Sur le ‘Special Operations Forces Innovation Seminar’ (SOFINS) 2021, le groupe Thales expose, en partenariat avec les sociétés françaises UNAC et iXblue, un concept d’appuis-feux aéroportés permettant d’augmenter de manière significative les capacités des Troupes aéroportées (TAP) et des Forces spéciales (FS) tant nationales qu’étrangères. Plongée sur le stand 517…
À la recherche d’un véhicule compact capable d’alléger le fardeau des parachutistes comme des commandos (au départ, une mule), les organismes responsables de la sélection du meilleur véhicule-candidat ont finalement opté pour le fardier RIDER d’UNAC, dont les usines sont implantées à VERGÈZE (30). Créée en 1943 en Algérie, la société est actuellement dirigée par Michaël UNAC, le petit-fils du fondateur. Au fil des ans, elle s’est spécialisée dans la réalisation d’engins spéciaux pour les Travaux publics (TP), en particulier pour les chantiers ferroviaires (pose ou réfection des voies, pose et entretien des caténaires…). UNAC a également rencontré le succès dans le domaine militaire en remportant un contrat pour la fabrications d’engins équipés d’une lame destinés au Génie aéroporté.
Fort de ce premier contrat et de son inventivité, UNAC a été sélectionné pour fournir 200 fardiers à la 11e Brigade parachutiste (BP) et une centaine de véhicules supplémentaires au Commandement des opérations spéciales (COS). Une partie de ces plateformes étant destinées au 35e Régiment d’Artillerie parachutiste (RAP) de Tarbes (65), c’est tout naturellement que la Section technique de l’armée de Terre (STAT) les a testés en les larguant ou en tractant un Mortier de 120 mm Rayé/Tracté (RT) de Thales dans plusieurs types de terrains. Au résultat, un attelage particulièrement efficace en tout terrain, le mortier pesant plus de 620 kg.
C’est pourquoi l’idée a germé de présenter au SOFINS 2021 un Système d’appuis-feux aéroportés (SAFA) reposant sur le Mo 120RT d’une part, et sur un Système de roquettes activées par induction (SRAI) tirées à partir de la remorque du fardier.
Pour ce qui concerne la partie mortier, une équipe de pièces se composera de deux fardiers, le premier tractant l’arme proprement dite, l’autre tractant un caisson d’artillerie, également aérolargable, et capable d’emporter une vingtaine de coups. La différence avec l’Expeditionary Fire Support System (EFSS) de l’U.S. Marine Corps (USMC) résidera dans le fait qu’outre le transport sous élingue sous Hélicoptère de manœuvre (HM), le système pourra également être transporté à l’intérieur de la carlingue d’un hélicoptère du type NH90 ou d’un avion de transport et, si nécessaire parachuté en un seul ou en deux fardeaux. Cela peut sembler de peu d’importance mais les qualités intrinsèques du fardier pourraient changer la donne par rapport aux véhicules tracteurs antérieurs.
Le Mo 120RT pourra bien évidemment tirer tous les Projectiles rayés (PR) non guidés actuellement au catalogue Thales mais aussi, à terme, la future Munition guidée de mortier de 120 mm (MGM 120), qui est en fait une Munition à guidage terminal laser (MGT-L) capable d’atteindre un objectif mobile situé entre 15 et 20 km de la position de pièce, avec une précision inférieure au mètre au point d’impact. La MGM120 ayant déjà réussi les tests de guidage à 4 et à 10 km, reste à trouver les fonds nécessaires à la finalisation et à l’industrialisation du projet. Cependant, cette technologie est à portée de main et pourrait être disponible dans un avenir proche à condition de devenir prioritaire. Si les défis financiers sont de taille, les avantages potentiels de cette MGTL-L sont également spectaculaires en termes de volumes de projectiles à transporter et, par conséquent, d’empreinte logistique. L’Artillerie française pourrait ainsi passer d’un concept de saturation d’un objectif à un concept d’attrition en impactant des objectifs unitaires les uns après les autres en faisant « but » à chaque coup.

D’un autre côté et afin d’illustrer le concept de Roquettes sur véhicule (RSV), Thales présente également un SRAI monté sur la remorque du fardier RIDER. Dans ce cadre, le partenariat devient tripartite en intégrant la société iXblue de Saint-Germain-en-Laye (78), qui fournit à la fois un positionneur NEOS et une centrale inertielle. Ce système d’arme pourrait être mis en œuvre de deux manières très différentes :
- Remorque attelée : une fois le véhicule à l’arrêt, le système est pointé perpendiculairement au sens de la marche, dans la direction du tir pour effectuer du Tir direct (TD), du Tir au-delà de la vue directe (TAVD) ou de la Lutte contre les aéronefs lents (LCAL) ;
- Remorque dételée et déposée dans une clairière ou dans un thalweg, puis commandée à distance pour effectuer les mêmes types de tir, en coordination avec le système de désignation et de gestion des feux resté sur le fardier…
Dans ce cadre, le SAFA-roquettes pourrait très bien tirer des roquettes non guidées, explosives et/ou à fléchettes, sur des objectifs fixes ou à l’arrêt, pour ne réserver les RAIGL qu’au seul traitement des objectifs mobiles.
Encore balbutiant, ce concept opérationnel pourrait rapidement devenir réalité grâce au développement de mini-calculateurs adaptés.
En conclusion, l’adoption du fardier RIDER UNAC ouvre de nouvelles perspectives en terme de mobilité des TAP et des FS, mais aussi d’emploi de systèmes d’armes existants et la mise au point de MGT-L capables de faire mouche avec une impressionnante probabilité.
Thierry BARRAULT

La société française iXblue va être mise en vente:
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/herve-arditty-va-t-il-mettre-sa-pepite-ixblue-en-vente-889605.html