Dans la vallée de l’Aisne, la terre n’est pas seule à résonner encore des combats sanglants de la Grande Guerre. A quelques mètres sous le sol, les carrières de Confrécourt conservent intact un mémorial de calcaire grandiose et bouleversant, sculpté par les poilus de 1914.
Nous avons suivi Jean-Luc Pamart dans les entrailles de ces catacombes et parcouru ensemble le plateau de glaise. A 64 ans, il est toujours hanté par le double martyr de la terre et des hommes qui s’est consommé il y a un siècle sur ses champs.
Pour lui, l’urgence est de faire mentir Dorgelès et sa prophétie : « On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement dans le coeur consolé de ceux qui l’aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois. Non, votre martyre n’est pas fini mes camarades et le fer vous blessera encore quand la bêche du paysan fouillera votre tombe. »
S’il souffre encore de meurtrir les héros de 1914 au gré de ses labours, le « paysan des poilus » est en paix. Le moindre vestige rendu par la terre lui rappelle la valeur de leur sacrifice et le sens de leur martyre.
Gardien de leur tombeau, il le sait mieux qu’aucun historien : les sillons de sa glèbe sont devenus à jamais de ces lieux où souffle l’esprit.
Un reportage à retrouver en kiosque ce jeudi 26 novembre dans le numéro 23 du Figaro Histoire (décembre 2015-janvier 2016)