Dans un récent article, l’excellent historien-journaliste américain William Pfaff préconise des mesures radicales pour que « l’Europe déclare son indépendance » par rapport aux Etats-Unis. Pour lui, le problème à l’origine de la crise autour de la NSA est « la domination – active, ou implicite/potentiel – de l’Amérique sur les affaires de l’Europe occidentale ».
Il rend hommage au général de Gaulle au passage, qui « avait anticipé avec une intuition politique profonde la crise d’aujourd’hui pour ce qui est du droit de l’Europe à une souveraineté totale ». D’après M. Pfaff, Paris est resté fidèle à l’Alliance, mais a décidé d’agir selon ses propres intérêts et ses propres standards éthiques et politiques. Du moins jusqu’à Nicolas Sarkozy.
L’article s’interroge sur la pertinence de la présence US sur notre continent et appelle à des décisions radicales. Au retrait des militaires US d’Europe, à la fermeture ou le transfert sous stricte supervision/régulation européenne des établissements et des sociétés de télécommunication US sur notre continent, et à l’expulsion des stations de surveillance clandestines. Le tout dans le cadre d’une « déclaration d’indépendance ».
M. Pfaff a mille fois raison de dire que l’Europe a besoin d’une sorte de thérapie de choc. Il a aussi raison de remarquer que ce serait également un service rendu aux Etats-Unis, « une nation en crise profonde ».
Faudrait juste trouver des dirigeants européens prêts à assumer un rôle autre que celui des vassaux qui se bousculent pour savoir lequel est le plus servile d’entre eux. Ou en trouver au moins un. Ce serait déjà un bon début.
Hajnalka VINCZE