Dans un contexte de crise aigüe au Proche-Orient, le roi de Bahreïn Hamed ben Issa el Khalifa était en visite officielle à Paris du 7 au 8 septembre. Une entrevue a eu lieu le 8 avec François Hollande dans le but de consolider les relations entre les deux pays.
De grands projets d’investissements ont été évoqués sur l’urbanisation, l’énergie, l’aéronautique avec la modernisation de la flotte de Gulf Air et la perspective de l’achat d’une cinquantaine d’avions Airbus, la création d’un deuxième pont avec l’Arabie saoudite, la création d’un nouveau terminal aéroportuaire.
Les questions régionales ont également été abordées, en particulier les crises en Syrie où les deux pays partagent l’analyse que la présence de Daech conjuguée à celle du régime ne facilite pas la sortie de crise, et au Yémen où un groupe armé chiite pro-iranien a pris le pouvoir par la force. Outre son implication contre Daech, Bahreïn participe aux frappes aériennes au Yémen au sein de la coalition arabe. Le 4 septembre dernier, cinq de ses soldats ont été tués dans la région de Safer au Yémen.
Depuis plusieurs années, malgré des réformes engagées par le l’État, notamment sur le plan social et sur le statut des femmes qui peuvent voter et être élues, le royaume est en proie depuis 2011 à des manifestations sporadiques violentes d’une faction chiite, qui ont déjà blessées plus de 3000 personnes. Le pouvoir considère qu’elles sont pilotées depuis l’Iran. Des attaques contre des forces de l’ordre ont tuées 16 agents de sécurité. La dernière en date ; le 28 août dernier, dans la banlieue de Manama, où une explosion a tué un policier et blessé 7 personnes dont un enfant.
Selon des sources provenant du pouvoir des explosifs auraient été découverts, avec la participation de services de renseignement occidentaux, dont la fabrication serait très proche de ceux utilisés par le Hezbollah apportant des preuves supplémentaires de l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures du Bahreïn. Des terroristes chiites bahreïnis seraient formés en Iran ainsi qu’au sein de camps du Hezbollah en Irak. Bien entendu, Bahreïn se méfie des ambitions hégémoniques de l’Iran dans le Golfe et appelle les puissances amies, notamment la France, à être très vigilant sur le contrôle du nucléaire iranien.
François Hollande et le roi ont également abordé la question de la préservation de la diversité culturelle et religieuse au Moyen-Orient, et des mesures politiques et sociales qui doivent être prises à cette fin, dans le contexte de la Conférence sur la protection des victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient qui s’est tenue récemment à Paris. Le Bahreïn, dont la religion officielle est l’islam sunnite malékite dit du « juste milieu » qui est aussi celui du Maroc et des Émirats arabes unis se veut un exemple de tolérance. Outre les centaines de mosquées sunnites et chiites, il compte plus d’une centaine d’églises chrétiennes, un temple hindou et une synagogue. Il parraine la construction d’une grande cathédrale, dédiée à Notre-Dame d’Arabie, pouvant accueillir 2600 fidèles dont le chantier devrait être terminé l’année prochaine.
Sur la plupart des grands dossiers, la convergence de vues entre la France et Bahreïn est indéniable, ce qui devrait conduire à renforcer la présence française dans ce petit État dont l’importance stratégique n’a pas à être soulignée.
Stéphane Gaudin