Ce mémoire de Master 2 de l’Université Lyon III Jean Moulin, rédigé par Robin Vanet sous la direction de Jean-Marie Kowalski, éclaire l’histoire, la nature et les perspectives d’évolution des systèmes de combat embarqués sur les navires de surface français, en plaçant au centre la question déterminante de la place de l’Homme dans cette filière en pleine mutation.
Au fil d’une exploration détaillée, l’auteur revient sur l’émergence des premiers systèmes de combat, d’abord développés par l’US Navy dans les années 1960 (NTDS), puis adaptés à la spécificité française à travers la lignée SENIT. Il distingue avec rigueur le Combat Management System (CMS), sous-ensemble du système de combat, de l’ensemble intégré qui gère, au sein du central opérations, la détection, le contrôle et l’engagement des menaces.
Le mémoire décrit l’évolution rapide de l’automatisation et du traitement de l’information, qui ont permis une réduction drastique des effectifs embarqués en 60 ans, tout en augmentant la complexité des systèmes. Désormais, l’enjeu ne se limite plus à l’aide à la décision humaine : les avancées technologiques, notamment en intelligence artificielle, ouvrent la perspective de systèmes partiellement, voire totalement, autonomes pour faire face à la rapidité croissante des menaces (comme les missiles hypersoniques).
Le mémoire aborde ensuite les mutations structurelles du combat naval : l’intégration croissante des navires dans des réseaux opérationnels (tactical data links, guerre en essaim), la montée de la complexité et l’exigence de partager instantanément la situation tactique. Ces évolutions placent l’homme en position de superviseur, capable d’autoriser ou d’opposer son veto à l’engagement automatique des armes, plutôt qu’en opérateur direct. L’intelligence artificielle, dont l’intégration est jugée indispensable par la Marine pour rester compétitive, bouleverse la frontière homme-machine et pose de nouveaux défis éthiques et opérationnels.
L’auteur nuance l’idée d’une disparition pure et simple de l’humain : les accidents, erreurs de jugement de la machine, et surtout la nécessité de réparer et d’entretenir les systèmes, rendent l’éviction totale du personnel impossible à court terme. Le développement des drones et navires autonomes, plutôt que de remplacer les navires habités, s’annonce comme un complément – offrant résilience, attrition acceptable et adaptation à la guerre moderne.
Ce mémoire fournit une synthèse sur la dialectique entre avancées technologiques et résilience humaine à bord des navires de combat. Il éclaire le lecteur sur les enjeux doctrinaux, techniques et éthiques du combat naval français contemporain, tout en nourrissant la réflexion stratégique sur l’avenir du binôme homme-machine dans la Marine nationale.