jeudi 31 octobre 2024

IN MEMORIAM : 3 juin 1964 – 60e anniversaire de la mort du général Monclar, le « soldat indomptable »

Raoul Magrin-Vernerey est le fils d’Anna Magrin, fille de Martial Antoine Magrin et de Marie Élise Vernerey. Sa mère est institutrice en poste à Vienne et elle lui donne naissance à Budapest. Un comte hongrois veille d’abord à son éducation, puis il est élevé par sa grand-mère maternelle à Laviron, dans le Haut-Doubs.

Après des études au lycée Victor-Hugo de Besançon et au petit séminaire d’Ornans, il a 16 ans lorsqu’il se présente pour s’engager dans la Légion étrangère. En raison de son jeune âge, il n’est pas admis et reprend ses études et entre à Saint-Cyr en 1912, il en sort en 1914 avec la promotion de Montmirail, et le grade de sous-lieutenant.

Historique de la 97e promotion de Montmirail (1912-1914).

Sous-lieutenant Magrin-Vernery, affecté au 60e RI, blessé la première fois le 13 août 1914. Crédit : Roland Monclar (Tous droits réservés Theatrum Belli).

Le 5 août 1914, il rejoint le 60e régiment d’infanterie, il combat au sein de ce régiment et au sein du 260e et termine la guerre avec le grade de capitaine, chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de 11 citations. Blessé sept fois et réformé avec une invalidité de 90 % : cuisse fracturée par balle, bras droit brisé par l’explosion d’une grenade, deux blessures à la tête imposant deux trépanations, les yeux brûlés par des gaz.

Historique du 260e RI

Après l’armistice du 11 novembre 1918, mis à la disposition du commandant en chef des armées alliées en Orient, il rejoint l’état-major comme chef du 1er bureau au début de 1919. Il est alors administré par le 1er régiment de tirailleurs marocains (RTM). Le 25 septembre, il est désigné pour effectuer un stage au centre d’aviation du 415e RI de San Stefano, où il est formé comme observateur avion. À l’issue, il rejoint les services administratifs du Levant à Beyrouth, en qualité d’adjoint à l’administrateur. Il est nommé conseiller administratif de Caza de Sayoun, le 1er mars 1920, puis inspecteur des milices du territoire des Alaouites, le 19 octobre. À ce poste, il mérite une citation à l’ordre de l’armée. Le 11 mai 1921, il est désigné pour encadrer la légion syrienne. Il est affecté à la 4e compagnie du 1er escadron, escadron dont il prend le commandement le 1er juillet. Il cumule cette fonction avec celle d’adjoint au chef de corps.

Magrin-Vernerey en 3e position. Tableau exposé à la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur.

Le 1er mars 1924, il obtient enfin de rejoindre la Légion étrangère dont il rêve depuis sa jeunesse. Après un bref séjour au 1er REI, il est affecté au 3e REI et prend part à la campagne du Rif au Maroc jusqu’en 1927. Il rejoint alors le Proche-Orient, où il est promu au grade de chef de bataillon en 1928.

Le 14 octobre 1930, il est désigné pour prendre le commandement du 16e bataillon de chasseurs à pied.

Il est une nouvelle fois affecté à la Légion en 19313 et ne quittera cette arme qu’en octobre 1941. Affecté au 2e REI, il séjourne au Maroc, puis il rejoint le 5e REI au Tonkin.

Rentrant d’Extrême-Orient, il prend en janvier 1938 le commandement du bataillon d’instruction de Saïda, il est promu au grade de lieutenant-colonel le 25 juin de la même année, avant de repartir au Maroc avec le 4e REI.

Le 23 février 1940, il rejoint le 3e REI qui forme un groupement de bataillons de marche de type montagne. Il est désigné comme chef de corps des deux bataillons de Légion qui forment la 13e demi-brigade légère de montagne de Légion étrangère (DBLE). Regroupée d’abord au camp du Larzac puis à Sathonay, son unité se prépare à une campagne, dont la destination n’est pas fixée. Ce sera le début de l’épopée de la 13e DBLE, la longue route ne fait que commencer.

Monclar à Londres avec la « 13 ». Crédit : Roland Monclar.

Le 13 mai, à Bjervik en Norvège, la 13e DBMLE livre son premier combat, conquiert quatre objectifs, force les Allemands à fuir, en abandonnant de nombreux prisonniers, des armes automatiques, des équipements impossibles à dénombrer, et jusqu’à dix avions bimoteurs.

Du 28 mai au 2 juin, le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey et ses légionnaires gagnent à Narvik ce que l’on a appelé « la seule victoire française de 1939-1940 », victoire qui leur vaut d’être cités à l’ordre de l’Armée, avec attribution de la Croix de guerre avec palme de vermeil, pour avoir libéré 60 prisonniers alliés, fait 400 Allemands prisonniers, capturé 10 canons et un très important matériel.

À peine revenu en Bretagne, le 16 juin, avec 500 de ses hommes, il embarque le 19 juin à Saint-Jacut-de-la-Mer où, via l’île de Jersey, il rejoint le 21 juin, avec la moitié de sa demi-brigade, les Forces françaises libres en Angleterre et adopte alors le pseudonyme de Monclar (du nom du village de Monclar-de-Quercy, dans le Tarn-et-Garonne, d’où sa famille est originaire). Il est promu au grade de colonel.

Fin août 1940, il est envoyé en Afrique avec la 13e DBLE (Dakar, Freetown puis le Cameroun), il refuse de participer aux combats de ralliement au Gabon, pour ne pas avoir à combattre des Français. Durant cette période, il rédige son « Catéchisme de combat ».

Participant aux opérations menées contre les forces de l’Axe en Afrique, c’est lui qui, à la tête de la Brigade française libre d’Orient en Érythrée. La campagne s’achève par la prise de la base navale et du camp retranché de Massaouah défendu par des forts constituant une ligne d’arrêt enlevée en quelques heures. Monclar veut rééditer l’exploit de la Demi-brigade à Narvik et prend le risque de lancer un raid audacieux. Commandant en chef de la brigade, ayant conçu la manœuvre, il prend la tête avec les mêmes motocyclistes qui s’étaient fait remarquer en Norvège. Accompagné des lieutenants de Sairigné et Le Roch et suivi par deux camions transportant des légionnaires, il pénètre dans la place sans coup, férir et procède à l’arrestation du contre-amiral Mario Bonetti, de son état-major et de la quasi-totalité de la garnison (8 officiers généraux, 400 officiers, 14 000 hommes). Un coup de main resté célèbre dans les annales de la Légion.

Brigade Française Libre d’Orient – Campagne d’Erythrée – Février 1941

En juin 1941, il refuse de combattre en Syrie contre d’autres Français, en particulier les légionnaires du 6e REI. Il est remplacé à la tête de la 13e DBLE par le lieutenant-colonel et prince Amilakvari.

En octobre 1941, il est nommé délégué et commandant des troupes pour le territoire des Alaouites et deux mois plus tard, en décembre 1941, il est promu général de brigade. Il retourne à Londres en décembre 1942, où il devient Commandant des Forces terrestres françaises en Grande-Bretagne.

En novembre 1943 et jusqu’à la fin de la guerre, il est adjoint au général commandant supérieur des troupes du Levant et participe à la pacification du nord de la Syrie, où se déroulent des troubles violents en mai et juin 1945.

Monclar en Corée.

Promu général de division en 1946, il devient adjoint au commandant supérieur des troupes d’Algérie. Printemps 1948 : une note de service venue de Sidi-Bel-Abbès arrive dans les unités de la Légion étrangère en Algérie : « Les gradés et légionnaires volontaires pour les parachutistes ont à se faire connaître et seront immédiatement mis en route sur Bel-Abbès ». La note a du succès. La légende voudrait que ce soit le général Monclar, alors en tournée d’inspection à Sidi-Bel-Abbès, qui ait eu l’idée des bataillons étrangers de parachutistes en voyant tous les jeunes officiers brevetés au mess des officiers.

Il est, en 1948, « chargé de mission permanente d’inspection des unités de Légion ». Pendant près de 2 ans, il effectue d’incessants voyages partout où stationnent et combattent des unités de Légion en Algérie, au Maroc, à Madagascar, en Indochine où il participe aux combats de Cochinchine et du Tonkin. Durant cette année, sont créés en Indochine les 1er et 2e bataillons étrangers de parachutistes. Le 13 mai 1948, Monclar passe en revue la Compara (Compagnie Para du 3e REI).

En 1950, général de corps d’armée, à la veille de sa retraite, il se porte volontaire pour commander le Bataillon français de l’ONU en cours de formation, pour intervenir en Corée et échange ses étoiles contre les 5 galons panachés de lieutenant-colonel, pour pouvoir le faire.

Monclar et son épouse Gilberte à l’aéroport avant le départ pour la Corée. Crédit : Roland Monclar. (Tous droits réservés Theatrum Belli).
Monclar aux Invalides. Crédit : DR.
Soldats du bataillon français de l’ONU.

1948 – Le Groupement Léger Aéroporté – GLAP (Indochine)

Le rôle du bataillon français de l’ONU durant la guerre de Corée

Ayant atteint la limite d’âge, il rentre en France en 1951. En 1962, succédant au général Kientz, il devient gouverneur des Invalides. À ce titre il est désigné président d’honneur de l’association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire.

En 1962, ses titres de guerre, ses campagnes, ses blessures le désignent au choix de Gouverneur des Invalides. Il a été le président fondateur de l’Association nationale des anciens des forces françaises de l’ONU et du régiment de Corée.

Le général Magrin-Vernerey dit Monclar est décédé au Val-de-Grâce, le 3 juin 1964. Il a été inhumé dans la crypte des Invalides.

Ses blessures de guerre

Ses décorations

Le général Monclar (1943) porte un képi de campagne de général de brigade et une vareuse à col ouvert, sur laquelle on remarque : le « Moustique » FFL, le brevet d’observateur aérien, deux fourragères, et la Croix de la libération, sur ses nombreuses barrettes de rappels de décorations. Les boutons de sa vareuse semblent être ceux de la Légion étrangère. Crédit : DR.

Première Guerre mondiale

Entre deux-guerres

Seconde Guerre mondiale

Après-guerre et Corée

Lettre à son fils (23 décembre 1950)

LIVRES – BD

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