Au contact de la population depuis leur organisation officielle en 1766, les orchestres régimentaires sont les oubliés de l’histoire culturelle. Pour la métropole lyonnaise, le Major Blanluet nous offre donc un travail novateur.
Sous-chef de la Musique de l’artillerie, formation héritière de celle du 99e RI et toujours stationnée à Lyon, il était donc idéalement placé pour conduire ce projet qui devrait servir d’exemple. En effet, les nombreux historiques régimentaires ne présentent pas l’orchestre de leur unité et ses musiciens. Pourtant, ces formations entretenaient des liens culturels très appréciés dans les villes de garnison. Ainsi les chefs d’orchestres, grands professionnels, sont trop souvent et injustement cantonnés aux coulisses de l’histoire militaire et culturelle. Cette étude est donc bienvenue et nous plonge dans l’histoire des orchestres militaires de Lyon, 3e ville de France et cité dotée d’une longue histoire culturelle.
L’auteur remonte bien au-delà des 200 ans en expliquant comment la ville faisait appel à des musiciens pour animer ses festivités, depuis les entrées du roi et les cavalcades. La première formation spécifiquement militaire identifiée est un orchestre de la Garde nationale de 60 musiciens créé en octobre 1795.
De grands musiciens
Un des grands intérêts de l’ouvrage est de fournir un inventaire des formations qui se sont succédées dans la ville. Une étude particulière est réservée à celles restées en garnison plus de 10 ans. L’inventaire fournit les biographies des chefs de musique. On y retrouve des personnalités connues ou oubliées comme l’illustre Paul Cappé (compositeur de l’Hymne de l’Infanterie de marine), Charles Leroux (enseignant du solfège aux Japonais), le compositeur Francis Popy, Claude Laty (1er chef de la musique de l’Air), Pierre Degenne (rédacteur de Musiciens & armées), Jean Maillot qui dirigera la Musique des équipages de la Flotte de Toulon, parmi de nombreux autres et bien sûr les musiciens actuels dirigés par le chef de musique Laurent Arandel. Ces biographies sont complétées par les listes des formations avec leurs années de présence, durée, etc. Elles offrent des outils très appréciables sur ces orchestres et leur audience locale.
La grande histoire culturelle locale
Le 2e volume fournit un grand nombre d’illustrations généralement inédites complétant le 1er volume déjà largement illustré. Les orchestres sont destinés à faire entendre de la musique, les photos et les programmes témoignent de leur existence et font aussi revivre ces formations dans leur époque.
Les remerciements attestent que l’auteur s’est appuyé sur les meilleurs conseillers avec Patrick Péronnet (musicologue et membre de l’IReMus), Jean-François Durand (ancien chef de la musique des TdM) et l’amicale des anciens du 99e RI et du 299e RI.
C’est tout un pan méconnu de l’histoire culturelle française qui est mis à jour. Une histoire musicale populaire trop souvent négligée. On peut souhaiter qu’après ces publications pour la métropole lyonnaise, les autres grandes villes de France soient couvertes par un travail de cette qualité.
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Major Hervé Blanluet, Lyon et ses musiques militaires, 200 ans d’histoire, Major Hervé Blanluet, COMMAT/M-ART, 2021, 2 vol., 88 et 116 pages, hors-commerce.