Depuis ce qu’il faut bien appeler un pogrom commis par le groupe terroriste Hamas en Israël, la communauté internationale est dans l’attente de l’engagement militaire massif des Israéliens.
La visite risquée du président Biden en Israël ce mercredi, alors que Poutine était en déplacement en Chine, a été compromise en terme d’effets par la frappe à proximité de l’hôpital Al-Ahli à Gaza ville. Comme dans toute guerre où tôt ou tard des dommages collatéraux surgissent, un des belligérants instrumentalise les pertes civiles par le biais de l’émotion. En l’occurrence, ici, le Hamas exploite ce triste événement et provoque de multiples réactions dans le monde arabe aussi bien contre Israël, les Etats-unis que la France avec la menace d’un nouveau front d’instabilité internationale après l’Ukraine.
Pour comprendre les bases de ce conflit, je vous invite à lire cet ouvrage que j’ai publié en 2018. A travers une analyse des crises du Moyen-orient, le aHmas et Israël y sont largement traités malgré son titre « Blocus du Qatar : l’offensive manquée. Guerre de l’information, jeux d’influence, affrontement économique » (Cf. Mon billet du 18 septembre 2018) mais le rôle du Qatar est en filigrane dans la crise actuelle.

Pour rester dans l’actualité, ci-dessous un article paru ce 18 octobre 2023 dans Atlantico où, avec David Rigoulet-Roze et Anne Toulouse, nous livrons notre analyse sur la visite de Joe Biden en Israël.
Une remarque enfin sur l’étrange programmation de France 2 dans ce contexte de la guerre au Moyen-Orient. Était-il pertinent de rediffuser ce dimanche 22 octobre 2023 « les aventures de Rabbi Jacob »? Je regarde ce film à chacune de ses diffusions tellement il me fait rire mais là, maintenant, quel est le message de France 2? S’il y a un message, ou un « clin d’oeil humoristique », est-ce bien le rôle d’une chaîne publique mais il n’y a peut-être pas de message. Ce serait plus grave et il aurait mieux fallu déprogrammer ce film pour prendre du recul par rapport à la guerre dans la bande de Gaza.
Allons, allons Monsieur CHAUVANCY, point de sensibleries dans les qualificatifs que vous employez pour parler du 7 octobre.
Déjà en 1967, De Gaulle disait au sujet d’Israël » Maintenant, il organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour, il qualifie de terrorisme ».
Tout ce qui se passe au proche orient relève d’une logique froide, permettez moi de la développer.
D’un côté un gouvernement rêve d’un grand Israël, c’est à dire débarrassé de Palestinien, avec un narratif biblique de destiné d’un peuple supérieur (déjà vu ?) et est prêt à favoriser (cf. times of Israel 8/10/23, check new libé 11/10, jerusalem post 2019,…) le Hamas contre l’AFP dans une stratégie « diviser pour mieux régner ». Peut-être même que l’attaque du Hamas a fourni un blanc-seing idéal pour mener à bien cette politique ?
De l’autre côté, le Hamas, bien aise d’avoir été favorisé, a préparé un piège mortel à Tsahal en l’attirant dans une guerre urbaine meurtrière, sur un terrain connu, regorgeant de tunnels, de caches d’armes,…En un mois, la progression dans Gaza Nord est minime.
Cependant, le Hamas joue sa survie.
Si Tsahal gagne, son prestige et son influence s’effondreront et Gaza sera contrôlé par Israël qui aura désormais un alibi en fer pour gouverner une zone regorgeant de gaz off-shore et agrandir son territoire tout en espérant forcer l’évacuation des palestiniens en Egypte. Une catastrophe pour la cause et le peuple palestinien.
Si Tsahal s’enlise, c’est l’existence du gouvernement sioniste qui est en jeu et peut-être même de l’état d’Israël. Le soutien ou non américain sera prépondérant dans ce cas de figure.
Les enjeux pour les deux parties sont très importants. Il ne s’agit pas de « condamner » ou autres sottises. Il s’agit d’identifier quels sont les intérêts de la France dans ce cas de figure et comment nous pouvons placer nos pions (tout en humanité bien sûr) dans la géopolitiques internationale.
merci pour ce long commentaire qui aurait pu éviter le ton condescendant employé à mon égard. Vous ne m’apprenez pas grand chose mais vous avez pu vous exprimer. ce n’est pas si ma!. cordialement
Pardonnez moi si le ton vous a déplu, ce n’était pas mon intention.
Si je ne vous apprends rien pourquoi employez vous des termes qui jouent sur l’émotionnel dans votre début d’article ?
Ne croyez vous pas qu’il y a suffisamment de sensibleries déjà dans la presse ? On attend un peu plus de rationalité froide d’un site de stratégie militaire.
Du moins c’est mon avis,
Cdt
@Pierre C
Il n’est pas évident du tout que la phrase « Depuis ce qu’il faut bien appeler un pogrom commis par le groupe terroriste Hamas en Israël, la communauté internationale est dans l’attente de l’engagement militaire massif des Israéliens. » joue particulièrement sur l’émotionnel. Elle décrit précisément la réalité et la prévision faite est parfaitement réaliste et d’ailleurs vérifiée dans les faits.
Par contre la phrase « Peut-être même que l’attaque du Hamas a fourni un blanc-seing idéal pour mener à bien cette politique ? » manifeste une émotion étrange, vicieuse et absurde, avec une fine allusion en forme de clin d’oeil à un possible complot diabolique du gouvernement israélien qui consisterait à assassiner ses propres compatriotes pour mieux provoquer une catastrophe pour « la cause et le peuple palestinien ». Voilà qui s’appelle prendre parti de manière émotionnelle, pour le moins, mais ce n’est sans doute pas ce que vous vouliez dire, vous vous êtes sans doute mal exprimé, et c’est moi qui, trop sensible, réagit mal.
Mais ce genre de théorie a-t-il sa place sur un site de stratégie ?
Pour conclure, sur un site de stratégie, on peut par contre décrire froidement et à raison la stratégie d’un mouvement politique et militaire qui par des meurtres de civils délibérés provoque délibérément des réactions violentes qui affecteront le peuple dont il prétend avoir la charge cela afin d’émouvoir l’opinion mondiale. On a là une stratégie effective (et pas un délire complotiste) qu’on peut considérer froidement, vous avez raison; elle est employée depuis longtemps par les défenseurs actifs de la « cause palestinienne », mais avec des succès mitigés jusqu’à présent.
Et c’est précisément ce que décrivait à mon avis sans aucune sensiblerie le Général Chauvancy.
Sinon, on peut dire que le Hamas a jusqu’à présent échoué dans sa volonté manifeste d’impliquer l’Iran, celui-ci n’aime pas qu’on lui force la main et l’a fait savoir. On se retrouve donc exactement dans la situation de 2014, et l’éradication du Hamas qui n’avait pas pu être menée à bien à l’époque risque fort de l’être cette fois-ci. Le Fatah en profitera-t-il ? Le gouvernement israélien a dit que non, mais c’est sans doute l’enjeu des opérations militaires en cours. Quant à l’existence même de l’État d’Israël, elle n’est pas encore en cause, et je vous rappelle que la signification même du mot « sionisme » est attachée directement à cette existence, dotée sans le dire d’armes atomiques.
Pour la petite histoire, la participation (jusqu’en 1966) de la France de De Gaulle à cette dotation est avérée.
Bonjour Cher Monsieur CARMIGNOLA,
Avec le tarissement des articles sur le conflit Russo-Ukrainien, nous n’avons plus l’occasion de raisonner autant qu’auparavant.
Le terme pogrom est très connoté, il définit une agression ciblée contre des juifs (notamment à l’époque de la Russie Tsariste), du fait de leur religion sans
réaction des autorités ou avec leur assentiment (cf. Wikipedia).
Objectivement je ne pense pas que l’on soit dans ce cas de figure, je définirai plutôt un acte de terreur contre des civils perpétré entre belligérants au même
titre que Dresde, Fallujah d’une certaine manière, Hambourg, Hiroshima (mais à plus petite échelle, évidemment).
Nous pouvons discourir des émotions générées chez tout un chacun par les crimes de guerre et les crimes contre les populations civiles en temps de guerre, mais ce n’est pas le lieu ni le sujet bien que nous ayons pu en discuter dans certains post concernant la guerre Russie-Ukraine.
Utiliser le terme « pogrom » c’est fausser la vision d’un conflit vieux de presque 80 ans et disqualifier moralement un des deux belligérants, c’est d’ailleurs le grand combat médiatique actuel. Dans tout conflit, l’essentialisation de l’adversaire est de toute façon un élément clé pour recueillir l’adhésion des populations (les « boches », les « nazis », les « jaunes », etc). Il est certain que l’agression du Hamas relève d’un crime de guerre (selon notre morale judéo-chrétienne qui dit que tuer des non-soldats c’est pas bien) mais non d’un sentiment anti-juif primaire. En d’autres mots, ils ont bien d’autres motifs pour agir de la sorte.
Vous réfutez mon hypothèse de blanc-seing, qui n’est qu’une hypothèse de travail. Soit, mais avez vous la naïveté de croire qu’aucun gouvernement n’a jamais reculé à sacrifier ses civils à des fins politiques ? Encore une fois, il n’y a pas d’émotionnel, contrairement à ce que vous indiquez, juste des hypothèses. Je peux très facilement imaginer qu’un gouvernement fait d’hommes fanatisés le fasse ou se réjouisse que ce soit arrivé à des fins politiques.
Comme en sciences, observation > hypothèse > démonstration/expérimentation > hypothèse validée ou réfutée. N’étant connecté à aucune des parties concernées et habitant dans un pays non-occidental, vraiment, je vous l’assure, je n’ai pas de discours partisan.
Je peux comprendre aussi, au vu de votre réaction sur cette hypothèse, que vous soyez émotionnellement impliqué dans ce conflit, quelle que soient vos raisons.
Mais cela fait entièrement partie des hypothèses de travail dans un centre de réflexion stratégique, surtout au XXIème siècle à l’heure de la guerre hybride.
La guerre de l’information permet de recueillir l’adhésion de sa population (le plus important), de convaincre la communauté internationale à agir (ou surtout à ne pas agir) et peut-être de déstabiliser la population adverse. J’irai même jusqu’à dire que c’est la clé d’une intervention militaire de nos jours. Que se passerait-il si la population israélienne défilait massivement dans les rues, se mettait en grève, si les réservistes désertaient ? Deux années de guerre Russie-Ukraine ont pu démontrer l’extrême importance du contrôle de l’espace médiatique. La crise de Wagner a bien montré l’extrême fragilité des états sur le front intérieur.
De la même manière, je suis tout à fait d’accord avec vous que le Hamas a probablement (encore une fois de la rigueur et de la raison quand on traite des deux belligérants) accepté (dire « souhaité » serait subjectif) le sacrifice qu’encourrait sa population lors des représailles de Tsahal dans un but de guerre informationnelle et de refonte de la géopolitique du proche orient. Il est improbable mais possible aussi qu’ils n’aient pas mesuré les conséquences d’une telle attaque.
Je n’irai pas, comme pour le conflit Ukrainien, dire si oui ou non telle ou telle stratégie est efficiente puisque nous sommes encore au cœur de l’action, l’avenir nous le dira.
Concernant vos dernières lignes, vos hypothèses semblent valables, toutefois, attendons de bien mesurer et évaluer les remous créés à l’international par ce nouvel épisode du conflit Israélo-Palestinien.
Dans l’attente de vous lire,
Cdt
@Pierre C
Je ne pense pas que le mot « pogrom » soit si mal choisi : ce qu’on appelle le sionisme eut largement pour origine la volonté de soustraire les communautés juives isolées au milieu de populations plus ou moins hostiles de la résurgence périodique de pillages collectivisés accompagnés d’exactions variées dont des lynchages et viols sadiques et autres crimes, les « pogroms ». La création d’un État et d’une armée chargée de protéger une population nommément « juive » en est l’aboutissement, mené avec obstination. C’est Israël, l’Etat juif historique, reconnu internationalement depuis 80 ans. Les évènements du 7 octobre ont été très mal vécus en Israël, car étant une manifestation d’ampleur sur le territoire de l’État juif de ce que précisément celui-ci devait empêcher… Au-delà de toute sensiblerie, il faut bien comprendre qu’on a là une explication compréhensible de la violence de la réaction.
Ce que le général Chauvancy a assez bien résumé, encore une fois sans émotion excessive à mon avis.
Votre volonté d’équilibre entre ce que vous appelez les « belligérants » achoppe sur ce que vous faites (peut-être) semblant de ne pas réaliser: que le Hamas a délibérément ordonné et pratiqué des meurtres barbares afin de provoquer une réaction exagérée contre sa propre population, dont les souffrances ainsi provoquées sont instrumentalisées à des fins de communication. Cela n’est pas hypothétique, et repris par tout le monde, en particulier par ceux qui s’alarment de l’efficacité supposée de la méthode. Nous sommes là très au-delà de la simple et « honnête » barbarie tartare, cosaque ou même nazie dont les cruautés se manifestaient « pour le plaisir » sans avoir l’intention de se faire plaindre par-dessus le marché. Au delà de la simple démoralisation des populations adverses, l’objectif (non atteint) des bombardements anti-cité de la deuxième guerre mondiale.
Stratégie comme une autre rendue nécessaire par le gout du monde moderne pour la médiatisation des guerres ? Sans doute, mais vous me permettrez de tordre un peu le nez et de comprendre (voire de partager en mon for intérieur) l’extrême répulsion que certains peuvent éprouver à son égard. En tout cas, une chose est sûre, l’objectif ultime recherché est la destruction de l’État d’Israël par tous les moyens.
Stratégie efficace ? On peut en discuter, et si on place l’épisode du 7 octobre dans la longue litanie de ses applications, on peut supposer que non: les émotions des foules ne comptent pour rien, et ne durent qu’un temps. Une longue période d’apathie suivra l’expression des passions et la digestion de la punition, le temps qu’un autre pogrom soit organisé.
Une considération intéressante, produite par divers analystes de l’islamisme auquel on peut rattacher ce qu’il faut bien appeler la haine religieuse entretenue contre les israéliens: la victoire n’aurait pas d’importance pour ces gens, dont l’accomplissement en fait spirituel passe essentiellement par l’action obstinée, même en échec perpétuel. Voilà qui fait de l’adversaire dans ce conflit un être étrange aux besoins complexes de cruauté et de punition, avec qui il ne faut jamais imaginer de faire la paix et qu’il faut frapper ponctuellement pour obtenir pour un temps la tranquillité. Voilà qui explique la stratégie de long terme menée par les dirigeants israéliens quels qu’ils soient et surtout leur volonté assez claire d’empêcher par tous les moyens la fameuse « solution à deux États » promue par les ignorants en ces matières.
C’est toujours intéressant de constater que pour une situation donnée il y aura une multitude d’analyses et de points de vue (dans le sens d’angles d’attaques) différents.
Là où je me contente d’une analyse de « surface » sur la situation c’est à dire en stratégie et tactique pure et dure, vous, au contraire, plongez sans hésitations dans les profondeurs de l’idéologie.
C’est tout de suite beaucoup plus difficile car contrairement à la stratégie, tout est question de philosophie, de spirituel et d’irrationnel.
Je n’ai pas d’opinion tranchée sur ce conflit religieux. Certains intellectuels comme Heidegger parlaient d’eschatologie philosophique au sujet d’un occident judéo-chrétien qui s’effondrerait (sous le poids de l’islam ?)
Mais est ce que ce conflit est intrinsèquement religieux (Judaisme vs Islam) ou ne s’agirait-il plutôt pas aussi d’une querelle de territoire résultant d’une expropriation ?
La vérité intègre probablement un peu de tout ça et j’entends bien votre point de vue concernant les palestiniens bien que je pense que vous les mettez tous dans un même panier assez péremptoirement.
Il existe évidemment une part qui ne demande qu’à vivre en paix sur ses terres.
La solution des frontières de 1967 semble être un compromis acceptable quoique vous en disiez. On ne peut pas refuser ce droit à tout un peuple sans risquer la guerre éternelle, la multiconfessionalite ne fonctionne pas, donc il faut deux états distincts ou déporter des milliers de palestiniens en jordanie/Égypte/Syrie d’où ils continueront la guérilla pendant des générations pour libérer leur « terre promise ».
J’ai bien évoqué la possibilité qu’il s’agisse d’un calcul du Hamas contrairement à ce que vous écrivez. Cependant la rigueur classe cette donnée comme hypothèse de travail et non comme certitude.
Je suis d’accord avec l’essoufflement médiatique et l’apathie qui fait suite à l’agitation. D’ailleurs je surestime certainement le danger de la réaction populaire dans des sociétés de zombies anesthésiés (j’assume ce cri du cœur). La seule chose qui pourrait susciter une réaction serait que les gens soient enrôlés et envoyés au front (que ce soit en Israël ou en Ukraine). Le reste glisse facilement sur les consciences.
Un dernier mot sur le sionisme. J’ai toujours été surpris que la Palestine ait été choisie comme région d’accueil de la diaspora juive. D’autres régions auraient pu faire l’affaire comme aux États Unis par exemple ou il y aurait eu une bien meilleure homogénéité culturelle et religieuse.
L’implantation d’Israël en 1947 rappelle les croisades ou quelques états latins se sont retrouvés cernes par des empires musulmans (et encore Constantinople existait encore).
Quel bizarrerie que la communauté internationale se soit basée au XXeme siècle sur une pensée purement religieuse (le sionisme supporté par le sionisme chrétien) et non sur des considérations pratiques.
C’est tout le problème de l’idéologie !
Le débat est tellement essentialisé des deux côtés entre le bien et le mal : « light against darkness » nous dit Netanyahu qu’il semble que seule la destruction d’un des deux belligérants réglera l’affaire. On est pas sorti de l’auberge.
@Pierre C En tout cas, à l’occasion de ce que vous dites, il semble que vous vous départissiez de votre point de vue « de surface »…
L’implantation d’Israël en Palestine (alors ottomane) fut décidée à l’origine du sionisme et imposée de haute lutte. Sans vouloir vexer personne, la « décision » ne fut pas « occidentale », une alternative (Madagascar) étant même abandonnée finalement par Hitler… Le complot sioniste, décidé et efficace fut mené de main de maitre contre un monde musulman affaibli qui pour des raisons multiples n’a pas su en un siècle se relever de son déclin séculaire, et qui fit longtemps (la chose s’atténue progressivement) de la question palestinienne une question de principe quantitativement injustifiée, mais alimentée par la guerre froide et le besoin de masquer son échec économique et social que ce soit dans ses propres pays ou, on le voit aujourd’hui en France, dans son émigration en Occident.
Votre interrogation sur l’opposition entre deux théories (conflit religieux ou territorial) semble ignorer que les deux aspects réunis expliquent très bien le refus actuel de sociétés participant de l’Islam (avec un grand I, la culture et la civilisation issue de la religion musulmane) à accepter qu’une souveraineté radicalement distincte du fantasme d’un territoire traditionnel conquis anciennement et unifié politiquement sous l’égide d’une seule loi religieuse. L’Etat-nation juif est une offense essentielle à cette conception du monde là, à la fois irréaliste, et poursuivie par des fanatiques de fait rejetés.
Alors que l’empire ottoman échangea ses grecs contre des turcs et tua ses arméniens et que son successeur importa une population entière à Chypre, alors que le monde arabe fut colonisé 500 ans par ces mêmes turcs, alors que l’Algérie expulsa par ses menaces un million de français et que le maghreb et le Moyen-Orient arabe fut entièrement abandonné par ses populations juives installées là depuis l’antiquité, vous semblez considérer inconcevable qu’une population déshéritée qui ne se constitua jamais en nation, que sa diaspora effective (toute l’élite palestinienne vit dans le reste du monde) a totalement abandonné, puisse vivre en dehors de terres qu’elle n’a jamais possédé, sachant qu’elle a aussi l’opportunité, à condition de mettre un mouchoir sur de vieilles haines recuites, de vivre dans un pays développé qui pourrait respecter ses droits ?
Ce n’est pas mon cas.
Je ne crois qu’à la solution à UN état, juif ou juif « atténué » (imaginons ensemble ce que cela pourrait être, à défaut de laisser les concernés en décider) dans lequel tout le monde vit en paix. La haine et la séparation n’aboutissent qu’à la guerre, et la guerre qu’à la victoire du plus fort, qui je vous le rappelle, dispose d’armes atomiques.
Le ressentiment religio-civilisationnelle du monde musulman vaincu envers le reste du monde est inacceptable et doit cesser. Cette guerre de civilisation, je le rappelle perdue depuis longtemps et dont rien ne montre qu’elle puisse être gagnée autrement que par des méthodes inacceptables, n’a pas lieu d’être.
Il se trouve que l’évolution du monde en cours pourrait aller dans ce sens: par son émancipation d’un occident provisoirement en déclin, le « reste du monde » pourrait se mettre à poursuivre des objectifs plus réalistes et profitables que de réparer une injustice minuscule concernant un confetti d’empire qui profiterait à cette région du monde plutôt que la meurtrir. Les accords d’Abraham qui allaient dans ce sens l’avaient montré, et l’offensive du Hamas, désespérée et suicidaire avait clairement pour objectif de les ruiner…
Maintenant, il se peut que l’autre option soit préférée (l’histoire jugera) et que la guerre, la vraie soit choisie. J’en doute, car elle ferait de très gros dégâts et que la force appliquée sans fanatisme suicidaire prime le droit.
Effectivement, comme vous le décrivez, l’histoire est riche en génocides, déportations, transferts de population,…Qui plus est dans cette région du globe !
Nul ne sait qui seront les maîtres au proche orient le siècle prochain, nous verrons bien, comme vous dites, qui prévaudra et par quels moyens (par les armes à mon avis !).