Pierre Rolinet est décédé le 24 avril 2022 à l’âge de 99 ans. Originaire du Pays de Montbéliard (Doubs), le résistant est l’un des rescapés du camp du Struthof en Alsace où il avait été déporté. Pierre Rolinet était le président d’honneur de l’association des amis du musée de la Résistance et de la déportation de la citadelle de Besançon.
Il s’était donné comme mission de témoigner sans relâche de ce qu’il avait vécu pendant la seconde guerre mondiale.
Né le 4 juin 1922 à Allenjoie dans le Pays de Montbéliard, il a vécu ensuite non loin de là, à Brognard. Le Franc-comtois a passé toute sa vie professionnelle chez Peugeot comme dessinateur industriel jusqu’en 1977, année de son départ en retraite.
A 21 ans, le jeune franc-comtois refuse de partir en Allemagne dans le cadre du STO. Il entre alors dans la Résistance sous le nom de Pierre Georges. Arrêté en possession d’armes par les Allemands en 1943, il est emprisonné puis condamné à mort, une peine commuée en déportation Nacht und Nebel, nuit et brouillard, qualificatif du IIIe Reich pour les résistants déportés « condamnés à disparaître sans laisser de trace ». Il arrive en 04/1944, sous le matricule 11.902, au camp de Natzweiler-Struthof, où il reste plusieurs mois.
Evacué vers Dachau sous le matricule 101.460 en 09/1944, à la fermeture du Struthof, il est ensuite transféré vers le camp d’Allach, près de Munich, qui sera libéré par l’armée américaine en 04/1945.
Difficile de résumer en quelques lignes, une vie marquée par la déportation et le combat contre les Nazis. Il a choisi d’entretenir la mémoire du site du Struthof, dans le Bas-Rhin. Ce camp de concentration, appelé aussi KL Natzweiler, a été le seul jamais implanté en France. A l’époque, l’Alsace était annexée par l’Allemagne nazie.
Soucieux de préserver la mémoire, il a témoigné jusqu’à la fin de sa vie de son expérience, dans des écoles ou lors de visites au Struthof. Président de l’Amicale nationale des déportés de Natzweiler-Struthof de 2007 à 2017, il en était resté le président d’honneur.
Il est retourné plusieurs fois dans ce camp du Struthof.
« Chaque fois que je passe la porte, j’ai quand même une émotion. On n’est pas la même d’un côté ou l’autre de la porte, il n’y a rien à faire. J’ai perdu 25 kilos les huit premières semaines, j’ai eu la diphtérie, la dysenterie. J’étais persuadé à cette époque-là que je ne m’en sortirai pas. Au Struthof, il y a une évasion qui a réussi. Mais quelqu’un qui cherchait à s’évader et était repris, c’était la pendaison et tout le camp défilant en le regardant”.
Il était commandeur de la légion d’honneur, commandeur des palmes académiques, titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre, de la croix du combattant volontaire de la Résistance, de la croix du combattant et de la médaille de la déportation pour faits de résistance. Le square de Brognard (Doubs), son village d’adoption, porte son nom.
IN MEMORIAM – Pierre ROLINET, résistant-déporté (décédé le 24 avril 2022)

M&O 287 de juin 2025
