samedi 31 août 2024

En ce mois de juillet 2023

Ce mois de juillet 2023 a été aussi intense que l’été 2022 dernier. La guerre s’intensifie en Ukraine sans que l’un des camps n’arrive à prendre concrètement l’ascendant sur l’autre. Et comme cela ne suffisait pas, une mutinerie au Niger, d’ailleurs menée par des officiers formés en France pour la plupart, crée cet axe de juntes militaires, d’Ouest en Est, du Niger au Soudan, qui coupe le Nord de l’Afrique d’ailleurs pas plus démocratique de l’Afrique subsaharienne. Hormis le Tchad, le pré carré français se réduit à une peau de chagrin et il est temps d’en prendre conscience.

Laissons les Africains régler leurs problèmes sécuritaires. Pendant 80 ans, la France les a soutenus, formés, équipés et pour quel résultat ? Officiers putschistes, souvent corrompus, comportements militaires peu éthiques, unités incapables de se battre seul contre l’ennemi djihadiste, équipements inaptes au combat sans oublier les rivalités ethniques sans doute plus crédibles que les rivalités religieuses dans un contexte social toujours plus aggravée malgré les aides multiples… L’Afrique est toujours en péril intérieur mais il est temps de prendre en considération cette situation, c’est-à-dire ne plus attribuer une quelconque aide dans tous les domaines sans contrepartie concrète et seulement en fonction de nos intérêts. Lors des opérations en RCI où j’ai servi plusieurs années 1983-1985, 1995-1997, 2006-2008 sans voir de réelle évolution, j’ai vécu pour ma part ces actions d’opposants africains à la France, bien installés dans notre pays. La faiblesse de nos gouvernants depuis des années a conduit à notre affaiblissement sur le terrain africain.

Bref, tant qu’elles ne nous concernent pas directement, les questions sécuritaires qui ne sont pas que militaires, imposent une nouvelle stratégie française pour assurer la défense de nos intérêts.  Cela signifie en particulier que les armées françaises devront être capables d’intervenir sur ce continent vite et fort, sous de nouvelles formes, en tenant compte de bases militaires de plus en plus aléatoires, sinon remises en question pour réagir à une menace s’affirmant contre nos intérêts. Cependant, la nouvelle loi de programmation militaire votée le 14 juillet 2023 répond-elle, répondra-t-elle à cet enjeu potentiel ? Question à débattre avec la situation actuelle en Afrique.

Pour conclure, l’été reste aussi une période propice pour faire un point personnel après ces presque dix-huit mois intenses d’antenne en très grande partie sur LCI. Consultant géopolitique pour cette chaine, je suis « en poste » sur LCI (ce n’est pas le moment de déserter alors que le conflit devrait s’accroître durant cet été favorable à la guerre dans cette région) et analyserai ce conflit en alternance avec quelques camarades du mercredi au samedi de 12h00 à 18h00 avec une pause à mi-journée.

Cette activité est désormais complétée par celle de rédacteur-en-chef du magazine trimestriel Défense de l’Union-IHEDN. Encore un challenge passionnant à prendre à bras-le-corps !

Avec l’âge, les souvenirs reviennent aussi. Le défilé du 14 juillet 2023 m’a rappelé que mon premier défilé sur les Champs Elysées s’était tenu il y a exactement 50 ans comme en témoigne la photo sur le site. J’avais suivi la préparation militaire parachutiste puis avais encadré plusieurs autres préparations militaires. J’étais lycéen et en classe de première sans savoir qu’en terminale je choisirai la carrière militaire et présenterai le concours de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr.

Défilé du 14 juillet 1973, préparation militaire parachutiste

En tout état de cause, ce défilé de nos matériels modernes faisait plaisir à voir tout en remarquant la présence des gendarmes mobiles en tenue de combat pour assurer la sécurité du défilé à la différence des années précédentes où la police en tenue de cérémonie était déployée.

14 juillet 2023. Véhicule blindé de combat d’infanterie

 

14 juillet 2023. Char Leclerc

Enfin lisant sur le site du ministère des armées que trois fusiliers-commandos avaient participé à la marche de Nimègue (Pays-Bas) en ce mois de juillet 2023, un autre souvenir émerge, celui de ma compagnie mécanisée de soldats appelés du régiment de Marche du Tchad que j’avais amenés avec moi pour faire cette superbe marche de 160 km en quatre jours en juillet 1988, soit il y a trente-cinq ans.

Nimègue, juillet 1988. Céémonie d’ouverture

J’ai pu mesurer à nouveau la force de l’effort collectif qui nous

Nimègue, juillet 1988. Une partie de ma compagnie

a permis de recevoir le diplôme de cette marche donné à une unité militaire si elle finit avec 90% de ses effectifs. Cela a été l’opportunité de rédiger le premier de mes nombreux articles dans les carnets de la seconde division blindée à laquelle mon régiment appartenait. C’était juste quelques jours avant de rendre mon commandement et de partir pour d’autres aventures (Cf. Nimègue juillet 1988).

 

Général (2S) François CHAUVANCY
Général (2S) François CHAUVANCY
Saint-cyrien, breveté de l’École de guerre, docteur en sciences de l’information et de la communication (CELSA), titulaire d’un troisième cycle en relations internationales de la faculté de droit de Sceaux, le général (2S) François CHAUVANCY a servi dans l’armée de Terre au sein des unités blindées des troupes de marine. Il a quitté le service actif en 2014. Consultant géopolitique sur LCI depuis mars 2022 notamment sur l'Ukraine et sur la guerre à Gaza (octobre 2023), il est expert sur les questions de doctrine ayant trait à l’emploi des forces, les fonctions ayant trait à la formation des armées étrangères, la contre-insurrection et les opérations sur l’information. A ce titre, il a été responsable national de la France auprès de l’OTAN dans les groupes de travail sur la communication stratégique, les opérations sur l’information et les opérations psychologiques de 2005 à 2012. Depuis juillet 2023, il est rédacteur en chef de la revue trimestrielle Défense de l'Union des associations des auditeurs de l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Il a servi au Kosovo, en Albanie, en ex-Yougoslavie, au Kosovo, aux Émirats arabes unis, au Liban et à plusieurs reprises en République de Côte d’Ivoire où, sous l’uniforme ivoirien, il a notamment formé pendant deux ans dans ce cadre une partie des officiers de l’Afrique de l’ouest francophone. Il est chargé de cours sur les questions de défense et sur la stratégie d’influence et de propagande dans plusieurs universités. Il est l’auteur depuis 1988 de nombreux articles sur l’influence, la politique de défense, la stratégie, le militaire et la société civile. Coauteur ou auteur de différents ouvrages de stratégie et géopolitique., son dernier ouvrage traduit en anglais et en arabe a été publié en septembre 2018 sous le titre : « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d'influence, affrontement économique ». Il a reçu le Prix 2010 de la fondation Maréchal Leclerc pour l’ensemble des articles réalisés à cette époque. Il est consultant régulier depuis 2016 sur les questions militaires au Moyen-Orient auprès de Radio Méditerranée Internationale. Animateur du blog « Défense et Sécurité » sur le site du Monde à compter d'août 2011, il a rejoint en mai 2019 l’équipe de Theatrum Belli.
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2 Commentaires

  1. Mes devoirs mon général,

    D’autres acteurs se placent en Afrique : nous sommes passés en 60 ans de la Françafrique à l’Africafrance, tirant les marrons du feu, pour ceux qui les mangent sans se brûler les doigts.
    https://cercle-k2.fr/etudes/il-est-temps-de-remettre-de-la-coherence-dans-la-savane-566

    Les américains mettent les bouchées quadruple pour y contrer les chinois:
    https://mgh-partners.com/etats-unis-la-nouvelle-doctrine-africaine/

    De la Turquie aux pays du Golfe, la concurrence fait rage sur le continent africain avec des acteurs plus petits que ceux engagés dans la course au trône mondial, d’où les pertes continues de part de marché de la France dans son ex-« pré -carré », qui n’est plus qu’un concept brandi pour la haïr.

    Ce qui a changé par rapport aux coups d’Etat africains du temps de l’Union soviétique, c’est qu’en aucun cas il ne s’agit pour les putschistes de nationaliser les ressources de leurs pays, juste d’en profiter un maximum!
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/02/03/comment-les-miniers-s-adaptent-aux-coups-d-etat-en-afrique-de-l-ouest_6112172_3212.htm

    Tout comme ils négocient avec les pays européens en matière d’énergie, d’échanges de technologies, de chantage aux migrants qui n’est qu’un mot plus doux pour le trafic d’êtres humains, etc…

    Je suis impressionné par la rapidité avec laquelle les français sont devenus persona non grata: en Centrafrique, au Mali, au Burkina Faso et à présent cela semble prendre au Niger.
    Les dernières opérations militaires françaises en Afrique sont les évacuations des ressortissants français ou pas comme c’était déjà le cas il y a quelques mois au Soudan et de nos expatriés.

    Certains effectifs de bases pré-positionnées en Afrique laissent songeur : à part allumer et éteindre la lumière dans les bureaux, pourra-t-on encore avoir une influence sur les territoires où il y a des soldats français, alors que les pays où les expatriés font des affaires sont ceux qui ont des choses à vendre, pas ceux où sont installés nos soldats.
    Peut-être que ce constat a fait dire en haut lieu, que » ce n’était pas la peine de protéger nos circuits d’approvisionnements » dans ce monde-village, où tous les humains feraient une ronde, puis danserait la farandole…

    En tout cas, ce slogan bidon de « l’Afrique qui veut divorcer de la France » m’est devenu insupportable: inversion accusatoire, discours victimaire et non-dit: la France serait obligée continue à accueillir leurs enfants… et à se les garder quelque soit leur conduite.

    Ces mêmes pays refusant de reprendre leurs ressortissants, y compris soumis à une OQTF, avec force leçons sur leur « souveraineté »…à la France, qui a repandu dans le monde ce concept d’État-Nation, different de l’allemand « sur la race ».
    Tandis que les multinationales et leurs obligés n’envisagent qu’un monde soit-disant post-westphalien.

    Finalement, le discours de Houari Boumedienne à l’ONU le 10 avril 1974 nous avait prévenu.

    Alors que notre propre maison a connue des émeutes, qui en une seule semaine ont fait bien plus de dégâts que les trois semaines de 2005, nos forces de l’ordre ne peuvent même plus rentrer dans nos « quartiers » y faire respecter nos lois, sous peine d’insurrection armée avec quelques types en écharpes tricolores, qui servent en plus de caution au discours victimaire des agresseurs !!!

    Bon courage à nos soldats là-bas et partout dans le monde, y compris en France, nous en aurons besoin.

    Très respectueusement.

  2. Salut
    je te suis avec beaucoup de plaisir et j’apprécie toujours tes commentaires sur LCI. Bravo à toi , continue, tu es parfait.
    Un ami de la MONTCALM

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