Nuit du 15 au 16 mars
Le lieutenant Paul TURCY, commandant la CEPML du 1er BEP, est mortellement blessé à son PC près de ses pièces de mortier de 120.
20 h 00
BT3 : 90 hommes de la 12e Cie désertent ANNE-MARIE 3 sans avoir été attaqués.
Entre 22 h 00 et minuit
Trêve pour que les Viets récupèrent leurs blessés qui sont déposés à Ban Ban un hameau proche de FRANÇOISE sur le flanc ouest.
- 2 B-26 en 500 et 1000 lbs détournés cause météo – délestage embouchure fleuve rouge.
- 1 B-26 en 1000 lbs détourné cause météo – délestage région Mocchau.
- 1 B-26 en 1000 lbs détourné cause météo – délestage région Son La.
- 2 B-26 en 500 lbs détournés cause météo – délestage embouchure fleuve rouge.
- 1 B-26 en 1000 lbs détourné cause météo – délestage embouchure fleuve rouge.
01 h 09
Diên Biên Phu demande les parachutages sur la DZ Sud, la veille on a pu récupérer que le quart des parachutages.
Il faudra inclure le personnel de toute une batterie d’artillerie car 2 canons ont été détruits au cours des dernières 48 heures plusieurs endommagés et la moitié des mortiers de 120 détruits.
02 h 00
Sans prévenir personne la garnison de ANNE-MARIE 3 quitte son PA et est recueillie par la 4e Cie du 1/2e REI. La 12e Cie du BT3 est installée sur HUGUETTE avec mission de tenir.
04 h 00
La 3e Cie du 1/2e REI reçoit mission de réoccuper ANNE-MARIE 3.
Le lieutenant ROUX du V/7e RTA, 1re Cie, blessé sur GABRIELLE échappe à la surveillance des VM et rejoint Diên Biên Phu.
04 h 40
Il pleut, pluie moyenne à forte.
Quelques bruits de travaux devant ÉLIANE 1 traités au mortier.
16 mars
06 h 30
Harcèlement léger artillerie.
Ordre de parachutage pour la journée : En premier les personnels puis le radiophare de rechange et les fournitures médicales Ces éléments devront être parachutés sur la DZ principale. Les canons démontés et les munitions de 105 largués sur la DZ octavie à l’Ouest d’ISABELLE ainsi que les munitions d’infanterie et les vivres.
Il n’y a plus de Morane à Diên Biên Phu. Ceux basés à Muong Saï ne peuvent intervenir ; ils ne peuvent percer au instruments, n’étant pas équipés pour.
Une anecdote du colonel ALLAIRE à Hanoï :« C’est donc moi qui ait annoncé à mes gars que nous retournions en pays Thaï. J’ai même ajouté que si je voyais bien comment nous irions et que je ne voyais pas comment nous en reviendrons. Ce qui m’a valu d’avoir un gars en plus sortie de l’hôpital, parce qu’il ne voulait rester à Hanoï sans les copains qui risquaient de ne plus revenir, ce fut le premier blessé de la section, et à eux on ne cache pas la vérité. »
07 h 00
Les camions chargés des paras du 6. quittent le séminaire situé à l’est de Hanoï pour se dirigé vers l’aéroport. Une fois sur le tarmac les hommes s’équipent de leurs parachutes. Bien qu’ils aient fait ces gestes des dizaines de fois, chacun vérifie que son voisin a bien installé son « pépin ». Puis c’est l’attente.
08 h 45
Message GONO : Opération de largage du bataillon sur DZ ISABELLE actuellement entre nos mains.
En raison risque d’intervention artillerie VM demande maximum d’appui de bombardiers et chasseurs pendant l’arrivée 1re vague. Largage opérationnel semble le plus indiqué.
Harcèlement continue.
ANNE-MARIE 3 réoccupée par la 3e Cie du 1/2e REI.
Route ISABELLE ouverte.
09 h 00
La garnison d’ISABELLE fera une sortie pour sécuriser la DZ Octavie pour les largages. Sortie par les auxiliaires Thaï du lieutenant WIÈME pour nettoyer la DZ où doit sauter le 6e BPC dans la journée. Explorant le village de Ban Hua Na à un kilomètre au sud-est du point d’appui Wième, ils surprennent des troupes vietminh creusant des tranchées. Renforcées par le peloton VERT, les Thaïs infligent des pertes substantielles au Vietminh et capturent un fusil automatique et un DKZ. Mais l’ennemi s’est rendu compte de ce qui se prépare.
Un tir très dense d’artillerie tombe toute la journée sur les zones de parachutage et d’atterrissage.
Destruction de l’appareil de radiographie de l’hôpital par un obus de 105 avec retard.
Le colonel LANGLAIS ordonne au 5e BPVN la construction de DOMINIQUE 6 sur une colline 275 m au nord de la trouée entre DOMINIQUE 1 et DOMINIQUE 2.
Le PC de DE CASTRIES envoie un message, indiquant que l’opération aéroportée peut avoir lieu et que la zone de saut n’est pas sous le contrôle de l’ennemi.
Dans les avions, le calme règne mais les esprit sont tendus.
Pour beaucoup de parachutistes, c’est leur cinquième saut opérationnel au sein du 6e BPC. Le temps est clair avec quelques turbulences.
2 heures de vol à peine, se déroule sans encombre, ils débouchent sur la cuvette, les chefs les ont avertis que l’affaire ne sera pas facile.
10 h 25
Investissement ANNE-MARIE en cours par ouest, nord et est. PC probable installé sur GABRIELLE, artillerie nord et nord-ouest GABRIELLE s’enterre.
Harcèlement artillerie continue.
11 h 00
Les deux équipages du GAO arrivent à Vientiane pour récupérer deux MO 500. Le général CAEO fait mettre en place 3 GAO sur Muong Saï.
Brieffing pour le parachutage du 6e BPC
11 h 05
14 C-47 larguent 100 parachutistes destinés à compléter le 8e Choc et le 1er BEP. Avec eux, le Père Pierre TISSOT, aumônier protestant. Parachutage des ACP 3, de trois pièces complètes de 105 mm n° 18 003, 18 077, et 1 909 (3 largages séparés par le même C-119 n° 133 – capitaine SOULAT – et un stick d’artilleurs du 35e RALP (2 sous-officiers et 12 hommes pour recompléter les pièces de 105 mm des unités d’artillerie du camp) ainsi qu’un ensemble radio et des antennes pour la CTA 814.
7 C-119 parachutent du matériel.
1er BEP : largage du renfort comprenant 1 officier : sous-lieutenant BOIBOUVIER, 3 sous-officiers et 44 hommes de troupe.
Jean PÉRAUD, reporter au SPI, est parachuté avec le 6e BPC dans les premiers sticks. Il photographie avec son appareil Leica les parachutages en cours. Il se dirige vers le centre.
11 h 20
Harcèlement de la DZ Simone au mortier.
11 h 30
Récupération du parachutage de la veille terminé.
L’équipage du H-19 596 endommagé que l’on veut intégrer aux unités combattantes au sol tentent un décollage après avoir emballé les parties des pales abimées avec du sparadrap très large utilisé pour les pansements thoraciques. Ils doivent embarquer 6 blessés couchés et l’équipage du H-19 593 détruit le 12.
Les pales sont scotchées pendant la mise en route pour ne pas attirer l’attention des artilleurs Viets.
Décollage de la DZ autour de laquelle des dizaines de morts sont allongés Certain corps sont recouverts d’une couverture d’autres pas. L’impression de décoller au milieu d’un cimetière.
En vol, grosses vibrations dues au déséquilibre des pales. Un pilote au collectif et un au cyclique. La météo est mauvaise l’hélicoptère doit emprunter les vallées garnies de végétation au milieu de la brume. Navigation à l’estime vol à 50 nœuds maximum pour cause de vibrations. Posé à Muong Saï sur la réserve en carburant et avec l’huile en forte baisse. Recomplété en carburant et en huile l’hélico redécolle avec ses problèmes de pales pour rejoindre Vientiane et le dépannage
Prévision de 20 posés pour évacuer les blessés à la suite d’une demande d’une trêve
Impossible de réaliser l’évacuation le 16 en raison du parachutage du 6e BPC.
Parachutage du 2e stick du 6e BPC.
12 h 15
Harcèlement de la DZ Simone par 105 mm.
12 h 30
Embarquement terminé.
13 h 00
1er décollage des 28 avions du 6e BPC.
Reconnaissance du secteur sud trouve contact en 952/597 avec VM enterré. Intervention des chars et de l’artillerie : 1 canon SR et 1 FM détruits.
Matériel largué à partir de 12 h 30 récupéré.
14 h 25
1er parachutage. Altitude 2 500 ft QNH.
L’appui du parachutage est assuré par une protection de F8F et de B-26 aux ordres de Torri-Rouge et avion PC. La chasse part sur un convoi de 27 véhicules au nord de Thuan Chau.
Les Dakota se présentent sur la zone de saut à 250 mètres d’altitude, séparés d’une minute les uns des autres.
L’axe de largage en évitant l’artillerie et le DCA : Les 42 dakotas qui transportent le 6 abordent la longue plaine de Diên Biên Phu par le sud. À droite, la Nam Youn enroule ses méandres au milieu du paillasson jaunâtre des rizières piquetées d’obus. À gauche, et en retrait, un grand point d’appui ovale « ISABELLE ». La lampe passe du rouge au vert et le klaxon retentit. Les 42 Dakota larguent les 613 hommes sur une DZ située à proximité du point d’appui « ISABELLE » (sud) à 6 km au sud du camp retranché. Théoriquement hors de portée de l’artillerie vietminh.
En réalité, aux aléas d’un saut opérationnel, s’ajoute les obus qui causent un certain nombre de dégâts dans les rangs paras. La descente dure moins 2 minutes.
15 h 00
BIGEARD, déjà blessé à la jambe à Seno, se pose avec le 6e BPC. Il rejoint en boitant ISABELLE pour demander une Jeep escortée de son petit état-major. Il y rencontre le lieutenant-colonel LALANDE. Il gagne en Jeep le centre principal en ayant suivi chaque compagnie remontant vers le nord.
15 h 15
Décollage du 28e avion.
16 h 00
Situation : Dispositif Vietminh se resserre sur le centre de résistance lui-même. Toutes les hauteurs entourant la cuvette se couronnent d’artillerie et de DCA. Les harcèlements n’ont pas cessé depuis ce matin.
Plafond toujours très bas. Les interventions aériennes ne semblent pas donner de résultats.
Antenne chirurgicale débordée. Demande urgence parachutage d’une antenne chirurgicale sur ISABELLE.
Le GONO demande de tenir en attendant une Cie de Para et 3 chars
Trop tard les deux PA nord sont évacués Le capitaine THIMONNIER rejoint le PA4 où la Cie n’a pas bronché et passe la nuit
Tous les jours on avait pu voir les femmes des partisans et celles des deux BMC et des agents Méos des services spéciaux s’en aller faire leur marché à Ban Co My ou à Ban Loï Elles y rencontraient des compatriotes de la zone Vietminh qui leurs remettaient des tracts de propagande.
La désertion partielle du 3e bataillon thaï et la démoralisation totale du 2e et d’un grand nombre d’hommes des autres compagnies légères thaïs qui s’ensuit sont une grande victoire psychologique de l’ennemi qui fait perdre aux français un cinquième de leur effectif sans que le vietminh ait eu à tirer un coup de feu.
ANNE-MARIE 4 qu’occupe la 9e Cie est le seul PA qui tienne bon quand vers 14 h 00 ce qui reste de troupes françaises et thaïs d’ANNE-MARIE 1 et 2 commencent à se replier
La nuit précédente ANNE-MARIE 3 avait appelé pour dire que cela n’allait pas bien mais qu’il pouvait tenir avec ses légionnaires
Les gendarmes se reconvertissent en brancardiers infirmiers et montent une popote pour assurer le repas des 100 à 120 blessés
16 h 25
Dernier parachutage du 6e BPC.
Un témoignage sur ce 16 mars du caporal au feu Lucien PIERS :
Nous sautons en renfort de la garnison qui est attaquée depuis le 13, cette fois la DZ est dégagée et le regroupement ce fait sans problème. Le caporal-chef HAMEL a succédé à MASSÉ rapatrié en fin de contrat. Les obus tombent, nous sommes allongés au bord de la route.
Les ordres arrivent, nous faisons mouvement, HAMEL et moi marchons à reculons regardant nos hommes et les exhortant à prendre des distances, soudain c’est l’enfer, des obus tombent et je me retrouve à terre sans connaissance. Quand je reviens à moi, je cherche de vue le groupe. Tous sont blessés ou morts ; impossible de le savoir. Je me tourne vers l’autre côté et apercevant le sergent BALISTE qui parle dans le combiné de son poste radio. Je lui demande de transmettre que les 2 pièces mitrailleuses sont HS.
À dix mètres de moi HAMEL gît sur le dos, il a le bras gauche coupé. Moi j’ai très mal à l’épaule gauche et dans le dos, du sang coule sur ma main. Je tente de me rapprocher de LEPOITEVIN, il a une énorme blessure au thorax, il est inconscient. Les Vietnamiens TRAN VAN CHUONG, NGUYEN VAN LY, NGUYEN VAN BO, NGUYEN VAN THU sont sans vie. La pièce commandée par le caporal-chef NGUYEN VAN KY a subi le même sort ; ils sont tous hors de combat. Un 4×4 passe ; des légionnaires m’embarque et me conduisent vers leur PC où je recevrai les premiers soins. Je dois être évacué le soir sur l’antenne principal pour y passer une radio. J’arrive bien à l’antenne, mais le poste de radiographie a été détruit par un obus.
J’apprends la mort de mon ami LEPOITEVIN. Un infirmier me dit que notre chef de pièce HAMEL a été évacué ; en tout cas je ne le retrouverai pas à l’antenne.
Ne pouvant passer la radiographie, je suis mis avec les blessés qui doivent être évacués si un avion se pose. Après plusieurs tentatives, je finirai par prendre place à bord d’un Dakota qui se pose dans la nuit du 24 au 25 Mars. Direction à Hanoï et l’hôpital Lanessan.
Diên Biên Phu est fini pour moi, mon bataillon sera dissout et je serai rapatrié sur la France. Malheureusement, je laisse dans cette terre d’Indochine une partie de ma vie. Une vilaine blessure qui ne cicatrisera jamais et qui continuera de me hanter jusqu’à ma mort. J’ai beau me dire que c’est le destin ; jamais je ne me consolerais de ne pas avoir participé avec ma compagnie à la suite de cet épisode de la bataille. Jean-Paul HAMEL reprendra contact avec moi quelques années plus tard ayant retrouvé l’adresse de mes parents. Nos retrouvailles furent heureuses, mais nous ne parlerons pas de ce 16 mars ! La peur de réveiller les démons ? Pourquoi avons-nous été épargnés ? Pourquoi sommes-nous vivants ? Fasse que je retrouve un jour Dédé et nos Vietnamiens. »
On saute à 150 mètres d’altitude. Peu de temps pour faire le tour d’horizon ou celui de la coupole. Souhaits de bienvenue des mortiers VM ! Le pliage des parachutes est un peu oublié. BIGEARD reçoit l’ordre de s’installer sur ÉLIANE 2, une colline dénuée de tout arbre. Déjà vexé de s’être foulé une cheville à l’atterrissage, il peste contre la position à aménager. Pour le 6° BPC, qui, à peine posé, compte 2 tués et 13 blessés dont BIGEARD, le lieutenant DATIN et le médecin du bataillon, le lieutenant RIVIER, il s’agit d’un retour mouvementé à Diên-Biên-Phu.
En fin d’après-midi
Les deux compagnies thaïes du BT 3 qui tenaient ANNE-MARIE 1 et 2 évacuent ces positions sans combat. 1/4 des effectifs du BT3 se démobilisent.
Les Thaïs du BT 3 ont été recrutés à Son-là et Nghia Lo c’est-à-dire loin de Diên Biên Phu. Leurs familles sont déjà en zone Vietminh et ils combattaient en dehors de leurs zones tribales. Ce n’est donc plus leur guerre. De plus les Thaïs sont des coureurs de jungle pas des combattants de tranchées. La propagande lancée à leur intention la semaine précédente et la destruction de GABRIELLE a fait le reste Des tracts les incitant à la désertion sont déposés la nuit dans les barbelés, des hauts parleurs invisibles leur diffusent de la musique locale des chants des appels lancés par des ralliés et des slogans communistes.
Cette agitation a des effets pervers sur les hommes dont la famille habite parfois des villages proches.
Les deux derniers criquets de reconnaissance en état de vol ont été détruits dans la journée.
Un coup au but a touché le dépôt de bombes au napalm à proximité de la Gonio qui a recouvert de napalm le shelter de la Gonio ; pas de blessés. Le camp est recouvert d’une fumée noire.
Message de Jean PÉRAUD du SPI, envoyé avec les pellicules :
Saut le 16 mars. Bombardement vietminh de la DZ et du GONO.
Cavalcade soldats sous tir – Artillerie « cassée » par vietminh – Essais embarquements blessés sous tir 105 vietminh.
Tragique – Beaucoup blessés – Ambiance triste – Rappelle camps de concentration allemands – Catastrophe. (Censuré par l’armée à Hanoï).
Malgré tout, les hommes arrivent à se regroupent vers un arroyo qui borde
le long de la zone de saut avant de prendre la direction des ÉLIANE.
Légères pertes au sol par tirs d’artillerie et mortiers :
- 2 hommes de troupes tués.
- Blessés par éclats d’obus : 3 sous-officiers et 15 hommes de troupes.
Blessés au saut :
- 3 officiers dont BIGEARD
- 1 sous-officier et 9 hommes de troupes.
Parachutage de 5 hommes du 35e RALP en renfort.
17 h 00
Le commandant BIGEARD arrive au centre principal avec ses hommes.
Les 4 compagnies s’installent en catastrophe dans ces trous auxquels manque un toit et surtout le matériel pour l’édifier. Le bataillon va avoir la lourde tâche de s’enterrer sous le feu. Elle sera remarquablement menée à bien en un temps record. Les paras creusent abris et tranchées et non que le système D pour étayer leur position sur ÉLIANE 4 avec le 5e BPVN, cette position est en deuxième ligne, couverte par DOMINIQUE 1, ÉLIANE 1 tenue par un bataillon de Nord-Africains et ÉLIANE 2 tenue par un bataillon marocain. À la nuit, les 4 compagnies sont installées, prêtes à intervenir au profit du prochain point d’appui attaqué. Le PC de BIGEARD avec la compagnie de commandement, avec ses mortiers de 81 mm, est installé au sommet de la colline en partie ouest d’ÉLIANE 4 d’où l’on domine d’une cinquantaine de mètres la rivière Nam Youm et le centre de résistance principal. Il est vite creusé et son toit est constitué de planches si peu épaisse qu’on se demande comment elles peuvent supporter l’amas de terre accumulé en protection. Les Compagnies ne sont pas plus favorisées.
Le 6e BPC occupe les flancs et la base interne du croissant, pour l’instant hors de la trajectoire des 105 adverses. Les Compagnies de combat sont réparties autour du point d’appui tenue à l’est d’ÉLIANE 4 par le 5e BPVN.
La 2e compagnie au nord, la 3e Compagnie face au sud-est vers ELIANE 2,
La 1re compagnie face nord-ouest, et la 4e compagnie face à DOMINIQUE.
Le cimetière du 6e BPC sur le flanc ouest de la colline.
À Hanoï, on accuse le coup. En revanche, à Diên-Biên-Phu, le moral ne vacille pas, conforté par le largage du 6e BPC de Marcel BIGEARD.
Il ne reste plus que la DZ Sud d’utilisable. Les posés de ravitaillement sont arrêtés et seules quelques évacuations sanitaires de nuit sont autorisées.
Parachuté le 16, le lieutenant Jean SINGLAND prend le commandement de la CEPML.
L’inspecteur PRADINES, agent de la sécurité militaire en poste à Diên Bîen Phu, propose ses services à l’escadron de chars et est embarqué sur le MULHOUSE.
Les personnels d’entretien et de service des aéronefs n’ayant pu être évacués lors du départ des avions et les personnels parachutés touchés par la DCA, avec le capitaine CHARNOD montent une section de combat qui rejoint la 4e Cie du 1er BEP.
Situation de l’artillerie :
- 22 obusiers de 105,
- 3 obusiers de 155 mm
- 16 mortiers de 120 mm (4 perdus sur Gabrielle et 4 détruits) + 8 en maintenance qui recomplèteront.
Largage le 16 et 17 mars de 3 canons de 105 mm sur la DZ Isabelle sous parachute G11 (700 m2). III/10 RAC recomplété à 3 batteries de 105 par parachutage des pièces sur ISABELLE.
L’après-midi Jean PÉRAUD passe de PC en PA pour prendre la température.
À l’état-major l’ambiance est tendue. Tous les visiteurs malchanceux du 13 tous ceux qui n’auraient pas dû être là, ceux qui étaient venus passer la nuit ou le week-end en amis se bousculaient pour prendre un avion sanitaire.
Derrière l’hôpital, PÉRAUD se rend à la poste vers les transmissions.
De là, on peut télégraphier vers le monde entier. Pour la métropole des formules toutes prêtes sont gratuites.
PÉRAUD télégraphie à Pierre SCHOENDOERFFER à Saïgon où il se prépare à rembarquer pour la France.
Destinataire : Pierre Schoendoerffer. Camp de presse, Hanoï. Copie S.P.I. Saigon. « Démerde-toi venir me rejoindre. Stop. C’est marrant. Stop. Péraud. Fin. »
Faute d’un encadrement suffisant, ils désertent avec armes et bagages abandonnant ANNE-MARIE qui est prise sans une perte par les Viets.
Total des désertions : 5 sous-officiers et 249 hommes, soit total 254.
Les autres Thaïs, resterons en revanche fidèles jusqu’à la fin.
Des femmes Thaïs passent le long du PA se repliant vers le Sud sèment la panique. Selon elles le Vietminh se prépare à attaquer et les Thaïs sont invités à partir pour ne pas être massacrés.
Terrorisés et même menaçants, nos Thaïs ont fait comprendre qu’ils n’hésiteraient pas à faire usage de leurs armes contre nous si l’on tentait de s’interposer par la force.
La position devient indéfendable et à la pointe de PA2 de nombreuses armes automatiques sont sans servants Le mouvement gagne sans toutefois affecter PA1 mais à la tombées de la nuit il ne reste bientôt plus que les Européens.
Fin d’après-midi
Parachutage de L’ACP 3 du médecin lieutenant RÉSILLOT en fin d’après-midi, arrivée 200 m à l’aplomb du centre de résistance : d’abord le médecin puis Jean CHAUMETTE (son sergent-major) et Marie PIÉTRI (sergent-chef), Jean CHASSIER et Samba BABACAR (sergents), Jean GUYOLLOT (caporal-chef), Jean SEGALEN (quartier maitre de 1ère classe) et 1ère classe LE VAN DANG. Virage sur l’aile, seconde passe et largage de leur matériel.
Comme à l’exercice; les paniers, les caisses et le vrac en tas au bon endroit.
Des volontaires du 1er BEP et des PIM ont rassemblé les précieux impédimenta devant l’abri de LE DAMANY GM9. Envoi le soir même sur Isabelle ou le Dr CALVET déjà alerté prépare son cantonnement. Installation de 30 lits.
Deux camions encadrés par une escorte armée partent direction du sud transportant l’ACP 3.
17 h 00
Bombardement autour de l’hôpital et du PC.
Péraud se dirige vers le quartier des Thaï blancs au bord de la rivière. Les partisans de Deo Van-Long évacués de Laï Chau avec leur famille se sont installés dans un village semi enterré. En rejoignant le quartier Thaï blanc, PÉRAUD passe devant l’immense abri du BMC qui est fermé. Les filles se sont mises à la disposition de l’hôpital pour effectuer des menus travaux, pas très nobles ou pas trop propres, mais éminemment utiles, que personne n’est chargé d’exécuter par le règlement du service de santé. Laver les blessés de la sueur et de la crasse, nettoyer les pots de chambre, donner à boire et aider à mourir…
18 h 00
Bilan 1er BEP : 1 homme de troupe européen tué à la suite du harcèlement de la position. 3 hommes de troupes autochtone tués.