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26 août 1071 : bataille de Manzikert.
L’armée byzantine de l’empereur Romain IV Diogène y fut mise en déroute par celle du sultan seldjoukide Alp Arslan près de la ville de Manzikert (ou Mantzikert), actuellement Malazgirt, en Turquie, au nord du lac de Van. Cette défaite fragilisa considérablement l’Empire byzantin dans la région.
La bataille est le point culminant des tensions grandissantes entre l’Empire byzantin, qui est parvenu au faîte de sa puissance au milieu du XIe siècle après d’importantes conquêtes en Orient, et les Seldjoukides qui sont devenus la force dominante du monde musulman. Les Byzantins, fragilisés par des querelles internes persistantes après l’extinction de la dynastie macédonienne, comptent sur Romain IV Diogène pour stabiliser la frontière orientale soumise aux raids des Turcs. Le général, devenu empereur en 1068, mobilise un effort militaire important et mène plusieurs campagnes sans grands succès.
Finalement, en 1071, il regroupe une grande armée dans l’espoir de remporter une victoire décisive, capable tant de sanctuariser les provinces orientales que de légitimer son pouvoir encore récent. En face, le sultan Alp Arslan ne souhaite pas véritablement une guerre à grande échelle contre les Byzantins et est ouvert à une trêve mais, quand il apprend l’offensive de Romain IV, il se porte à sa rencontre.
L’affrontement, incertain dans son déroulement exact, se déroule près de l’importante forteresse de Mantzikert, tout juste reconquise par les Byzantins. Romain IV, qui a envoyé une part notable de son armée mener des opérations dans les alentours, décide de combattre l’armée d’Alp Arslan. Néanmoins, lâché par une partie de ses troupes, notamment celles d’Andronic Doukas, et fragilisé par une tactique sûrement trop téméraire, il est vaincu et surtout fait prisonnier par le Sultan.
Si cette bataille a souvent été vue comme un tournant décisif dans l’histoire du Moyen-Orient médiéval, puisqu’elle ouvre sur la conquête de l’Anatolie par les Turcs, elle n’est pas une catastrophe militaire. Les Byzantins souffrent de pertes réduites et Romain IV est rapidement libéré au prix d’un accord relativement clément. Seulement, sa capture a suffi à mettre à bas une légitimité encore fragile et quand il tente de revenir à Constantinople, il se heurte à un coup d’État mené par les Doukas qui l’obligent à céder le trône. Ainsi, c’est bien en ouvrant un nouveau chapitre dans les guerres civiles byzantines du XIe siècle que la bataille de Mantzikert entraîne l’effondrement de l’Orient byzantin, plus que par son résultat militaire direct.
Longtemps, la bataille de Mantzikert a été considérée comme un affrontement décisif lors duquel l’armée byzantine souffre de pertes importantes, ce qui expliquerait l’effondrement rapide de la défense de l’Asie Mineure et sa conquête subséquente par les Seldjoukides. Pourtant, si la capture de l’empereur constitue un grave revers pour les Byzantins, ils semblent avoir souffert de pertes limitées sur le strict plan militaire. En effet, une bonne partie des troupes engagées par Romain IV dans la campagne ne sont pas partie prenante de l’affrontement, en premier lieu le contingent de Joseph Tarchaniotès, apparemment fort de plusieurs milliers d’hommes au moins. En outre, plusieurs corps d’armée présents autour de Romain IV souffrent de pertes limitées, comme l’arrière-garde commandée par Andronic Doukas qui se retire sans combattre ou les troupes de Nicéphore Bryenne, apparemment peu engagées et que l’on retrouve quelques années plus tard dans les Balkans contre les Petchénègues. Enfin, même les forces d’Attalyatès ont probablement pu se replier en ordre puisqu’une partie d’entre elles se regroupent autour de l’empereur quand celui-ci est libéré. Ce sont surtout les troupes directement proches de l’empereur qui souffrent le plus, soit qu’elles aient été tuées, soient qu’elles aient été constituées prisonniers. La faiblesse de ces pertes peut s’expliquer par l’heure avancée de l’affrontement qui favorise une retraite sous couvert de la nuit, tandis que des soldats byzantins ont probablement trouvé refuge dans la forteresse de Mantzikert, tout juste reprise. Enfin, les troupes turques ont sûrement préféré jeter leur dévolu sur le pillage des richesses du camp impérial. En l’occurrence, les pertes matérielles et financières sont effectivement lourdes pour l’Empire.
La suite des événements confirme que l’appareil militaire byzantin est plutôt solide puisque Romain IV s’appuie rapidement sur des troupes substantielles issues des régions les plus orientales de l’Empire et qui tentent de soutenir sa reconquête du trône. Ainsi, John Markham chiffre les pertes à 8 000 hommes, un nombre certes important mais loin de constituer un désastre. Jean-Claude Cheynet est encore plus optimiste car il rappelle qu’une bonne part des prisonniers sont libérés. Il se risque à une approximation de 5 à 10 % de pertes par rapport à l’effectif complètement mobilisé pour la campagne, soit moins de 8 000 hommes. Selon lui, « l’armée de Romain a donc été plus dispersée que détruite ».
En définitive, si la capture de l’empereur est évidemment une perte terrible pour les Byzantins, peu de personnages de haut rang sont mentionnés dans les pertes. On peut citer l’epi ton deeseon Léon et le protoasékrètès Eustratios Choirosphaktès qui sont tués, tandis que Basile Malésès, logothète des eaux, est capturé. Nicéphore Basilakès peut aussi être ajouté à cette courte liste, puisqu’il a été fait prisonnier un peu avant la bataille.
26 août 1278 : bataille de Marchfeld.
La bataille de Marchfeld eut lieu le , entre les villages de Dürnkrut et Jedenspeigen, en Basse-Autriche et fut un événement décisif pour l’histoire de l’Europe centrale pour les siècles à venir. Cet affrontement opposa les forces impériales, dirigées par Rodolphe de Habsbourg et son allié Ladislas IV de Hongrie, à celles du royaume de Bohême, menées par le roi Ottokar II, et se termina par la victoire des premiers.
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La déposition de l’empereur Frédéric II du Saint-Empire par le pape Innocent IV en 1245 a provoqué une grave crise pour le Saint-Empire romain germanique car, durant le Grand Interrègne des décennies suivantes, plusieurs nobles sont élus comme roi des Romains sans qu’aucun d’entre eux ne soit capable de détenir un pouvoir effectif. Durant cet interrègne, Ottokar II, fils du roi Venceslas 1er de Bohême, se rend en 1250 dans les duchés d’Autriche et de Styrie, dont le dernier titulaire Frédéric de Babenberg est mort en 1246 sans descendance mâle, et s’y fait proclamer duc l’année suivante.
En 1253, Ottokar II devient roi de Bohême à la suite de la mort de son père. Sa montée en puissance dans le sud-est de l’Empire est vue d’un mauvais œil par le roi Béla IV de Hongrie, qui entre en campagne contre lui mais est finalement vaincu en 1260 à la bataille de Kressenbrunn. En 1269, Ottokar s’empare du duché de Carinthie, incluant la marche de Carniole et la marche windique, et il chasse également Philippe de Carinthie, le frère du dernier duc, de son patriarcat en Frioul. Arrivé au faîte de son pouvoir, il vise désormais la couronne impériale ; néanmoins, les princes-électeurs se méfient de lui et préfèrent élire comme roi des Romains le comte Rodolphe de Habsbourg, le 1er.
Comme l’élection s’est déroulée en son absence, le roi Ottokar II ignore que le « petit comte » Rodolphe a été élu. Rodolphe, quant à lui, promet de reconquérir les territoires qui devraient être réunis au pouvoir impérial, avec l’assentiment des princes-électeurs. Il proclame que les duchés d’Autriche, de Styrie et de Carinthie doivent être rattachés à l’Empire et convoque Ottokar à la Diète d’Empire de Würzburg en 1275. En n’apparaissant pas à la Diète trois fois, Ottokar est mis au ban de l’Empire et tous ses droits territoriaux sont révoqués, y compris celui sur le patrimoine de la Bohême.
Dans le même temps, Rodolphe rassemble des alliés et se prépare à la bataille. Il conclut deux de ses alliances par des mariages : il marie tout d’abord son fils Albert à Élisabeth de Gorizia-Tyrol et, en retour, le père de celle-ci, Meinhard de Goritz, reçoit la Carinthie en fief. Ensuite, Rodolphe établit une fragile alliance avec le duc Henri XIII de Bavière en offrant en mariage sa fille Catherine au fils de celui-ci, Othon, et en offrant la région correspondant actuellement à la Haute-Autriche comme présent pour sa dot. Rodolphe réussit également à apaiser la dispute entre Henri XIII et son frère le comte palatin Louis le Sévère. Il conclut pour finir une alliance avec le roi Ladislas IV de Hongrie qui a l’intention de régler de vieux comptes avec Ottokar.
En 1276, les forces alliées avancent. Rodolphe, désormais renforcé dans son pouvoir, traverse le duché de Bavière sans entraves, descend le Danube en bateau et met le siège devant la résidence d’Ottokar à Vienne le . Sans perspective, Ottokar est forcé de renoncer à toutes ses acquisitions en présence des princes. Il conserve seulement la Bohême et la Moravie en tant que fiefs impériaux qu’il tient de Rodolphe. La paix humiliante obtenue par la force des armes ne peut tenir longtemps : dans une tentative pour reconquérir les territoires dont il a été privé, Ottokar contracte une alliance avec le margrave Othon IV de Brandebourg, le duc silésien Henri III de Głogów et le duc Henri XIII de Bavière qui s’est révolté contre Rodolphe. En , il envahit de nouveau l’Autriche avec une attaque sur les fortifications de Drosendorf. Rodolphe quitte Vienne pour l’affronter dans une bataille en terrain ouvert où la cavalerie du roi Ladislas pourra aisément le rejoindre.
Les villes de Drosendorf et de Laa ont été prises par les forces d’Ottokar en plusieurs jours, ce qui a donné à Rodolphe le temps pour rassembler ses alliés, notamment les Coumans de Hongrie, dans les vastes plaines de la Morava au nord-est de Vienne. Dès qu’il apprend la nouvelle, Ottokar se met en route. Le , il se porte à la rencontre de l’armée adverse près de Dürnkrut. Quand il arrive, ses ennemis ont déjà eu l’opportunité d’étudier la topographie du futur champ de bataille.
Le matin, les deux armées se ruent l’une sur l’autre. En peu de temps, les troupes bohémiennes sont entraînées dans de durs combats avec la cavalerie hongroise mais, au fur et à mesure que la bataille avance, la cavalerie d’Ottokar semble prendre le dessus, alors même que le cheval de Rodolphe est tué sous lui et que le sexagénaire sauve sa vie de justesse. Après trois heures de combat sans discontinuer, cependant, les chevaliers d’Ottokar en armures lourdes sont exténués et démoralisés, confrontés aux attaques permanentes de la cavalerie archère des Hongrois. À midi, Rodolphe donne l’ordre à un corps de 60 chevaliers, qu’il avait caché derrière des bois et des collines aux abords du champ de bataille, d’attaquer les troupes d’Ottokar par l’arrière.
Même si une embuscade de la sorte est communément regardée comme déshonorante, elle entraîne la déroute de l’armée bohémienne et la victoire décisive de Rodolphe et de ses alliés. Le camp d’Ottokar est pillé et lui-même est trouvé mort sur le champ de bataille.
Rodolphe assure sa mainmise sur les duchés d’Autriche et de Styrie, territoires qui vont dès lors constituer le centre des territoires héréditaires des Habsbourg, dont la dynastie régnera à Vienne jusqu’en 1918. Rodolphe veille au départ des forces hongroises hors du pays le plus rapidement possible. À la Diète d’Augsbourg, le , il élève conjointement au titre de ducs d’Autriche et de Styrie ses fils Albert et Rodolphe II.
En Bohême, Rodolphe agit prudemment et arrive à un accord avec la noblesse et la veuve d’Ottokar, Cunégonde de Slavonie, pour l’accession ultérieure de Venceslas II au trône. Il se réconcilie également avec le margrave du Brandebourg en lui cédant la tutelle de Venceslas, âgé de sept ans. Élevé comme un prince sous contrôle, ce dernier retourne à Prague en 1283. À la mort de son cousin Henri IV le Juste en 1290, le jeune roi de Bohême hérite du duché de Cracovie. Après l’extinction de la dynastie Árpád, son fils Venceslas III est sacré roi de Hongrie.
26 août 1346 : bataille de Crécy.
La bataille de Crécy oppose l’armée du royaume de France à l’armée d’Angleterre, venue pour saccager et piller les terres proches des rivages de la Manche. Cette bataille où les monarques respectifs, Philippe VI de Valois et Édouard III Plantagenêt, sont présents et actifs, se conclut dans la nuit par une victoire écrasante de l’armée anglaise, pourtant en infériorité numérique, sur la chevalerie et l’infanterie françaises et ses alliés, qui accusent des pertes très importantes du fait de l’indiscipline et des lacunes du commandement. Cette grande bataille marque le début de la guerre de Cent Ans et le retour d’une technique traditionnelle d’archerie.
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En 1346, Édouard III entreprend une troisième chevauchée ayant pour but de piller les provinces françaises proches de la Manche. C’est au cours de cette chevauchée qu’a lieu la bataille de Crécy.
La bataille de Crécy se déroule dans les premiers temps de la guerre de Cent Ans ; elle est l’une des premières batailles rangées de la guerre.
Édouard III d’Angleterre, revendique le trône de France, en tant que petit-fils de Philippe IV le Bel, à partir de 1337. Il en porte les armes depuis 1340. L’enjeu sous-jacent du conflit est sa revendication de possession en pleine souveraineté de la Guyenne. Édouard III est vassal du roi de France pour le fief de Guyenne, ce qui crée une hiérarchie entre deux rois : Édouard III ne veut plus accepter que la justice française soit une cour d’appel de ses décisions, tandis que Philippe VI a là un prétexte pour déclarer la commise contre les terres anglaises, ce qu’il fait en 1337. La possession de la Guyenne est donc un enjeu central des premières années de la guerre de Cent Ans, et avait déjà donné lieu à des guerres, comme la guerre de Guyenne (1294-1297). La question dynastique se surajoute à cet enjeu.
Le , à l’abbaye de Westminster, le roi d’Angleterre Édouard III lance publiquement un défi à son cousin, le roi de France. Il conteste la légitimité de Philippe VI de Valois et revendique la couronne de France pour lui-même. C’est le facteur déclenchant de la guerre de Cent Ans.
La première campagne d’Édouard III se déroule en 1339. Il s’attire habilement le soutien des villes flamandes, grosses clientes des produits lainiers anglais. Une hégémonie anglaise au nord du royaume de France s’amorce.
En 1340, après avoir tenu sa cour à Gand et pris le titre de « roi d’Angleterre et de France », Édouard III, engage la seconde campagne sur terre et sur mer. Elle se solde par la défaite de la marine française lors de la bataille navale de l’Écluse.
En 1346, Édouard III entreprend une campagne ayant pour but initial de prendre Paris.
Édouard III prépare un nouveau débarquement, qu’il ne sait encore où fixer. Son adversaire, le roi de France, lui épargne de trop longues hésitations en condamnant à l’exil un grand seigneur normand, Geoffroy d’Harcourt, sire de Saint-Sauveur-le-Vicomte, lequel va se réfugier à la cour d’Angleterre, offrant ainsi à Édouard III le prétexte idéal d’un libre accès en Cotentin.
Le , le roi d’Angleterre réunit 1 200 navires dans les rades de Portsmouth, Southampton et des ports de l’île de Wight et hisse les voiles. Le , il débarque avec 14 000 hommes à Saint-Vaast-la-Hougue, dans le Cotentin et s’empare de la Normandie. Surpris et terrorisés par les Anglais, les Normands ouvrent leurs villes dont les défenses n’auraient pu résister à un assaut. Après avoir saccagé et pillé le Cotentin, les troupes d’Édouard III assiègent et prennent Caen, pourtant bien défendue. La flotte qui les a suivies repart de Ouistreham vers l’Angleterre chargée d’un considérable butin.
Édouard III fait alors mouvement vers le nord pour rejoindre ses alliés flamands. Mais il doit d’abord franchir les obstacles naturels que constituent la Seine et la Somme.
Il tente de franchir la Seine par Rouen qui lui refuse le passage. Il se retire sans livrer bataille et s’installe à Poissy, le temps d’établir un pont sur la Seine qu’il franchit le .
Philippe VI de Valois rassemble des troupes de plus en plus nombreuses à Saint Denis et s’apprête à livrer bataille. Comme en Normandie, Édouard III poursuit sa chevauchée tout en évitant le combat frontal. Mais il lui faut encore franchir la Somme. Édouard III s’installe à Airaines afin de repérer et de tester les passages possibles. À la différence des villes normandes, les villes de la Somme sont puissamment fortifiées et bien défendues. Le roi de France, à la tête d’une armée considérable, a rejoint Amiens et risque de le prendre en tenaille entre le fleuve et la mer.
Édouard III se dirige vers le passage de Blanquetaque, gué non loin de Noyelles-sur-Mer, entre Abbeville et Saint-Valery-sur-Somme, franchissable aux heures de basse mer. L’armée anglaise se lève à l’aube du et franchit le fleuve.
Édouard III désire remonter vers la Canche, il franchit la Somme après une bataille au gué de Blanquetaque. Il y est accueilli par Catherine d’Artois, fille de Robert III d’Artois son ancien compagnon. Puis il se dirige vers Rue, qu’il pille et brûle. Mais il doit bifurquer à l’est, freiné par la difficulté de traverser les bas-champs de l’Authie inondés à marée haute, et comprenant l’impossibilité de rejoindre facilement Montreuil dans cette région particulièrement pourvue en étangs et marais. À l’est, il contourne la forêt de Crécy, probablement par le sud, sa frange nord étant marécageuse. Il doit ainsi se rapprocher de l’armée française, dont il sait qu’elle est à Abbeville, avant de repartir vers le nord.
Il ne peut donc plus éviter le combat et va devoir livrer bataille. Le 25 au soir, il s’installe sur les hauteurs du plateau de Crécy-en-Ponthieu et envoie ses barons en reconnaissance. Le 26 au matin, il décide que c’est le bon endroit pour attendre les troupes françaises.
De son côté, Philippe VI de Valois sort d’Abbeville à la tête d’une impressionnante armée composée, selon Froissart, de 20 000 hommes d’armes à cheval et de plus de 100 000 hommes. Ces chiffres font l’objet d’un débat chez les historiens. Parmi ceux-ci, 6 000 mercenaires génois ou castillans conduits par Carlo Grimaldi et Antonio Doria qui ont la réputation d’être à la fois les plus habiles arbalétriers et les meilleurs marins d’Europe. En outre Philippe VI de Valois a également appelé à l’ost ses vassaux et alliés extérieurs au royaume de France. On trouve dans les rangs français entre autres, Jean 1er de Luxembourg roi de Bohême, Charles IV fraîchement élu roi des Romains, Charles II de Valois duc d’Alençon et frère du roi.
Puis Philippe VI et sa considérable armée marchent vers l’ouest, arrivent à proximité du plateau, en vue des collines et petites vallées entre Crécy au sud et Wadicourt au nord, par la route basse. Un orage éclate, rendant le terrain glissant.
Il est très difficile de donner un état précis des forces en présence, tant les différentes sources sont contradictoires.
L’armée anglaise est formée en trois « batailles », deux forment la première ligne (le Prince Noir et les comtes de Northampton et d’Arundel). Édouard III commande la troisième « bataille » qui formera la seconde ligne. L’ensemble comprend de 8 000 à 12 000 hommes, dont environ 3/4 d’archers. La première ligne est parfaitement positionnée derrière des rangées de pieux où viendront s’empaler les chevaliers français. Les chevaliers anglais sont prêts à contre attaquer si besoin.
L’armée française, beaucoup plus nombreuse, de 24 000 à 50 000 hommes, est organisée sur trois lignes. Au-devant on trouve les arbalétriers génois, ainsi que deux lignes de chevaliers. Le reste est composé de troupes à pied qui occupent l’arrière et les côtés. L’armée française n’a aucune tactique pour la bataille et arrive en fin de journée de manière confuse devant la position anglaise.
Les historiens anglais de la Belle Époque estimaient l’effectif anglais à 30 000 hommes, surplombant par leur position une armée turbulente d’environ 100 000 hommes menée par Philippe de Valois. Les dernières estimations établies par les historiens sont beaucoup plus réduites. Elle font état pour l’armée du roi d’Angleterre de 14 000 hommes débarqués à La Hougue dont 2 800 hommes d’armes (cavaliers), 2 800 archers auxquels s’ajoutaient 8000 fantassins, archers et cavaliers légers. Pour l’armée du roi de France, on l’estime de nos jours à 25 000 soldats dont 15 à 20 000 hommes d’armes (cavaliers) et 2 000 arbalétriers génois.
L’après-midi du , l’armée du roi de France débouche de la route d’Abbeville en désordre. Il est trois heures de l’après-midi et un orage qui menaçait depuis quelque temps éclate. Mais les soldats surexcités par l’approche, impatients d’en finir se ruent vers les hauteurs où stationnent les Anglais prudents.
Le roi Philippe VI ne parvient pas à faire appliquer son ordre de reporter le combat au lendemain. Les premiers escadrons reçoivent l’ordre de Philippe VI et s’arrêtent à temps. Et c’est alors que la bataille tourne à la confusion. Les escadrons suivants voient les autres soldats arrêtés, et, s’enthousiasmant, ils se mettent à crier et à accélérer la cadence pour arriver les premiers devant les Anglais. Personne n’entend les ordres répétés du roi de France, et les soldats à l’arrêt sont entraînés par les autres dans une sorte de folie générale. Philippe VI lui-même, gagné par la contagion de démence, pointe son épée en l’air et hurle : « Je vois mon ennemi, et par mon âme, je veux l’affronter ! ».
Philippe VI envoie alors les arbalétriers génois entamer le combat mais leurs armes ont souffert de la pluie : les cordes en cheveux sont humides et perdent de leur puissance alors qu’une corde rustique en chanvre, celle des longs arcs traditionnels gallois, gagne en dureté lorsqu’elle est mouillée. Les arbalétriers génois ne peuvent lancer que des traits sans force et sans précision, alors que les archers gallois continuent les tirs en l’air pour arroser un secteur choisi par un guetteur haut perché sans souci de précision. Les Génois sont épuisés par leur marche avec cette arme lourde et encombrante alors que les archers gallois n’ont qu’à détendre leurs arcs. De plus, ils ne tirent qu’à une cadence de 4 coups par minute, et enfin, la précipitation de la bataille les envoie démunis de leurs pavois, qui sont leur seule protection, restés dans les bagages en arrière.
Malgré une idée traditionnellement répandue, il est possible que canons ou autres bombardes n’aient pas été employés à Crécy : peut-être ont-ils joué un rôle mineur, uniquement pour contrer psychologiquement les charges renouvelées de chevalerie française. En effet, les seules mentions de ces armes sont faites par le Florentin Giovanni Villani, qui rapporte ces événements quelques mois après la bataille dans sa Nuova Cronica. Ainsi, dit-il, « le roi d’Angleterre disposa ses très nombreux archers qui sur les chariots, qui en dessous, armés de bombardes qui tiraient des petites balles de fer avec du feu » (XIII 67). Lesquelles bombardes, continue l’auteur, « produisaient un tel boucan que l’on aurait dit que Dieu lui-même tonnait, causant de nombreux morts parmi les soldats et abattant de nombreux chevaux » (XIII 68). Giovanni Villani n’ayant pas assisté à la bataille, Froissart ne mentionnant ces canons que dans la deuxième édition de son texte et les Grandes Chroniques étant postérieures de près d’un siècle aux événements, il est difficile de tenir compte de ces témoignages. Du côté anglais, aucun chroniqueur ne mentionne d’armes à feu. À la logique des faits il serait possible que nulle bombarde n’ait été utilisée : Édouard III faisait retraite après une campagne éclair de pillage, et il apparaît peu sensé qu’il se soit encombré de lourdes bombardes difficilement transportables à travers les gués des fleuves et les marais de la baie de Somme, sans avoir à les démonter et remonter, a fortiori pour une campagne rapide comme celle-là. Toutefois, même si la surprise dans les rangs français et la terreur de la chevalerie face à ces armes nouvelles doivent en être atténuées, l’ost français avait utilisé ces mêmes bombardes en 1324 lors de la campagne de Guyenne.
Les Génois aussi mal protégés sous la pluie d’orage inoffensive que sous la pluie de flèches galloises régulièrement mortelles hésitent, se replient puis s’enfuient loin des Anglais. Croyant à une trahison, le roi Philippe VI ordonne aux chevaliers français qu’ils tuent les mercenaires fuyards. Dans leur enthousiasme dément, ceux-ci chargent leurs propres alliés. Ils poursuivent sur les lignes anglaises, mais les traits d’arbalètes les déciment et ils s’empalent sur les pièges placés la veille.
La suite pour les Français n’est qu’une succession de charges inutiles et meurtrières, sans cohérence ni commandement d’ensemble.
Jusque tard dans la nuit fraîche sous un ciel étoilé, les Français effectuent sans succès une quinzaine de charges, brisées par les archers gallois. Ceux-ci, au nombre de 6 000, avec leur arc long anglais tirant chacun de 6 à 12 flèches à la minute (soit 36 000 à 72 000 flèches), noient sous une grêle de projectiles les Français dont les chevaux ne sont pas encore protégés, ou mal. Cependant, après le lever du jour, un assaut français plus organisé, mené par le duc d’Alençon, frère de Philippe VI, atteint la première ligne d’archers gallois qui au corps à corps, face à des chevaliers au grand galop, ne peut résister. Les chevaliers français en rage commencent un terrible massacre ; les archers, horrifiés par le carnage dans leurs rangs, reculent en désordre.
La réponse est consignée dans les registres littéraires. Il est évident que les troupes britanniques serrent les rangs. Deux corps voisins viennent en renfort et s’efforcent de repousser l’offensive, puis de la diviser. Ainsi, après avoir traversé la ligne d’archers, l’attaque du duc d’Alençon se heurte à des gens d’armes et aux chevaliers anglais. Cernés de toute part, les chevaliers français épuisés par le poids de leur armure, aveuglés par le soleil et déshydratés par la chaleur estivale, restent isolés et subissent de lourdes pertes car leurs chevaux sont d’abord abattus par les archers. Ainsi la seule réelle percée de la chevalerie française finit à pied, massacrée sous le nombre des adversaires. Parmi les morts se trouve l’imprudent duc d’Alençon tué sous son cheval.
Semble-t-il bien avant midi, le roi de France blessé par un projectile suit les conseils du comte de Hainaut et abandonne le champ de bataille où s’amoncellent chevaliers massacrés et chevaux transpercés. Avec une petite escorte il demande asile au château de Labroye quelques lieues plus au nord. La scène est restée célèbre : blessé au visage, effaré par cette catastrophe qu’il n’avait pas prévue, il appelle : « Ouvrez, c’est l’infortuné Roi de France ! »
Sur le champ de bataille, les actes de vain héroïsme se succèdent, dont celui de Jean 1er de Luxembourg, aveugle, qui charge entouré de ses gens sur son cheval lié par la bride à ceux de sa maison.
Cette bataille marque la fin de la guerre dite de tradition « courtoise ». Mais n’oublions pas que la narration littéraire courtoise n’a rien à voir avec le monde concret de la guerre et de la domination politique, si ce n’est qu’elle est porteuse d’un imaginaire sublimé des actes et des pensées.
Édouard III a désormais les mains libres pour remonter vers Calais, et assiéger la ville. Le long siège de Calais ouvre véritablement la guerre de Cent Ans, une guerre longue où le vainqueur du moment et du lieu s’appuie sur un réseau de villes places-fortes en extension et un pillage dévastateur des campagnes.
Au soir de la bataille, Édouard invita à un banquet ses chefs de corps. Il commanda à cette occasion pour le lendemain à Renaud de Ghebhoben de prendre une troupe de chevaliers et de clercs héraldistes afin de compter les morts. Renaud exécuta l’ordre avec diligence dès le lever du jour et pendant une longue journée, il fit inscrire sur les écriteaux royaux le nom de onze princes, 1 500 chevaliers et graver des petites croix pour 4 000 gens de pieds.
Les pertes anglaises furent, d’après toutes les sources, très faibles : 100 à 300 morts.
La bataille ayant débuté vers 17 h se poursuivit jusqu’à la nuit. Les Anglais ne purent donc pas poursuivre les Français en fuite. Par contre, le lendemain, dimanche 27 août, ils purent tuer les Français restés sur place ou à proximité ainsi que ceux qui arrivaient seulement pour livrer bataille n’en sachant pas l’issue. On peut donc estimer à 6 000 le nombre de morts à Crécy, dont 4 000 fantassins dont 2 300 Génois.
Au plan militaire, Crécy marque la fin de la toute puissance de la cavalerie lourde sur un champ de bataille. La chevalerie française, corps d’élite, avait été défaite par les tirs des archers gallois. La supériorité d’une armée professionnelle, régulière et bien organisée sur une cohue féodale, certes courageuse, mais d’un autre temps, fut la clé des victoires anglaises de la guerre de Cent Ans.
Dans toute l’Europe, la nouvelle se répandit et fit l’effet d’un coup de canon : la chevalerie la plus glorieuse d’Europe s’était fait battre par des archers et de la piétaille.
Les Anglais victorieux poursuivirent leur chemin jusqu’à Calais qu’ils assiégèrent pendant un an. Le roi Philippe VI, incapable ensuite de secourir Calais qui cède le , six bourgeois remettant solennellement à Édouard III les clefs de leur cité, montre qu’il n’est ni un politique ni un militaire habile. Ces défaillances vont contribuer à affaiblir la couronne : la première crise grave va se faire sentir lors de la succession de Bretagne.
26 août 1444 : bataille de la Birse opposant les Suisses aux Français.
Cette bataille se déroule dans un contexte troublé pour la Suisse, puisqu’elle est en proie à une guerre civile entre le canton de Zurich et ses sept autres cantons (Ancienne guerre de Zurich). Les causes de cette guerre interne sont les tensions liées à la succession du comté de Toggenburg après la mort en 1436 du dernier comte, Friedrich VII von Toggenburg. En 1440, Zurich est expulsée de la Confédération et la guerre entre confédérés suisses est déclarée. Pour tenter de renverser la situation, les Zurichois concluent une alliance avec Frédéric III du Saint-Empire de la maison des Habsbourg. Les Habsbourg tentent dès lors de profiter de ce contexte pour réaffirmer leur position en Suisse, position qui avait été mise à mal par les précédentes bataille de Morgarten (1315) et de Sempach (1386) au cours du siècle précédent.
Le , les troupes zurichoises sont vaincues lors de la bataille de St. Jakob an der Sihl et Zurich est assiégée. Frédéric III du Saint-Empire Romain Germanique demande alors au roi de France, Charles VII, d’attaquer les Confédérés anti-zurichois. La France, ayant de son côté signé une trêve avec l’Angleterre, ne sait pas comment se débarrasser des milliers de soldats mercenaires, surnommés les Écorcheurs, qui se trouvent sur son territoire et qui le mettront à feu et à sang s’ils se trouvent sans occupation. Le roi de France, saisissant l’occasion qui lui est offerte par Frédéric, envoie ses Écorcheurs en Alsace et en Suisse pour mettre au pas les Suisses et les villes alsaciennes, ceci à la demande des Habsbourg, souverains formels de l’Alsace et des confédérés. Le royaume de France envoie donc en renfort, via Bâle et en direction de Zurich, environ 30 000 à 40 000 mercenaires armagnacs sous le commandement du Dauphin.
Les villes alsaciennes, groupées en ligue, font alliance avec les Suisses anti-zurichois.
L’armée des Armagnacs ou des « Gugler » comme on les a appelés en Alsace et en Suisse à cause de leurs casques en forme de capuchon (Guggel en allemand), était forte de trente à quarante mille mercenaires, lesquels endurcis par la guerre de cent ans contre l’Angleterre incluaient aussi des tireurs d’arcs écossais connus comme les meilleurs de leur temps. Sous le commandement du dauphin du roi de France, ils marchent vers Bâle pour secourir Zurich des confédérés. La bataille se déroula en quatre phases : les Confédérés gagnèrent d’abord un combat contre l’avant-garde près de Pratteln, puis ils vainquirent une unité d’Armagnacs près de Muttenz. Après qu’ils eurent traversé la Birse, le combat principal s’engagea près de Gundeldingen et les troupes confédérées furent repoussées par l’ennemi, en supériorité numérique écrasante, puis anéanties lors du combat final près de la maladrerie de Saint-Jacques-sur-la-Birse. Bâle tenta vainement un dégagement.
Les Suisses envoient donc à la rencontre des français 1300 jeunes guerriers qui proviennent de la garnison de Farnsburg, à ces jeunes éclaireurs se rajoutent 200 bâlois de Bâle-Campagne. Ce Vorhut ou éclaireurs ont des ordres très stricts qui sont de ne pas attaquer les Armagnacs, et d’attendre l’arrivée des 20 000 soldats suisses. Mais les 1500 éclaireurs suisses sont jeunes et indisciplinés. Excités par leurs victoires successives de Pratteln et de Muttenz, ils poussent leurs capitaines à l’attaque immédiate contre le gros de l’armée française, forte de trente mille hommes et connue comme une des plus puissantes d’Europe.
Voulant amener la garnison bâloise à sortir de la ville pour aider les Suisses, ceci afin de pénétrer dans l’enceinte, la puissante cavalerie des Écorcheurs, sous le commandement de Jean V de Bueil, attaque frontalement la phalange suisse sur un plateau se trouvant à un kilomètre de la ville et à la vue des Bâlois (près de la Birse) ; des milliers de soldats bâlois (Bâle-Ville) sortent alors de la ville pour venir appuyer leurs alliés. La colonne bâloise, tombée dans le piège, aperçoit cependant une forte armée d’Écorcheurs commandée par le dauphin Louis qui se prépare à attaquer la ville. Les Bâlois ont tout juste le temps de se replier et de refluer pèle-mêle dans l’enceinte de la ville, abandonnant la phalange suisse à son sort.
Les 1500 éclaireurs suisses réalisent assez vite leur erreur tactique : ils ont attaqué en croyant qu’ils bénéficieraient du soutien des Bâlois. Ils décident pourtant de se battre jusqu’à la mort, refusant à plusieurs reprises de se rendre.
Après dix heures d’une bataille acharnée et le massacre des 1500 Confédérés, le dauphin, réalisant avoir perdu un trop grand nombre de ses mercenaires endurcis contre ce faible nombre de jeunes soldats suisses, abandonna le projet de secourir Zurich et se retira de la Suisse.
L’occasion de prendre la ville de Bâle fut donc perdue pour le dauphin. Ayant refusé de se rendre à plusieurs reprises, les 1 500 Suisses furent massacrés jusqu’au dernier. Cette victoire française aurait coûté la vie à 2 000 Écorcheurs.
Le dauphin conclut la paix avec Bâle et les Confédérés le 28 octobre 1444 à Ensisheim (Alsace). Ses troupes ne quittèrent l’Alsace qu’au printemps 1445 après l’avoir dévastée.
Cette bataille contribua à la réputation des mercenaires suisses en Europe et surtout en France. Impressionné par la qualité et la force téméraire des jeunes éclaireurs suisses, le dauphin devenu roi de France sous le nom de Louis XI sera le premier à engager des gardes suisses (plusieurs milliers) pour sa protection personnelle.
Cette bataille allait aussi influencer les futurs stratèges militaires suisses : la défense du territoire suisse par la peur que l’envahisseur a de se voir infliger des dégâts disproportionnés vis-à-vis des bénéfices d’une éventuelle victoire sera par la suite théorisée comme arme de dissuasion.
En mars 1446, après la bataille de Ragaz, les belligérants confédérés sont exténués par la guerre civile entre Zurich et les cantons fondateurs et une paix préliminaire est conclue. Un cessez-le-feu a lieu le . En 1450, la paix d’Einsiedeln est signée. Zurich récupère presque toutes ses possessions et réintègre la Confédération mais doit en contrepartie mettre un terme à son alliance avec l’Autriche des Habsbourg. La confédération sort de ce conflit renforcée : elle a vaincu Zurich politiquement, et par son intermédiaire les Habsbourg, et amené la France à battre en retraite.
Il n’est pas certain que le dauphin du roi de France ait eu sérieusement l’intention d’attaquer les Confédérés et d’aller jusqu’à Zurich : il s’agissait plutôt d’occuper ses mercenaires et de leur donner à piller les villes d’Alsace et de Bâle en attendant la reprise des hostilités avec l’Angleterre. On ne peut cependant s’empêcher de penser que si les Suisses ne s’étaient pas battus aussi vaillamment, les mercenaires armagnacs ne se seraient probablement pas contentés de l’unique pillage de l’Alsace. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’on se mit à interpréter la bataille comme une défense héroïque de Bâle et de la Suisse et à la commémorer solennellement.
26 août 1652 : bataille navale de Plymouth.
La bataille de Plymouth est une bataille navale qui opposa, durant la première guerre anglo-néerlandaise, une flotte anglaise, commandée par George Ayscue, à une des Provinces-Unies, sous les ordres de Michiel de Ruyter, au large de Plymouth. Elle se solda par une victoire néerlandaise.
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Le 29 juillet 1652, Michiel de Ruyter est nommé vice-commodore, un grade propre aux Provinces-Unies situé entre capitaine de vaisseau et contre-amiral, et prend peu après, en l’absence du vice-amiral Witte de With, le commandement de l’escadre assemblée sur la côte de Zélande pour escorter un important convoi. Aux alentours du 10 août, de Ruyter prend la mer sans attendre les navires marchands car il a été informé qu’une flotte anglaise de 40 navires, commandée par George Ayscue, a quitté les Downs. L’escadre néerlandaise comprend à ce moment-là 23 navires de guerre et 6 navires-brûlots, avec un total de 600 canons et 1 700 marins. La plupart des équipages sont peu entraînés, beaucoup de navires sont en mauvais état et la flotte a à peine deux mois de provisions. Mais, en dépit de tout cela, de Ruyter préfère livrer bataille sans avoir le fardeau d’avoir à protéger un convoi.
En atteignant la Manche, de Ruyter découvre qu’Ayscue n’a pas l’intention de livrer bataille mais plutôt de l’éviter dans l’espoir d’intercepter le convoi. Pour l’attirer à lui, il commence donc à croiser au large de la côte du Sussex, provoquant un début de panique chez la population locale, mais Ayscue, bien qu’il dispose d’une flotte supérieure en nombre, ne réagit toujours pas. De plus, de Ruyter perd deux navires, envoyés escorter un navire marchand jusqu’à l’embouchure de la Somme, quand ceux-ci entrent en collision, en coulant un et endommageant sérieusement l’autre.
Finalement, le 21 août, de Ruyter va à son rendez-vous, au large de Gravelines, avec le convoi de 60 navires marchands qu’il doit escorter. Le convoi apporte avec lui 10 navires de guerre, ce qui porte le total de son escadre à 31 navires. Le 23 août, la flotte néerlandaise entre à nouveau dans la Manche avec pour instruction d’escorter le convoi dans l’océan Atlantique; de là, la plupart des marchands prendront la direction de la Méditerranée avec leur escorte initiale de 10 vaisseaux, alors que l’escadre initiale devra attendre un autre convoi en provenance des Caraïbes. Entre-temps, la flotte d’Ayscue est désormais forte de 47 navires : 38 vaisseaux de guerre, 5 navires-brûlots et 4 vaisseaux plus petits.
Le 25 août, les Anglais repèrent la flotte néerlandaise au large de Plymouth et prennent la mer. Le lendemain, au large de la Bretagne, Ayscue, qui vient du nord et a l’avantage du vent, tente une attaque directe contre le convoi en espérant le disperser pour capturer quelques navires, mais de Ruyter a anticipé cette attaque, plaçant ses navires en protection. Les vaisseaux anglais sont en moyenne plus lourdement armés mais sont très désorganisés car les plus rapides ont brisé la formation dans l’espoir de s’emparer des navires marchands à la traîne; ils ne peuvent donc former une ligne de bataille et d’exploiter pleinement leur puissance de feu supérieure. L’escadre néerlandaise, à l’inverse, a adopté une formation en ligne sous le vent très défensive. Vers 16 heures, les deux flottes entrent en contact et se traversent mutuellement, les néerlandais gagnant l’avantage du vent et l’exploitant en faisant demi-tour et en attaquant à leur tour depuis le nord. Voyant leurs meilleurs navires entourés par la masse des vaisseaux néerlandais et supportant le plus gros du combat, le reste de la flotte anglaise, les navires les plus lents et dont les équipages sont mal entraînés, hésite à rentrer dans la bataille.
Le Vogelstruys, le plus grand des navires néerlandais, est alors séparé du reste de la flotte et est attaqué par trois navires anglais à la fois avant d’être abordé. Son équipage est proche de se rendre quand son capitaine, Douwe Aukes, menace de faire sauter le navire. Placé face à cette alternative, l’équipage reprend le dessus, repousse l’abordage des Anglais et livre une telle résistance que les navires anglais, sérieusement endommagés et dont deux sont proches de couler, interrompent leur attaque. Les néerlandais emploient leur tactique favorite qui est de tirer sur les mâts des navires adverses afin de les mettre hors de combat et, en fin de l’après-midi, Ayscue décide de rompre l’engagement et de se replier sur Plymouth pour faire réparer ses navires avant qu’ils soient trop endommagés et ne se fassent capturer.
Aucun des deux camps n’a perdu de navires de guerre mais ils ont tous deux subi des pertes sévères parmi leurs équipages. Les néerlandais comptent environ 60 morts et une cinquantaine de blessés alors que les Anglais ont quant à eux 700 morts et blessés (la plupart provenant de l’attaque avortée contre le Vogelstruys) et ont perdu un navire-brûlot. De Ruyter poursuit la flotte anglaise en espérant capturer quelques traînards, car plusieurs vaisseaux anglais sont en remorque et donc susceptibles d’être abandonnés, mais Ayscue parvient à ramener toute sa flotte à Plymouth. De Ruyter envoie alors deux navires de guerre escorter le convoi marchand et envisage un moment d’attaquer la flotte anglaise à l’ancre avant d’y renoncer. Apprenant que l’amiral Robert Blake fait voile vers l’ouest avec une flotte de 72 navires, de Ruyter choisit d’aller attendre le convoi venant des Caraïbes et l’escorte en sûreté jusqu’à Calais où la flotte arrive le 2 octobre, alors que les provisions commençaient à manquer, Blake ayant de son côté été forcé par une tempête de s’abriter à Torbay.
Les Anglais s’attendaient à triompher facilement des Néerlandais et leur échec est pour eux une surprise déplaisante, Ayscue étant blâmé pour son mauvais commandement et perdant son poste après la bataille, bien que certainement en partie pour des raisons politiques (ayant des sympathies royalistes). Aux Provinces-Unies, Michiel de Ruyter, qui était un quasi-inconnu, devient du jour au lendemain un héros alors qu’il s’agissait de son premier commandement indépendant. Avant de rentrer au pays, il participe à la bataille de Kentish Knock et, en arrivant à Middelburg, il est reçu par les États de Zélande et est récompensé d’une chaîne en or pour son comportement lors des deux batailles, la première pour son courage et la seconde pour sa prudence — ayant convaincu Witte de With qu’il était temps de se replier.
26 août 1813 : bataille de Dresde.
La bataille de Dresde est la dernière victoire majeure de Napoléon en Allemagne. Elle se déroule les et à la périphérie de Dresde, qui était alors un dépôt militaire, entre les forces de la Sixième Coalition austro-russo-prussiennes de Schwarzenberg et la Grande Armée napoléonienne.
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Le , Napoléon envoie le maréchal Gouvion-Saint-Cyr fortifier le dépôt de Dresde de façon à gêner les mouvements alliés et à servir de base éventuelle à ses propres manœuvres. Il prévoit de frapper sur les arrières de ses ennemis et de les battre séparément, avant qu’ils ne puissent concentrer leurs forces. Il dispose d’environ 300 000 hommes, contre environ 450 000 pour les alliés. Mais les coalisés évitent d’affronter Napoléon lui-même, et choisissent d’attaquer ses maréchaux (plan Trachenberg). Le , à la bataille de Gross-Beeren, le prince Charles de Suède (ancien maréchal Bernadotte) bat son ancien camarade Oudinot. Le 26, le maréchal prussien von Blücher bat Macdonald à Katzbach.
Le , Napoléon apprend que les 20 000 hommes de la garnison commandés par Gouvion-Saint-Cyr sont menacés par une armée de 200 000 soldats autrichiens, russes et prussiens, sous le commandement du prince Schwarzenberg. À marches forcées, la Garde impériale couvre 145 kilomètres en 3 jours et deux corps de conscrits 200 kilomètres en 4 jours permettant à Napoléon de disposer de 120 000 hommes.
Le (le jour de la bataille de Katzbach), Schwarzenberg, accompagné de l’empereur d’Autriche, de l’empereur de toutes les Russies et du roi de Prusse, attaque Gouvion-Saint-Cyr. Mais l’arrivée rapide des renforts menés par Napoléon repousse le premier assaut.
À un contre deux, Napoléon planifie l’attaque pour le lendemain (). Lors des combats, l’aile droite alliée pivote, menant à une victoire tactique française. Cependant, les Français doivent quitter le champ de bataille, et n’exploitent pas leur succès. Napoléon tombe malade (certains penchent pour une crise d’épilepsie). Schwarzenberg en profite pour retirer son armée en bon ordre et évite ainsi l’encerclement.
Les coalisés ont perdu 18 % de leurs troupes (38 000 hommes), et les Français seulement 7 % des leurs (10 000).
Napoléon tombant malade, il laisse à ses maréchaux le soin de poursuivre les vaincus. Vandamme, agissant de sa propre initiative, et sans le soutien des autres maréchaux, poursuit Schwarzenberg, ainsi qu’il pense que l’Empereur l’aurait voulu, mais son armée est battue le 30 août à Kulm. Les Alliés battent Ney à Dennewitz le , ces deux batailles annulant la défaite de Dresde, et permettant aux coalisés de reprendre l’avantage sur les Français.
Jean Victor Marie Moreau, ancien général de la Révolution française et du Directoire, a été tué au cours de la bataille. Il servait dans l’armée coalisée. Tué par un boulet de canon français, il sera fait feld-marshal de Russie à titre posthume et maréchal de France à la Première Restauration.
26 août 1813 : bataille de Katzbach.
La bataille de la Katzbach a eu lieu le , pendant la guerre de la Sixième Coalition dans la zone située entre le fleuve Kaczawa (en allemand Katzbach) au nord et au nord-ouest, le plateau Janowicki à l’est, et Warmątowice et Bielowice au sud, à environ 10 km en ligne droite depuis les remparts de Legnica et à 9,5 km de Jawor. La bataille a été le résultat d’une rencontre fortuite entre les armées de l’Empire sous le commandement du Maréchal de France Macdonald et l’armée de Silésie, sous le commandement du maréchal comte Graf Gebhard Leberecht von Blücher.
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Début , le maréchal prussien Blücher, qui commande l’armée russo-prussienne de Silésie, est las de l’inaction militaire liée aux tractations diplomatiques et soucieux de l’approvisionnement de son armée. Dès l’expiration de l’armistice, il envahit la partie de la Silésie se situant en zone neutre, dans le but de se saisir du fourrage et des grains. Prenant les forces françaises par surprise, il les refoule de l’autre côté de la rivière Bober. Le , les coalisés russo-prussiens sont informés que Napoléon, avec sa Garde et ses réserves, marche à la rescousse. Conformément au plan établi par les coalisés, l’armée de Silésie bat en retraite afin d’éviter un combat inégal. Mais le , l’armée autrichienne commandée par Schwarzenberg, partie de Bohême, envahit la Saxe, menaçant Dresde constituée par Napoléon en base d’approvisionnement. Aussitôt, Napoléon fait demi-tour, laissant le maréchal Macdonald se charger de Blücher, avec la mission de traverser la rivière Katzbach pour repousser les coalisés au-delà de Jauer. Dans le même temps, Blücher, informé de la volte-face de Napoléon, ordonne à ses troupes de reprendre l’offensive en franchissant la Katzbach. Dans une confusion totale, sous une pluie torrentielle limitant la visibilité et empêchant l’usage des fusils, les deux armées, d’effectifs sensiblement égaux, se heurtent de face le .
Le général Marbot décrit dans ses mémoires cette bataille, à laquelle il a participé en tant que colonel du 23e régiment de chasseurs à cheval, et met en relief les erreurs de Macdonald dans le déploiement des troupes, face à une armée dont la cavalerie est notoirement plus nombreuse.
Bien que ses ordres étaient de défendre le flanc du principal corps de Napoléon, Macdonald passa à l’offensive dans la matinée du , lançant ses troupes en trois colonnes.
La rencontre entre les deux armées survint sous une pluie battante. Gonflée par les flots, la Katzbach, emportant la plupart des ponts édifiés par Macdonald et ce avant leur franchissement par une partie des forces françaises.
La gauche et le centre de Macdonald furent repoussés par les Russes et les Prussiens et obligés de battre en retraite vers la rivière en crue.
La forte pluie empêcha l’infanterie de se servir de ses armes correctement. Cet événement ne fit qu’avantager Blücher qui disposait de la supériorité absolue dans les domaines de l’artillerie et de la cavalerie.
Sur la droite française, le général Lauriston parvint à contenir les assauts ennemis et même à gagner du terrain. Toutefois, le succès français fut de courte durée et Lauriston se pressa de battre en retraite lorsque apparurent de nouveaux contingents ennemis.
Les soldats de Macdonald tentèrent de traverser la Neisse où nombre d’entre eux se noyèrent. Les survivants furent contraints d’abandonner leurs canons.
Les pertes françaises s’élevèrent à 20 000 morts, blessés ou capturés, dont le général Louis Suden qui fut mortellement blessé et succomba à ses blessures le suivant. Blücher lui ne perdit que 4 000 hommes. Au-delà des pertes humaines, les positions stratégiques françaises se voyaient affaiblies. Ceci, ajouté à la défaite de Kulm, quatre jours plus tard, et celle de la Dennewitz le , amoindrit l’impact de la victoire remportée par Napoléon à la bataille de Dresde le lendemain.
26 août 1914 : bataille du Cateau.
La bataille du Cateau a lieu le , au cours de la retraite menée par les troupes britanniques et françaises, à la suite des batailles de Mons et Charleroi. Elle oppose les troupes du 2e corps d’armée britannique aux troupes de la 1re armée allemande. En grande infériorité numérique et matérielle, les troupes britanniques bloquent pendant douze heures l’avancée de la 1re armée allemande au prix de lourdes pertes.
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En opposition aux ordres de retraite donnés par French, Smith-Dorrien, le commandant du 2e corps d’armée britannique décide de combattre les Allemands. La bataille se déroule dans une plaine ondulée parsemée de villages, traversée par une route rectiligne de Cambrai au Cateau. Cette route coupe le champ de bataille du nord-ouest au sud-est au Cateau. Une seconde route relie le Cateau à Saint-Quentin dans un axe nord-sud.
L’aile droite britannique est formée par la 5e division d’infanterie. La 14e brigade se place au sud du Cateau tandis que la 13e brigade se trouve le long de la route de Saint-Quentin. Le centre du dispositif est tenu par la 3e division d’infanterie, les 7e, 8e et 9e brigades situées respectivement à Caudry, Audencourt et Inchy au sud de la route Cambrai – Le Cateau. La 4e division d’infanterie tient l’aile gauche, les 10e, 11e et 12e brigades sont placées à Haucourt, Longsart et Fontaine-au-Pire. À l’extrême gauche du dispositif britannique est présent la 84e division d’infanterie territoriale française et le corps de cavalerie Sordet qui couvrent la ville d’Arras. L’extrême droite du dispositif britannique est formée par le 1er corps d’armée britannique en retraite.
Le IIIe corps d’armée allemand, formé des Ve et VIe divisions d’infanterie, se trouve face au Cateau. Le IVe corps d’armée composé des VIIe et VIIIe divisions est placé au centre du champ de bataille, le IIe corps de cavalerie formé de trois divisions et une division du IVe corps d’armée de réserve sont face à l’aile gauche britannique.
En choisissant de combattre, Smith-Dorrien souhaite ralentir la progression et la pression de la 1re armée allemande sur le Corps expéditionnaire britannique. De son côté, Von Kluck, voit dans cette bataille la possibilité d’envelopper et de détruire la moitié des troupes britanniques.
À l’aube du , une attaque allemande sur la gauche du dispositif britannique échoue. Durant la matinée, le centre du champ de bataille reste calme, malgré un bombardement d’artillerie réalisé par la VIIIe division d’infanterie et la IVe division de cavalerie.
Les troupes allemandes concentrent alors leurs attaques sur la droite du dispositif britannique. Deux compagnies des Suffolks chargées de la liaison avec le 1er corps d’armée britannique rencontrent les troupes du IIIe corps d’armée allemand et doivent se replier sur Le Cateau rejoignant la 14e brigade. Les troupes allemandes s’infiltrent le long de la route Le Cateau – Saint-Quentin et commencent un pilonnage meurtrier des King’s Own Yorkshire Light Infantry et les Suffolks de la 5e division d’infanterie britannique. Des renforts d’artillerie de la 15e brigade et d’infanterie de Manchesters et des Argylls sont envoyés sur l’aile droite britannique. Malgré de lourdes pertes les Britanniques tiennent toujours leur position, mais en milieu de journée la Ve division du IIIe corps d’armée allemande commence à produire son action et tente d’envelopper l’aile droite britannique.
En début d’après-midi, le 2e corps d’armée britannique entame un mouvement de retraite par échelon, en commençant par l’aile droite. Malheureusement les King’s Own Yorkshire Light Infantry et les Suffolks ne sont pas prévenus à temps et sont détruits. Les batteries d’artillerie sont retirées canon par canon, ceux ne pouvant être transportés sont alors sabotés.
Sur l’aile gauche, la VIIe division du IVe corps d’armée allemand de réserve tente de déborder les troupes britanniques. Les troupes des 3e et 5e division de cavalerie du corps de cavalerie Sordet interviennent en utilisant l’artillerie et des escadrons à pieds pour ralentir l’enveloppement allemand et permettre aux Britanniques de se replier dans de bonnes conditions. Vers 18 heures, les troupes britanniques ne sont plus en contact avec l’armée allemande. Elle se retirent vers Saint-Quentin.
Cette bataille est très coûteuse en hommes pour l’armée britannique. Des 40 000 Alliés ayant combattu au Cateau, 7 812 sont blessés, tués ou fait prisonniers. Plusieurs régiments britanniques sont anéantis. De plus, 38 pièces d’artillerie sont perdues. La bataille du Cateau permet néanmoins de ralentir la progression de la 1re armée allemande et aux troupes britanniques de reprendre leur retraite. Cette dernière est ponctuée par une autre bataille d’arrêt, la bataille de Guise avant de s’achever le par le début de la bataille de la Marne.
26 août 1850 : mort du “roi des Français” Louis-Philippe 1er.
Louis-Philippe 1er, ou simplement Louis-Philippe, né le à Paris (France) et mort le à Claremont House, Surrey (Royaume-Uni), est le dernier roi à avoir régné en France, entre 1830 et 1848, avec le titre de « roi des Français ». Bien moins traditionaliste que ses prédécesseurs, il incarna un tournant majeur dans la conception et l’image de la royauté en France.
Premier prince du sang sous la Restauration (car descendant de Louis XIII), le prince Louis-Philippe a, au cours de sa vie, porté successivement les titres de duc de Valois (1773-1785), duc de Chartres (1785-1790) et enfin celui de duc d’Orléans (1793-1830) avant d’accéder à la couronne en 1830, son cousin Charles X ayant été renversé par les « Trois Glorieuses », des 27, 28 et .
Dix-huit ans à la tête d’un royaume en profondes mutations sociales, économiques et politiques, Louis-Philippe — par la monarchie de Juillet — a tenté de pacifier une Nation profondément divisée avec les armes de son époque : mise en place d’un régime parlementaire, accession de la bourgeoisie aux affaires manufacturières et financières, permettant un essor économique de première importance en France (révolution industrielle).
La branche cadette des Bourbons, la maison d’Orléans, accède alors au pouvoir. Louis-Philippe n’est pas sacré roi de France mais intronisé roi des Français. Son règne, commencé avec les barricades de la révolution de 1830, s’achève en 1848 par d’autres barricades, qui le chassent pour instaurer la Deuxième République. La monarchie de Juillet, qui a été celle d’un seul roi, marque en France la fin de la royauté. Elle fait suite à la monarchie dite « conservatrice » que constitue la Restauration entre 1814 et 1830. La monarchie de Juillet est dite « libérale », et le monarque doit renoncer à la monarchie absolue de droit divin (absolutisme). L’idéal du nouveau régime est défini par Louis-Philippe répondant à la fin de à l’adresse que lui envoie la ville de Gaillac : « Nous chercherons à nous tenir dans un juste milieu, également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal ». Cependant, la chute du régime qu’il a fait naître a pour principales causes d’une part la paupérisation des « classes laborieuses » (paysans et ouvriers) et d’autre part le manque de compréhension de la part des élites de la monarchie de Juillet pour les aspirations de l’ensemble de la société française.
Après une agitation, le roi remplace le ministre François Guizot par Adolphe Thiers, qui propose la répression. Reçu avec hostilité par la troupe stationnée au Carrousel, devant le palais des Tuileries, le roi se résout à abdiquer en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, comme nouveau roi sous le nom de Louis-Philippe II, en confiant la régence à sa belle-fille, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, mais en vain. La Deuxième République est officiellement proclamée dans la foulée.
Louis-Philippe se voulait être un « roi citoyen » à l’écoute du pays réel, appelé au trône et lié au pays par un contrat dont il voulait tirer sa légitimité. Cependant, il n’a pas répondu au désir d’élargissement du corps électoral, pour les plus conservateurs en baissant le cens, pour les plus progressistes en établissant le suffrage universel.
26 août 1880 : naissance du poète Guillaume Apollinaire.
Wilhelm Apolinaris de Kostrowitzky, de son vrai nom, est d’origine polonaise. Il s’engage dans l’armée française en décembre 1914. Naturalisé français le 9 mars 1916, il est blessé le 17, quelque jours plus tard. Affaibli par sa blessure, il décèdera le 9 novembre 1918 de la grippe « espagnole ».
26 août 1094 : naissance de Josef Rysavy, légionnaire d’origine tchèque, Compagnon de la Libération.
Josef Rysavy est né le 26 août 1904 à Cekyne en République tchèque (alors dans l’empire austro-hongrois).
Il s’engage dans l’armée à titre étranger pour cinq ans en juin 1925 à Mulhouse et est affecté au 4e Régiment étranger (4e RE) à Beyrouth.
Après trois années d’interruption de services de juin 1926 à juin 1929, il est affecté au 3e RE au Maroc.
En mars 1932, Josef Rysavy rejoint le 1er RE en Algérie puis au Levant (Beyrouth, Damas) et, à la suite d’un réengagement pour deux ans, se voit affecté de nouveau au 3e RE en 1936 au Maroc.
Nommé caporal en février 1940, il est affecté à la 13e Demi-brigade de marche de la Légion étrangère et rapatrié en métropole.
Il participe brillamment à la campagne de Norvège en mai et juin 1940 et se voit promu au grade de caporal-chef à titre exceptionnel sur le champ de bataille.
De retour en Bretagne à la mi-juin 1940, il est évacué vers l’Angleterre avec l’ensemble du Corps expéditionnaire français de Norvège.
Le 1er juillet 1940, Josef Rysavy s’engage dans les Forces françaises libres à Londres et participe ensuite à l’opération devant Dakar en septembre.
Promu sergent en décembre 1940, il prend part à la campagne d’Erythrée comme sous-officier mitrailleur et reçoit une citation pour son comportement lors de l’attaque de Massaoua en avril 1941.
Josef Rysavy combat ensuite en Syrie en juin 1941 puis, affecté au 2e Bataillon de Légion étrangère, prend part aux opérations de Libye avec la brigade du général Koenig. Chef de poste chargé de la défense de la chicane est de la position de Bir-Hakeim, il réussit, grâce à son sang-froid, à faire de nombreux prisonniers. Il est grièvement blessé à la tête par éclat d’obus dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, lors de la sortie de vive force.
Promu sergent-chef le mois suivant, il est cité une nouvelle fois au titre des combats de Bir-Hakeim et reçoit la Croix de la Libération le 10 août 1942 au camp d’El Tag (Egypte) des mains du général de Gaulle.
Après la campagne de Tunisie, rendu inapte au combat en raison de sa blessure, il rejoint l’Algérie en août 1943 et est affecté au Dépôt commun des Régiments étrangers (DCRE) à Sidi Bel Abbès en Algérie.
En janvier 1944, il est affecté à la 9e Cie du 3e Bataillon de la 13e DBLE et, promu adjudant en avril 1945, il est démobilisé en octobre 1945 après avoir obtenu la nationalité française.
Josef Rysavy se retire ensuite, à Oran, comme exploitant d’un débit de boisson.
Il est décédé d’une hémorragie intestinale le 23 avril 1946 à Oran où il est inhumé.
• Compagnon de la Libération – décret du 9 septembre 1942
• Médaille Militaire
• Croix de Guerre 39/45 (3 citations)
• Médaille des Blessés
• Médaille Coloniale avec agrafes “Maroc”, “Tunisie”, “Erythrée”, “Libye”, “Bir-Hakeim”
• Médaille Commémorative 39/45 avec barrettes “France”, “Norvège”, “Afrique”, “Libération”
• Médaille Commémorative du Levant
• Médaille Commémorative de Syrie-Cilicie
26 août 1905 : début de production de masse de sous-marins.
Le ministre de la Marine ordonne la construction de 21 sous-marins (18 à vapeurs, 3 diesel). L’année 1905 est une année charnière pour le sous-marin puisqu’elle voit le départ de Camille Pelletan et l’arrivée de Gaston Thomson à la barre du Ministère mais aussi le choix du moteur diesel pour la propulsion future de ces nouveaux engins. A noter que l’autonomie en plongée de la classe Aigrette (Diesel) n’est à cette époque que de 4 minutes.
Pour les passionnés de sous-marins et plus particulièrement de leur propulsion, voir l’ouvrage extrêmement riche et intéressant La propulsion du sous-marin français des origines à 1940 de Dominique Brisou (SHD – 2007) et d’une manière plus large L’encyclopédie des sous-marins de l’amiral Thierry d’Arbonneau.
Lire : Sous-marins et submersibles français à la veille de la Grande Guerre
26 août 1914 : Gallieni est nommé Gouverneur de Paris.
Joseph Gallieni, né le à Saint-Béat (Haute-Garonne) et mort le à Versailles, est un militaire et administrateur colonial français. Il prend une part active à l’expansion et à la consolidation de l’empire colonial, notamment en Afrique. Il fonde une méthode qui associe la brutalité, comme par exemple avec le massacre des Menalamba à Madagascar, au développement économique après une conquête progressive des territoires. Pendant la Première Guerre mondiale, gouverneur militaire de Paris, il prend notamment la décision de réquisitionner les taxis parisiens pour apporter du renfort à la bataille de l’Ourcq. Il est élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume, en 1921.
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Il prend sa retraite en , mais il est rappelé en août après le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le , il est nommé gouverneur militaire de Paris par Adolphe Messimy, ministre de la Guerre, pour assurer la défense de la capitale. Alors que les Allemands approchent et que le gouvernement part pour Bordeaux en catastrophe, Gallieni met la ville en état de défense, rassure les Parisiens par une proclamation et contribue à la victoire de la Marne, en , grâce, notamment, aux troupes, commandées par le général Edgard de Trentinian, qu’il envoie en renfort, après avoir réquisitionné les taxis parisiens, à la 6e armée du général Maunoury qui se trouve sur l’Ourcq : la bataille de l’Ourcq a permis la victoire de la Marne.
Le , il est nommé ministre de la Guerre du 5e gouvernement d’Aristide Briand. Il entre en conflit avec Joffre et évoque publiquement les erreurs commises à Verdun. Briand le désavoue et il est contraint de démissionner le (restant à son poste jusqu’au ).
Ayant des problèmes de santé, notamment un cancer de la prostate, il meurt le des suites de deux interventions chirurgicales dans une clinique de Versailles. Après des funérailles nationales et conformément à ses dernières volontés, il est inhumé auprès de son épouse dans le cimetière de Saint-Raphaël.
Il est élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume le . La promotion de l’École militaire de Saint-Cyr de 1927 et l’avenue traversant l’esplanade des Invalides portent son nom.
26 août 1916 : naissance de Bernard Barberon, Compagnon de la Libération.
Bernard Barberon naît à Paris le d’un père industriel. Il effectue ses études au collège Sainte-Croix d’Orléans puis au lycée Louis-le-Grand avant d’entrer à la faculté de droit de Paris où il obtient une licence.
Engagé dans la réserve de l’armée, il est appelé en 1939 et se porte volontaire pour l’aviation. Après l’armistice, il décide de se joindre à la cause du général de Gaulle et quitte la France pour Gibraltar d’où il part pour Londres. En , il s’engage alors dans les Forces Aériennes Françaises Libres comme observateur aérien. Le mois suivant, il est affecté au groupe Topic commandé par Jean Astier de Villatte. Embarqué à Glasgow en direction de la Gold Coast, il débarque à Takoradi (Ghana) le 1er . Le groupe Topic devient alors une escadrille du nouveau Groupe réservé de bombardement n° 1 qui, fin 1940, soutient les troupes de la colonne Leclerc en Afrique centrale. Bernard Barberon participe aux missions sur Koufra (Libye) puis en Érythrée où il fait clandestinement son apprentissage de pilote. Lors du changement de mission du groupe réservé de bombardement n° 1 en Groupe de bombardement Lorraine, Barberon est affecté en Libye où, de à , il effectue une trentaine de missions. Promu lieutenant, il demande à suivre une formation de pilote et se rend pour cela en Angleterre. En , le groupe de bombardement Lorraine est également de retour en Europe et Barberon y prend le commandement de l’escadrille « Nancy ». En opération sur le front de l’ouest, il participe alors à près d’une centaine de missions au-dessus de la France et de l’Allemagne. Il prend ensuite le commandement du groupe de transport aérien n° 1/15 qui est chargé de missions de rapatriement des blessés et des déportés jusqu’à la fin de la guerre.
Quittant l’armée une fois la guerre terminée, Bernard Barberon passe les brevets de pilote de ligne. Après avoir séjourné en Indochine, il est engagé dans compagnie aérienne Union de transports aériens (UTA) en tant que commandant de bord de 1951 à 1968 sur Douglas DC-6 et DC-8. À partir de 1969, il devient chef de département et quitte la société en 1972. Parallèlement, il est président de la fédération nationale du personnel navigant de l’aviation marchande, vice-président de l’association des Français libres, président de l’amicale des forces aériennes françaises libres, administrateur de la revue Icare et membre du conseil de l’Ordre de la Libération depuis 1949.
Bernard Barberon meurt le dans le 5e arrondissement de Paris. Au cours de la cérémonie du qui se déroule dans la cour des invalides, le général Fourquet déclare « s’il fallait tracer le portrait d’un combattant de la France Libre, c’est à Bernard Barberon que l’on penserait immédiatement… ». Bernard Barberon est inhumé au cimetière de Langon dans le Loir-et-Cher.
• Commandeur de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 26 juin 1941
• Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
• Médaille Coloniale
• Distinguished Flying Cross (GB)
• Distinguished Service Cross (USA)
26 août 1918 : naissance de Marcel Finance, Compagnon de la Libération.
Marcel Finance naît le à Hérimoncourt dans le Doubs d’un père officier de réserve qui, entré dans la résistance, disparaîtra au camp de Buchewald en 1944. Il suit des études au lycée Victor-Hugo de Besançon et, choisissant la carrière des armes, intègre l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1937 dans la promotion “Marne et Verdun” où figure également un futur compagnon d’arme en la personne de Jean Mahé. À sa sortie de Saint-Cyr, il entre à l’école de l’armée de l’air de Versailles.
Lors de la bataille de France, Marcel Finance est replié avec son unité à Royan puis à Montpellier. Après l’annonce par le maréchal Pétain du futur armistice, il décide de rallier la France libre et gagne l’Algérie puis le Maroc d’où il peut atteindre Gibraltar et embarquer jusqu’en Angleterre. Il s’engage le dans les forces françaises libres et suis un stage auprès de la Royal Air Force avant d’être affecté au mois d’août au Groupe mixte de combat n° 1 sous les ordres du lieutenant-colonel de Marmier. À l’automne 1940, il prend part à la campagne du Gabon où il reçoit son baptême du feu, effectuant cinq missions de combat depuis la base de Kribi.
Lors d’une mission de bombardement le à bord d’un Westland Lysander, son avion est touché et Marcel Finance doit se poser en catastrophe. Lui et son mitrailleur sont faits prisonniers par les Français restés fidèles au régime de Vichy mais sont libérés quelques heures plus tard lorsque Libreville se rend à la France libre. Après plusieurs semaines d’hôpital, il est déplacé le à Pointe-Noire au Congo où après avoir été promu lieutenant en , il reçoit en mars le commandement du Détachement permanent des forces aériennes du Gabon-Moyen Congo. Il assure des missions de surveillance côtière et de transport aérien mais demande à être affecté dans une unité combattante. À la fin du mois de , il rejoint le Détachement permanent des forces aériennes du Tchad (DPFAT) où il retrouve son camarade de promotion Jean Mahé. Le DPFAT devient en le Groupe de bombardement Bretagne dont Marcel Finance prend le commandement de l’escadrille “Rennes”.
Il est ensuite engagé avec son groupe dans la guerre du désert au-dessus du Fezzan où il participe au soutien aérien des troupes du général Leclerc. Son avion est pris en chasse le par un pilote italien qui endommage son appareil lors d’une mission de reconnaissance. Contraint d’atterrir en urgence avec son mitrailleur blessé, il constate que le chasseur italien s’éloigne et que son appareil peut encore tenir et parvient à redécoller et à voler en rase-motte jusqu’à sa base. Cantonné au Tchad à Fort-Lamy puis à Moussoro, il assure la couverture de la colonne Leclerc jusqu’à Tripoli. Après avoir été promu capitaine en , Marcel Finance et les hommes du groupe Bretagne bénéficient d’un période de repos durant laquelle ils sont basés à Sebha en Libye. Déplacé à Ben Gardane en Tunisie au mois d’avril, le groupe Bretagne réalise des vols d’entraînement en vue de devenir spécialisé dans le bombardement de nuit.
Dans le cadre de ces vols d’entraînement, Marcel Finance embarque le dans un Bristol Blenheim en compagnie de Raymond Roques mais l’appareil s’abîme en mer pour des raisons inconnues. Le lendemain, le corps du capitaine Finance est rejeté sur le rivage. Inhumé dans un premier temps à Ben Gardane, son corps est rapatrié en France en 1949 pour reposer dans le caveau familial de Hérimoncourt.
• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 26 septembre 1945
• Croix de Guerre 39/45 (3 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Médaille Coloniale avec agrafes “Koufra”, “Fezzan-Tripolitaine”
26 août 1978 : mort de l’acteur franco-américain Charles Boyer.
Charles Boyer, né le à Figeac et mort le à Phoenix (Arizona), est un acteur franco-américain. Après avoir commencé sa carrière en France, il devient l’un des acteurs français les plus célèbres à Hollywood durant les années 1930 et 1940. Se montrant aussi à l’aise dans les mélodrames, Le Jardin d’Allah (1936), Casbah (1938) et Elle et lui (1939), que dans les thrillers, Hantise (1944), il est nommé à quatre reprises à l’oscar du meilleur acteur.
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Durant les années 1930 et 1940, il est une grande vedette et les studios se l’arrachent. Figure de la colonie française expatriée de l’époque (Jean Renoir, Jean-Pierre Aumont, Julien Duvivier…), il est dédaigné par Jean Gabin qui ne s’en cache pas et « trouve cette célébrité usurpée ».
Le , il obtient la citoyenneté américaine. Peu disert sur ce sujet, Charles Boyer explique qu’il ne se sentait plus « en Amérique » mais « d’Amérique ». Si certains biographes rappellent que sa femme, Pat Paterson, avait exprimé en 1936, lors d’une interview accordée au magazine Picture Play, sa crainte de voir son mari être mobilisé pour la guerre qui se profilait, d’autres (Chassagnard, Brunelin) excluent l’hypothèse d’une échappatoire au rappel sous les drapeaux. En effet, exempté de service militaire (étant orphelin de père), il revient à Figeac en 1939 pour s’engager dans l’armée. Il devient ainsi artilleur au 32e régiment d’artillerie coloniale mixte à Agen et est affecté à la défense des fortifications de la ligne Maginot. Au bout de onze semaines, il est démobilisé par le président du conseil, Edouard Daladier, qui lui demande de retourner aux États-Unis pour convaincre ses amis américains du show-business du bienfondé de cette guerre. Surpris par l’armistice, il est frappé par l’appel du 18 Juin de Charles de Gaulle, qu’il enregistre en anglais pour des radios américaines, et décide de soutenir la France libre. Peu de temps après, il fonde un centre intellectuel à Los Angeles à partir des six cents volumes de sa bibliothèque, la French Research Foundation, qui en 1945 comptait plus de quinze mille livres. Ce don de sa part avait pour mission en période de guerre d’incarner l’esprit français aux États-Unis. Durant la même période, il participe à la création et au financement du « French War Relief Committee » (Comité français de secours de guerre).
26 août 2013 : Mort du Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, grande figure de la Légion étrangère.
Il entre dans la résistance en 1941 à l’âge de 19 ans et est arrêté en franchissant la frontière franco-espagnole en 1943. Déporté dans le camp de concentration de Buchenwald où il manque de mourir (« j’ai trouvé le pire chez les autres mais aussi en moi »), il conserve malgré tout la soif de l’action et fait Saint Cyr. Légionnaire parachutiste, il effectue trois séjours en Indochine qui le marquent profondément : les rencontres (avec l’adjudant Bonnin), les combats (« l’entrée dans ces territoires où rôde la mort, oblige à se hisser à la pointe de soi-même »), le pays (« un monde féérique ») mais aussi l’abandon du village de Talung ensuite massacré par le Vietminh.
Chef de cabinet du général Massu pendant la bataille d’Alger puis commandant au 1er REP, il entre en rébellion lors du putsch des généraux en avril 1961 (« Un homme doit toujours garder en lui la capacité de s’opposer et de résister »). Il se constitue prisonnier, ne rejoint pas l’OAS et est condamné à 10 ans de prison (« L’enfermement peut développer une force intérieure qui peut être plus grande que la violence qui nous est faite »).
Gracié 5 ans plus tard, il est réhabilité dans ses droits civils et militaires.
Ecrivain talentueux, et homme au parcours incroyable, son témoignage humble et courageux est à lire (Les champs de braises) tant il est structurant pour l’éthique du soldat français. Il a d’ailleurs préfacé l’ouvrage du général Benoit Royal portant ce dernier titre. Il est mort à l’âge de 91 ans.