mardi 19 mars 2024

CHRONICORUM BELLI du 23 février.

23 février 1689 : Naissance du pirate anglais Samuel Bellamy, plus connu sous les noms de Black Sam ou encore Black Bellamy et surnommé Prince des Pirates.

Au début de l’année 1716, il rencontre quelqu’un pour financer une expédition et acheter un petit voilier (un sloop), puis navigue jusqu’au cap Cod en Amérique du Nord (Massachusetts). Son idée était de tenter de récupérer les trésors dans les épaves des navires espagnols engloutis, coulés près des côtes de l’Amérique du Sud.

En faisant escale au port de Eastham, il rencontre la jeune Maria Hallet, qui a tout juste 15 ans, et en tombe éperdument amoureux. Il lui promet de lui ramener un immense trésor. Il repart bientôt en mer, Maria est enceinte, elle attendra avec patience le retour hypothétique de Sam. Mais le chasseur d’épaves ne trouve pas grand-chose et il finit par s’associer avec un certain Paulsgrave Williams.

Ensemble, ils n’ont pas plus de succès, mais ils rencontrent les pirates Benjamin Hornigold et Olivier Levasseur (La Buse). Black Sam et Paulsgrave Williams décident alors de chercher leurs trésors ailleurs… Ce sera dans des navires qui n’ont pas encore coulé. À bord du navire de Benjamin Hornigold, ils commencent à piller des navires marchands de toutes nationalités, aidés de l’illustre « La Buse ».

Et bientôt, en , ils vont connaître leur plus belle prise : le Whydah Gally qui transportait, vers la Jamaïque, du sucre, de l’indigo, de l’ivoire et… des esclaves (Whydah est le nom d’un port de commerce africain, situé au Bénin, Gally, ou Galley, signifie galère). Durant trois jours, Sam, à bord de son navire « Le Sultana », et Paulsgrave Williams à bord de son bateau, pourchassent le Whydah, puis finissent par le capturer. C’est un magnifique navire, un grand trois mâts océanique et Samuel Bellamy en fait son propre bateau amiral.

Bellamy prend la place de capitaine lorsque Hornigold est pardonné et cesse la piraterie. Bellamy rencontre ensuite d’autres succès au cours de sa (courte) carrière de pirate, essentiellement dans les Antilles.

Toujours très préoccupé par le bien-être de son équipage, et même de ses prisonniers, Bellamy est également connu pour posséder l’art de motiver ses troupes, art dans lequel il se considère lui-même talentueux. Son élégance, son charisme et sa finesse d’esprit lui vaudront le surnom de Prince des Pirates. Un jour de 1717, il se vanta de son indépendance auprès du capitaine d’un navire marchand qu’il avait capturé, déclamant : « Je suis un prince libre, je peux faire la guerre au monde entier, je suis aussi puissant que celui qui commande une flotte de 100 navires sur mer ou une armée de 100 000 hommes sur terre ». Il est connu pour sa générosité envers les prisonniers et son refus d’attaquer les navires anglais.

Entre-temps, Maria Hallet a accouché, mais le bébé n’a pas survécu… Sam décide de la rejoindre mais le , il est pris dans une tempête très violente et le Whydah Gally, alors chargé de trésors provenant de plus de 53 navires, sombre au large du cap Cod dans le Massachusetts.

Seuls deux hommes ont survécu : l’un a disparu dans les méandres de l’histoire, l’autre, Thomas Davys, déclarera à son procès que le Whydah transportait 180 sacs d’or et d’argent lors du naufrage et alimentera le folklore du cap Cod avec l’histoire de Bellamy et de la terrible tempête. Selon une autre version, neuf pirates arrivent à nager jusqu’aux côtes où ils sont capturés. Six seront pendus et trois, un pilote indien, un charpentier écossais et Samuel Bellamy sous un autre nom, seront libérés car ils diront qu’ils avaient été enrôlés de force.

Crédit : DR.

23 février 1836 : début du siège de Fort Alamo (actuels Etats-Unis).  

Le siège de Fort Alamo, du  au , fut un événement majeur de la révolution texane. Après un siège de 13 jours, les troupes mexicaines commandées par le général Antonio López de Santa Anna (le siège eut lieu durant les présidences de Miguel Barragán et de José Justo Corro) lancèrent un assaut contre la mission Alamo près de San Antonio de Bexar (aujourd’hui San Antonio aux États-Unis). Tous les défenseurs texans furent tués et la cruauté apparente de Santa Anna pendant la bataille poussa de nombreux colons et aventuriers américains à rejoindre l’armée texane. Poussés par l’envie de prendre leur revanche, les Texans battirent l’armée mexicaine à la bataille de San Jacinto le  qui acheva la Révolution.

Plusieurs mois auparavant, les Texans avaient chassé les troupes mexicaines hors du Texas, alors partie de l’État de Coahuila y Texas, et placé quelque 100 soldats en garnison dans l’Alamo. L’unité fut renforcée par une unité menée par les futurs commandants du fort, James Bowie et William B. Travis. Le , environ 1 500 soldats mexicains arrivèrent à San Antonio de Béxar avec l’objectif de reprendre le Texas. Durant douze jours, les deux forces s’affrontèrent lors de plusieurs escarmouches. Conscient que sa garnison ne pourrait pas résister à une attaque de grande ampleur, Travis écrivit plusieurs lettres pour demander des renforts mais moins de cent hommes le rejoignirent.

Au matin du , l’armée mexicaine avança sur l’Alamo mais ses deux premiers assauts furent repoussés. Alors que les soldats mexicains escaladaient les murs lors du troisième assaut, les Texans furent obligés de quitter les remparts et de se replier dans les bâtiments de l’intérieur du fort. Les défenseurs qui n’y parvinrent pas furent massacrés par la cavalerie mexicaine. Entre cinq et sept Texans se seraient rendus mais si cela fut le cas, ils furent rapidement exécutés. Selon les témoins oculaires, de 182 à 257 Texans trouvèrent la mort et selon les historiens, de 400 à 600 Mexicains furent tués ou blessés. Plusieurs non-combattants furent envoyés à Gonzales pour annoncer la défaite texane. La nouvelle causa la panique et l’armée texane, la plupart des colons et le nouveau gouvernement de la république du Texas s’enfuirent pour échapper à la progression de l’armée mexicaine.

Au Mexique, la bataille a souvent été éclipsée par les événements de la guerre américano-mexicaine de 1846-1848. Du fait de l’accroissement de la population anglophone dans la région au XIXe siècle, le site devint connu comme l’équivalent américain de la bataille des Thermopyles et les terrains et les bâtiments furent finalement achetés par la législature du Texas au début du XXe siècle. Si la bataille a été relatée dans de nombreux ouvrages historiques dès 1843, le grand public est aujourd’hui plus familiarisé avec les mythes propagés par les diverses adaptations cinématographiques et télévisuelles comme la série Davy Crockett dans les années 1950 et le film Alamo de 1960.


23 février 1916 : la première ligne française tombe (Verdun).

En pleine tempête de neige, les 51e et 72e DI sont écrasées sur leur première ligne. Les renforts français parcourent jusqu’à 30 km, de nuit, pour être engagés au matin. Le commandement se plaint du manque de renseignement sur l’ennemi. Les Allemands font 10 000 prisonniers. Le bataillon Rohr (Sturm-Bataillon 5), spécialisé dans le combat rapproché rencontre le succès (grenades à main, mortiers de tranchée, lance-flamme).


23 février 1945 : prise du mont Suribachi par les Marines (Iwo Jima)

La bataille d’Iwo Jima est l’assaut, durant la guerre du Pacifique, mené par les forces américaines sur l’île japonaise d’Iwo Jima, petite île faisant partie de l’archipel d’Ogasawara, à environ 1 000 km au sud de Tokyo et solidement défendue par l’Armée impériale japonaise. Elle se déroula entre février et mars 1945 et s’acheva par la conquête de l’île par les Américains au prix de 20 703 tués et 1 152 Japonais disparus (la quasi-totalité de la garnison) et 6 821 tués, 492 disparus et 19 189 Américains blessés.

L’opération Detachment regroupait 8 cuirassés, 8 croiseurs et 10 porte-avions d’escorte. Cette flotte est chargée d’appuyer le Ve corps amphibie (3e, 4e et 5e divisions de Marines) composé de 30 000 hommes qui débarquent sur la longue plage sud-est de l’île le 19 février. Ils doivent faire face à un feu nourri depuis le volcan Suribachi qui domine au sud de la plage. Les Japonais ont attendu que les Marines aient mis pied à terre avant de déclencher un feu important. Les Américains sont cloués sur les plages mais la progression se fait avec l’appui du feu de la Marine. À la fin du premier jour, ils ont réussi à établir une tête de pont sur toute l’extrémité sud de l’île, excepté le mont Suribachi.

Il n’était pas possible de creuser des trous dans le basalte et seuls les lance-flammes et les grenades purent déloger les défenseurs retranchés. 40 000 hommes débarquèrent les jours suivants et, finalement, le 23 février, le sommet est atteint. Un drapeau est élevé sur le Suribachi et un deuxième le remplace peu après.

Les forces américaines subirent 6 821 morts, dont 5 931 Marines (soit environ un quart de l’ensemble des Marines tués durant toute la Seconde Guerre mondiale en seulement 5 semaines), et 19 000 blessés. Un quart de toutes les Medal of Honor reçues au cours de la guerre par des membres de l’USMC seront attribuées à l’occasion de cette invasion. Le héros de guerre John Basilone y périt notamment le premier jour du débarquement américain.

La Marine des États-Unis perdit en tout de son côté 881 hommes au combat, aussi bien des infirmiers ou des éléments du Génie qui combattaient sur l’île-même aux côtés des Marines, que des pilotes d’avions ou des marins morts en mer lors d’attaques aériennes. Le 21 février 1945, l’USS Saratoga au cours d’une patrouille au large d’Iwo Jima fut à ce titre par exemple gravement endommagé, 123 de ses marins tués ou disparus et 36 de ses avions détruits, lors d’une attaque au cours de laquelle le porte-avions a été touché par cinq bombes et trois avions kamikazes japonais. Deux autres avions kamikazes touchèrent ce même jour un autre porte-avions américain, l’USS Bismarck Sea, qui coula et entraîna la mort de 318 de ses marins.

Seuls 8 700 corps sur les 20 à 22 000 combattants japonais morts durant la bataille ont été retrouvés, des recherches étant toujours en cours en 2011. Il n’y eut aucune victime civile, la population locale ayant été évacuée avant le début de la bataille. Les derniers soldats nippons faits prisonniers sur l’île, Yamakage Kufuku et Matsudo Linsoki, ne se rendirent que le 6 janvier 1949 après avoir vécu près de quatre ans cachés dans des grottes, survivant grâce à des rations alimentaires volées dans les stocks américains.


23 février 1981 : tentative de coup d’Etat à Madrid.

Le LCL Tejero Molina appartenant à la Guardia Civil (gendarmerie) fait irruption dans le Congrès des députés à 18h30 et retient les élus en otage jusqu’à 12h00 le lendemain. Le gouverneur de Valence fait sortir les chars pour prêter main forte aux putschistes. A 01h00 du matin, le roi Juan Carlos condamne le putsch lors d’une allocution télévisée et anéantit tout espoir de ralliement aux putschistes. Les années de transition après la mort de Franco (1975) sont tendues à cause des difficultés économiques que traverse l’Espagne et de l’opposition d’une partie de l’armée à la démocratisation de la vie politique.


23 février 1991 : début de la phase terrestre de l’opération Tempête du Désert (guerre du Golfe) .

Un mois de violents bombardements aériens sur le dispositif militaire irakien précède l’opération visant à libérer le Koweït. Le général Schwartzkopf laisse croire que son action sera concentrée uniquement sur le Koweït, alors que son objectif est de frapper en profondeur dans le territoire irakien, pour isoler le Koweït et faciliter ensuite sa libération. Le plan fonctionne parfaitement.


23 février 2011 : mort de Jean Lartéguy (Paris – Invalides).

Engagé volontaire à 19 ans, résistant à 20, Lucien Osty de son vrai nom, intègre les commandos d’Afrique en 1942 après avoir fui l’occupation allemande (via l’Espagne où il reste interné 7 mois). Puis il sert pendant 7 ans en tant qu’officier d’active et quitte l’armée avec le grade de capitaine. Licencié en lettres, il devient reporter de guerre et couvre un grand nombre de conflits à travers la planète et notamment en Corée où il est blessé lors de la bataille de Crève-cœur. Il publie plus de 50 récits et romans qui presque tous traitent des guerres de décolonisation et des hommes qui les ont menées. Certains ouvrages sont devenus des classiques (Les Centurions) en étant portés à l’écran et ont fait un peu d’ombre à ses autres livres.

Dans le film, l’acteur américain Anthony Quinn y incarne le personnage inspiré à Lartéguy par le général Bigeard. Tous ses livres sont passionnants : style net et fluide, densité psychologique. Ses portraits de combattants, quel que soit leur bord, sont profondément humains et donnent à ses récits d’aventure une dimension presque philosophique. Il aime l’engagement, le chaud et le froid mais en homme de cœur, sait décrire avec finesse la tiédeur. Il est mort à 90 ans à l’Institution Nationale des Invalides.

A noter : le général américain David Petraeus l’a remis à l’honneur durant la guerre en Afghanistan en faisant rééditer Les Centurions. Il voyait dans cet ouvrage, un moyen de faire comprendre la réalité du combat contre-insurrectionnel. Ses autres livres valent aussi le détour.

La promotion des élèves-officiers du 4e bataillon de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr 2016-2017 porte le nom « Capitaine Lartéguy ».

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