IN MEMORIAM – Bernard BOUVERET, résistant (décédé le 7 novembre 2020)

Bernard Bouveret, le passeur du Jura aux 200 vies sauvées durant la Seconde Guerre mondiale, est décédé à 96 ans.

Au départ, il n’était pas mieux qu’un autre, avait-il lui-même affirmé à la CICAD, une organisation suisse de lutte contre l’antisémitisme, qui, en 2014 lui avait consacré un portrait.

Il aurait pu choisir le mauvais camp, si un soldat allemand n’avait pas un jour décidé de déchirer le petit drapeau tricolore qu’il arborait sur son vélo. Les soldats allemands venaient alors de s’installer dans son village de Chapelle-des-Bois (Doubs), que l’humiliation subie a fait aussitôt naître chez Bernard Bouveret un besoin profond « de faire quelque chose ».

Le Jurassien n’a pas encore 16 ans, en 1940, qu’il s’engage dans la résistance au sein du réseau du Risoux, du nom du massif longeant la frontière avec la Suisse voisine. Connaissant l’épaisse forêt du même nom comme personne (orthographiée « Risoud » en Suisse, NDLR) il la parcourt sur des kilomètres.

D’abord pour transporter des documents secrets, comme des micro-films, avant de guider des familles juives à travers des sentiers confidentiels pour éviter les troupes ennemies. L’efficacité de Bernard Bouveret est telle qu’il devient rapidement l’un des passeurs les plus fiables du réseau.

« Il a été de ceux qui ont ouvert des chemins de liberté », a expliqué l’écrivain et professeur de lettres Gisèle Tuaillon-Nass à franceinfo, qui lui a consacré un livre en 2011.

« Une fois il y avait une dizaine de personnes, dont deux petits gamins. On les a portés sur nos épaules avec un ami qui était là puis on les a montés jusqu’à la frontière ; et puis une fois qu’ils étaient sûrs en Suisse, on les mettait sur un chemin où ils ne pouvaient plus se perdre et descendaient automatiquement sur la Suisse », lui avait-il un jour raconté.

Mais malgré sa connaissance hors-pair du terrain, la résistance reste une aventure pleine de dangers. Un jour, un de ses camarades, passeur lui aussi, perd la vie dans la forêt, touché par des balles allemandes. Et pour Bernard Bouveret, l’effroi frappe le 6 avril 1944. Son père et lui sont arrêtés par la Gestapo et passent un mois en prison, à Dijon.

Direction l’Allemagne, dans le camp de concentration de Dachau, près de Munich, où ils passent plus d’une année, travaillant douze heures par jour à la construction de moteurs d’avion. Les témoignages à son sujet sont unanimes : Bernard Bouveret n’a jamais eu aucun regret.

« Jamais il ne s’est mis en avant. ‘J’ai fait ci, j’ai fait ça’. Non, c’était toujours d’une grande simplicité », résume Gisèle Tuaillon-Nass pour conclure sur la vie à nulle autre pareille de ce héros si discret.

Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Jean-Baptiste TOMACHEVSKY
Mon grand-oncle paternel s'est engagé dans la Légion étrangère, parti combattre pendant la guerre d'Algérie. Il est mort pour la France en 1962. C'est lui qui m'a donné l'amour de la Patrie et l'envie de la servir. Appelé sous les drapeaux en février 95, j'ai servi dans 6 régiments et dans 5 armes différentes (le Train, le Génie travaux, l'artillerie sol-air, les Troupes de marine et l'infanterie). J'ai participé à 4 opérations extérieures et à une MCD (ex-Yougoslavie, Kosovo, Côte d'Ivoire, Guyane). Terminant ma carrière au grade de caporal-chef de 1ère classe, j'ai basculé dans la fonction publique hospitalière en 2013 en devenant Responsable des ressources humaines au centre hospitalier de Dieuze. J'ai décidé ensuite de servir la Patrie différemment en devenant Vice-président du Souvenir Français (Comité de Lorquin-57) où je suis amené à participer à une cinquantaine de cérémonies mémorielles par an. Je participe également à des actions mémorielles auprès de notre jeunesse. Je suis également porte-drapeau au sein de l'Union nationale des combattants (UNC) de Lorquin (57) et membre du conseil départemental de l'ONaCVG de la Moselle, collège 2 et 3. J'ai également créé sur un réseau social professionnel un compte qui regroupe près de 16 000 personnes dédié au Devoir de mémoire. Je transmets et partage les destinées de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France. J'ai rejoint THEATRUM BELLI en novembre 2024 pour animer la rubrique "Mémoires combattantes".
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