce 19 octobre mis en ligne à la fin de ce billet (Cf. Le Figaro) sans oublier les Skype de ce jeudi 19 à 12h15 et de ce dimanche (15h30-16h30)

Ceux qui prennent le parti de l’Ukraine aujourd’hui le font sans nuance et sans prise en compte de l’ensemble des faits, rendant les arguments peu crédibles notamment sur les questions militaires où les méconnaissances, sinon le manque d’humilité, expriment des réponses bien peu objectives et même contradictoires au fil des semaines. Cette situation au quotidien montre cependant une stratégie ukrainienne de communication par la peur dans le but de préserver le soutien des opinions publiques occidentales face à la stratégie russe effective de la terreur.

La propagande de guerre, un peu dans mon domaine d’expertise, conduit par exemple des intervenants (et ce n’est pas la première fois) à demander l’interdiction de la « parole » russe sur les plateaux médias français (Cf. LCI 15h-17h). Seules les positions pro-ukrainiennes devraient s’exprimer, oubliant peut-être que la France n’est pas en guerre contre la Russie et que le fonctionnement d’un Etat démocratique permet le débat… Si l’on suit notamment les réseaux sociaux aux commentaires peu élaborés et souvent émotifs, cette stratégie est toute aussi offensive, bien souvent avec une grande faiblesse argumentaire, pour faire taire ceux qui exprimeraient des avis contraires aux éléments de langage ukrainiens, privilégiant l’indignation, l’émotion et non la réflexion à partir de faits.

A ce titre, l’exemple de la communication sur la reprise possible de la ville de Kherson au sud de l’Ukraine par l’armée ukrainienne est un exemple intéressant. Cette ville sera vraisemblablement le lieu d’une bataille qui peut s’avérer majeure pour la suite du conflit. Ce cas concret, mais il y en a d’autres, montre la mise en œuvre de cette propagande à travers les « angles » de la population civile et du droit international : la population civile ukrainienne quittant la ville de Kherson n’est pas « évacuée » mais serait « déportée ». Certes, cela est une interprétation possible.

En soi, pour une raison militaire, cette évacuation est pourtant compréhensible et ne peut être assimilée à une déportation : cette population civile devenue « russe » par l’annexion du territoire, ce qui est aisément contestable, se trouve dans une zone de combat. Il semble légitime dans ce contexte d’éviter les pertes sinon de prendre en charge cette population qui est considérée comme russe par les Russes. Néanmoins, une partie de cette population n’accepte pas cette situation. La possibilité de rejoindre la partie contrôlée par l’armée ukrainienne aurait pu être organisée par la mise en place de corridors humanitaires certes à la sécurité loin d’avoir été prouvée par ailleurs dans ce conflit (Cf. Marioupol). Mais cette solution du point de vue militaire n’est pas acceptable car elle offrirait une forte capacité de renseignement aux Ukrainiens sur les positions militaires russes. Elle gèlerait en outre les opérations permettant aux uns et aux autres de réorganiser leurs forces.

En ce 24 octobre, le contexte militaire de Kherson amène donc trois hypothèses qui impliquent directement les populations civiles. Ainsi :

  1. Soit les forces russes se retirent de Kherson sans combat pour préserver des capacités militaires importantes et indispensables (10 à 15% des forces expéditionnaires) mais cela peut conduire à la chute politique de V. Poutine. Cette retraite paraît donc peu vraisemblable. Dans cette hypothèse néanmoins, les personnes au moins prorusses sont à évacuer. Peu de témoignages objectifs remontent aujourd’hui sur une contrainte physique exercée sur la population, peut-on se fier en effet aux chiffres annoncés par le gouvernement ukrainien ou bien les ONG qui n’ont pas accès à la zone des combats ? Restent les contraintes psychologiques : destruction du barrage de Kakhovka et menaces d’inondation massive selon les Ukrainiens, frappes d’artillerie sur la ville selon les Russes, frappe nucléaire russe sur Kherson selon l’ambassadeur d’Ukraine à Paris ce 22 octobre… Remarquons que la propagande de guerre autour des risques sur l’avenir du barrage est par bien des points similaires à celle qui dramatisait la situation de la centrale nucléaire de Zaporijiia d’août 2022, notamment dans la recherche par la partie ukrainienne d’une internationalisation du conflit. Autour de ces exemples, une étude comparée sur la propagande serait sans aucun doute bien intéressante ! De fait, prorusse ou non, la population est conduite à quitter cette zone potentielle de combat. Est-ce pour autant une déportation selon les termes employés par la propagande ukrainienne ou une évacuation selon la propagande russe ?
  2. Soit les forces russes adossées au Dniepr avec peu de renforts, de soutien logistique mais aussi de possibilités pour se retirer en ordre reçoivent l’ordre de se battre jusqu’au bout dans cette zone urbaine, sans exclure un siège par les forces ukrainiennes. Ce combat sera vraisemblablement favorable à des troupes russes retranchées, coûteux en soldats ukrainiens dans la reconquête d’une ville qui ne sera sans doute pas reconquise quelques semaines, c’est-à-dire avant la mauvaise saison, sauf si l’armée russe s’effondre. Dans ce contexte, les civils présents prorusses ou non seront soumis aux conséquences des combats. Le fait de les laisser quitter la ville est-il une forme de déportation ou simplement leur mise à l’abri certes dans des conditions discutables ? Puis-je rappeler qu’il y a quelques mois le président Zelenski avait demandé aux populations civiles ukrainiennes de ne pas quitter les zones de combat à l’Est de l’Ukraine.
  3. Une dernière hypothèse extrême ne peut être exclue : celle de l’abandon de la ville par les Russes pour laisser les troupes ukrainiennes s’installer pour les bombarder, les « noyer » ou les « nucléariser ». Ces solutions apparaissent pourtant peu crédibles : les bombardements classiques ont montré une efficacité limitée ; une inondation par la destruction du barrage Kakhovka pénaliserait chaque camp ; une frappe nucléaire, sinon une bombe « sale », amènerait des représailles conventionnelles américaines dont nul ne peut douter de l’efficacité mais aussi une contamination du Dniepr, certes inimaginable aujourd’hui sans toutefois en exclure l’hypothèse. Quelle que soit la solution choisie, la population présente doit quitter la zone pour sa survie.

Bref, évoquer la « déportation » des Ukrainiens de Kherson révèle une certaine forme de duplicité par l’instrumentalisation du droit international qu’il nous faut préciser dans ce contexte. Le droit issu principalement de la seconde guerre mondiale est d’influence occidentale, exprimé notamment dans les conventions de Genève et autres textes adoptés par la communauté internationale. A travers les guerres qui ont eu lieu depuis, chacun pourra constater que le temps de la guerre montre de graves défaillances dans l’application du droit, y compris par les occidentaux certes d’un niveau moindre. Il ne paraît plus adapté aux relations internationales d’aujourd’hui dans la mesure où un droit sans être garanti par la force laisse la place au seul recours à la force sans tenir compte du droit.

C’est ce que ne comprennent pas nos adeptes d’un droit international qui serait tout puissant oubliant qu’il n’est puissant et exécutoire qu’accompagné de contraintes efficaces sinon crédibles. La référence à des concepts et les mots afférents destinés à susciter l’émotion et le soutien de l’occident par l’indignation comme « crimes de guerre », « génocide », « déportation » aux fortes connotations avec la Seconde Guerre mondiale, n’ont pas tous les effets attendus au moins parce qu’ils sont instrumentalisés sans nuance par les deux camps. Il y a eu des crimes de guerre russes mais pour autant les civils restés dans les zones de combat, notamment dans les villes, sont-ils des victimes de crimes de guerre sauf s’ils sont visés sciemment comme c’est le cas de la stratégie russe de la terreur.

Cette « idéologie juridique » occidentale de se rattacher à des principes, certes louables, qui ne peuvent en temps de guerre avoir une stricte application pratique sauf par nos Etats face à ceux qui ne respecteront pas ces règles, confirme que ce droit n’est plus adapté et sera de plus en plus contesté par les nouvelles puissances. Cela signifie aussi que nous ne devons pas nous enfermer « intellectuellement » dans nos principes face à la réalité de la guerre. L’usage inconsidéré de termes forts du droit international se rattachant à nos principes contribue à une propagande qui ne devrait pas exister dans nos démocraties et fragilise nos positionnements notamment face à nos opinions publiques qui ne sont pas dupes.

Sur le point particulier de la « déportation » des populations de Kherson, la question suivante se pose : pour rester en conformité avec le droit international prôné par la partie ukrainienne et tous leurs soutiens, ce qui peut se défendre dans l’absolu, doit-on laisser les civils sans protection en zone de combat ? Rappelons-nous toutes les critiques justifiées par ailleurs dénonçant des civils tués dans les villes conquises hier par les Russes. Ceux-ci, au moins pour des raisons militaires, évacuent la population ukrainienne sous autorité russe aujourd’hui. Qu’aurait-il fallu faire ? Les laisser sur place ?

Pour conclure, si personne ne veut que des civils soient tués dans les combats, ne faudrait-il pas mieux se battre hors des villes, zone qui focalise l’attention de beaucoup, ce qui est valable aussi bien pour les Ukrainiens que pour les Russes mais qui oublie que plus de 65% de l’humanité vit dans les villes sans que la guerre ne soit bannie. Cette proposition se heurte à la réalité des villes qui sont des objectifs primordiaux pour ce qu’elles apportent : protection, logistique, administration, population, économie… ? La guerre se fera dans les villes qu’on le veuille ou non.

Bref, la guerre continue y compris celle de l’information sur laquelle nous (« je ») devons être vigilants. Hormis les « fake news », une propagande efficace a toujours un fond de vérité, des faits le plus souvent mais que le propagandiste présente de telle façon que le sens en est biaisé pour influencer son public-cible. Cette guerre russo-ukrainienne est donc riche en exemples qui nous seront utiles pour choisir la réflexion et non l’émotion pour agir.

Enfin, je vous invite à écouter cette intervention de V. Fédorowski, sur Public Sénat : https://youtu.be/mstgOaabXns, notamment lorsqu’il aborde la propagande au début de son intervention.

 

La Russie bloque un site web ukrainien destiné à aider les déserteurs russes (Le Figaro du 19 octobre 2022)

Par Jeanne Durieux

Le gouvernement ukrainien avait ouvert une hotline d’urgence à destination des soldats ennemis qui souhaitaient déserter. Le site recensant les indications pour une reddition est désormais bloqué sur le territoire russe.

«Soldats russes ! Épargnez vos vies – rendez-vous !». Le site web de l’État ukrainien intitulé «Je veux vivre», («Hochu zhit» en ukrainien) proposant le gite et le couvert aux soldats ennemis qui souhaiteraient déserter+

++ est interdit sur le territoire russe depuis dimanche 16 octobre.

Le dispositif, qui comportait une hotline d’urgence joignable à toute heure pour les potentiels déserteurs, a été censuré à l’initiative du Bureau du Procureur général de la Fédération de Russie, comme le rapporte l’ONG russe Roskomsvoboda. La décision aurait été prise le 11 octobre. «Le projet a été bloqué deux fois par le parquet général russe, explique l’ONG. Ils avaient d’abord posé une sorte d’écran restreignant l’accès à tous les domaines et les sous-domaines du site, pour ensuite le bloquer dans son intégralité».

Une stratégie de communication

L’initiative, baptisée «Je veux vivre» a été lancée le 16 septembre par le gouvernement ukrainien. Cette ligne de contact d’urgence propose deux numéros, avec au bout du fil des opérateurs disponibles à toute heure pour aiguiller les soldats ou les Ukrainiens enrôlés de force dans l’armée russe, qui combattent et cherchent à déserter. Un canal Telegram officiel en langue russe publie également des informations liées aux redditions, incitant continuellement les soldats ennemis à déposer les armes.

Sur le site officiel du projet d’état «Je veux vivre», l’argumentaire ne passe pas par quatre chemins. «Avez-vous remarqué qu’on ne vous accueille pas avec des fleurs, mais avec du feu et des malédictions ? Avez-vous remarqué que les commandants s’enfuient en premier ?» constatent les premières lignes d’introduction du site. Avant de marteler : «Sauvez votre vie pour vous et votre famille. Arrêtez de vous battre pour les slogans des autres», suivie d’une fiche d’instruction détaillée pour bénéficier de cette prise en charge. La procédure de reddition se veut réglée comme du papier à musique. «C’est une stratégie de communication commune à chaque guerre, souligne le général (2S) François Chauvancy, consultant en géopolitique, docteur en sciences de l’information et de communication. Dans chaque conflit, on cherche à susciter la désertion des soldats des forces armées de l’adversaire. Auparavant, c’était des flyers qu’on envoyait sur l’ennemi pour l’inciter à se rendre, maintenant ce sont des numéros verts». Une stratégie de propagande qui s’inscrit dans le contexte d’une guerre psychologique visant à affaiblir l’ennemi par tout moyen.

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Décrédibiliser les forces russes

Le site rassure ensuite les futurs déserteurs : ces derniers seront traités selon le respect des Conventions de Genève, comprenant ainsi « trois repas par jour, des soins médicaux, l’assistance juridique des organisations internationales…» « Une position intéressante, juge François Chauvancy. Les Ukrainiens rappellent qu’ils respectent les conventions de guerre et les droits des prisonniers, ce qui est aujourd’hui reproché aux Russes ». Là encore, ces déclarations font partie d’une « stratégie générale de communication» qui donne l’avantage aux armées ukrainiennes qui portent un discours de civilisés, face à des Russes qui ne communiquent que très peu. Avis à ceux qui hésitent : « Tous ceux qui se rendent volontairement seront déclarés capturés au combat ». Le dispositif garantit au personnel militaire déserteur ses avantages financiers, affirmant le protéger contre d’éventuelles persécutions russes.

« Cet outil soulève plusieurs questions », poursuit le général. « Promouvoir la possibilité de déserter, c’est décrédibiliser le pouvoir que Poutine a sur son territoire et sa population. Comment est-ce possible de fuir l’appel sous les drapeaux alors qu’on répète que la Russie est un état totalitaire ? » La réalité de ces désertions est en outre mal connue, par manque de chiffres sur le nombre de déserteurs et de prisonniers. « Se pose également la question des profils de ces déserteurs : qui va se rendre ? ». Il est plus que probable que les Ukrainiens mènent l’enquête sur ces personnes en question. « Il pourrait y avoir des soldats coupables de crimes de guerre, qui cherchent à se rendre pour s’offrir une nouvelle virginité : que ferait l’Ukraine dans ce cas-là ? »

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Le gouvernement russe a cherché à réprouver cette initiative, en interdisant le site sur son territoire. Contactés par le site d’informations ukrainien IMI, les opérateurs du projet « Je veux vivre » ont répondu qu’ils s’attendaient à une telle censure de la part des autorités russes. Les informations de base, et les instructions pour se rendre en toute sécurité sont donc désormais intégralement disponibles sur la chaîne Telegram. Les utilisateurs peuvent encore y accéder depuis le territoire russe en utilisant un VPN (réseau privé virtuel) et les numéros d’urgence restent également ouverts.

La plateforme indique avoir reçu plus de 2 000 demandes jusqu’à présent. Les autorités ukrainiennes proposent également 10 000 dollars à tout soldat russe désertant à bord d’un véhicule de l’armée du Kremlin, et jusqu’à un million de dollars pour un avion de combat. Une stratégie qui veut toucher ainsi divers profils : « On fait appel à ceux qui refusent de se battre parce qu’ils n’en n’ont pas envie, parce que la cause est injuste, mais aussi à ceux qui ont besoin d’argent. » Stratégie efficace ou coup d’épée dans l’eau ? « On manque d’éléments objectifs, conclut François Chauvancy. On répète que la Russie a beaucoup de déserteurs dans ses rangs, mais on n’a pas vu beaucoup de prisonniers de guerre pour le moment ».

Général (2S) François CHAUVANCY
Général (2S) François CHAUVANCY
Saint-cyrien, breveté de l’École de guerre, docteur en sciences de l’information et de la communication (CELSA), titulaire d’un troisième cycle en relations internationales de la faculté de droit de Sceaux, le général (2S) François CHAUVANCY a servi dans l’armée de Terre au sein des unités blindées des troupes de marine. Il a quitté le service actif en 2014. Consultant géopolitique sur LCI depuis mars 2022 notamment sur l'Ukraine et sur la guerre à Gaza (octobre 2023), il est expert sur les questions de doctrine ayant trait à l’emploi des forces, les fonctions ayant trait à la formation des armées étrangères, la contre-insurrection et les opérations sur l’information. A ce titre, il a été responsable national de la France auprès de l’OTAN dans les groupes de travail sur la communication stratégique, les opérations sur l’information et les opérations psychologiques de 2005 à 2012. Depuis juillet 2023, il est rédacteur en chef de la revue trimestrielle Défense de l'Union des associations des auditeurs de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Il a servi au Kosovo, en Albanie, en ex-Yougoslavie, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, au Liban et à plusieurs reprises en République de Côte d’Ivoire où, sous l’uniforme ivoirien, il a notamment formé pendant deux ans dans ce cadre une partie des officiers de l’Afrique de l’ouest francophone. Il est chargé de cours sur les questions de défense et sur la stratégie d’influence et de propagande dans plusieurs universités. Il est l’auteur depuis 1988 de nombreux articles sur l’influence, la politique de défense, la stratégie, le militaire et la société civile. Coauteur ou auteur de différents ouvrages de stratégie et géopolitique., son dernier ouvrage traduit en anglais et en arabe a été publié en septembre 2018 sous le titre : « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d'influence, affrontement économique ». Il a reçu le Prix 2010 de la fondation Maréchal Leclerc pour l’ensemble des articles réalisés à cette époque. Il est consultant régulier depuis 2016 sur les questions militaires au Moyen-Orient auprès de Radio Méditerranée Internationale. Animateur du blog « Défense et Sécurité » sur le site du Monde à compter d'août 2011, il a rejoint en mai 2019 l’équipe de Theatrum Belli.
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28 Commentaires

  1. On ne peut pas nier les déportations d’adultes et d’enfants, séparés de leurs parents, car certaines personnes revenues de russie en ont subi les faits, c’est avérés, je vous trouve pas très critiques sur ces réalités, ou tout au moins, un peu tiède…

    • Bonsoir vous avez tout à fait raison. C’est pourquoi je n’ai pas évoqué ce sujet non pour les raisons que vous supposez mais pour les raisons suivantes. D’une part, le sujet aurait mérité d’être traité en profondeur, d’autre part les chiffres venant notamment du côté ukrainien sont peu crédibles… entre 200 000 et 300 000 enfants « déportés » me semblent un chiffre bien élevé sans que je n’exclue la possibilité d’une russification des jeunes enfants. J’attends une enquête objective, donc internationale avec des chiffres vérifiés.
      Pour ma part, au début de ce que j’appelle une campagne de propagande, j’ai évoqué cet été le principe d’humanité opposé au principe juridique sur le cas suivant: quelques centaines d’enfants ukrainiens à Marioupol sont des orphelins dans une ville détruite. sans parents donc, je défends l’idée que mieux vaut qu’ils soient adoptés par des parents adoptifs russes plutôt que de vivre dans des conditions indignes alors qu’ils sont peu susceptibles d’être adoptés avant de longs mois. réponses indignées sur le plateau, « génocide » et « déportation ». Je suis pragmatique pas un idéologue et cet exemple correspond à ce que j’exprime dans mon billet. cordialement

      • Bonsoir,
        pourriez-vous confirmer la source ukrainienne qui annoncerait  » entre 200 000 et 300 000 enfants « déportés » » ?
        Le procureur général a annoncé le nombre de 9400 enfants.
        Merci pour vos précisions.

  2. « je défends l’idée que mieux vaut qu’ils soient adoptés par des parents adoptifs russes plutôt que de vivre dans des conditions indignes alors qu’ils sont peu susceptibles d’être adoptés avant de longs mois.  »
    Un, peu rapide comme conclusion…..

    • Bonjour, ce n’est pas une conclusion, c’est une prise de position qui correspond au fait et ne préjuge pas de la problématique générale. Par ailleurs, je me suis donné la peine de faire une longue réponse argumentée. Votre réponse est plutôt brève avec un apport de cinq mots. cordialement

      • Cela sous entend déjà , deux idées préconcus
        1-« de vivre dans des conditions indignes »
        2-« ..qu’ils sont peu susceptibles d’être adoptés avant de longs mois »
        Donc une grosse expérience sur la rapidité d’adoption en Russie, par rapport à l’Ukraine..
        Je n’ose imaginer la même chose pendant l’avancée des nazis en France.

        • Ok mais je ne comprends pas très bien, y compris le lien avec l’avancée des nazis en France mais je ne vais pas épiloguer, surtout si vous me lisez régulièrement. Bien cordialement :+)

          • Je trouve un peu « crispant » le fait que les enfants orphelins ukrainiens soient déportés en Russie, pour adoption ou autres, et surtout la remarque faite pour minimiser cette abomination!
            Suis assez clair?

          • Beaucoup plus clair merci. Je conteste toujours le mot « déportation » pour les enfants orphelins ukrainiens pour le cas que j’évoquais. Mais après tout, si je comprends bien, les laisser là où ils étaient dans la situation où ils étaient vous parait préférable. Si vous aviez écrit qu’il fallait les renvoyer en Ukraine, j’aurai compris et c’était cohérent. A priori ce n’est pas non plus la solution.
            Par ailleurs, je ne conteste pas la situation des autres enfants mais doute des chiffres donnés. Il a été évoqué des enfants arrachés à leurs familles. ceci en revanche n’est pas acceptable. Bonne journée

  3. La « synchronisation rédactionnelle » de la presse française concernant la guerre en Ukraine est stupéfiante. J’en suis à aller sur des sites étrangers, NachDenkSeiten par exemple. Le sujet des « enfants déportés » ou des salles de torture russes, juste un marronnier de la propagande de guerre. Leur apparition est parfaitement synchronisée, donc il s’agit de communication planifiée, pas d’information. Pour les horreurs de la guerre, attendons les confirmations.

    Sinon, cette propagande est la preuve que nous, les Français, nous sommes présentement en guerre avec la Russie sans que le parlement ait débattu à ce sujet. Nous tuons des Russes en Ukraine et l’opinion française est conditionnée pour la suite. Mais Sandrine Rousseau occupe l’espace médiatique…

  4. Guerre en Ukraine : de nouveaux enfants adoptés « de force » en Russie
    Alors que des civils sont actuellement déplacées de la région ukrainienne de Kherson, ravagée par la guerre, des responsables russes admettent que des enfants sont retirés des zones de combat pour être adoptés en Russie.

    L’Institut pour l’étude de la guerre, basé aux Etats-Unis, cite des médias russes selon lesquels 31 enfants ont été transférés en Russie depuis la ville dévastée de Marioupol, en vue de leur adoption.
    La confirmation a été donnée par la commissaire russe aux « droits de l’enfant », Maria Lvova-Belova qui avait déjà admis de telles pratiques. « Aujourd’hui, il y a déjà plus de 300 enfants, près de 350 orphelins, accueillis par 16 régions russes », a déclaré Maria Lvova-Belova lors d’une conférence de presse.

    De leur côté, les autorités ukrainiennes ont qualifié ces déplacements forcés de population de « génocide contre la nation ukrainienne ».

    L’autre facette, plus réelles et confirmée( par les russes eux mêmes, excusez du peu), de la réalité, qui à mon grand étonnement ne semble pas mettre mal à l’aise certaine personne, jouant avec les mots pour justifier leur sentiment sur cette affaire!

    • Vous accusez tout le monde de jouer avec les mots mais vous faites la même chose. Le Général Chauvancy est un des rares qui garde la tête froide sur les plateaux de LCI et vos attaques sont totalement injustifiées. Les russes ont déclaré qu’il y a plus de 300 orphelins qui ont été évacués et accueillis par 16 régions russes. Nulle part il est prévu de les adopter de « force », sauf dans les opérations de propagande ukrainienne et LCIennes. Il y a notamment un orphelinat qui a été construit à Belgorod, soit à 40 km de la frontière ukrainienne, pour accueillir une partie de ces enfants. Lorsque les choses se seront calmées, il y aura des enquêtes pour tenter de retrouver de la famille de ces enfants, et si cette famille refuse de les accueillir, ou bien si l’état ukrainien refuse d’en faire des pupilles de la nation, alors il y aura probablement des placements en famille d’accueil, puis des procédures d’adoption.

      La situation à Marioupol est très compliquée, et un enfant ce n’est pas un hamster, il faut s’en occuper, ce qui n’est pas possible à Marioupol pour l’instant. Il y a trop de réparations à effectuer, trop de services publics à rétablir. Quand à demander à une éventuelle famille de venir les chercher depuis l’ouest de l’Ukraine, cela demanderait à ces gens de traverser une ligne de front ce que, ni les forces russes ni les forces ukrainiennes n’autoriseront car c’est trop dangereux.

      Ce que vous pouvez peut-être expliquer c’est pourquoi l’orphelinat de Belgorod a été bombardé par les forces ukrainiennes. Il n’y a pas encore d’enfants parce que la construction n’est pas totalement terminée, mais je me demande ce que les ukrainiens ont à gagner à rendre la vie de ces enfants plus terrible qu’elle ne l’est déjà. Bien sûr, certains vont nous dire que ce sont les russes qui ont bombardé cet orphelinat, mais comme la construction a été lancée cette année, ils auraient dépensé beaucoup d’argent pour construire un truc pour le détruire après ?

      J’ai de la famille au Bélarus, en Ukraine et en Russie et je soutiens la décision des russes de mettre ces enfants à l’abri, que ce soit à Belgorod, à Rostov ou dans d’autres régions, loin du théatre de la guerre. Ils vont pouvoir passer un hiver au chaud, sans bombardements. Ils seront bien mieux là, qu’à Kiev ou Lvov où il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, pas de chauffage, dans une famille qui ne sera peut-être pas ravie de les récupérer.

      Je peux comprendre la propagande ukrainienne sur ce sujet, mais les enfants n’ont pas à payer pour la folie des adultes et la priorité est de les mettre à l’abri. On verra quand les choses se seront apaisées ce qu’il adviendra de ces enfants, et là il sera temps de s’indigner si jamais des enfants étaient adoptés « de force » (Même si cela peut vous paraître surprenant, ce ne sont ni les tchétchènes, ni Wagner, n les forces spéciales qui s’occupent des orphelins en Russie. Il y a des associations pour cela, avec à leur tête des femmes qui sont aussi des mères, et qui feront leur travail correctement).

      Quand viendra l’heure des comptes, il sera temps de réclamer des explications, et les russes tout autant que les ukrainiens vont devoir expliquer pas mal de choses. Pour l’instant, je pense qu’il est important de se concentrer uniquement sur les aspects militaires, parce que c’est ça qui peut conditionner une sortie de guerre, que j’espère rapide même si je n’y crois guère.

      • « La situation à Marioupol est très compliquée, et un enfant ce n’est pas un hamster, il faut s’en occuper, ce qui n’est pas possible à Marioupol pour l’instant. Il y a trop de réparations à effectuer, trop de services publics à rétablir »

         » je soutiens la décision des russes de mettre ces enfants à l’abri, que ce soit à Belgorod, à Rostov ou dans d’autres régions, loin du théatre de la guerre. Ils vont pouvoir passer un hiver au chaud, sans bombardements. Ils seront bien mieux là, qu’à Kiev ou Lvov où il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, pas de chauffage,  »

        Est-ce que tout cela ne serait pas arrivé si la Russie n’avait pas attaqué l’Ukraine ? ou arrêtait de bombarder ses infrastructures ?

        • Vous avez raison. Tout cela ne serait pas arrivé si la Russie n’avait pas décidé d’intervenir militairement dans la guerre civile ukrainienne.
          Mais en attendant, ils l’ont fait, et ce qui importe c’est de mettre tous ces enfants à l’abri, qu’on les envoie en Russie, en Pologne ou au Vénézuela.

  5. « Aujourd’hui, il y a déjà plus de 300 enfants, près de 350 orphelins, accueillis par 16 régions russes », ce serait l’aveu d’un « génocide contre la nation ukrainienne ». Faut-il même commenter ?

  6. « 350 orphelins »
    Je n’ai pas vu « orphelins » et ces enfants ont peut être des parents , grand-parents, oncle…qui vivent ailleurs en ukraine!
    Désolé, c’est pas net et indéfendable…

  7. Merci général Chauvancy pour vos analyses rationnelles et vos prises de positions mesurées. La propagande ukrainienne en France sur les plateaux de télévisions (celle de Russie étant bannie) finit par lasser.
    J’ai une question pour vous : à votre avis pourquoi ne voit-on depuis le début de cette guerre aucun homme ukrainien sur les plateaux des télévisions françaises (seulement deux ou trois opposants russes) mais que des ukrainiennes ? Et toujours jeunes et jolies… C’est un véritable défilé depuis huit mois !

  8. À propos de propagande de guerre, lorsque la France a recouvré l’Alsace et la Lorraine, après la 1ère GM, des accusations du même type que celles visant à actuellement les Russes ont été diffusées largement, contre les troupes françaises indigènes et aussi concernant des enfants. À peu près tout était faux. Derrière cette campagne anti-française, entre autres le Vatican qui a toujours joué la carte allemande contre la France de la Révolution. Donc, prudence extrême.

    Sinon, que la classe politique n’aborde pas ce gravissime problème de la guerre de la France contre la Russie interroge. En fait, tous sont pro OTAN, y compris la NUPES où un vieux fond trotskiste prévaut idéologiquement. Et les trotskistes ont choisi les USA contre Staline et maintenant Poutine. Mélenchon et alii fonctionne comme le colonel GOYA ! Vaguement comique.

    Theatrum Belli est un rare espace ouvert de discussion. Le blog La voie de l’Épée par contre prouve que certains font déjà la guerre. Deux douzaines de furieux qui fonctionnent par idiotisme de métier.

  9. Monsieur Chauvancy,

    Remarquable article n’en déplaise au troll présent dans les commentaires (même sur ce site on en trouve !).
    Quelques réflexions complémentaires sur Kherson qu’il faut intégrer dans la globalité du front.

    – Actuellement il y a environ 200.000 réservistes encore en formation (40.000 seraient déjà sur le font), avec un taux de désertion de 15-30% semble-t-il compensé partiellement par des volontaires. On peut donc s’attendre à un renforcement des effectifs dans les 2-3 mois à venir avec une possible ouverture de nouveaux fronts ou un renforcement significatif des effectifs sur les fronts actuels.
    – Un effritement de l’offensive sur kherson qui a repris beaucoup de terrain au début du mois et qui s’essoufle depuis 7-10 jours sans gains significatifs témoignant de la nécessité de reformer les unités d’assaut et de quelques semaines de délai avant une nouvelle offensive « sérieuse »
    – L’espace aérien reste contesté (contrairement à Marioupol) ce qui va compliquer l’offensive des FAU sur un espace plat (billard dans le jargon) et
    dont les arbres vont perdre leur feuillages
    – Les FAU ont positionné des forces sur la frontière nord et nord ouest de l’ukraine ce qui va diminuer les capacités de reformer les unités d’assaut sur le front sud
    – Il y aurait (canaux d’informations telegram) des conflits entre mercenaires étrangers et état major ukrainien avec des mercenaires refusant d’aller en première ligne, ce qui peut aussi allonger le délai de l’offensive
    – L’ukraine a perdu 40% de son réseau électrique ce qui complique l’acheminement ferroviaire de renforts, sachant que la voie transcarpathienne n’est pas la plus efficace et que les voies logistiques de Galicie sont relativement éloignées, elles aussi, du front. On rappelle aussi que les locomotives diesel sont peu nombreuses en ukraine et que l’espacement des rails est différent de celui en vigueur en occident.
    – Enfin, il y a de durs combats sur le front est, de la rive gauche de l’oskii à peski en passant par Artiomovsk, ou une percée/contre offensive russe pourrait contrecarrer les plans d’attaque dans le sud.

    Tout cela laisse penser que si la bataille de Kherson à lieu, elle sera longue et extrêmement difficile pour l’attaquant. L’option nucléaire semble inenvisageable : on ne nucléarise pas sa propre population et son propre territoire.

    Avec les paramètres actuels, il y a un avantage atlanto-ukrainien. Situation évolutive, à suivre.

    Pas de commentaires sur la propagande… pas besoin d’être grand clerc pour savoir que le consentement des populations est manipulé par les grands médias qui servent des intérêts privés depuis bien des années, heureusement qu’internet nous permet de nous faire notre propre idée.

    Tocqueville disait déjà en 1830 « Je ne crains pas le suffrage universel; les gens voteront comme on leur dira »

    Merci Mr Chauvancy et à bientôt

    • « …il y a un avantage atlanto-ukrainien » Aussi je me disais 😉 Si être Troll c’est apporter la contradiction dans un débt de bénéi oui-oui, alors je suis troll affreux troll atlanto-sioniso-ukrainien 😉

    • Bonjour Pierre,

      L’avantage des analyses strictement militaires, c’est qu’on évite l’hystérie généralisée qu’on peut voir un peu partout. Il n’y a pas grand chose à redire sur votre énumération. Je rajouterai juste la neige, qui va rendre les déplacements ukrainiens encore plus compliqués, les engins laissant des traces très visibles. Je pense que ces étendues plates, avec des arbres sans feuilles et des traces visibles à des kilomètres, vont plutôt donner l’avantage à la défense.

      A mon avis, il n’y aura pas de bataille de Kherson, en tout cas pas avant la fin de l’hiver. Maintenant que les civils ont été évacués, que les russes ont fortifié leurs positions, ce serait un suicide pour les forces ukrainiennes de se lancer à l’assaut. Si on ajoute à ça le fait qu’il a pas mal de vent dans la région de Kherson, les températures ressenties en plein hiver sont terribles (J’ai déjà vécu du -27 dans les pays de l’est avec du vent, et c’est très dur. Et encore, c’était juste pour aller acheter des tomates. Alors, dans une tranchée, j’imagine même pas).

      Je verrai bien, comme vous le dites, quelque chose au nord-ouest de l’Ukraine, venant de Brest au Bélarus, ainsi que quelque chose du côté d’Odessa. Maintenant que la Mer Noire a été déminée devant Odessa pour laisser passer les navires, la récente décision des russes de se retirer de l’accord pique un peu.

      Ce n’est bien sûr que mon avis, n’étant ni dans la tête de l’OTAN, ni dans celle des russes.

  10. Une question que je me pose…
    L’action d’une armée lors d’un conflit est de parvenir à un « état final recherché » débouchant sur l’issue politique du conflit. Le « but de guerre » est politique.

    Dans cette guerre contre la Russie où la France est engagée quel peut bien être « l’état final recherché » par elle, et, a fortiori, quels sont ses « buts de guerre » ? Pour les USA, les réponses sont claires et concrètes. Pour la France, pour les autres pays de l’UE et même pour la GB, très impliquée, je ne vois pas.

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